Le nègre et la méduse

Il avait déjà fallu supporter un Noir à bord, mais c'était un soldat; il portait l'uniforme de France et un nom de France; il s'appelait Jean-Charles. C'était incomparable. Tandis que la présence des trois nègres était une intrusion malpropre, une violation. Une insulte de plus, qu'on infligeait à eux, les Blancs, qui n'avaient pas su plaire à Schmaltz et à Chaumareys et qu'on voulait maintenant éliminer. Parce qu'on ne se pressait pas de les secourir. On les laisserait pourrir sur leurs planches, les Blancs comme les nègres.
N'empêche qu'il ne fallait pas confondre.
p.195

Par Géricault, l'esclave sort de la cale et culmine, sauveur de ceux qui l'ont asservi.
Au-delà du récit des survivants du naufrage, Corréard et Savigny, en 1821, c'est l'intention de Géricault qui l'emporte ici: le manifeste du peintre contre l'esclavage près de trente ans avant l'abolition de celui-ci, et son engagement pour l'Esprit.
p.9

La mer rassembla enfin ses vagues en une gerbe unique, hissa la Méduse au-dessus d'elle et la broya d'un coup barbare.
p.179