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EAN : 9782848050072
119 pages
Sabine Wespieser (09/01/2003)
3.66/5   22 notes
Résumé :

Boléro. Dans l'euphorie du début des années soixante et sur fond de guerre d'Algérie finissante, une gamine, Emma, découvre le cinéma, l'amour fou, la réalité du monde et la mort. La musique entêtante du Boléro de Ravel rythme les deux étés à la campagne pendant lesquels Gary Cooper et Marilyn, plus vrais que la vraie vie, le disputent à Fred et Paul, ses Jules et Jim, sous la bienveill... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Deux situations inhabituelles bouleversent le quotidien de la narratrice en perpétuelle recherche d'emploi : un nouveau locataire, Verdier, a emménagé au sixième étage dans l'appartement vide depuis longtemps ; une lettre est arrivée dont le cachet indique qu'elle a été postée dans la Loire. Remontent alors des souvenirs d'enfance et surtout d'adolescence. Quand ses parents s'absentaient (souvent), Gisèle la gardait : la soixantaine, ancienne ouvreuse, folle de cinéma et plus encore de Gary Cooper. Elle fait découvrir à Emma un monde nouveau et une ambiance joyeuse qui lui étaient étrangers pendant deux étés à la campagne. La deuxième année, en 1962, Fred et Paul, des copains de lycée d'Emma, les rejoindront…
***
Gisèle traite Emma comme une interlocutrice valable, l'incite à s'exprimer, lui fait découvrir le cinéma en noir et blanc, et plus largement l'art sous différente formes. Ainsi, Emma commence à s'affirmer devant son père et à lui tenir tête sur certains sujets brûlants. Il y a toujours, en arrière-plan, les questions que les trois adolescents se posent sur les comportements de leurs aînés, de leurs parents ou de leur famille pendant la Deuxième Guerre mondiale : on aimerait savoir, mais on le craint aussi. À ces interrogations se mêlent l'indignation que provoquent la Guerre d'Algérie et le comportement de certaines connaissances ou relations, des très proches, même (le père de l'un, le frère de l'autre) ou un inconnu brièvement rencontré (le pianiste tortionnaire), tous impardonnables… Tout le récit est ponctué de faits d'actualité : le massacre d'octobre 1961, la mort de Marilyn, The Misfits…
***
Michèle Lesbre rapproche explicitement la relation d'Emma avec Fred et Paul à celle de Catherine avec Jules et Jim, film auquel elle fait plusieurs fois allusion. le Boléro de Ravel, éponyme du roman, est fréquemment évoqué, ponctuant des moments bien différents, de la joie au drame, du plaisir à l'horreur. le roman, tout en non-dits, évoque les difficultés à se remettre d'un drame, qui déstabilise au point de devenir un deuil perpétuel : le récit comporte de nombreuses omissions qu'un mot comblera plus loin… ou pas. En ressort la surprenante fragilité mêlée d'opiniâtreté de la narratrice adulte, le refus d'une vie banale, forcément décevante, qu'elle exècre, mais qu'elle ne sait pas comment modifier, et la difficulté à accepter la réalité. Bizarrement, je n'étais pas enthousiaste quand j'ai fermé le livre, mais j'y repense souvent depuis et je lui trouve beaucoup de qualités. Je m'en serais voulu d'être passée à côté de cette autrice, inconnue pour moi jusque-là. Belle découverte que je conseille sans réserve.
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Boléro, c'est celui de Ravel.
Celui qu'ils écoutaient inlassablement lors de ce merveilleux été de leur adolescence.
Un été chez Gisèle, voisine fantasque de ses parents, avec Fred et Paul ses chers copains, et cette euphorie de films vus et revus chaque soir.
Emma est adulte maintenant.
Elle court après des CDD pour subvenir à ses besoins.
Ce matin, elle a reçu une lettre de Fred, après des années se silence.
En se rendant à un entretien d'embauche, elle déambule dans Paris et tous les souvenirs de cet été là lui reviennent, rythmés par le Boléro de Ravel.

Si je n'avais pas été emballée par « La petite trotteuse », là j'avoue m'être laissée séduire.
L'histoire est très sympathique, les personnages tout autant.
Cette vie solitaire d'Emma entrecoupée des souvenirs inoubliables d'un été exceptionnel de son adolescence m'a beaucoup plu.
C'est habilement construit.
Un roman intimiste, sobre, pudique et sensible.
Tout se déroule comme le rythme lancinant du Boléro.
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Il est des êtres pour qui le monde environnant, la société où ils doivent évoluer ne semblent pas être en adéquation avec leurs aspirations. Ou peut-être dirait-on qu'ils n'envisagent rien en terme d'immuabilité, toujours en partance qu'ils sont, parfois malgré eux : seulement en demande d'un morceau d'embauche, entre deux emplois, histoire d'oublier pour un temps les contraintes matérielles, entre deux histoires de sentiments, pour ne pas appartenir -surtout pas - pour ne pas avoir à se projeter dans un avenir trop lointain avec « un autre » qu'on a déjà quitté en le rencontrant, préférant osciller entre deux imaginaires où tout reste possible.
Emma est de ceux-là.
Entre deux entretiens d'embauche, pas vraiment motivée, si ce n'est qu'il faut bien vivre, seule dans son appartement avec un voisin qui vient d'emménager et une lettre inattendue qu'elle vient de trouver dans sa boite aux lettres et qui va faire se rembobiner le fil de la mémoire jusqu'à un été de son adolescence. Une lettre qui crée soudainement un besoin : essayer de retrouver un équilibre qui ne peut exister que dans les lieux où les souvenirs demeurent.

Un été capital, de ces périodes qui font naître en vérité, ou tout simplement renaître , grandir, être, exister, entrer enfin dans la vie. Ses parents partant pour l'étranger, ils la confient à une connaissance - Gisèle - citadine qui s'est exilée à la campagne, passionnée de cinéma -noir et blanc parce que «   le cinéma en noir et blanc était le seul vrai cinéma, parce qu'il pouvait tout à la fois la transporter ailleurs et au plus secret de la vie. »!- de jardin, d'histoires, de l'Histoire, et de musique, Gisèle qui vibre au rythme de l'actualité de ces années soixante, et qui accueille Emma comme une adulte qu'elle est en devenir.
Emma et ses deux amis, Fred et Paul, sorte de trio à la « Jules et Jim » vont pendant ces jours passés au milieu de la nature et des animaux, embrasser la réalité de l'existence la leur et celle de certains êtres qu'ils portent en eux : c'est le temps des discussions enflammées sur l'actualité , des prises de position qui en font évoquer d'autres dont les échos n'ont pas cessé de gronder, ce sont les échos lointains de la guerre d'Algérie qui résonnent quand ceux de la seconde guerre mondiale ne se sont pas encore tus…
L'importance des séances de cinéma comme autant d'échappatoires, comme autant d'arrêts sur images d'une vie qui ne peut que seulement se rêver.

Les récits de Michèle Lesbre ont un caractère intimiste : peu de personnages, un quotidien aussi riche qu'il est banal, l'eau -ici, un lac -qui engloutit les questions qui restent sans réponses, les trains qu'on prend pour retrouver celui qu'on a perdu, pour découvrir des contrées qu'on espère. L'Italie en filigrane, pays où les souvenirs pourraient rejoindre un quotidien si on le désirait, un quotidien qui s'avérerait peut-être si terne et pâle dans sa réalité qu'il vaut mieux se contenter de faire revivre les moments heureux en se les remémorant.
Et puis la perte, la solitude, le regrets, le deuil… Finalement tout ce qui forge une existence, tout ce qui fait prendre les chemins de traverse jusqu'à ce qu'Emma rencontre la clef pour déverrouiller ces sentiments , décider d'alle r de l'avant et renaître parce que c'est permis encore une fois.

Un texte pudique, d'une grande poésie, bercé par les accords du Boléro de Ravel, lent, lancinant, dont le thème revient sans cesse sur lui-même comme pour s'enrouler, en créant une spirale protectrice, un peu comme la vie qu'avait choisie Emma jusqu'à ce que la lettre fasse tout voler en éclats.

(Août 2021)
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"J'avais découvert cet hôtel par hasard, un jour de pluie, en automne. Il paraissait pouvoir abriter les bonheurs les plus insensés, protéger un peu de la vie ordinaire""

Emma, 40 ans , l'héroine de ce livre cherche du travail. Elle vient de recevoir une lettre avec un vague cachet " Loire". Cette lettre va lui rappeler 2 étés qu'elle a vécu avec Gisèle, une voisine de ses parents partis vivre à la campagne . Emma avait 13 ans quand elle avait été "confiée" à cette femme qui ne passait pas inaperçue dans ce village . le deuxième été, Emma a fait venir Paul et Fred, ils sont devenus des amis inséparables, drôle de trios…Comme souvent dans les livres de Michèle Lesbre ce courrier sera l'occasion de revenir en arrière, de revivre une période de la vie d'Emma. Cette période gaie et insouciante avec Gisèle un personnage lumineux qui nous apprend que "…quoi qu'il arrive il faut être heureux pour montrer l'exemple". Gisèle est une ancienne ouvreuse de cinéma, amoureuse de Gary Cooper.. Dans ce roman on voit défiler tous les personnages mythiques du cinéma de ces années là. Mais ce sont les années 60…avec en arrière fond la guerre d'Algérie. Emma mélange tout, ce rendez-vous de travail avec Coursebarre, qui semble peu la motiver, les mensonges de ses parents, les souvenirs heureux avec Fred et Paul, un ancien amant, une nouveau voisin inquiétant, les escapades avec les garçons, les fêtes de village, la figure de Gisèle, les séances au cinéma, une rencontre avec un pianiste et la mort ….Flashback.

Il pleut dans les romans de Michele Lesbre, on se blottit dans les bars, on rencontre des personnages courageux, amoureux, aimables – dans le sens de digne d'être aimé, des victimes et des disparus….On y retrouve la guerre avec ses cicatrices que l'auteur ne se résoud pas à fermer, du cinéma, de la musique et Ferrare encore.

Un long monologue que la parole d'Emma, poétique et violente à la fois. C'est juste émouvant, Michèle Lesbre sait raconter l'inexprimable. Elle nous berce et nous secoue dans ses romans. Je l'avais découverte avec "Ecoute la pluie" qui ne m'avait pas convaincue. Depuis j'ai un autre regard sur ses livres.
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Michèle Lesbre nous offre un roman subtil, rythmé par la musique du "Boléro" de Ravel, madeleine de Proust d'Emma, la narratrice.
Alors que les préoccupations de cette femme solitaire qui vit à Paris sont centrées sur l'entretien d'embauche auquel elle doit se rendre, elle reçoit une lettre qui va la troubler. le tampon Loire lui rappelle le temps passé, sa jeunesse avec Fred et Paul à la campagne durant l'été.
Ces années 1960 sont marqués par la guerre d'Algérie et les débats politiques mais aussi par les bons petits plats et l'humeur joyeuse de Gisèle, la femme chez qui Emma passe ses vacances à la ferme. Et puis il y a le cinéma où ils vont le plus souvent possible.
Emma a dans la tête les répliques cultes des actrices et acteurs aimé.e.s comme Clark Gable ou Marilyn Monroe sur l'air du Boléro de Ravel, disque qui constitue la bande son de cette période.
Elle va mettre du temps à ouvrir la lettre d'autant plus qu'au 6ème étage de son immeuble un nouvel arrivant du nom de Verdier lui rappelle aussi son passé amoureux.
C'est avec une certaine finesse que la prose de Michèle Lesbre nous permet de suivre la pensée d'Emma qui navigue entre le passé parfois douloureux et le présent où elle doit rencontrer un recruteur en face de qui elle n'a pas envie de faire semblant.


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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Derrière la fenêtre, j'observais un chat sur l'un des balcons de l'immeuble d'en face qui tentait de se mettre à l'abri sous une toile cirée recouvrant tout un bric-à-brac. Il ne parvenait pas à se faufiler sous ce toit de fortune et sa détermination était pathétique. Il essayait en vain diverses stratégies, grimpait sur la surface lisse et luisante de la toile, retombait, contournait l'obstacle et revenait toujours au même point. Son état pitoyable, le poil collé par la pluie sur son corps maigre, rendait la scène encore plus touchante. Je ne pouvais rien pour lui, et j'ai quitté la fenêtre, effrayée tout à coup par un effet de miroir qui me renvoyait une image aussi désespérante que ma situation.
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Jacques avait pris la parole pour raconter que ses parents avaient caché des gens, et bien qu'étant très jeune à l'époque, il s'en souvenait, et aussi des repas animés, des enfants plus âgés que lui et avec lesquels il jouait. Pour lui, ce n'était pas la guerre, il croyait que c'était la vie d'accueillir des gens que l'on ne connaissait pas et qui vous arrivaient comme un cadeau.
(p. 51)
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Un matin d'août, je l'avais découverte en larmes. Pendant la nuit, un mur avait surgi en plein cœur de Berlin, un mur imbécile qui découpait la vie des gens comme un boucher tranche dans la viande. Tout cela me paraissait tellement absurde que je pouvais croire à une mauvaise plaisanterie. Je tenais déjà les adultes pour des enfants malveillants, investis de pouvoirs hasardeux, conduisant parfois au désastre.
[...] Des années plus tard, lorsque le mur fut enfin détruit, il me semblait l'apercevoir sur les images d'actualité, perchée sur les ruines, riant et pleurant avec la foule devant les trous béants, jeune pour toujours et heureuse.
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Ma place n'avait rien d'évident dans ce monde étrange. Je commençais même à penser qu'il était raisonnable de l'admettre et peut-être d'en rester là, malgré les jours à venir, les dépenses modestes et néanmoins incontournables qui se profilaient.
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Cette nuit-là, j'avais dormi avec les garçons. Après la guerre il faut beaucoup d'amour. Tout ce désordre, tout ce fracas donnaient l'envie d'être bien ensemble et vivants.
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Videos de Michèle Lesbre (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michèle Lesbre
https://www.librairiedialogues.fr/livre/10978327-chere-brigande-lettre-a-marion-du-faouet-michele-lesbre-sabine-wespieser 5 questions posées à Michèle Lesbre qui nous parle de son livre "Chère brigande, lettre à Marion du Faouët" paru aux éditions Sabine Wespieser. Questions posées par Morgane Ollivier. Réalisation : Ronan Loup.
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