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EAN : 9782020654357
125 pages
Seuil (08/04/2005)
3.91/5   148 notes
Résumé :
En 1629, le Batavia, orgueil de la Compagnie hollandaise des Indes orientales, fit naufrage en bordure d'un archipel de corail, à quelque quatre-vingts kilomètres du continent australien.

A peine sauvés de la noyade, les trois cents rescapés tombèrent sous la coupe d'un des leurs, un psychopathe visionnaire, qui, secondé par une poignée de disciples, entreprit méthodiquement de les massacrer.

En son temps cette tragédie du Batavia frapp... >Voir plus
Que lire après Les naufragés du Batavia, suivi de : ProsperVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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A l'été 1952, Pierre Ryckmans âgé de 17 ans embarque à bord du John pour une campagne aux harengs en mer du Nord. le 15 aout 1958 il rejoint le thonier Prosper et son équipage à Ethel en Bretagne. C'est un des rares bateaux à voile encore actif et nous naviguons en compagnie de Louis « jamais ivre mais toujours imbibé », Robert, Félix, Etienne, le Patron Maurice et un mousse.

Le Prosper « bas sur l'eau, avec sa coque longue et fine et sa haute mature qui surgit d'un fouillis méthodique de haubans, étais et drisses, a vraiment fière allure », « c'est un enfant des chantiers de Camaret ».

La campagne de pêche, « la marée », éprouve les corps, Félix tombe malade et le Prosper rentre au port le déposer puis repart poursuivre sa tâche. Trois mois plus tard, Robert se pend le jour de la vente du poisson et Félix guéri assiste à l'enterrement d'Etienne, mort en testant un « radeau Bombard »…

Pierre Ryckmans est alors en l'Asie où il deviendra, sous le nom de Simon Leys, un expert de la Chine avant de succéder à Simenon à l'académie royale De Belgique au siège aujourd'hui occupé par Amélie Nothomb.

Le récit de cette « marée » évoque les romans de Pierre Loti et Roger Vercel. Il est édité avec « les naufragés du Batavia » qui préface souvent « L'archipel des hérétiques » de Mike Dash que j'ai commenté précédemment. Ce petit livre est aujourd'hui le plus lu de l'oeuvre de Simon Leys, car il est le plus abordable, mais ses autres titres conservent tout leur intérêt !

PS : ma lecture de L'archipel des hérétiques :
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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« Tout ce qu'il faut pour que le mal triomphe, c'est que les braves gens ne fassent rien. »

En 1629, le Batavia, Indiaman affrété par la compagnie néerlandaise des Indes orientales, fait naufrage à proximité de la côte australienne. Les rescapés trouvent refuge sur des ilots. Ce naufrage qui est déjà une catastrophe en soi, devient très vite un enfer. Un enfer animé par un triste personnage, Cornelisz. Il n'est pourtant qu'un lâche, il ne tient ni du conquérant ni de l'aventurier, pourtant, il va semer la Terreur sur son petit royaume.

L'ilot où se sont mis à l'écart certains rescapés qui obéissent à l'autorité naturelle et juste du courageux militaire Hayes, leur aurait permis de vivre tranquillement, on peut même dire de trouver le bonheur, en attendant les secours. La solidarité, l'amitié, l'ingéniosité auraient pu naître à travers cette épreuve.

Pourquoi des hommes ont-ils laissé leur sauvagerie prendre le dessus, sous l'emprise de Cornelisz ?
Pourquoi un seul homme, à la doctrine diabolique, un psychopathe libéré des lois de la société a-t-il pu régner en maître ainsi ?

Hélas il n'y a pas de pourquoi à la bestialité de l'homme. On ne peut pas expliquer sa perte d'humanité, son aveuglement.
Ce qui s'est passé sur ses ilots en 1629, ressemble, à une plus petite échelle, à la barbarie orchestrée par Hitler à une autre époque.
Les siècles se suivent, les scénarios se répètent … Les braves gens laissent faire.

Une courte histoire qui invite à lire l’œuvre de Mike Dash, le livre que Simon Leys aurait voulu écrire, si Mike Dash ne l'avait pas devancé.

La seconde histoire, Prosper, nous apaise après la lecture de ce terrifiant naufrage.
Prosper est l'un des derniers voiliers, à la haute voilure rouge, qui fait fièrement face aux nouvelles pinasses. Le capitaine n'arrive pas à décrocher. Il navigue à l'estime. Il ressemble à son voilier. Son équipage est composé de vieux marins, qui, une fois la "marée" faite, font le tour de tous les bars du port d'Etel. Ils sont un peu rustres mais ils sont braves. Une belle histoire d'un thonier breton et d'hommes solides comme des rocs, formant une famille, partageant des secrets, des bonheurs et des épreuves. Une balade sur Prosper, ce voilier que seuls les vents et les vagues gouvernent. Un peu les hommes aussi … Il a fière allure ce Prosper.
Une histoire qui nous montre les hommes autrement. Des hommes qui respectent les règles, même si elles sont coriaces.

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Ce petit livre est édifiant. Il évoque l'histoire vraie des naufragés du Batavia, échoués en 1629 au large de l'Australie.

Dans leur malheur les passagers ont eu de la chance. Ils ont presque tous survécus au naufrage en se réfugiant sur un petit archipel proche du lieu de la catastrophe. Disposant d'eau potable ils pouvaient survivre plusieurs mois si nécessaire. Une partie des matelots va embarquer dans des chaloupes pour aller chercher du secours et faire plusieurs centaines de kilomètres à la rame.
Pendant ce temps le reste des passagers doit prendre son mal en patience. Une micro société va s'organiser et se structurer autour d'un chef et de ses lieutenants. Malheureusement l'homme va se révéler être un psychopathe paranoïaque et va méthodiquement assassiner, avec l'aide de ses assistants, presque tous les survivants du naufrage. Quand les secours arriveront ils ne pourront que constater avec effroi ce terrible massacre.

Simon Leys voit dans ce drame une préfiguration des grands génocides du XX ème siècle. Si des hommes de bien ne s'élèvent pas contre la tyrannie, la catastrophe est inévitable. Ce livre fait en tout cas froid dans le dos.
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"Il vous est venu une superbe idée dont vous rêviez de faire un livre ? Ne vous empressez pas de passer à l'exécution; ce n'est pas nécessaire, car vous pouvez être sûr que, tôt ou tard, quelqu'un d'autre aura la même idée ... et en fera un usage parfait."

le premier paragraphe du livre de Simon Leys, ce "livre qui ne fut pas" restera un de mes plus grands regrets littéraires. Simon Leys prétend que le livre de Mike Dash, Batavia's Graveyard (L'archipel des hérétiques dans sa traduction française) serait la "synthèse définitive" de l'histoire du naufrage du Batavia. En 1629, le Batavia, un navire de la Compagnie des Indes orientales fait naufrage lors de son voyage inaugural entre les Provinces-Unies (actuels Pays-Bas) et le comptoir commercial de Batavia (actuel Jakarta) sur l'île de Java.

Le navire, parti pour ramener des épices sombre au large de l'Australie, alors encore largement inexplorée par les Européens et hostile. Une grande partie de l'équipage et des passagers parviendront à survivre et à gagner quelques ilots. Une partie de l'équipage décide de partir avec les chaloupes pour chercher de l'aide à Batavia, tandis que le reste des survivants, réduits au désespoir, seront bientôt massacrés pour tant pour la possession des richesses du navire que pour les maigres réserves de nourriture et d'eau potable.

Le livre de Simon Leys a le mérite d'être très court (74 pages) et basé sur des visites sur les lieux du naufrage et bien documenté. Contrairement à ce qu'il pensait, le livre de Mike Dash écrit en 2001 a été suivi de nombreux autres livres sur le même sujet (par exemple, La tragédie du Batavia de Philippe Godard et la bande dessinée Jeronimus de Christophe Dabitch et Jean-Denis Pendanx, en trois volumes). Pour les livres disponibles en français, on peut également citer Massacre des innocents de Marc Biancarelli.

Reste à espérer qu'Amélie Nothomb, qui a succédé à Simon Leys à l'Académie Royale de langue et de littérature française De Belgique, ait pu récupérer ses documents et ses notes et se décide à reprendre ce livre qui ne fut pas là où Simon Leys l'a laissé.
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Ce petit livre de Simon Leys Les naufragés du Batavia suivi de Prosper est fractionné en deux histoires distinctes où l'univers de la mer baigne ces deux intrigues l'une le récit historique d'un naufrage du Batavia en 1623, l'autre une marée de l'auteur pendant sa jeunesse en Bretagne.
Simon Leys articule son récit sur des faits précis et son envie d'écrire cette histoire avec sa genèse.La chronologie de ce désir en osmose avec cette terrible histoire catalyse notre attention pour la prolonger au delà de l'histoire, cet écho lointain de ce massacre resurgit de l'au delà tel un spectre immuable.
Les naufragés du Batavia est un avant bouche de L'archipel des hérétiques: La terrifiante histoire des naufragés du Batavia ouvrage de Mike Dash selon Simon Leys dans son préambule
­«Et maintenant, en publiant les quelques pages qui suivent, mon seul souhait est qu'elles puissent vous inspirer le désir de ce livre»
Le Batavia, bateau de la flotte Hollandaise fait route en direction des Indes néerlandaises pour venir s'échouer le 4 juin 1629 proche des côtes Australienne.Tel Robinson Crusoé les naufragés trouvent refuge dans des îles coralliennes paradisiaque pour y survivre avec légèreté d'un paysage et climat idyllique mais la cruauté d'un psychopathe hérétique va assombrir ce tableau pour un massacre des passagers par égocentrisme dictatorial.
Le voyage maritime à l'époque était dangereux, la vie à l'intérieur était une geôle où l'on pouvait se noyer.la navigation était à ses balbutiement.le scorbut était l'épidémie des passagers....
Simon Leys tel un profiler creuse l'origine de la folie meurtrière sanguinaire de ce tueur égocentrique dictatorial.cet homme avec une poignée de disciples tueront avec ingénierie, violeront, torturons, asserviront, affameront, utiliseront des méthodes machiavéliques avec les trois cent survivants.
­«Un récit éblouissant de maitrise et de profondeur» écrit Philippe Sollers résume parfaitement ce roman
Prosper est un récit autobiographique d'une partie de pêche de l'auteur. un écrit de jeunesse, Simon Leys retrouve un vieux texte de 45 ans pour le retravailler, y laissant l'esprit initial, une marée d'une époque révolue, une pêche aux thons avec un voilier, sans moteur, sans électricité, sans appareil de navigation, une épopée vers cette mer de tous les dangers avec des hommes du crue, des navigateurs de naissances, des bretons aux caractères bruts sans concessions, une virée d'hommes à la virilité océane...Simon Leys diffuse l'odeur iodée de l'océan dans ses mots, l'atmosphère dense, putride, poisseuse de poissons, de vinasse, de sueur, de mots salaces, de grossièretés d'ivrognes, de solitude, d'histoires mondaines sur le qui dira-t-on....
Ses mots s'écoulent comme le vent chavirant le chalutier au grès des vagues tintant la coque de bois, l'océan caresse la volonté de ses hommes prisonnier de leur passion, mercenaire de l'océan, fantôme des mers, le récit brut et intense de ces pêcheurs d'une autre époque....
Un conte d'hommes.
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
C'est le jour de l'Assomption. Ce matin, les Bretonnes sont allées à la messe et elles retourneront tout à l'heure à l'église pour les vêpres, tandis que les Bretons, eux, ont passé la journée au café. L'autobus est rempli de femmes en longue jupe noire et coiffe de dentelle. Il y a quelques marins endimanchés et aussi un abbé, taillé comme un bûcheron, qui lit son bréviaire.

L'autobus doit s'arrêter un moment en rase campagne pour permettre à l'un des marins ivres de pisser contre le talus. Les femmes lui lancent des quolibets assaisonnés de gros sel paysan. Premier contact avec les ivrognes du pays que j'apprendrai bientôt a mieux connaître. (Mais au fait, pourquoi diable dit-on « saoul comme toute la Pologne », alors que la Bretagne est même plus proche ?)
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La dernière fois que j'ai vu l'équipage du Prosper, c'était à l'enterrement d'Étienne. Le vieux Félix était là ; il paraît bien remis et projette déjà. de se rembarquer l'année prochaine.

Mais il faut dire qu'en Bretagne les enterrements sont toujours suivis d'une certaine euphorie due aux libations en l'honneur du défunt...
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Le mousse a treize ans : c'est sa première campagne de pêche. Les hommes sont pour lui ce que la mer est pour les hommes : une puissance d'une inexorable indifférence, que l'on ne peut se concilier que par la patience et l'adresse. [...]
La dureté n'est pas le fait individuel des matelots, elle découle plutôt de la force même des choses, comme une loi qui s'impose à tous et que nul ne juge bon de lui épargner en raison de son jeune âge. [...]
Son mal de mer disparaîtra bientôt - son enfance aussi ; au retour, il sera un dur petit adulte de treize ans, sans rêves et sans jeux.
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... puis d'autres victimes furent individuellement sélectionnées au jour le jour sous des prétextes divers, ou sans raison aucune - car c'est son arbitraire même qui constitue l'essence efficace et sans appel de toute Terreur. ( "Ici, il n'y a pas de pourquoi", répondront au XXè siècle les bourreaux d'Auschwitz à l'interrogation des innocents qu'ils conduisaient à la mort.)
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Même dans les meilleures conditions possibles, la vie en mer apparaissait aux terriens, à juste titre, comme une épouvantable épreuve. Samuel Johnson résuma bien ce sentiment : « Nul homme ne voudrait se faire marin, à moins de n’être même pas capable de se faire jeter en prison. Car la vie à bord d’un navire est tout simplement celle d’une geôle où l’on serait de surcroît exposé à la noyade. »
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Si vous aimez les citations, voici un livre qui va vous ravir ! Et peut-être la plus jubilatoire de toutes les compilations de citations et elle est l'oeuvre d'un personnage totalement libre et rebelle !
« Les idées des autres », de Simon Leys, à lire aux Editions Plon.
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