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Françoise Brun (Traducteur) Homère (Antécédent bibliographique)
EAN : 9782226169808
178 pages
Albin Michel (04/01/2006)
3.75/5   142 notes
Résumé :
"La tristesse est notre destin : mais c'est pour cela que nos vies seront chantées à jamais par tous les hommes qui viendront." La voix d'Homère continue de résonner du fond des siècles. L'Iliade chante cinquante et un jours de la dernière année d'une guerre de dix ans qui prend fin avec la conquête et la destruction de Troie.

Elle chante des dieux, des hommes et des héros, inoubliables dans la colère et l'ambition, l'audace et l'ingéniosité, la venge... >Voir plus
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Pari audacieux et réussi : réécrire l'Iliade en conte moderne...

Pari audacieux et totalement réussi par Alessandro Baricco en 2004 : à partir de la traduction italienne de Maria Grazia Ciani, rien moins que réécrire l'Iliade. Non à la manière du Pierre Ménard de Borges, mais avec initialement un dessein précis en tête : transformer les quelques quarante heures de récit à voix haute du texte d'origine en une version de quelques heures, permettant ainsi une lecture publique intégrale.
Pour cela, comme il l'explique en avant-propos, Baricco a 1) effectué des coupes en ôtant les répétitions, sans résumer ni couper de scènes entières, à part les apparitions des dieux, 2) accentué le mouvement de traduction déjà entamé "vers un italien vivant, plus qu'un jargon de philologue", 3) mis le récit sous forme subjective, en éliminant le style indirect et en donnant la parole aux acteurs eux-mêmes, 4)
pas pu résister à la tentation de quelques (petites) adjonctions (imprimées spécifiquement en italique).

Deux commentaires de Baricco lui-même à retenir, l'un dans l'introduction, l'autre dans la conclusion :
"On le sait, les dieux interviennent souvent dans l'Iliade, pour orienter les événements et confirmer l'issue de la guerre. Ce sont probablement les parties les plus étrangères à la sensibilité moderne, et souvent elles cassent la narration, en diluant une vitesse qui, sinon, tiendrait de l'exceptionnel. Je ne les aurais pas enlevées en tout cas [les interventions divines] si j'avais été convaincu qu'elles étaient nécessaires. Or - d'un point de vue narratif, et uniquement - elles ne le sont pas. L'Iliade a une forte ossature laïque qui ressort dès que les dieux sont mis entre parenthèses. Derrière le geste du dieu, le texte homérique cite presque toujours un geste humain qui redouble le geste divin et le ramène, si l'on peut dire, sur la terre."
"Ce ne sont pas n'importe quelles années, les années où nous sommes, pour lire l'Iliade. Ou pour la "réécrire", comme je me suis trouvé à le faire. Ce sont des années de guerre. Et même si le mot "guerre" continue de me paraître erroné pour définir ce qui se passe en ce moment dans le monde (un terme de commodité, disons) , ce sont en tout cas des années où une certaine barbarie orgueilleuse, liée pendant des millénaires à l'expérience de la guerre, est redevenue une expérience quotidienne."

Depuis, plus de 10 000 spectateurs ont assisté à ces lectures publiques... le texte écrit permet aisément de comprendre pourquoi, tant la dynamique et la force de l'Iliade sont présentes, condensées mais multipliées par cette (relative) concision même. Une expérience étonnante valant réellement le détour !
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N°932– Juin 2015

HOMERE. ILIADE - Alessandro Baricco – Albin Michel.
Traduit le l'italien par Françoise Brun.

Le thème de l'Iliade, la vraie, celle d'Homère, c'est la fin de l'histoire de la guerre de Troie, un siège qui a duré 10 ans et qui a opposé les Grecs aux Troyens. Ce sont les Grecs qui l'emportent grâce à Achille qui tue Hector en combat singulier. Dans cette aventure les dieux interviennent directement dans le conflit. L'oeuvre est composée de 24 chants soit 15337 hexamètres dactyliques. du temps de mes lointaines Humanités, la lecture de ce genre de texte était réservée à ceux, déjà rares, qui se consacraient à l'étude du grec. Les traductions disponibles étaient très scolaires et collaient au texte orignal, elles étaient empruntes de lyrisme et de mythologie, bref c'était réservé à une élite. le but de Baricco était de rendre accessible ce texte en vue d'une lecture publique, en l'expurgeant de tout ce qui pouvait rebuter un auditoire moderne, notamment les interventions divines et en y donnant une traduction moins « classique », plus laïque, plus contemporaine, bref de la rendre lisible.

A travers le théâtre classique et les textes littéraires, nous avons été bercés pendant nos études par ces personnages grecs et latins qui retraçaient à leur manière l'histoire de Rome et d'Athènes. La véritable Iliade d'Homère se termine par la mort d'Hector et ses funérailles mais ne parle guère du fameux « cheval de Troie » dont l'image est passé dans notre langage quotidien et dont Virgile parlera plus tard. Alessandro Baricco récupère cette séquence et l'intègre dans son texte. Pourquoi pas puisqu'il s'agit en quelque sorte d'une recréation.

A l'origine, « la belle Hélène », épouse du roi de Sparte mais ,selon la mythologie fille de Zeus et de Léna, est enlevée par Pâris, prince troyen. Cet événement est la cause de « la guerre de Troie » entre les Grecs et les Troyens. Ce texte parle des derniers des cinquante et un jours de la dernière année de cette guerre à travers les personnages d'Homère qui plantent en quelque sorte le décor. Même si, au cas particulier les femmes incarnent le désir de paix, il parle surtout de la guerre, cette activité dont les hommes n'ont jamais pu se passer, de cette violence qu'ils portent en eux et qui s'exprime dans ces actes et ce depuis la nuit des temps. Elle leur confère la gloire et une forme d'immortalité parce que la mémoire collective, reliée par l'écrit (et par l'art en général) s'en mêle, célébrant l'héroïsme. Et c'est un peu comme si elle devenait quelque chose de beau, de nécessaire même, parce que l'histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Nous ne valons guère mieux aujourd'hui et nos sociétés, censées défendre la paix et s'en réclamer sont bien fragiles face à cette violence potentielle.

Sur le plan de la forme, le texte est effectivement débarrassé de ses afféteries classiques et autres images quelque peu ampoulées. La lecture n'en est que facilitée.



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Pour toute personne qui s'est un peu plongée dans la littérature antique, la projection de soi dans les textes anciens est un jeu, un sport, voir même une école puisque les réflexes humains n'ont pas changés entre cette époque et aujourd'hui. le décalage du regard, l'approche différente de l'existence et de la mort est par contre passionnante.
Alessandro Barrico a pris le temps d'un essai étonnant en enlevant les dieux de la fresque militaire d'Homère. Texte écrit pour être dit, j'ai pu le découvrir en lecture radiophonique, grâce au travail magnifique des équipes de Radio France, par hasard un soir (en faisant la cuisine, vous saurez tout). Et c'est bien comme ceci que ce texte dégage tout son intérêt.
Toute la dynamique des mots ressort au travers de la parole, et on perçoit de façon encore plus éclatante, grâce à la réécriture de Barrico, le génie d'un texte qui nous laisse à la croisée des chemins entre le vide de sens d'un monde guerrier, et celui que les hommes donnent à une transcendance. le tout dans un monde où les hommes sont écrasés par leur propre violence, leurs réactions sanguines, l'expression en contre temps de la sagesse.
Le message passe aussi, bien sûr, lorsqu'on lit le texte soi même. le retrait des incises divines pousse cependant encore plus jusqu'à l'écoeurement les additions de boucheries lorsque la musique des mots ne les porte pas.
L'adaptation d'Homère par Barrico est à découvrir, malgré tout. de préférence en podcast sur le site de France Culture si vous voulez mon avis, puis dans sont texte intégral.

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Il y a longtemps, quand j'étais jeune adolescent, un de mes oncles avait cru bon de m'offrir l'Iliade et l'Odyssée (dans l'édition de la Pléiade). Bon garçon, je m'étais obligé à lire le premier de ces textes, mais cette lecture m'avait semblé si laborieuse que j'avais renoncé à commencer le second. En fait, j'ai compris (et admis) maintenant que je suis peu sensible au lyrisme, surtout dans le cadre d'une épopée.
Beaucoup plus tard, je suis tombé récemment sur cet ouvrage et je l'ai lu, pour essayer de saisir l'esprit d'Homère. A. Barricco (un auteur italien que j'apprécie beaucoup) a voulu permettre une lecture d'une longueur raisonnable - ce qui a nécessité une complète réécriture - de "l'Iliade": il fallait oser ! Il l'a fait, en suivant les règles précises qu'il s'était fixées a priori. le résultat est intéressant et original. Il permet une première approche de l'oeuvre à des lecteurs du XXIème siècle peu férus de mythologie grecque et ignorants des guerres antiques. Pour ma part, j'ai lu sans difficulté ce livre. Ceci dit, le sujet de ce récit, même "dégraissé", reste essentiellement le même que dans son modèle. Et je n'ai pas vibré à cette lecture. Décidément, je n'ai pas l'esprit adéquat pour vraiment apprécier ce genre de poésie.
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Séduit par Alessandro Barrico après la lecture de "Soie", j'ai voulu approfondir ma connaissance de cet auteur qui m'était inconnu.
Amoureux de la Grèce où j'habite, mon choix s'est irrémédiablement tourné vers "Homère, Iliade".

Quelle ne fût pas ma déception ! Résumer en 140 pages une épopée de plus de 500 pages, le but était louable, mais la tâche se révèle être une gageure....

L'auteur avoue ses méfaits en introduction, et ces méfaits se révèlent catastrophiques sur la compréhension du texte.
La suppression de tout l'aspect théologique retire toute vraisemblance aux événements.
Le changement de récitant à chaque chapître, formatage de la littérature actuelle s'il en est, perturbe la mémorisation du personnage qui raconte.
Les ajouts en italique s'avèrent totalement inutiles...

Bref, je n'ai pas reconnu la version originale, et ce texte ne m'a pas donné l'envie d'assister aux lectures publiques pour lesquelles il a été créé.
Rendre l'Iliade accessible au grand public, pourquoi pas, mais sûrement pas de cette façon !
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
J'étais devant tous les autres et je les vis, enfin,, les navires, là, devant moi. Les premières nefs noires, étayées au sol, puis, à perte de vue, des navires et encore des navires jusqu'à la plage et la mer, des milliers de mâts et de coques, les proues pointées vers le ciel, aussi loin que tu pouvais regarder. Les navires. Personne ne peut comprendre ce que cette guerre a été pour nous, les Troyens, sans imaginer le jour où nous les avons vus arriver. Il y en avait plus de mille, sur ce bout de mer qui était dans nos yeux depuis que nous étions enfants, mais que nous n'avions jamais vu sillonner par quelque chose qui ne soit pas ami, et petit, et rare. Il était tout à coup noirci jusqu'à l'horizon par des monstres venus de loin pour nous anéantir. Je comprends quelle sorte de guerre j'ai faite quand je repense à ce jour-là, et que je nous revois, moi, mes frères, tous les jeunes gens de Troie, en train de revêtir nos plus belles armes, de sortir de la ville, marcher dans la plaine, et, arrivés à la mer, essayer d'arrêter cette flotte, terrifiante, à coups de cailloux. (...)

C'est dans ces flammes que vous devez vous souvenir de moi, Hector, le vaincu, vous devez vous souvenir de lui debout, sur la poupe de ce navire, entouré par les flammes. Hector, le mort traîné par Achille trois fois autour des murs de sa ville, vous devez vous souvenir de lui vivant, et victorieux, et resplendissant dans ses armes de bronze et d'argent. J'ai appris d'une reine ces paroles qui me sont restées et que je veux vous dire : souvenez-vous de moi, souvenez-vous de moi, et oubliez mon destin.
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Ma mère, un jour, m’a dit quel serait mon destin : si je reste ici, à me battre sous les murs de Troie, je ne reviendrai plus, mais ma gloire sera éternelle ; si au contraire je rentre chez moi, dans ma terre, il n’y aura pas de gloire pour moi, mais j’aurai une longue vie, avant que la mort, en marchant lentement, me rejoigne.
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Ce fut un affrontement sauvage. Le flot de la mer ne résonne pas aussi fort contre les rochers, quand souffle avec violence le vent de Borée. Ni aussi fort est le grondement de l’incendie quand il embrase les vallées dans la montagne et dévore les forêts.
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La guerre est une obsession de vieux, qui envoient les jeunes la faire.
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Diomède se leva et dit « Quand bien même ils nous rendraient Hélène en chair et en os, nous ne devons pas nous arrêter, mes amis. Même un sot comprendrait que la fin de Troie désormais est proche. »
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Videos de Alessandro Baricco (77) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alessandro Baricco
Les voies de la narration. Apprendre l'art de raconter des histoires dans le monde contemporain
Avec David Foenkinos, romancier, dramaturge et scénariste, Fanny Sidney, réalisatrice, scénariste, comédienne et Pauline Baer, écrivaine et animatrice d'ateliers d'écriture
Au cours des deux dernières décennies, les histoires, les récits, les narratifs sont sortis du champ strictement littéraire et culturel pour investir d'autres espaces – politique, économique, informationnel. Portée par l'essor des industries créatives et par la multiplication des canaux et des formats, la « fabrique » à histoires s'est développée en réponse à des besoins variés : assouvir une quête de sens, se réapproprier une histoire familiale, fédérer autour d'un projet collectif, incarner une ambition entrepreneuriale, donner du souffle à un projet politique, redonner de la cohérence aux événements du monde, ou tout simplement répondre à notre envie d'être transporté et tenu en haleine… du récit intime qui bouscule au récit politique qui veut marquer son temps, de l'histoire qui captive au narratif d'entreprise qui conjugue stratégie et raison d'être, chacun cherche l'histoire qui fait vibrer, donne du sens, motive, divertit ou répond aux questions du siècle.
Si le besoin de récit est partout, il faut (ré)apprendre à raconter des histoires de manière adaptée aux usages contemporains, sans perdre de vue la vocation humaniste de toute narration et les ponts qu'elle peut jeter entre générations et entre communautés. Une nouvelle génération d'auteurs, ainsi que la demande des industries culturelles interrogent l'idée – très française, et à l'opposé de la mission de la Scuola Holden de Turin fondée à Turin par Alessandro Baricco en 1994 – que l'art du récit ne s'apprend pas, à moins de le faire comme un outil pour accéder à un métier et à un média. Et s'il fallait une « école Holden à la française » pour décloisonner les industries culturelles et les générations ?
Table ronde proposée par Claudia Ferrazzi, fondatrice de VIARTE.
À lire – David Foenkinos, Charlotte, Gallimard, 2014. Pauline Baer, La collection disparue, Folio Gallimard, 2020. Alessandro Baricco, The game, Folio Gallimard, 2019. Alessandro Baricco, Les barbares. Essai sur la mutation, Gallimard, 2014. Yves Lavandier, La dramaturgie : les mécanismes du récit, Les impressions nouvelles, 1994. Maureen Murdock, The heroine's journey, Shambhala Publications Inc, 1990.
+ Lire la suite
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