C'est un bien triste Laviolette que nous retrouvons dans ce pénultième roman que nous livra
Pierre Magnan avant d'écrire «
Elégie pour Laviolette », et nous quitter pour rejoindre définitivement ses paysages secrets des Basse-Alpes.
Si je reviens un instant sur ce dernier livre, c'est parce que j'avais commis la sottise de le lire précédemment et c'est un peu de la fin du « Parme convient à Laviolette » que je connaissais avant d'en entamer la lecture.
Or donc Modeste se complait dans une sombre mélancolie après avoir été délaissé par sa compagne d'un moment pour laquelle il brûlait d'une passion dévorante, une certaine “LEMDA” (L Est Mon Dernier Amour !), à l'image du jeune Swann dont il partage les tourments dans sa lecture ininterrompue. Lorsque le juge Chabrand vient lui proposer une nouvelle enquête sur la mort inexpliquée d'un tueur de cochon, c'est une fin de non-recevoir que notre commissaire lui adresse, n'ayant plus goût à rien, revenu qu'il est des bassesses de ses contemporains. Mais sa nature de chien policier reprend peu à peu le dessus et c'est malgré tout à contrecoeur qu'il se remet en route pour voir où s'est passé le crime et peut-être en élucider le mystère…
À travers ce qui devait être le dernier opus des enquêtes de notre commissaire bourru préféré, c'est en quelque sorte à un pèlerinage dans la région et les villages qu'il a traversés au cours de ses investigations policières, que nous emmène Laviolette, et à l'occasion, il croisera quelques anciennes connaissances ou se recueillera sur la tombes de victimes ou d'assassins. D'ailleurs de nombreux appels de note en bas de page nous ramènent à des histoires passées et nous donnent évidemment envie de les reprendre pour les relire. Ce qui sera fait sans doute dans les mois qui viennent.
Pierre Magnan nous propose un récit assez difficile dans la première moitié du livre car trop empreint de la déprime que traverse son héros. Plus tard l'enquête redonnera de l'intérêt au lecteur pour l'emmener vers un final étonnant.
Bien sûr on retrouve avec plaisir cette écriture particulière, mêlant patois provençal à un français très élaboré, semant de temps à autre des mots ou expressions peu ou plus usités ; qui emploie encore “entéléchie”, “clues” ou “corymbes” ? Mais avec Laviolette c'est un style bien à lui dont nous profitons, un peu à part du reste de l'oeuvre de Magnan, qui de toute façon reste tellement riche de vocabulaire, de poésie et de luxe de détails.
Cet amoureux des Basses-Alpes, de la
Provence et de
Giono nous laisse un peu plus d'une trentaine de récits, parmi lesquels des romans, des nouvelles, des textes autobiographiques et même des albums et c'est un plaisir immense de lecture que j'aimerais vous faire partager, à vous de retrouver quelques-unes de mes chroniques à propos de cet auteur trop peu connu car tellement méfiant et imperméable aux honneurs et flatteries d'un monde qu'il traversa pendant presque un siècle.