Ce 22 ème roman lu de
Naguib Mahfouz fut une balade hors du temps.
Si l'amour est toujours présent dans l'oeuvre de l'auteur comme peuvent l'être ses autres thématiques récurrentes (la famille, les fonctionnaires, le WAFD, la politique), il choisit cette fois-ci de traiter la déception sentimentale de son héros par la fuite sous une forme calme et tempérée : celle d'un voyage, d'une quête initiatique, nimbée de douceurs malgré les turpitudes intestines auxquelles le héros est confronté au cours de ses rencontres lors du voyage.
Qindil (renommé Ibn Fattouma) se met en chemin avec une caravane pour atteindre Dâr al-Gabal mais il passera par d'autres villes (pays) qui seront des étapes où il fera des rencontres marquantes. Celles-ci vont venir heurter tout ce qui le constituait dans son pays : sa culture, ses habitudes, son islam, la politique. Elles font naître en lui des questionnements au sujet de la nudité, du travail, de la place de la femme, de la filiation, l'appartenance, des controverses politiques, de la liberté.
De mémoire, ce doit être une des seules fois où le personnage principal d'un livre de
Naguib Mahfouz se retrouve face à des protagonistes qui ont une autre religion ou lui oppose une vision différente de l'islam. À chaque pays visité (Dar Al-Hayra, Dar Al-Machrek..), tous ses acquis sont remis en question par un nouveau modèle de société auquel il a du mal à souscrire. Ceci est fait avec toute la finesse de l'auteur qui provoque la réflexion chez Qindil.
Encore une sublime lecture de
Naguib Mahfouz même si je préfère ses romans où l'opposition et la contestation prennent une forme plus frontale et moins poétique.
La dernière phrase est divinement belle ❤️💓❤️💓
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-Qu'est-ce qui t'amène ?
-Un appel venu de toi,
affirmai-je.
-C'est un premier pas vers la réussite, dit-il avec satisfaction, et l'averse commence par une goutte.