D'un côté, un écrivain solitaire, dans un appartement en bord de mer, où le vent le dispute au froid cinglant. de l'autre, Louis, le personnage de son roman, dont il peine à écrire l'intrigue. Louis aime rendre service à son prochain : il tue des parents âgés pour permettre à leurs enfants, des amis, de toucher l'héritage. Au fond, il ne fait qu'appliquer la fameuse « solution esquimau » : « Les Esquimaux abandonnent leurs vieux sur un morceau de banquise (un coup de pied et hop, bon voyage…) pour ne pas prolonger indéfiniment l'interminable calvaire de leur décrépitude ». L'écrivain et le personnage de fiction vont voir leur trajectoire se rapprocher subrepticement jusqu'au point de dérive…
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La solution esquimau » suit le parcours erratique des morceaux de banquise sur lesquels dérivent des vies en suspens. Ce roman noir est habile puisqu'il mène en parallèle deux intrigues, celle d'un écrivain, ainsi que sa mise en abyme, celle de Louis, le personnage de fiction. Mais très vite, réel et fiction s'entremêlent, les parallèles en viennent à se croiser et le lecteur perd un peu le fil des drames, des relations conjugales qui s'enchaînent. Une chose est sûre : la dérive guette chaque protagoniste, qu'il soit réel (sous la plume de Pascal Garnier) ou imaginaire (sous la plume de l'écrivain que se plaît à peindre Pascal Garnier). En filigrane, le support de cette dérive, le miroir étale des eaux qui cautérisent toutes les plaies : « Et la peau du lac se refermera sans laisser de cicatrices » (p. 188), ni dans la fiction, ni dans le réel. Ouf, nous voilà saufs, poursuivons nos lectures !