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Christine Le Boeuf (Traducteur)Charlotte Melançon (Traducteur)
EAN : 9782914387590
76 pages
Editions de L'Escampette (07/02/2005)
4.1/5   20 notes
Résumé :
Alberto Manguel est né à Buenos Aires en 1948. À 16
ans, il rencontre Borges devenu aveugle et lui fait la
lecture, le soir, pendant deux ans. Manguel en
retiendra que la vraie mesure de la littérature est le plaisir et l'émerveillement qu'elle nous apporte. Essayiste, traducteur, anthologiste, éditeur et, depuis peu, auteur de fiction, il a publié, en plusieurs langues, une bibliographie impressionnante dont le fil rouge explore la relation ent... >Voir plus
Que lire après Pinocchio & Robinson. Pour une éthique de la lectureVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Bien sûr Pinocchio apprend à lire à l'école, mais sans atteindre le stade servant à la connaissance de lui-même et du monde qui l'entoure. Apprentissage, selon Manguel, "le plus difficile, le plus dangereux et le plus puissant". Prônant les mérites de la lenteur et de l'effort délibéré, histoire de lire en profondeur, pénétrer dans un livre et l'explorer jusqu'à ses limites, il décortique les richesse du roman de Collodi. Mais comme le disait Eco, "les limites de l'interprétation coïncident avec les limites du bon sens."

Manguel déplore que notre société n'encourage guère ce type de lecture, et cite une expression latine que j'ignorais, mais me réjouit définitivement, per ardua ad astra, par la difficulté atteignons les étoiles.

Ceux qui ont lu le roman de Defoe savant qu'en plus d'outils et autre matériel pratique, Robinson sauve quelques livres (en portugais, donc frustrant sans doute) et trois Bibles (en anglais, ouf pour lui!)
Même si Manguel a écrit ce petit essai, en 2000, lorsque Internet et les liseuses n'avaient pas la place qu'elles ont actuellement, ses réflexions demeurent intéressantes.
Je termine en signalant qu'il rappelle aussi la réjouissante liste des "choses à éviter quand on écrit", établie en 1939 par Borges, Casares et Ocampo. Suivre cette liste, bien sûr, aboutit "à l'absence de toute littérature."

Pour terminer, "Vers une définition du lecteur idéal", rien que ça! Une énumération où on peut picorer, au hasard, d'accord ou pas, ça se discute.

Pour le lecteur idéal, toutes les plaisanteries sont nouvelles.
Le lecteur idéal a une capacité d'oubli illimitée.Il peut chasser de sa conscience tout souvenir du fait que le Dr Jekyll et Mr Hyde sont une seule et même personne, que Julien Sorel aura la tête coupée, que le nom de l'assassin de Roger Ackroyd est Untel.
Le lecteur idéal sait ce dont l'écrivain n'a que l'intuition.
Lorsqu'il ferme son livre, le lecteur idéal sent que s'il ne l'avait pas lu, le monde serait plus pauvre.
Le lecteur idéal ressemble à Joseph Joubert, qui arrachait des livres de sa bibliothèque les pages qui en lui plaisaient pas.
Le lecteur idéal ne compte jamais ses livres.
Le lecteur idéal lit toute littérature comme si elle était anonyme.
Lorsqu'il lit un livre datant de plusieurs siècles, le lecteur idéal se sent immortel.
Le lecteur idéal ne sait pas qu'il est le lecteur idéal avant d'être arrivé à la fin du livre.
Le lecteur idéal, c'est, pour un livre, une promesse de résurrection.
Tout livre, bon ou mauvais, a son lecteur idéal.
Pour le lecteur idéal, tout livre se lit, dans une certaine mesure, comme son autobiographie.
Le lecteur idéal fait du prosélytisme.
Le lecteur idéal est capable de tomber amoureux d'un des personnages du livre.
Il y a trois types de lecteurs: l'un, qui savoure sans juger; un troisième, qui juge sans savourer; et un autre au milieu, qui juge tout en savourant et savoure en jugeant. (Goethe)
Le lecteur idéal souhaite à la fois arriver à la fin du livre et savoir que le livre n'aura pas de fin.
Le lecteur idéal ne se soucie pas des genres.

Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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De deux personnages qui ne sont pas des lecteurs "idéaux" tels qu'il l'entend, Manguel trace ici dans trois petits essais le portrait de ce lecteur idéal, et tout ce que tend chez le lecteur la capacité d'en être un pour de bon.
L'apprentissage de Pinocchio amène Manguel à rechercher ce qui permet au jeune lecteur de dépasser la simple juxtaposition des lettres pour arriver à entrer dans le livre, dans ce qui est déjà une petite transgression. Avec Robinson, qui n'est pas dépourvu de livres sur son île, il passe de la Bible aux livres que l'on lit vraiment, et termine sur ce que sera le livre demain dans un univers technologique.
Pour les abonnés de Babelio qui ont tous mis de côté leurs "livres pour une île déserte", lisez bien sûr "La bibliothèque de Robinson"!
Et pour finir, ce livre nous vient de la petite maison "L'Escampette Editions", petit éditeur du Poitou qu'il faut soutenir !
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Trois essais pour interroger la naissance du plaisir littéraire, pour défendre la littérature et la position du lecteur aujourd'hui. Trois textes essentiels, manifestes pour le droit -non, le devoir- à la culture, le droit/devoir d'étendre nos frontières intimes à l'aune de la lecture. Alberto Manguel trace ici une éthique du lecteur – éthique dans laquelle on lit autant un engagement moral qu'un rapport personnel, un certain état d'âme lié au livre-, avec une vivacité qui réjouit.

Comment Pinocchio apprit à lire se fait incitation à dépasser le simple déchiffrage : devient lecteur celui qui sait aller au-delà du simple assemblage de lettres, celui qui sait s'abandonner au texte et l'intégrer dans un même mouvement. Manguel retrace en Pinocchio le portrait d'un non-lecteur qui, restant à la surface des lettres, n'accède pas, malgré sa métamorphose de chair, à ce qui est une composante essentiel de l'âme humaine ou, plus modestement, du coeur citoyen : la faculté d'interprétation, de digestion, d'imprégnation

La suite par ici : http://www.delitteris.com/au-fil-des-pages/pinocchio-robinson/
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Comment Pinocchio apprit à lire

p. 16 Lucignolo décrit le pays des joujoux en ces termes : « Il n’y a pas d’école, là ; il n’y a pas de maîtres ; il n’y a pas de livres… Voilà le genre d’endroit qui me plaît ! C’est comme ça que devraient être tous les pays civilisés ! » Les livres sont très justement associés, dans l’esprit de Lucignolo, avec la difficulté, et la difficulté (dans le monde de Pinocchio comme dans le nôtre) a acquis un sens négatif qu’elle n’a pas toujours eu. L’expression latine per adua ad astra, par la difficulté atteignons les étoiles, est presque incompréhensible pour Pinocchio (comme pour nous) puisqu’on est censé pouvoir tout obtenir au moindre coût possible.

p. 21 Cette expérience superficielle de la lecture qu’est celle Pinocchio est exactement opposée à celle d’un autre héros errant, ou plutôt une héroïne. Dans l’univers d’Alice, le langage est rendu à la richesse de son ambiguïté essentielle et n’importe quel mot (si l’on en croit Humpty-Dumpty : « Par gloire j’entends dire « un bel argument sans réplique » » peut être contraint de dire ce que son utilisateur veut dire. Bien qu’Alice refuse des affirmations aussi arbitraires (« Mais gloire ne signifie par bel argument sans réplique », objecte-t-elle), cette épistémologie à l’usage de tous est la règle au Pays des Merveilles. Alors que dans le monde de Pinocchio le sen d’un mot imprimé est dépourvu d’ambiguïté, dans celui d’Alice la signification de « Jabberwocky », par exemple, dépende de la volonté du lecteur. (Il peut être utile de rappeler ici que Collodi écrivait à une époque où les règles de la langue italienne était fixées pour la première fois à partir d’un choix entre de nombreux dialectes, alors que l’anglais de Lewis Carroll était fixé depuis longtemps et pouvait être ouvert et mis en question avec une relative sécurité).

p. 23 Il existe un ardent paradoxe au cœur de tout système scolaire. Une société doit impartir à ses citoyens la connaissance de ses codes afin qu’ils puissent y devenir actifs ; mais la connaissance de ces codes, outre la simple capacité de déchiffrer un slogan politique, une publicité ou un manuel d’instructions primaires, donne à ces même citoyens celle de mettre la société en question, de découvrir ses défauts et de tenter de la changer. C’est dans le système qui permet à une société de fonctionner que gît le pouvoir de la subvertir, pour le meilleur ou pour le pire. De sorte que le professeur, la personne chargée par cette société de révéler à ses nouveaux membres les secrets de ses vocabulaires communs, doivent de fait un danger, un Socrate capable de corrompre la jeunesse quelqu’un qui doit, d’une part, continuer inlassablement à enseigner et, de l’autre, se soumettre aux lois de la société qui l’a placé à ce poste d’enseignant – se soumettre jusqu’à s’autodétruire comme ce fut le cas pour Socrate. Un enseignant est toujours pris dans ce double nœud : enseigner de manière à apprendre aux étudiants à penser par eux-mêmes, enseigner en fonction d’une structure sociale qui impose sa loi à la pensée. L’école, dans le monde de Pinocchio et dans la plupart des nôtres, n’est pas un terrain d’entraînement où devenir meilleur et plus accompli, mais un lieu d’initiation au monde des adultes, avec ses conventions, ses exigences bureaucratiques, ses accords tacites et son système de castes. Il n’existe pas d’écoles pour anarchistes et pourtant, en un sens, tout professeur devrait enseigner l’anarchisme, apprendre aux étudiants à s’interroger sur les règles et les règlements, à chercher des explications aux dogmes, à faire face à des obligations sans céder aux préjugés, à exiger l’autorité de ceux qui sont au pouvoir, à trouver, à trouver un endroit d’où ils puissent exprimer leurs propres idées, même si cela signifie une opposition et même, en définitive, l’élimination du professeur.
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Pour le lecteur idéal, toutes les plaisanteries sont nouvelles.
Le lecteur idéal a une capacité d'oubli illimitée.Il peut chasser de sa conscience tout souvenir du fait que le Dr Jekyll et Mr Hyde sont une seule et même personne, que Julien Sorel aura la tête coupée, que le nom de l’assassin de Roger Ackroyd est Untel.
Le lecteur idéal sait ce dont l'écrivain n'a que l'intuition.
Lorsqu'il ferme son livre, le lecteur idéal sent que s'il ne l'avait pas lu, le monde serait plus pauvre.
Le lecteur idéal ressemble à Joseph Joubert, qui arrachait des livres de sa bibliothèque les pages qui en lui plaisaient pas.
Le lecteur idéal ne compte jamais ses livres.
Le lecteur idéal lit toute littérature comme si elle était anonyme.
Lorsqu'il lit un livre datant de plusieurs siècles, le lecteur idéal se sent immortel.
Le lecteur idéal ne sait pas qu'il est le lecteur idéal avant d'être arrivé à la fin du livre.
Le lecteur idéal, c'est, pour un livre, une promesse de résurrection.
Tout livre, bon ou mauvais, a son lecteur idéal.
Pour le lecteur idéal, tout livre se lit, dans une certaine mesure, comme son autobiographie.
Le lecteur idéal fait du prosélytisme.
Le lecteur idéal est capable de tomber amoureux d'un des personnages du livre.
Il y a trois types de lecteurs: l'un, qui savoure sans juger; un troisième, qui juge sans savourer; et un autre au milieu, qui juge tout en savourant et savoure en jugeant. (Goethe)
Le lecteur idéal souhaite à la fois arriver à la fin du livre et savoir que le livre n'aura pas de fin.
Le lecteur idéal ne se soucie pas des genres.
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"Je suis convaincu que nous continuerons à lire aussi longtemps que nous persisterons à nommer le monde qui nous entoure. Tant de choses ont été nommées, tant de choses continueront de l'être, et en dépit de notre folie nous ne renoncerons pas à ce petit miracle qui nous donne une étincelle de savoir. Il se peut que les livres n'allègent pas notre souffrance, qu'ils ne nous délivrent pas du mal, qu'ils ne nous disent pas ce qui est bien et ce qui est beau ; et ils ne nous permettront sûrement pas d'échapper au sort commun de la mort. Mais les livres nous offrent la possibilité même de ces choses, la possibilité du changement, la possibilité de l'illumination."
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Imaginer, c'est dissoudre les barrières, ignorer les frontières, subvertir la vision du monde qui nous est imposée.
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Robinson Crusoé n'est pas un lecteur idéal. Il lit la Bible afin d'y trouver des réponses. Un lecteur idéal lit pour trouver des questions.
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Vidéo de Alberto Manguel
A l'occasion de la soirée de lancement Lettres du Monde, rencontre avec Javier Cercas "Le château de Barbe Bleue" et Alberto Manguel "La cuisine des contrés imaginaires" aux éditions Actes Sud. Entretien avec Caroline Broué.
Retrouvez les livres : https://www.mollat.com/livres/2727711/javier-cercas-terra-alta-vol-3-le-chateau-de-barbe-bleue https://www.mollat.com/livres/2947559/alberto-manguel-la-cuisine-des-contrees-imaginaires
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