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EAN : 9782266038775
252 pages
Pocket (01/04/1988)
3.56/5   64 notes
Résumé :
Certains racontent qu'autrefois la Terre était couverte de forêts, de prairies, de déserts et d'océans et que la glace et la neige n'étaient présentes qu'en certaines régions où durant une certaine saison.
Mais depuis, il y a eu une guerre.
Tout a changé. La glace recouvre le monde.
Les hommes vivent désormais dans des cités-crevasses.
Leur existence est celle des marins et des pêcheurs de jadis.
Mais si leurs navires ont des voile... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Mais wouah j'adore !! je ne suis pas une lectrice de science fiction pourtant, juste un peu d'anticipation par-ci, de post-apo par-là. Mais quand j'ai lu la critique de Patlancien, ainsi que ses citations choisies, j'ai trouvé ça très beau et intriguant : j'ai été irrémédiablement attirée par ce monde glaciaire, bleu d'être gelé, vêtu d'un blanc épuré mais, dans le même temps, réchauffé de coeurs humains et d'agitation animale primitive, bouillonnant de vie sous l'apparent silence des glaciers et des crevasses qui abritent, si l'on regarde bien, des cités cachées plutôt bruyantes où les marins saouls se harponnent dans les auberges, en rentrant de la chasse à la baleine.
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Celle-ci se pratique d'ailleurs… sur la glace puisque la planète semble entièrement recouverte de glace ! Nous imaginons une période glaciaire intervenue peut-être suite à des bouleversements climatiques, mais nous n'aurons le fin mot de cette situation qu'à la fin. En attendant, c'est tout émerveillée que j'ai découvert l'univers très particulier et presque féérique créé par Moorcock et dans lequel il nous plonge sans préambule. Car si les baleines ont dû s'adapter et devenir en quelque sorte des baleine « de terre », les pêcheurs, marins, chasseurs de baleine, mais aussi les bateaux, ont également suivi l'évolution : Comme le magnifique titre l'indique, c'est donc sur un navire des glaces que nous allons embarquer et passer le plus clair de notre lecture ! J'ai trouvé ça magique, même s'il est vrai que je ne suis pas habituée à ce genre littéraire de l'imaginaire.
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Le Capitaine Arflane, un bon gars un peu bourru, se retrouve sans navire suite à quelques mésaventures. Ici la vie humaine a moins de valeur que la Glace-Mère. Vénérée comme une divinité depuis des siècles, on veille à ne surtout pas la contrarier sous peine de provoquer le réchauffement climatique, le retour du feu et toutes ces horreurs de l'enfer !! C'est dans ce contexte qu'il sauve malgré tout de la mort un riche noble d'une cité voisine à la sienne. Il se voit alors propulsé, comme son homme de confiance, à la tête du navire de la famille, le plus beau des huit cités alentours, pour une expédition dont la mission doit rester secrète… mais aurait un rapport avec une ancienne cité que l'on croit ensevelie. Ce n'est pas le navire le plus robuste en revanche, mais peu importe puisque nous accompagnons le meilleur Capitaine du moment !
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Avec lui, tout au long de sa quête, nous participerons à d'incroyables chasses à la baleine (ce n'est qu'un roman mais avis aux réfractaires^^), découvrirons des peuplades utilisant du feu (les fous !), et même des glaciers crachant du feu ; nous devrons tout faire pour tenter d'éviter des naufrages, contenir de véritables mutineries, nous aimerons, nous tromperons, nous emprisonnerons et nous tuerons et tout cela en seulement 210 pages ! Mais plus incroyable encore, nous vivrons cette formidable aventure à bord d'un fabuleux navire monté sur des patins, glissant toutes voiles dehors sur une patinoire gigantesque parsemée de montagnes et de crevasses qui pourraient vite donner le mal de glace aux plus gourmands, nous perdrons de vue nos mâts dans des tempêtes de neiges, nous verrons scintiller les barbes des marins prises dans la glace, puis étinceler les cordages au petit matin, nous écouterons les murmures et le hurlement du vent dévalant ponts et coursives, annonciateur de joies ou de défaites…
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J'ai a-do-ré ce moment et la découverte de cet univers assez simple pour que je m'y projette, mais assez développé pour m'envelopper comme une fourrure bien chaude que je n'ai plus voulu quitter, jusqu'à la fin ! Un format qui me convient bien pour sortir de mes sentiers battus. Et même si les habitués de ce genre littéraires seront peut-être plus blasés, j'en sors enchantée, littéralement.
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Nous sommes dans un univers post-apocalyptique survenu après une guerre atomique (le roman a été écrit en 1969). Notre bonne vieille planète est figée dans un hiver nucléaire. Elle est recouverte d'une banquise éternelle et omniprésente. L'humanité a appris à vivre dans ce monde blanc. D'ailleurs les couleurs comme la chaleur sont honnies et devenues blasphématoire. Une seule religion est permise : l'adoration pour la «Glace-Mère ».
Un schéma classique de la littérature de science-fiction qui revient souvent comme un leitmotiv dans les romans du genre. L'originalité se situe dans l'existence de grands voiliers de glace, montés sur de gigantesques patins et qui donnent du piment à cette histoire. On les retrouve amarrés dans le port des huit cités de glace ou glissants sur un immense plateau gelé toutes voiles dehors. Ce sont des goélettes, des brigantins et des schooners et autres bricks. Ils possèdent une valeur inestimable et montrent la richesse d'une cité au nombre de mâts qui composent sa flotte. Ils sont composés d'armatures en bois alors que les forêts ont disparu de la surface de la terre, leurs voiles sont en nylon et leurs coques en fibre de verre alors que l'on ne sait plus fabriquer ni l'un ni l'autre. Les amoureux de la marine à voile vont être servis. Nous sommes en présence d'un véritable Moby Dick de la science-fiction. Comme Achab, les capitaines de notre roman poursuivent des baleines au harpon mais celles-ci sont terrestres et carnivores. Les scènes de chasses sont nettement plus sportives et dangereuses que dans le roman éponyme.

« La baleine, se dressant sur ses nageoires postérieures, agita ses membres de devant. Un hurlement sortit de ses mâchoires ouvertes et son ombre recouvrit entièrement le navire qui sauta en avant, tiré par la corde du harpon, ses patins avant quittant la glace. Puis la corde se libéra. Rorsefne ne l'avait pas fixée convenablement. le navire reprit contact avec la glace dans un bruit sourd.
L'énorme bête retomba à son tour et se mit à avancer rapidement vers le yacht en claquant des mâchoires. Arflane réussit une nouvelle fois à tourner ; Les mâchoires manquèrent la proue, mais le corps monstrueux s'écrasa sur la coque à tribord. le yacht vacilla, manqua de se renverser puis repris son équilibre. »

Les marins que l'on rencontre, des baleiniers pour la plupart ; sont à l'image de cet univers froid. Des êtres rudes, durs à la tâche, couverts de cicatrices, habillés de peaux de phoques ou d'ours, assez grossiers et bon vivants, et qui aiment traînés dans les tavernes à la recherche de filles faciles. Et puis, il y a le capitaine Konrad Arflane le héros de l'histoire. Et les amoureux de loups de mer ne seront pas déçus par le personnage. Il est beau, il est grand et il est fort. Et puis il y a aussi la belle Ulrica Ulsenn mal mariée à Janek Ulsenn et dont notre beau capitaine va tomber éperdument amoureux.

« Elle sourit avec reconnaissance et ses traits s'adoucirent quand elle le regarda en face. Si vous essayez de me réconforter, capitaine je crois que vous allez réussir. Je vous réconforterais encore plus si vous m'en donniez l'occasion. Il n'avait pas voulu dire cela. Il n'avait pas voulu reprendre la main comme il le faisait maintenant ; pourtant, elle ne résista pas et, bien que son expression fût devenue sérieuse et pensive, elle ne parut pas offensée. »

Un triangle amoureux, une prose bien travaillée et poétique à souhait, des paysages à couper le souffle, des personnages fouillés jusqu'au tréfonds de leur âme avec une description très poussée de leur physique, des scènes de combats épiques ; on a tous les ingrédients pour passer un bon moment de lecture.

« Dans la lumière faible et vacillante, son visage apparaissait rouge, couperosé et ravagé par le vent, le soleil et la morsure du froid. C'était presque une tête sans chair dans laquelle les os saillaient comme les membrures d'un navire. Son nez était long et étroit, comme une proue que l'on aurait mise à l'envers, et il avait sous l'oeil droit une profonde cicatrice ainsi qu'une autre sur la joue gauche. Ses cheveux bruns étaient nattés sur sa tête, formant une sorte de pyramide torsadée qui se divisait à son sommet en deux touffes raides semblables aux nageoires d'une baleine ou d'un phoque. Cette étrange coiffure était maintenue en place grâce à de la graisse engrumelée qui dégageait une forte odeur, de même que ses fourrures qui étaient de belle qualité mais tachées par le sang et la graisse des baleines. Sa veste était ouverte jusqu'au cou, découvrant un collier de dents de baleine. Des morceaux d'ivoire plats et ciselés étaient suspendus aux lobes de ses oreilles. »

C'est un roman d'aventure avec un grand A comme on les aime. Michael Moorcock est bien le digne successeur des Jules Verne, Robert Louis Stevenson ou Herman Melville. Comme pour ces illustres prédécesseurs, on retrouve dans son récit les vieilles cartes marines, les sauvages, les monstres marins, les tempêtes, les naufrages, les traîtrises, la Belle à secourir. Si vous voulez vous replonger dans la course au Grand large, je vous invite à embarquer avec moi sur le navire des glaces. A lire et à relire sans aucune modération.
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Le navire des glaces est un bon petit roman post-apocalyptique .
Après un hiver nucléaire , le monde semble intégralement gelé .
De nouvelles civilisations sont nées et les banquises sont parcourues par des voiliers de tonnages significatifs qui relient de petites communautés .
Le roman est consacré à la vie d'un capitaine qui parcourant la glace jusqu'à élucider le mystère de ce monde , ira jusqu'au naufrage .
Le lecteur voit du pays et découvre ce monde et ses dangers .
En fait c'est un roman sur l'univers de la marine à voile et l'amateur de courses maritimes ne sera pas affecté par un dépaysement magistral malgré cet environnement de banquise .
La fin est un peu abrupte mais elle est crédible ..
Ce roman est marqué par un sens aigu de la dramatisation et cet univers possède une présence entêtante .
Le parallèle avec La Compagnie Des Glaces s'impose naturellement car l'idée est la même alors que les moyens divergent .
Une bonne lecture malgré une fin pas assez soignée du point de vue du style .
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Je vous le dis : se plonger dans « le navire des glaces » (il y fait froid, très froid) vous sera un bon plan fraicheur quand cet été en amorce sera un sauna brûlant et étouffant. Les pages défileront comme autant de glaçons dans le Pastis de midi. Un bienfaisant effet kiss-cool littéraire rafraichira l'atmosphère sous le parasol à l'abri de la canicule. le récit est relativement court, mineur (parait t'il ?), néanmoins à mon sens presque culte au rang des productions mésestimées, divertissant et fertile en péripéties. Juste le temps d'un bref apéro avant le barbecue de lectures plus conséquentes (vous aurez envie, pour le coup, de vous frotter au « Fahrenheit 451 » de Ray Bradbury).

Paru en VO en 1969, puis en VF deux ans plus tard dans la mythique collection SF du CLA (Club du Livre d'Anticipation), « le navire des glaces » est un roman en one-shot, hélas peu réédité à mon goût (Livre de Poche SF 1978, Presses Pocket SF 1988 & 1991, Omnibus « Catastrophes » en 2005 sous la bienveillance de Michel Demuth).

C'est un post-apo nucléaire à variante glaciaire. Moorcock y dessine l'anticipation à long terme d'un monde, le nôtre, à quelques siècles de là. C'est ici et pas encore pour maintenant (l'amorce du récit linéaire prend racine dans deux millénaires environ) le Planet-opera d'une Humanité conditionnée autour d'un processus historique régressif.

Depuis ce qui lui semble être à tort l'aube des temps, notre planète, pour la rare humanité qui la compose, est cadenassée par un froid ambiant extrême (d'un bout à l'autre de l'année et d'une année sur l'autre, de siècle en siècle) ; des glaces éternelles recouvrent mers, océans et continents ; la banquise est omniprésente et devient le composant principal du postulat moorcockien. On raconte, du bout des légendes, qu'une guerre mystérieuse fut à l'origine des conditions climatiques actuelles. le froid règne en maitre, l'homme plie mais ne rompt pas, sa simple survie est en jeu. A la veille de révélations sur son origine, la Terre subit un redoux inattendu et honni (La seule pensée hérétique qu'en dehors du froid il y aurait salut est blasphématoire). Ce qui lentement émerge du froid laisse entrevoir un passé en décors truqués, construit sur des mensonges et/ou des arrangements mystiques avec la réalité, un présent bâti sur des chimères et un futur enfin retrouvé (l'espoir, enfin, de temps nouveaux).

En Sf, rien que du très classique en somme ; le genre qui nous occupe a connu de bien similaires secousses romanesques qui, des ténèbres, laissent remonter l'Homme vers la Révélation de ce qui fut. Quand les conséquences s'éclairent à la lumière des causes, quand le monde bousculé sur ses bases renait du Cataclysme Premier ... L'éternel leitmotiv d'une certaine SF post apocalyptique qui connut son heure de gloire ..!

De grands voiliers des glaces montés sur de gigantesques patins sont les atouts charme du roman. le lecteur les trouvera dans les abris portuaires des cités-crevasses ou sillonnant le monde gelé depuis les Huit-Cités du haut plateau du Mato Grosso (ex-Brésil); ce sont des brigantins, des bricks et des schooners ; les coques sont en fibre de verre (que l'on ne sait plus fabriquer), les mâtures en bois antique (on prétend que jadis la Terre était couverte de forêts), les voilures de nylon rare (il n'existe plus qu'en stocks que l'on ne peut pas renouveler) ; les capitaines chassent la baleine terrestre (à la baleinière, au harpon ; carnage et dépeçages systématiques jusqu'à l'os de rigueur) ; « L'Esprit des Glaces » de Konrad Arflane est à la recherche de la mythique New-York, mère de toutes les glaces, source potentielle des réponses aux questions que tous se posent. Fruits amnésiques de nombreuses générations successives, les rares survivants de la Terre d'Avant, se replient sur un quotidien organisé comme le fut celui du vieux monde maritime d'antan, entre passé effacé, nouvelles traditions et croyances induites. L'homme, dans sa frange scientifique et aristocratique (bien entendu un brin hautaine et condescendante) est en quête initiatique d'échos lointains de ses jours d'Avant lentement éteints, oubliés, voire soigneusement tus, biffés des mémoires. Une nouvelle mythologie (presque un dogme) s'est installée peu à peu : celle de la Glace-Mère, avec ses dieux tutélaires bienveillants et ses démons bannis et honnis (le Tiède, le Chaud, la Lumière). Les marins, des baleiniers pour la plupart, sont des êtres primitifs, bruts et mal dégrossis, basanés, barbus, au cuir calleux et bardé de cicatrices ou de tatouages, vêtus de peaux de phoque ou d'ours, aux regards barrés d'une visière presque opaque, montée sur un cadre d'os, pour se protéger de la réverbération des glaces ; on les a déjà croisés à Nantucket ou aux côtés d'Achab sur le pont du Pecquod dans le Moby Dick de Melville.

Le monde imaginé par Moorcock prend tournure de Planet Opera inspiré, astucieux, bien pensé, correctement articulé dans sa progression thématique, réfléchi, riche en détails essentiels et suffisants à un bref one shot équilibré ... Il est relativement crédible même si, dans notre réalité de 2021, la menace planétaire vient davantage d'un réchauffement climatique que de son pendant inverse. Ici, bien au contraire, le curseur du postulat science fictif se déplace de la canicule vers le froid, version super-freeze d'un monde devenu congélateur. le vert est off, place au blanc glaciaire. Fi de l'actualité écologique de 2021, c'est le postulat de Moorcock qui intéresse ici, à une époque d'écriture où, à l'orée des 70's, on était plus proche d'Hiroshima et de Dr Bloodmoney (P.K. Dick) que d'Aqua TM de Ligny. Les cauchemars réservés à la Terre ont, depuis, quelque peu changés de nature, même si Fukushima, il y a peu, s'est chargé de nous prévenir que c'est dans les vieux pots que se mijotent les pires désastres.

Voilà pour le fond, il est classique ; on sait que l'Atome surchauffé a du répondant en SF et un long passé romanesque derrière lui, que notre genre chéri lui a beaucoup donné (jusqu'à la nausée, peut-être ?), que le postulat de l'hiver nucléaire est thème-bateau et parfois peau de banane, que maints auteurs y ont trempé leurs plus belles plumes. Qu'allait en faire Moorcock du haut de la rupture instaurée par News Worlds, sur le fil quelques fois trop aventureux de ses expérimentations de forme ... ? J'attendais un chamboulement du fond par une forme narrative avant-gardiste pour l'époque, une prise de risques tous azimuts ? J'y croyais et avais confiance (l'auteur m'est chouchou via son rôle de déclencheur de la New Wave). Paradoxalement, la voie choisie est celle d'un classicisme romantique, d'une prose lyrique et travaillée, dans un récit strictement linéaire et aisé d'accès, dans la droite filiation du roman, maintes fois croisé, d'aventures maritimes. Quelques fois, la forme, à elle seule, crée le fond, c'est le cas ici et c'est très bien comme çà. Les personnages sont chatouillés à la presque perfection dans leurs psychologies respectives (Konrad Arflane, le héros principal, est brassé, fouillé jusqu'à l'os, enserré comme dans un étau entre les dilemmes qui l'entourent) ; les descriptions s'accrochent poétiquement au background visuel glaciaire ; le roman prend son temps et se fait bavard, gravite en orbite très lente autour de son postulat de départ (certains diront même trop lente ; est-ce le défaut de Moorcock ?). L'auteur se fait charmeur 320 pages durant, offre un fort agréable moment de détente au détriment, peut-être, d'une mise en garde des risques induits par l'Atome. Qui pour oublier, lecture bouclée, le rêve éveillé de ses superbes voiliers qui, souvent, m'ont remis en mémoire une citation issue des Chroniques martiennes » de Bradbury : « "Dans des bateaux bleus et légers, se dressaient des formes violettes, des hommes masqués, des hommes aux visages d'argent, avec des yeux d'étoiles bleues, des oreilles d'or sculpté, des joues d'étain et des lèvres serties de rubis, des hommes aux bras croisés, des martiens.". La prose de Bradbury est bien trop belle pour être celle de Moorcock, mais le même esprit règne, celui propice au rêve éveillé. J'ai retrouvé au fil du « Navire des Glaces » mon âme d'adolescent, les routes maritimes tracées sur les lourds parchemins roulés sur eux-mêmes, les vents dominants claquant dans les voiles, les nids-de-pie au bout du bout des mats, les ordres criés au porte-voix, les tempêtes secouant les coques de noix … et toute cette quincaillerie magique des romans de mer dont je me gavais jadis.

Il y a ressemblance de thème et d'école (l'auteur est issu de la New Wave) avec Helliconia d'Aldiss (on connait mon empathie féroce à l'égard d'une oeuvre à mon sens bien trop négligée). «Le navire des glaces » se clos à New-York comme le fit Niourk de Stefan Wul, la mise en abime de Moorcock est prévisible, anecdotique et pour tout dire un tantinet négligée (après tout, quelle importance quand l'essentiel a été dit avant ?). On retrouve un cousinage très voisin avec les 62 tomes de la « Cie des Glaces » de G.J. Arnaud : la Terre de glaces revêtue, la banquise omniprésente, le rail à perte de vue, les stations-dômes climatisées, les baleines-solinas qui comme des dirigeables sillonnent le ciel ; on y trouve même sur le tard du cycle des goélettes sur patins toutes voilures dehors …

N'hésitez pas. Ce roman vaut le détour. Il n'est pas parmi les plus connus de l'auteur (« Voici l'homme » et « Elric ») mais il possède un charme énorme qui saura vous conquérir.
Lien : https://laconvergenceparalle..
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J'ai beaucoup aimé ce roman post-apocalyptique, assez hors-norme par rapport à ce que j'ai déjà lu de Moorcock.

C'est un univers glacé qu'il nous décrit ici, un monde gelé, où les vaisseaux, menés par des hommes rudes, sont des "vaisseaux des glaces" qui pourchassent des baleines devenues "terriennes" (glaciaires plutôt)... Les villes qu'on nous décrit sont creusées dans la glace et dans la terre sous la glace, c'est dépaysant et vraiment bien fait.
Le héros va s'embarquer pour une quête "au bout du monde", à bord d'un des meilleurs vaisseaux d'une riche famille, qui, pour hériter du patriarche, doit s'embarquer avec lui dans l'aventure. le but : trouver la ville mythique "New York" et son mystère. Dangers et mauvaises surprises de ce monde pas si figé que ça, seront au menu du périple ébouriffant... Traversée éprouvante s'il en est, destinée tragique de certains protagonistes, ça se lit tout seul.

Les personnages sont assez étonnants, pas forcément attachants, voire l'inverse. Mais vraiment étonnants ! Que ce soit Arflane, tiraillé entre ses principes et une passion malvenue pour une femme mariée, c'est un homme qui au fil du livre se découvre différent de ce qu'il croyait savoir sur lui-même.
Que ce soit Urquart, le chasseur de baleines à la foi en la "Glace Mère" inébranlable, représentant d'une pièce du passé, que ce soit la famille Rosferne, à l'esprit plus changeant, prêts à évoluer, qui représentent le futur.
Que ce soit l'ensemble des personnages secondaires de l'équipage du beau vaisseau "L'esprit des glaces".
C'est une bien belle galerie de portraits que nous dresse cet auteur que j'aime décidément beaucoup, même si la fin, abrupte, violente et beaucoup trop rapide, gâche un peu le plaisir, c'est vrai.

Mais l'aventure en valait malgré tout la peine ! :)
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
D'un bras massif, il maintenait un harpon long et lourd tandis que son autre main restait rivée à sa hanche. Dans la lumière faible et vacillante, son visage apparaissait rouge, couperosé et ravagé par le vent, le soleil et la morsure du froid. C'était presque une tête sans chair dans laquelle les os saillaient comme les membrures d'un navire. Son nez était long et étroit, comme une proue que l'on aurait mise à l'envers, et il avait sous l'oeil droit une profonde cicatrice ainsi qu'une autre sur la joue gauche. Ses cheveux bruns étaient nattés sur sa tête, formant une sorte de pyramide torsadée qui se divisait à son sommet en deux touffes raides semblables aux nageoires d'une baleine ou d'un phoque. Cette étrange coiffure était maintenue en place grâce à de la graisse engrumelée qui dégageait une forte odeur, de même que ses fourrures qui étaient de belle qualité mais tachées par le sang et la graisse des baleines. Sa veste était ouverte jusqu'au cou, découvrant un collier de dents de baleine. Des morceaux d'ivoire plats et ciselés étaint suspendus aux lobes de ses oreilles. Il portait des bottes de cuir souple qui lui montaient jusqu'aux genoux et qui étaient attachées à son pantalon de fourrure au moyen d'épingles en os. Il avait à la taille une large ceinture d'où pendaient un coutelas dans son fourreau et une grosse bourse.
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Urquart, souriant, était accroché sur le rebord du bastingage, tenant celui-ci d'une main et son harpon de l'autre. S'il dérapait ou si le navire faisait un mouvement soudain, il pourrait lâcher le bastingage et être broyé sous les patins.

Le navire suivait maintenat un gros mâle qui faisait des bonds frénétiques et qui changea de direction quand ses yeux minuscules aperçurent l'Esprit des Glaces non loin de lui. Urquart leva son harpon, visa et frappa l'animal au cou. Puis le navire dépassa le monstre. La corde qui était reliée au harpon se dévida ; L'animal se cabra, sauta sur ses nageoires arrières, et se roula plusieurs fois sur lui-même en faisant claquer ses machoîres. Les dents de la baleine étaient bien plus grandes que ne l'avait cru Arflane.
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Tandis qu'il s'approchait des vaisseaux, la goélette qu'il avait vue se préparer au départ largua ses amarres et ses immenses voiles se gonflèrent quand le vent y souffla. Seules la grande-voile et deux misaines avaient été deferlées, ce qui était suffisant pour faire sortir lentement le navire jusqu'à ce qu'il fut loin des autres.
Il prit le vent et glissa gracieusement vers lui sur ses grands patins. Puis, s'arrêtant, il salua avec gaieté le navire qu'il le dépassait. C'était La Fille des neiges, venu de Brerschill. Les patins grinçaient sur la glace tendre quand le timonier tournait la barre et faisait route entre les quelques irrégularités causées par le passage répété des bateaux.
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"Le fils de la Glace-mère a regagné son sein glacial," commença-t-il d'une manière traditionnelle. " De même qu'elle lui a donné la vie, elle la lui a reprise; mais il existera éternellement dans les palais de glace où la Mère tient sa cour. Impérissable, elle gouverne le monde. Impérissables sont ceux qui la rejoignent maintenant. Impérissable, elle fera du monde un objet unique, sans âge ni mouvement; sans désir ni frustration; sans colère ni joie; un monde parfait, entier et silencieux. Rejoignons-la bientôt."
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Le vent se levait derrière lui . En altitude , il avait lacéré les nuages en banderoles grises et tourbillonantes , découvrant le soleil qui projetait des taches sombres sur la glace . Celle-ci semblait vivante , comme une marée qui se lève , noire à l'ombre , rouge au soleil , étincelante comme une eau vive .
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Vidéo de Michael Moorcock
Le grand retour d'une figure mythique de la dark fantasy !
La saga tragique d'Elric se poursuit dans ce nouvel épisode marqué par l'arrivée d'un dessinateur exceptionnel, Valentin Sécher, qui prend désormais les rênes de la mise en scène graphique. Une interprétation visuelle magistrale pour entamer un second cycle de quatre volumes, toujours respectueusement adapté – avec quelques aménagements – de l'oeuvre culte de Michael Moorcock avec la bénédiction de celui-ci. Plébiscitée par le public et la critique, LA référence de la bande dessinée de fantasy !
Découvrez Elric Tome 5 par Julien Blondel, Jean-Luc Cano et Valentin Sécher : https://www.glenat.com/24x32-glenat-bd/elric-tome-05-9782344057230
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