ANDREAS. Les rêves que j'avais, je ne peux plus les réaliser. Être romantique dans ce siècle est devenu honteux. Je devais juste penser à la manière la plus brutale de subvenir à mes besoins. Je ne voulais pas être assis à un bureau! Recevoir des ordres! Recevoir des ordres pour toucher une retraite qu'on ne m'accorderait finalement pas! Ça non, je ne voulais pas! Tu leur diras que c'est une question difficile, les rêves. Les jeunes ne savent peut-être pas ce qu'ils veulent, mais ils savent ce qu'ils ne veulent pas.
Wadji Mouawad est dramaturge, romancier, metteur en scène, Grand prix du théâtre de l'Académie française et il dirige actuellement le Théâtre national de la Colline depuis 2016. Cet homme d'origine libanaise est venu donner son point de vue sur la question "Que faire de notre héritage culturel?". "On a semé en moi la graine de la détestation, qui consistait au fond à détester tout ce qui n'était pas de mon camp et mon clan", a expliqué Wadji Mouawad, qui a grandi au Liban pendant la guerre civile, dans une "culture de la détestation". Aujourd'hui, il a choisi de réfléchir à la manière dont son héritage personnel l'encombre dans la situation que nous vivons actuellement, et notamment le conflit israélo-palestinien, et plus particulièrement depuis les attentats du 7 octobre 2023. Selon lui, il n'est pas possible d'être neutre du fait de notre héritage. Après ce constat, il en vient à se poser la question suivante : "Est-ce que notre héritage ne devient pas un obstacle à notre capacité à l'empathie?".
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