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EAN : 9782072841897
160 pages
Gallimard (04/04/2019)
3.75/5   2 notes
Résumé :
Trois pièces, Délivrance, Berlin mon garçon et Honneur à Notre Elue : trois approches de l'univers fascinant de Marie NDiaye, l'une des rares dramaturges vivantes à être entrées au répertoire de la Comédie-Française.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ma critique ne portera que sur Berlin mon garçon, la seule des trois pièces que j'aie lue (et je ne compte pas lire les deux autres dans un futur proche), avant de la voir dans la belle mise en scène de Stanislas Nordey.

La pièce est d'ailleurs une commande de celui-ci, qui a proposé un seul mot à la réflexion de la dramaturge : « terrorisme ». Elle est centrée autour de la quête d'une mère, Marina, qui a quitté sa librairie de Chinon pour retrouver son fils parti pour Berlin et qui ne donne plus de nouvelles. Elle loue un appartement à la Corbusierhaus (où Marie Ndiaye a elle-même vécu) et apprend qu'elle devra le partager avec son propriétaire, Rüdiger.

Dès les premières pages, j'ai reconnu des procédés récurrents de Marie Ndiaye. Ainsi on comprend très vite que de même, à partir d'un cadre contemporain réaliste, la répétition de la même métaphore nous fait entrer dans un monde de conte ou de cauchemar : c'est exactement le même fonctionnement au début de Trois femmes puissantes. Ici, il est fait allusion à deux contes que je connais très mal, Pinocchio et Les Six Cygnes. J'ai donc d'abord éprouvé une certaine lassitude devant ces procédés répétés, mais la langue de Marie Ndiaye est si belle que je me suis retrouvé, presque malgré moi, happé, suspendu aux mots des personnages, et intéressé à leurs destinées…
Marie Ndiaye a donc le don de nous intéresser à ses personnages, mais pour leur faire dire quoi ? Qu'ai-tiré de cette lecture et de la représentation ? parfois malheureusement, la désagréable impression que cette pièce propose une expérience, mais qui tourne à vide, car elle offre peu de sens. Sur le terrorisme, on n'aura rien à se mettre sous la dent, tout au plus une réflexion sur le mal et son origine (comme l'on interroge les voisins d'un criminel après un fait divers), ou plutôt l'obsession à chercher une origine, une explication au mal.
J'en retiens une vision intéressante de Berlin, ville qui fascine autant qu'elle répugne, et aussi deux portraits antithétiques de mère,
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Comme son titre l'indique. Trois pièces de théâtre dans un recueil sorti cette année dans la collection Blanche de Gallimard. Trois pièces au ton moderne, au format d'écriture très ambigu entre théâtre et micro-roman, trois pièces traitant de la soumission, de tensions familiales, du racisme, de mensonges, y compris à soi-même, peut-être surtout à soi-même. L'univers de Marie NDIAYE très reconnaissable dans ce recueil. L'auteure est une habituée de l'écriture de pièces, elle y semble par ailleurs très à l'aise. Voici le menu du jour.

« Délivrance » : un titre qui résonne magnifiquement pour notre blog et vous savez pourquoi. le fond : monologue épistolaire douloureux d'un homme ayant déménagé seul dans un autre pays. Il va écrire neuf lettres à sa femme infirmière restée sur leurs terres. Tout d'abord aimant, il va commencer à se poser des tas de questions sur l'amour, la fidélité de sa femme, la santé de ses parents, la jalousie. Pourquoi sa femme semble-t-elle donner plus d'importance, plus d'amour aux petits vieux qu'elle torche plutôt qu'à son propre mari ? Ce dernier s'excite tout seul au fil des lettres, devient plus agressif, plus humiliant, mais aussi plus paranoïaque, montrant une certaine détresse. Puis il se rabaisse avant de rabaisser à nouveau sa femme. « Qui vaut mieux que qui, et d'après quels critères en juger ? Celui de l'innocence ? Mais les humains ont-ils à se sentir responsables de n'avoir pas l'innocence des bêtes ? ». À noter que cette femme, dont nous ne saurons presque rien, ne répondra jamais.

« Berlin mon garçon » est la plus complexe. Deux lieux d'action : Chinon, où vit Marina et sa famille, et Berlin, où le fils de Marina s'est enfui, du moins nous le croyons. Marina en recherche d'informations se rend à Berlin, hébergé par le mystérieux Rüdiger. Elle s'entretient avec des personnes, allemandes, qui ont vu son fils, elle se fait traduire les réponses par Rüdiger… qui les tronque et retranscrit tout de travers, comme lui l'entend. le fils disparu serait devenu un meurtrier, peut-être traqué en fuite à Münich, débauché. Les protagonistes n'écoutent pas leurs interlocuteurs, chacun semble monologuer, coupant la parole, chacun dans sa bulle, son mensonge, la ponctuation y est presque inexistante. Cette pièce suffocante sera mise en scène à l'automne prochain.

« Honneur à Notre Élue » : c'est pour cette pièce que j'ai lu le recueil, j'en avais entendu parler en 2017 lorsqu'elle fut présentée sur les planches, elle s'annonçait assez bath. Je n'ai pas été déçu. Pièce politique où une femme, que l'on ne connaîtra que sous le nom de Notre Élue est donc élue, aisément d'ailleurs, à l'issue d'un vote. Tout de suite, le perdant, appelé l'Opposant, s'agite et met en place une campagne machiavélique : parachuter un couple de vieillards chez Notre Élue pour que le couple fasse croire qu'ils sont les parents abandonnés de l'élue, cette étrangère :

« - Elle, elle qui n'est même pas d'ici !
- Je vous interdis d'évoquer ça. C'est un argument dont je n'userai jamais. Chacun le connaît, du reste, et personne ne s'en soucie.
- Tu es ébloui et tu deviens faible. C'est parce qu'ils devinent cette lâcheté qu'ils ne votent pas pour toi. Elle te captive à ton tour, elle qui n'est même pas d'ici »

Les coups bas vont pleuvoir comme à Gravelotte, tout est bon pour préparer la prochaine élection, détruire psychologiquement et médiatiquement l'adversaire, surtout que celle en question est plutôt altruiste et oublieuse de sa carrière et du pouvoir.

Trois pièces d'assez haut niveau, d'une vraie grâce de style, menées avec brio par une NDIAYE qui, je le répète, est très à l'aise dans cet exercice, montrant une grande subtilité, une puissance évocatrice certaine. J'en connais parmi vous qui se méfient du théâtre, voire changent de trottoir à sa simple énonciation. C'est peut-être parce que vous n'en avez jamais lu signé par Marie NDIAYE, ça fait quand même une sacrée différence, vous verrez.

https://deslivresrances.blogspot.fr/
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critiques presse (1)
LaCroix
07 juin 2019
Marie NDiaye poursuit son chemin théâtral avec trois courtes pièces, trois visions du couple, de la famille ou de la vie politique.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Et aussi que les personnages des contes connaissent la fin avant de la vivre et connaissent la vérité et la morale de leur histoire, de sorte qu'ils peuvent se promettre de demeurer muets six années durant puisque rien ne pourra empêcher que la récompense advienne, tandis que toi, dirais-je à Rüdiger à propos du père de mon fils, toi, disais-je au père de mon fils, par des vœux exigeants tu ne fais que te meurtrir sans aucune utilité pour quiconque, nul dieu ne s'engage envers toi et ta vie entière pourrait s'écouler sans que tu saches jamais la fin de l'histoire, sans que tu voies jamais revenir notre fils plus grand plus beau plus tendre encore

[Berlin mon garçon]
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Voilà donc cette ville, me disais-je, voilà donc ce Berlin dont ils rêvent tous, voilà devant mes yeux cette ville fabuleuse dont ils entendent de très loin l'irrésistible chant. Mais quelle horreur mais quelle tristesse, me disais-je.

[Berlin mon garçon]
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Videos de Marie NDiaye (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie NDiaye
Le réel, dans l'oeuvre de Marie NDiaye, est bien souvent teinté d'étrangeté. le fantastique y affleure dans des univers réalistes, parfois triviaux ; comme si ces effets de dissonance, en s'immisçant dans le quotidien, offraient une meilleure compréhension du monde et le rendaient plus intelligible. Explorant des lieux de marginalité, ses romans arpentent des territoires ambivalents, en tension, où les personnages pourtant ancrés dans l'ordinaire vacillent parfois vers la folie. Évoluant dans une atmosphère cruelle, sur le seuil d'univers heurtés où l'équivoque s'impose, ils ne cessent de questionner leur appartenance, se confrontent à la métamorphose, à l'étrangeté du lien familial et aux déplacements incessants. Dans ce grand entretien, l'autrice évoquera l'évolution de son écriture tout au long de son parcours d'écrivaine majeure de la littérature contemporaine, qui a également investi le théâtre comme lieu d'exploration de la cruauté et de l'ambivalence humaines.
Marie NDiaye est l'autrice d'une oeuvre prolifique depuis la parution, en 1985, de son premier roman à l'âge de dix-sept ans (Quant au riche avenir, Minuit). Elle a obtenu le prix Fémina en 2001 pour Rosie Carpe, et le prix Goncourt en 2009 pour Trois femmes puissantes. En 2012, elle se voit décerner le Grand Prix du théâtre de l'Académie française, après avoir écrit de nombreuses pièces de théâtre dont Papa doit manger, qui est entrée au répertoire de la Comédie-Française en 2003.
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