Pour parler comme
Nijinski, tomber sur ce livre était pour moi un signe de la providence. Je l'ai aperçu dans le kiosque à livres du Jardin des Poètes à Paris que je traverse régulièrement au pas de course. Hier, il m'a enlevé mon rhume, soulagé mes courbatures et ma fièvre, en association avec une infusion de moringa ! Pour moi, « le clown de Dieu »,
Nijinski n'était pas atteint de la folie ou alors je le suis aussi. C'est mon Rimbaud de la danse, par son génie et par la fulgurance de sa période prolifique. C'est seulement quand il insiste sur la présence divine dans le quotidien que je me sens perdue. Ce qu'il m'intéresse fortement sans ce livre, c'est la vie, l'observation de l'artiste des personnes qui l'environnaient, sa vérité crue, en particulier sur son consentement à devenir amant de Diaghilev, par appréhension de la misère qui le harcèle jusque dans la prospérité.
Nijinski a été le danseur-étoile des Ballets russes et a marqué de son interprétation les créations entre autres de Petrouchka et de L'Après-midi d'un faune. Il est aussi l'auteur d'un système de notation de la danse pour son usage personnel. Grâce aux recherches de spécialistes, on a reconstitué fidèlement certaines de ses chorégraphies, dont L'Après-midi d'un faune et une partie du Sacre du printemps.
Il cachait ce journal à tous, on l'a trouvé par hasard parmi les
cahiers d'étude de sa fille. le texte original est rédigé en russe. La traduction présente a remédié à « l'avarice du vocabulaire », une relative incohérence et l'excès d'omissions, comme nous annonce la préface.
J'aime singulièrement les passages de
Nijinski qui sonnent comme un manifeste cosmique du Saltimbanque. J'avais déjà noté dans une de mes critiques que les livres que je lis me ressemblent mais à l'époque je pensais que c'était par un vague narcissisme. Là, je suis incline à supposer que même dans une lecture, on cherche son éphémère moitié.