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sur 1791 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le problème cornélien que pose Amélie Nothomb avec "Les combustibles" demeure le corps physique contre l'intellect.
Les deux ont pourtant pour moi besoin de nourritures. Mais dans un contexte de guerre comme dans cette pièce de théâtre, la souffrance physique semble s'imposer. Surtout pour l'étudiante d'université Marina qui se plaint du froid.
Et pour alimenter le poêle ne restent que des livres à sacrifier. Renversement de la situation dans Fahrenheint 451 où les pompiers malgré eux mettaient le feu aux bibliothèques.
On découvre à la lecture le cynisme d'un professeur qui tombe son masque et se dévoile en homme paradoxal.
Daniel son assistant se dépouille lui aussi de sa naïveté pour s'affronter à son mentor. La guerre lui ouvre les yeux.
Pourtant ce sont les joutes verbales de Marina les plus pertinentes à mes yeux. le livre" est la seule beauté qui nous reste! il est ce qui peut nous faire oublier la guerre"
Illusion direz-vous?
De nombreux survivants des camps de la mort rapportent que dans leurs mains ils tenaient un trésor: des bouts de papier en lambeaux mais des récits chargés d'espoir.

Gageons que nous n'ayons pas à trancher dans les mois à venir et que la citation de Tesson "Seule la poésie est utile quand croit le péril" soit vaine.

En conclusion ce livre ténébreux nappé de brumes de guerre et huis clos vertigineux m'a déprimée.

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Les Combustibles est la seule pièce de théâtre écrite par Amélie Nothomb.
Et je m'aperçois lors de ce long marathon que représente le défi de tout relire de l'auteure belge que son thème de prédilection n'est pas le rapport au corps, mais bien la guerre.
Hygiène de l'assassin se déroule pendant les événements du Golfe, l'hiver 1991. le sabotage amoureux est une guerre des boutons revisitée. Dans les Combustibles, la guerre est encore plus présente même si l'on n'y rencontre aucun de ses aspects les plus dégoûtants, mais juste ses conséquences.
Cette pièce à trois personnages n'est rien d'autre qu'une lutte désespérée contre le froid, comme Hamsun a décrit la Faim. Trois universitaires, un professeur d'âge respectable et ses deux étudiants, amoureux l'un de l'autre.
Sartre disait « l'enfer, c'est les autres ». En réalité, davantage que les Autres, l'ennemi c'est le corps. Il a faim, il a froid, il a des besoins, des envies. Difficile d'en faire abstraction, y compris pour des intellectuels qui évoluent dans une pièce entièrement meublée de... livres !
Une fois tous les meubles brûlés, il faudra s'attaquer aux milliers de pages écrites.
Mais comment choisir par lequel commencer ? Cet implacable autodafé revient, par élimination, à se poser la question de quel livre emmener sur une île déserte.
Amélie brouille les pistes, mêlant quelques auteurs connus et d'autres, parfaitement inventés : Obernach, Kleinbettingen et surtout Blatek, sujet à controverse. Bien sûr, libre à chacun d'imaginer qui pourrait se cacher derrière ces allégories.
On se prend au jeu : il y a des livres incontournables et il y a ceux que l'on aime lire et relire. Ce ne sont pas forcément les mêmes. Faites le test.
Dans mon propre panthéon des essentiels, des indispensables, des éternels, il n'y a pas que Stendhal, Hemingway, Céline, Platon, Shakespeare, Dante ou même Umberto Eco. Ils n'y figurent même pas. Honteux ? Pas forcément, car l'écriture (et son envers, la lecture) ont un rapport direct avec l'émotion. Ils jouent sur des fibres que la raison ignore. On ne lit pas qu'avec sa tête, mais autant avec son coeur. de la même façon, on n'écrit pas uniquement avec son cerveau, mais avec ses tripes. L'encre et le sang.

Seulement, et cela n'implique que ma très modeste personne, Nothomb passe à côté de son sujet. On dirait même qu'elle a peur de s'y enfoncer, restant en surface. Cette longue nouvelle (moins de cent pages – je la savais concise dans ses enfants de papier, mais pas à ce point, du reste les Combustibles est son plus court roman) pâtit des inconvénients liés au dialogue. N'est pas Sartre ou Shakespeare qui veut. Cela ne remet pas le talent de conteur d'Amélie. Bien sûr, sur la bonne trentaine de romans publiés, il y en a de moins bons que d'autres, mais les Combustibles sont le moins abouti.
J'attendais une réflexion sur l'écriture, la lecture, les mots, l'éternité de l'oeuvre : rien de tout ça. Juste un trio qui se déchire, où il n'est même pas question d'amour, sans la légèreté des vaudevilles. Tout se concentre sur les rapports entre les personnages qui sont mal campés (bon, en moins de cent pages, difficile d'aller creuser en profondeur, façon Balzac). Pas de suspens. On sait bien comment tout ça va finir, de toute façon. Pas d'humour : les intellectuels savent-ils ce dont il s'agit ? A peine quelques réflexions d'une rhétorique de bazar. Pas de réflexion poussée sur le froid, une thèse sur le glacé en quelque sorte. Ces duels à trois manquent d'une chorégraphie. Pour vous faire une idée, regardez la pièce mise en scène par Daniel Schell (qui a porté sur scène les trois premiers romans d'Amélie) disponible chez Youtube – dans la même foulée, regardez le reportage de la télévision belge en 1994 : très instructif où Nothomb avoue qu'elle pense toujours ses romans en « dialogues »... et ne tape que de deux doigts (notre seul point commun).
Les combustibles serait-il le premier livre de Nothomb à jeter au feu ?
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Tout petit livre d'Amélie Nothomb et le premier que je lis de cette autrice. Ça faisait longtemps que j'hésitais à la découvrir, les avis étant très partagés. Et puis, j'ai trouvé "les combustibles" dans une boîte à livres et je me suis lancée. Vu l'épaisseur, je ne prenais pas grand risque ! J'ai apprécié ma lecture : le rythme est enlevé, la plume est agréable, les dialogues pertinents et piquants. Une fable sympathique.
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Les Combustibles” d'Amélie Nothomb nous transporte dans un univers où la question de la valeur des livres prend une dimension existentielle. Si le contexte captivant et le sujet traité m'ont immédiatement séduit, l'ajout ingénieux d'auteurs fictifs comme Kleinbettigen et Sterpenich a ajouté une couche de complexité fascinante à l'histoire. Ces noms inventés par Nothomb remettent en question notre propre connaissance littéraire et mettent en évidence l'absurdité et la subjectivité de la valeur que nous attribuons à la littérature. Toutefois, j'ai trouvé certaines interactions entre les personnages un peu trop convenues, privant par moments la pièce de sa profondeur potentielle. En somme, “Les Combustibles” est une pièce de théâtre à la fois astucieuse et efficace. Une lecture intrigante, avec quelques nuances.
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C'est la guerre, la ville est occupée, et il fait froid, très froid. Trois personnages, frigorifiés, regardent avec envie les livres qui remplissent la bibliothèque du Professeur, livres qu'il enseigne à l'université. Daniel et Marina, un jeune couple, sont ses disciples.
Après avoir brûlé tous les meubles, serait-ce sacrilège de continuer avec les livres? Et lesquels?
commence alors une discussion autour de la littérature et de l'hypocrisie, Le Professeur révélant avec cynisme que les livres qu'il recommande sont loin d'être ceux qu'il préfère.
Le thème de cette pièce de théâtre est intéressant, et tout ça aurait pu être très prometteur. Pourtant je n'ai pas accroché. Pour commencer, j'ai été frustrée qu'Amélie Nothomb n'aille pas jusqu'au bout et ne propose quasiment que des auteurs inventés qui n'intéressent pas le lecteur et le laissent en dehors du débat. Et puis elle lance pêle-mêle une discussion sur la bonne et mauvaise littérature, la guerre, les relations hommes-femmes, la domination... dans un texte de moins de cent pages c'est carrément trop!
Et enfin... je ne trouve aucune sincérité dans l'écriture d'Amélie Nothomb (de cette époque-là en tout cas, j'ai arrêté de la lire en 2002), juste une sorte d'écriture de la bravoure et d'un cynisme feint. Bref, les arguments des uns et des autres ne m'ont pas atteinte.
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Il suffira d'une étincelle
D'un rien, d'un geste
D'un mot d'amour
Pour allumer le feu
Et faire danser les diables et les dieux de Marina,
Voir grandir la flamme dans ses yeux
Laisser derrière toutes lesxpeines
Les haches de guerre, les problèmes.

Ce texte est perturbant. Comment peut-il être aussi condensé alors qu'il traite du sujet épineux de la faim et du froid? Jusqu'où l'humain peut-il aller quand il est au désespoir? L'histoire, implacable, est presque sans issue, sans lumière possible. Personne ne croit ici au jour d'après.
Cette vision du livre combustible oublie que la littérature a un potentiel de survivance énorme dans la transmission orale.

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C'est la guerre depuis un an, il fait un froid glacial, et dans l'appartement du Professeur, il n'y a plus qu'une seule chose pour faire du feu : les livres. Commence alors une discussion passionnée entre Le Professeur (de lettres à l'université), Daniel (son assistant) et Marina (étudiante du premier et maîtresse du second), pour savoir quel livre brûler en premier.

Dans cette pièce de théâtre en huis clos, on s'interroge donc sur l'importance de la littérature et sur ce qui vaut la peine d'être sauvé quand il n'est plus question que de survie : ce qui est beau ? Ce qui est utile ? Mais comment juger de la beauté, de l'utilité d'un livre, d'une oeuvre, de la littérature ? Qui va déterminer les critères ? Seront-ils objectifs et absolus, ou subjectifs et relatifs en fonction du moment, du lecteur, du critique ? Et d'ailleurs, est-il seulement humain de sauver un livre des flammes quand la mort peut vous frapper à chaque instant, quand le froid est tout aussi mortel (« l'enfer, c'est le froid ») ?

Dans les situations de crise aiguë et d'absolue nécessité, telles que celle décrite dans ce livre, l'humain révèle sa vraie nature, les masques tombent, la peur de mourir s'affiche sans filtre et pousse à l'impensable.

Parabole cruelle, absurde, drôle et ironique, « Les Combustibles », qui illustre le talent de dialoguiste de l'auteure, pose la question (à laquelle personnellement je ne veux, peux, sais pas répondre) de savoir jusqu'où nous pousserait notre instinct de conservation si notre survie était en jeu.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Ce n'est pas mon premier d'Amélie mais celui-ci ne m'a pas trop plu.

Outre le fait qu'il a pour thème principal : les livres, n'ayant pas la connaissance de ces auteurs si chers a un des personnages, je me suis trouvée un peu ... perdue si je puis dire ainsi.

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C'était mon deuxième Nothomb et je l'ai trouvé aussi oppressant que le premier. Dans une zone en guerre, trois personnes se retrouvent ensemble. Il s'agit d'un professeur, d'un de ses élèves et de la petite-amie de ce dernier. Ils sont dans une pièce, dans la maison appartenant au professeur et, ayant brûlé tout ce qui peut l'aitre pour se protéger du froid, s'attaquent désormais à ses livres. Lequel brûler avant les autres ? Ces mots valent-ils plus que quelques minutes de chaleur ? Voilà les dilemmes auxquels ils doivent faire face. Ils ne forment pas un groupe uni, évidemment. La guerre décuple leur réelle personnalité et certains renoncent à leur humanité « parce que c'est la guerre ». le livre est écrit à la manière d'une pièce de théâtre et se déroule dans la même pièce. Evidemment, en le lisant, difficile de pas penser à Huis clos et à Farenheit 451.
Comme pour le premier, j'ai aimé le livre et je me suis sentie mal à l'aise de l'aimer. Si vous aimez être perturbé.e par une lecture, foncez ! Comme pour le premier, j'ai lu l'histoire de personnages en difficulté (dans ce cas, en plein guerre soit un tantinet plus que « en difficulté »…) en étant confortablement installée, au chaud, avec un frigo plein et la sensation d'être libres. L'autodafé, est un acte vraiment spécial pour moi, l'amoureuse de la littérature pour qui faire don d'un livre relève d'un long effort et d'une profonde réflexion. Et c'est avec un oeil de voyeur que je les ai regardés débattre de la valeur d'un livre et en venir à les sacrifier peu à peu pour un peu de chaleur. Cela pousse à la réflexion. Qu'est-ce qu'un livre ? Un objet noble oui, mais en tant de guerre, pourquoi serait-il plus précieux qu'un autre combustible ?
Bémol : j'aurais aimé que le texte soit plus long. Oui, oui, je sais, Amélie Nothomb écrit des textes courts, mais cela méritait quelques pages de plus pour nous faire sentir les changements d'ambiance, l'étau qui se resserre...
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Le premier Amélie Nothomb que j'ai lu.
Ce livre est tout bonnement génial.
Quel rapport entretenons nous avec les livres ?
Les personnages entretiennent, à mon sens, un rapport presque charnel avec les livres.
Lequel brûler en premier ? Quel livre mérite d'être sauvé le plus longtemps possible ?

Une écriture forte, ce besoin urgent d'écrire qui est propre à Amélie Nothomb. Des mots choisis , presque tranchants . Une merveille.
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