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sur 1782 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
C'est la guerre depuis un an, il fait un froid glacial, et dans l'appartement du Professeur, il n'y a plus qu'une seule chose pour faire du feu : les livres. Commence alors une discussion passionnée entre Le Professeur (de lettres à l'université), Daniel (son assistant) et Marina (étudiante du premier et maîtresse du second), pour savoir quel livre brûler en premier.

Dans cette pièce de théâtre en huis clos, on s'interroge donc sur l'importance de la littérature et sur ce qui vaut la peine d'être sauvé quand il n'est plus question que de survie : ce qui est beau ? Ce qui est utile ? Mais comment juger de la beauté, de l'utilité d'un livre, d'une oeuvre, de la littérature ? Qui va déterminer les critères ? Seront-ils objectifs et absolus, ou subjectifs et relatifs en fonction du moment, du lecteur, du critique ? Et d'ailleurs, est-il seulement humain de sauver un livre des flammes quand la mort peut vous frapper à chaque instant, quand le froid est tout aussi mortel (« l'enfer, c'est le froid ») ?

Dans les situations de crise aiguë et d'absolue nécessité, telles que celle décrite dans ce livre, l'humain révèle sa vraie nature, les masques tombent, la peur de mourir s'affiche sans filtre et pousse à l'impensable.

Parabole cruelle, absurde, drôle et ironique, « Les Combustibles », qui illustre le talent de dialoguiste de l'auteure, pose la question (à laquelle personnellement je ne veux, peux, sais pas répondre) de savoir jusqu'où nous pousserait notre instinct de conservation si notre survie était en jeu.
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Le problème cornélien que pose Amélie Nothomb avec "Les combustibles" demeure le corps physique contre l'intellect.
Les deux ont pourtant pour moi besoin de nourritures. Mais dans un contexte de guerre comme dans cette pièce de théâtre, la souffrance physique semble s'imposer. Surtout pour l'étudiante d'université Marina qui se plaint du froid.
Et pour alimenter le poêle ne restent que des livres à sacrifier. Renversement de la situation dans Fahrenheint 451 où les pompiers malgré eux mettaient le feu aux bibliothèques.
On découvre à la lecture le cynisme d'un professeur qui tombe son masque et se dévoile en homme paradoxal.
Daniel son assistant se dépouille lui aussi de sa naïveté pour s'affronter à son mentor. La guerre lui ouvre les yeux.
Pourtant ce sont les joutes verbales de Marina les plus pertinentes à mes yeux. le livre" est la seule beauté qui nous reste! il est ce qui peut nous faire oublier la guerre"
Illusion direz-vous?
De nombreux survivants des camps de la mort rapportent que dans leurs mains ils tenaient un trésor: des bouts de papier en lambeaux mais des récits chargés d'espoir.

Gageons que nous n'ayons pas à trancher dans les mois à venir et que la citation de Tesson "Seule la poésie est utile quand croit le péril" soit vaine.

En conclusion ce livre ténébreux nappé de brumes de guerre et huis clos vertigineux m'a déprimée.

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Et voilà que Madame Nothomb nous fait le coup du livre à emmener sur une île déserte. Bien connu, comme thème, pourc elle qui prend tant de plaisir à sortir des sentiers battus ! Mais il me semble que cette pièce va bien au-delà de cette problématique philosophique du "quel livre mériterait d'être sauvé ?".

La forme, aussi surprenant qu'elle soit chez Nothomb, lui permet une parfaite maîtrise des personnages, une psychologie fine où le lecteur comprend vite que le plus sain en apparence est également le plus tordu... le lieu, vague et équivoque permet à chacun d'y transposer ses propres fantasmes, laissant toute latitude au lecteur pour s'approprier l'événement. Enfin, les titres des livres, masqués et imaginaires, ne sont que des pretextes pour classifier les livres et polémiquer sur la supériorité de certains genres (Goebbels se retournerait peut-être dans sa tombe.)

Mais le tour de force de ce "petit machin" est de savoir faire référence, sans jamais totalement l'imiter, à une autre pièce hyper connue du répertoire français. En effet, les références à Sartre y sont plus qu'évidentes : ce Huis-Clos, ce trio infernal, la séduction alternative des uns et des autres, et puis, cette réplique-culte ("L'enfer c'est les autres !"), admirablement détournée dans la bouche de la jolie étudiante ("L'enfer, c'est le froid !"), au beau milieu de la pièce dont la situation est déjà étranglée par la guerre, le huis-clos et le choix crucial qui se met en place... Très réussi, Madame Nothomb !

Enfin, derrière ses faux-semblant, madame Nothomb, nous pose les questions auxquelles nous n'aimons être confrontés, nous renvoie à notre propre part d'animalité, à notre peur de mourir, à cet instinct si abominable qui est l'instinct de conservation, à notre regard sur l'autre, en tant qu'il est le seul outil nécessaire à notre survie, à notre jugement de la jeunesse, de la beauté... on en viendrait presque à fredonner Goldman... "et si j'étais né en 17 à Liedenstadt".

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C'est la guerre, la ville est occupée, et il fait froid, très froid. Trois personnages, frigorifiés, regardent avec envie les livres qui remplissent la bibliothèque du Professeur, livres qu'il enseigne à l'université. Daniel et Marina, un jeune couple, sont ses disciples.
Après avoir brûlé tous les meubles, serait-ce sacrilège de continuer avec les livres? Et lesquels?
commence alors une discussion autour de la littérature et de l'hypocrisie, Le Professeur révélant avec cynisme que les livres qu'il recommande sont loin d'être ceux qu'il préfère.
Le thème de cette pièce de théâtre est intéressant, et tout ça aurait pu être très prometteur. Pourtant je n'ai pas accroché. Pour commencer, j'ai été frustrée qu'Amélie Nothomb n'aille pas jusqu'au bout et ne propose quasiment que des auteurs inventés qui n'intéressent pas le lecteur et le laissent en dehors du débat. Et puis elle lance pêle-mêle une discussion sur la bonne et mauvaise littérature, la guerre, les relations hommes-femmes, la domination... dans un texte de moins de cent pages c'est carrément trop!
Et enfin... je ne trouve aucune sincérité dans l'écriture d'Amélie Nothomb (de cette époque-là en tout cas, j'ai arrêté de la lire en 2002), juste une sorte d'écriture de la bravoure et d'un cynisme feint. Bref, les arguments des uns et des autres ne m'ont pas atteinte.
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Bon, d'accord... que dire !! D'abord que c'est un p'tit livre, mais tous les Nothomb ne le sont-ils pas ? Et puis, que c'est une pièce de théâtre... trois personnages, une seule pièce... Un huis-clos glacial. Dans tant pour le propos, plus pour le contexte. Pays inconnu. Temps de guerre. Dehors, les barbares tuent, tirent, bombardent. Alors, on reste confiné. Et on gèle... c'est l'hiver, plus aucun combustible... sauf les livres. Et la pièce en est rempli. Normal pour un prof de littérature. Il partagera son espace avec son assistant et l'amoureuse de ce dernier. Qui a froid, très froid. Normal, puisqu'elle n'a plus rien sur les os. Et elle exige : les livres ne font-ils pas de bons combustibles ? Mais la question est : quel sera ce livre qu'on brûlera en dernier, parce que quasi intouchable. Alors, une joute verbale, avec sujet principal : les livres. Bon, je me retrouve un peu dans cet amour qu'on peut porter aux livres, mais sinon, je n'en tire pas grand chose... Froide devant ce texte, comme l'est le décor de cette pièce.
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Une petite heure suffit pour venir à bout de ce titre d'Amélie Nothomb. Certes elle nous a habitués à des productions peu épaisses mais là, 110 pages et une police d'écriture plutôt large, cela ne fait pas grand chose à se mettre sous la dent. Mais la qualité l'emporte-elle sur la quantité ? En général, j'aime bien la plume si particulière de cette auteure. Pour moi, cette pièce de théâtre à vocation philosophique n'est pas l'ouvrage où elle est le plus mise en valeur même si quelques répliques acides fusent dans les dialogues.

Dans un pays (de l'Est ?) en guerre, la ville est assiégée par les Barbares en plein hiver. Un professeur de littérature plutôt cynique héberge son assistant Daniel, idéaliste et rêveur. La cité universitaire ayant été détruite, se joint à eux Marina, une jeune étudiante très frileuse et petite amie de Daniel. Pour alimenter le poêle, les seuls combustibles restants sont désormais les livres que contient la bibliothèque du professeur. Mais lesquels faut-il sacrifier pour obtenir un peu de chaleur ? le bien-être physique même fugace prime-t-il sur le réconfort intellectuel ?

Amélie Nothomb nous montre qu'en cas de grande nécessité, les principes changent : les idées sur les valeurs dans la vie, sur l'amour, sur le désir, sur la mort peuvent se modifier. Lorsqu'il est question de survie, il est facile de détruire ce que l'on a encensé et accepter ce que l'on aurait normalement refusé. C'est bien sûr une pièce débat sur ce qu'apporte la littérature à l'existence et sur le côté temporaire d'une critique, qui vaut pour un moment donné et dépend beaucoup de l'état présent du lecteur. Je vois bien ce texte étudié en seconde/première mais pour une lecture détente, c'est à mon goût un peu trop philosophique. 12/20
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Un huis clos façon Amélie, ça donne un peu d'humour et beaucoup de questions existentielles. Ce n'est pas pour me déplaire mais je n'ai pas véritablement accroché, je l'ai lu vite sans vraiment m'appesantir sur ces questions. et pour le clin d'oeil, brûler des livres mais quelle idée (oui, oui, je sais c'est la guerre et donc les circonstances font que..., mais ça fait mal à mon petit coeur).
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Très court roman d'Amélie Nothomb, auteure que j'aime lire de temps en temps, je n'ai vraiment apprécié cette lecture, j'ai eu le sentiment, comme c'est le cas de temps en temps avec elle, qu'elle l'a écrit, car il lui fallait sa sortie littéraire de l'année.
Nous suivons trois personnages, le professeur, Daniel et Marina, ils vivent en temps de guerre et un froid glacial règne sur la ville. le professeur, qui a eu Daniel comme élève, ne donne plus de cours et vit enfermé chez lui, il a tout brûlé pour se réchauffer et il ne lui reste plus que ses étagères de livres, il refuse dans un premier temps de sacrifier ses livres, mais Marina réussit à le convaincre, et voilà que les étagères se vident petit à petit, quel livre restera-t-il à la fin ?
Ce livre est écrit comme une pièce de théâtre, le nom de la personne qui parle est indiqué à chaque fois, les phrases sont courtes, il y a quelques répétitions et surtout aucun fond à cette histoire, pourquoi cette guerre, quelle guerre, où sont les autres gens...
Ce livre n'est pas une réussite à mes yeux, heureusement son petit nombre de pages lui permet d'être malgré tout avalé assez rapidement et du coup, moins laissé d'arrière goût amer.
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J'ai beaucoup aimé ce petit livre. Amélie Nothomb met en scène une sorte de huis clos où trois personnages se donnent la réplique.
Un professeur d'université et deux de ses étudiants se retrouvent dans l'impuissance de faire face au froid qui les touche durant la guerre, les meubles ont déjà été brulés, reste les livres de la bibliothèque.
Comment prendre la décision de bruler un livre? Et comment faire le choix de tel livre plutôt qu'un autre, sur quels critères ?
Ce geste qui n'est pas anodin va provoquer moult échanges sur la littérature, l'horreur de la guerre, la culture, les avis littéraires…
Un livre qui m'a touché, je m'étais posé la question de quel livre je souhaiterais garder lors de ma lecture de Fahrenheit 451, question épineuse et restée sans réponse.
Quel livre est le plus important quand tout semble perdu ?
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Les Combustibles est la seule pièce de théâtre écrite par Amélie Nothomb.
Et je m'aperçois lors de ce long marathon que représente le défi de tout relire de l'auteure belge que son thème de prédilection n'est pas le rapport au corps, mais bien la guerre.
Hygiène de l'assassin se déroule pendant les événements du Golfe, l'hiver 1991. le sabotage amoureux est une guerre des boutons revisitée. Dans les Combustibles, la guerre est encore plus présente même si l'on n'y rencontre aucun de ses aspects les plus dégoûtants, mais juste ses conséquences.
Cette pièce à trois personnages n'est rien d'autre qu'une lutte désespérée contre le froid, comme Hamsun a décrit la Faim. Trois universitaires, un professeur d'âge respectable et ses deux étudiants, amoureux l'un de l'autre.
Sartre disait « l'enfer, c'est les autres ». En réalité, davantage que les Autres, l'ennemi c'est le corps. Il a faim, il a froid, il a des besoins, des envies. Difficile d'en faire abstraction, y compris pour des intellectuels qui évoluent dans une pièce entièrement meublée de... livres !
Une fois tous les meubles brûlés, il faudra s'attaquer aux milliers de pages écrites.
Mais comment choisir par lequel commencer ? Cet implacable autodafé revient, par élimination, à se poser la question de quel livre emmener sur une île déserte.
Amélie brouille les pistes, mêlant quelques auteurs connus et d'autres, parfaitement inventés : Obernach, Kleinbettingen et surtout Blatek, sujet à controverse. Bien sûr, libre à chacun d'imaginer qui pourrait se cacher derrière ces allégories.
On se prend au jeu : il y a des livres incontournables et il y a ceux que l'on aime lire et relire. Ce ne sont pas forcément les mêmes. Faites le test.
Dans mon propre panthéon des essentiels, des indispensables, des éternels, il n'y a pas que Stendhal, Hemingway, Céline, Platon, Shakespeare, Dante ou même Umberto Eco. Ils n'y figurent même pas. Honteux ? Pas forcément, car l'écriture (et son envers, la lecture) ont un rapport direct avec l'émotion. Ils jouent sur des fibres que la raison ignore. On ne lit pas qu'avec sa tête, mais autant avec son coeur. de la même façon, on n'écrit pas uniquement avec son cerveau, mais avec ses tripes. L'encre et le sang.

Seulement, et cela n'implique que ma très modeste personne, Nothomb passe à côté de son sujet. On dirait même qu'elle a peur de s'y enfoncer, restant en surface. Cette longue nouvelle (moins de cent pages – je la savais concise dans ses enfants de papier, mais pas à ce point, du reste les Combustibles est son plus court roman) pâtit des inconvénients liés au dialogue. N'est pas Sartre ou Shakespeare qui veut. Cela ne remet pas le talent de conteur d'Amélie. Bien sûr, sur la bonne trentaine de romans publiés, il y en a de moins bons que d'autres, mais les Combustibles sont le moins abouti.
J'attendais une réflexion sur l'écriture, la lecture, les mots, l'éternité de l'oeuvre : rien de tout ça. Juste un trio qui se déchire, où il n'est même pas question d'amour, sans la légèreté des vaudevilles. Tout se concentre sur les rapports entre les personnages qui sont mal campés (bon, en moins de cent pages, difficile d'aller creuser en profondeur, façon Balzac). Pas de suspens. On sait bien comment tout ça va finir, de toute façon. Pas d'humour : les intellectuels savent-ils ce dont il s'agit ? A peine quelques réflexions d'une rhétorique de bazar. Pas de réflexion poussée sur le froid, une thèse sur le glacé en quelque sorte. Ces duels à trois manquent d'une chorégraphie. Pour vous faire une idée, regardez la pièce mise en scène par Daniel Schell (qui a porté sur scène les trois premiers romans d'Amélie) disponible chez Youtube – dans la même foulée, regardez le reportage de la télévision belge en 1994 : très instructif où Nothomb avoue qu'elle pense toujours ses romans en « dialogues »... et ne tape que de deux doigts (notre seul point commun).
Les combustibles serait-il le premier livre de Nothomb à jeter au feu ?
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