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EAN : 9782868536808
272 pages
Le Temps qu'il fait (01/02/2022)
4.75/5   4 notes
Résumé :
Chroniques publiées au fil du temps dans des journaux et revues, ou lues à la radio, chacun de ces textes est le condensé de la philosophie de vie d’un poète, très peu théoricien mais très attaché à son inscription parmi les choses de la nature. Capable comme très peu de rafraîchir d’une formulation toujours nouvelle des sensations et des idées retrouvées, prompt à partager une vitalité jamais entamée par la routine, il distribue généreusement convictions et enchant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ces fragments sont des myriades d'oiseaux migrateurs en plein vol.
Des ballets magnifiquement intuitifs et souverains. Des fruits prêts à la cueillette. L'annonce belle du mot qui murmure le passage-gué. Ici, rayonne l'ère des petits riens à l'instar de Philippe Delerm et d'Amélie Poulain. Les grandes importances, majuscules d'un cahier du jour, certitudes et résistances.
On devine la voix de Jean-Pierre Otte. Chaque jour, présente dans l'orée qui s'élève. Les dires regain et rien qui ne se risque au passé nostalgique.
Le temps présent, Carpe Diem, est une vigne gorgée de raisins. L'ampleur, la mer et l'horizon plénitude. La vie qui retourne le sablier pour nous surprendre encore longtemps. L'Alcazar littéraire, la Babel décennie, le regard franc et la justesse verbale, de rectitude vêtue et qui assigne la plus touchante des épiphanies.
Écoutez : « Cette curiosité est notre contribution à la beauté tantôt merveilleuse, tantôt monstrueuse du monde. »
Déambulation, entrelacs, Les Ardennes ne sont pas des cartes postales figées mais des piaillements d'oiseaux à peine nés. Tout advient dans cette grâce verbale infinie. le chant existentialiste est une jachère fabuleuse, parfumée et renaissante. Pas de pathos, mais un macrocosme pictural spéculatif et magnétique. On ressent la tiédeur d'un champ parfumé et enivré de chaleur estivale. Les regards qui retiennent tels des grelots l'écho d'une seconde même d'un rappel pavlovien.
Les confidences sont des outils pour un lendemain plus fructueux. Marelle entre ciel et terre, plénitude et le mouvement même de la vie qui fait la courte-échelle pour nous surprendre longtemps encore.
« L'éternité n'est que la possession émerveillée de soi. »
La sagesse d'un homme hédoniste qui rassemble l'épars, les monts et merveilles des géographies qui sont les maîtres de sa destinée.
Ces chroniques sont des papillons de nuit, des lucioles, une veillée en pleine clairière. La littérature est diapason, alliée et consentante à la virgule placée au plus juste de ce que Jean-Pierre Otte délivre subrepticement, avec pudeur et clairvoyance.
Quête initiatique, s'abreuver à la source altière de ces chroniques résolument épicuriennes. Draps bordés sans pli aucun, linge frais battu en plein vent. Les pensées comme des étoiles au bord des yeux. le temps est une rivière, un berceau, la première lettre. Jean-Pierre Otte dresse un tableau : « Présence au monde plaisir d'exister », beau à couper le souffle. Guide de la vie, ici, on marche dans ses pas. Haut les coeurs ! Magistral. Publié par les majeures éditions le Temps qu'il fait.
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Une philosophie de vie
La quatrième de couverture du livre nous apprend que ces chroniques furent publiées au fil du temps dans des journaux et des revues, ou lues à la radio, et qu'elles sont sont le condensé d'une philosophie de vie d'un poète, capable, dans le bonheur d'expression, de rafraîchir des sensations, des idées, des mythologies retrouvées, dans la recherche d'une manière plus exaltante de vivre sa vie.

L'une de ces chroniques s'intitule «L'écrivain en temps de crise» : elle a retenu toute mon attention et suscité mon enthousiasme, tout simplement parce qu'elle nous révèle l'esprit même du livre, la libre disposition d'esprit qui l'anime merveilleusement tout entier.

Il n'est pas inutile de rappeler en quelques éléments épars de réflexion, ce qu'est un écrivain, quel est son rôle, à quoi il sert et quelle est sa fonction en temps de crise.

Pour Jean-Pierre Otte, l'utilité d'un écrivain tient tout entière dans ce qu'il donne à voir et à comprendre, nous fait voir autrement, avec d'autres yeux; il permet la profondeur; son rôle n'est pas de changer le monde mais de donner un autre regard sur le monde; il provoque, il exalte, il célèbre, délie une fulgurance, rétablit l'éternelle loi de réflexion. Il donne envie de vivre. Il est une invitation à vivre sa vie.

Jean-Pierre Otte parle d'ailleurs dans son livre du cercle d'écrivains dont il se sent faire partie, et il cite quelques-uns de ces lanceurs d'invitations à vivre sa vie: Hermann Hesse et son «Loup des steppes», les «Feuilles d'herbes» de Walt Whitman, Henry Miller et son «Colosse de Maroussi», l'ami Knut Hamsun, ses vagabonds et son violon, le poète valaisan Maurice Chappaz, Jean Giono cavalant sur les toits du choléra, les enchantements de John Cowper Powys ou L'Idiot de Dostoïevski observant paisiblement, avec un sourire fluet, ce monde en proie à l'esprit de panique, dans le Jardin du Bien et du Mal.

Jean-Pierre Otte se voit, lui comme une sorte de vigneron. Sa vigne, c'est sa vie. Il fait vendange de ses émotions, ses angoisses, ses bouleversements, ses appréhensions. Les grappes de raisins comme les grappes de mots éclos et éclatés, naissent des quatre éléments, de cette pulpe gorgée de lumière noire quand la vigne en sueur est visitée par le soleil, que la terre tressaille et que l'air se pose comme une pruine pure. le vin est l'au-delà de la vigne et l'écriture est l'au-delà de la vie. L'écrivain est seulement l'artisan de cette gestation extraordinaire; il se consacre à l'exercice de cette écriture qui écume, lourde de sens, de silences de signes et de saveurs.

Présence et monde, plaisir d'exister fait partie de ces livres qui ont pouvoir de nous délivrer de nous-mêmes et permettre la pleinejouissance de la vie.

Jean-Pierre Otte, Présence au monde, plaisir d'exister, éditions le Temps qu'il fait.

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Plaisir d'offrir, joie de recevoir.
La tirette à la fête foraine des temps anciens délivrait pour un franc une boîte cartonnée marquée d'un : « Offrir est un plaisir » ou d'une : « Joie de recevoir » avec le prodigue : « Servez-vous » imprimé sur les rabats. A tous les coups, on gagnait des bestioles en plastoc répugnantes qui devaient constituer des collections gothiques et chimériques aux indélébiles fragrances de pétrole. On pouvait donc espérer que la joie (active, créative) et le plaisir (passif, consommateur) soient de ce monde. L'écrivain Jean-Pierre Otte semble reprendre en écho cette litanie de l'enfance en rassemblant moult de ses chroniques semées entre journaux et radios depuis des lustres sous un titre qui évoque la générosité et la magnificence de la vie quand on a conscience d'être au monde. Même si les araignées, les scorpions ou les serpents comprimés dans les généreuses boîtes colorées d'antan ont peu à voir avec les émerveillements apportés par la nature, ils entretiennent d'une certaine manière une porte ouverte sur la rêverie et l'imaginaire. L'auteur évoque d'abord ses Ardennes natales dans de courts textes qui jettent des flashs sur l'enfance et un passé sublimé. Des situations ordinaires, des gestes simples prennent alors un relief inédit par le truchement de la mémoire. Les animaux trouvent leur place dans ces évocations personnelles. Les récits consacrés à la « tentation du sud » chère aux Nordiques sont peut-être les plus remarquables. Ils fouillent un quotidien plus proche, plus parlant. L'errance sur le Larzac est évocatrice et pertinente : « Tout se passe comme si j'étais une portion de paysage qui s'est détachée… Une part de paysage qui marche et cherche les points d'eau, les points de coïncidence. » Dommage que cette section soit si courte. Elle est le sel du livre. Une partie conséquente de l'ouvrage s'intéresse aux « Littératures ». Jean-Pierre Otte est un grand lecteur et cela se voit dans l'énumération des auteurs et des oeuvres. Curieusement, il ne donne pas vraiment l'élan pour lui emboîter le pas. Ses lectures sont siennes et on n'a pas nécessairement envie d'adhérer à son enthousiasme pour l'historien d'art Elie Faure dont l'oeuvre régulièrement rééditée est pour le moins sujette à caution (ethnocentrisme, écriture boursouflée, partis-pris ridicules, etc.). « Réflexions faites » clôt le recueil et contient quelques passages d'autant plus intéressants qu'ils sont anecdotiques. Accessibles et agréables à lire, les proses de Jean-Pierre Otte sont riches d'un vocabulaire précieux qui titille l'intérêt. L'ensemble du recueil souffre néanmoins d'un aspect décousu par son matériau composite sans réelle unité malgré des thématiques récurrentes.
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critiques presse (1)
LeMonde
25 juillet 2022
Légers, doucement graves, les quelque soixante-dix textes de ce délicat ouvrage sont autant de récits d'émerveillement, de ravissement.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
«Regardez, c'est l'aube : vous êtes pieds nus dans les herbes étincelantes de rosée, la chant des oiseaux déborde de partout, la lumière se lève aux douves de l'horizon, vous êtes là au milieu du monde, et vous n'êtes plus occupé que de vous-même, par vous-même, en vous-même, dans un élan où esthétique et éthique ne font plus qu'un. Voilà la simple et absolue beauté de ce miracle d'exister!»
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Autour de lui, dans l'ombre enroulée, de grandes horloges dormant debout se balançaient. Il scrutait par la fenêtre, en essuyant la buée, les insaisissables changements du ciel et du paysage, les lumières, les reflets sur les feuilles, les vols d'oiseaux comme autant d'oracles. Quel plus grand divertissement que celui de la poursuite du temps ?
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Et si tout n'était que dans une disposition d'esprit ? Que les paroles qui nous parviennent à travers le temps ne nous demeurent pas extérieures ! Sachons les pétrir avec nos préoccupations présentes, nos malaises et nos malentendus ! Les rivages d'Homère - qui de nous n'a pas le sentiment d'être en exil dans sa propre existence ? - sont en nous et les mythes mêmes avec leur matière et leur miroir. Rien ne pourra les souiller, les éventrer. Ils demeurent intacts et s'offrent à nous dès que nous savons, dans un ralentissement de la respiration, obtenir la transparence de l'être aux temps présents, quand la bonne voie est dans l'absence de nostalgie et d'espérance.
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Nous sommes ici pour devenir. Devenir ce que l'on est. Et l'on ne devient pas sans audace ni sans risques. On ne devient pas sans imagination. Sans ce que j'appelais plus haut la métamorphose incessante du monde en nous-mêmes. Nous baignons dans des principes d'alchimie, comme si le corps et l'esprit s'agençaient en une sorte d'alambic compliqué qui produit, à travers tant de gestes, à travers tant de regards, tant de paroles, cette suée d'or qu'est l'âme. Le temps est une étreinte d'éternité. Fermez les yeux pour mieux entendre la musique des sphères, c'est le temps libre.
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Il faut prendre les gens comme ils sont, mais ce n'est pas pour autant qu'on doit les laisser dans cet état. On voudrait que nos livres leur transfigurent la cervelle et leur permettent à tout le moins de passer à autre chose, à une forme de vie plus exaltante, non plus à la dérive sur une bouée de sauvetage, mais sur une sorte de tremplin, dans l'audace d'un vrai dépassement.
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Video de Jean-Pierre Otte (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Pierre Otte
Jean-Pierre Otte, "Ah! noms de dieux", une heure d'entretien en toute ivre liberté et pour le plaisir d'exister.
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