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EAN : 9782253042785
190 pages
Le Livre de Poche (16/09/1987)
3.25/5   74 notes
Résumé :
Un mois de mai de la guerre. Mitsou, petite danseuse de l’Empyrée-Montmartre, s’apprête à entrer en scène quand surgit dans sa loge son amie Petite-Chose, accompagnée de deux jeunes sous-lieutenants, un kaki et un bleu horizon. Mitsou se montre froide et réservée. Mais elle est bien jolie et le Lieutenant Bleu, avant de retourner au front, lui adresse une lettre. Une correspondance s’établit. Malgré les fautes d’orthographe, des tournures quelque peu populaires, les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Mitsou est une jeune artiste de music-hall entretenue par un quinquagénaire. Elle fait la rencontre d'un beau et séduisant militaire à l'uniforme bleu.
Écrit en 1919, il y a bientôt cent ans, ce court ouvrage, mi-pièce de théâtre, mi-roman épistolaire n'a rien perdu de sa modernité.
Démontant parfaitement le mécanisme amoureux, on assiste à la naissance et à la fin des sentiments.
Colette nous offre là un bien agréable moment de lecture.
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Adorable chronique de l'échec d'une rencontre amoureuse entre une jeune actrice de music hall, Mitsou, et son "lieutenant bleu", un appelé de la grande guerre du même âge qu'elle.

Après une première rencontre dans sa loge d'actrice, une relation épistolaire chargée d'attente s'est nouée entre eux, mais elle n'a pas résisté à l'épreuve de la seconde rencontre : après une nuit d'amour, le lieutenant bleu s'est volatilisé, non sans avoir adressé à Mitsou une lettre pleine de tendresse mais qu'on devine être la dernière.

La réponse de la jeune femme, peinée, digne et sans rancoeur, aurait fait pleurer Marcel Proust : c'est du moins ce qu'il a écrit à Colette.

Si Proust a vraiment pleuré, c'est qu'il était très sensible : je n'ai quant à moi pas versé de larmes, ô coeur racorni, mais j'ai été touchée par l'élégance poétique de la petite actrice.
Son personnage reste ambigu : pauvre jeune fille trop tôt habituée à la déception ou véritable grande dame ?

Ce n'est pas là une oeuvre magistrale de Colette, mais sa griffe y est.
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Grâce à ma grand-mère paternelle qui était fan de Colette, comme beaucoup de femmes de son époque, j'ai pas mal de livres de cette autrice dans ma bibliothèque et dans ma PAL !
Mais récemment déçue par le blé en herbe, que j'ai même abandonné, et par un énième "Claudine", avec la Retraite sentimentale, je voulais faire une pause.

C'était sans compter sur le hasard du rangement d'une de mes bibliothèques... "Mais c'est quoi, ce bel ouvrage avec ces si belles illustrations ?"... et c'était parti pour la découverte de ce court livre, à la forme particulière, écrit en 1919, et illustré de gravures sur bois de Hermann-Paul.

J'ai eu un beau coup de coeur, et j'ai retrouvé la Colette que j'aime ! Sensuelle, aimant décrire les sentiments, les personnages, les odeurs, les matières : une gourmande de la vie.

L'histoire :

Qui est cette Mitsou ?
Une jeune femme de 24 ans qu'on pourrait appeler peut-être une cocotte aujourd'hui, danseuse de revue, et soutenue par un monsieur qu'elle appelle "l'Homme bien", d'une cinquantaine d'années.

Elle a une petite collègue qui s'appelle « Petite-Chose » (oui ça c'est assez typique chez Colette, elle aime bien donner des noms comme ça à ses personnages), qui va un jour débouler dans sa loge avec deux lieutenants à cacher pour qu'on ne la voit pas batifoler !

Et très vite on comprend que Mitsou va s'éprendre du « lieutenant bleu », et que ce sera vraisemblablement réciproque.

La forme, et la langue typique de Colette :

Ce que j'ai adoré dans ce roman c'est d'abord la forme, puisque ça commence comme du théâtre, et que va s'en suivre une longue correspondance belle, espiègle, puis amoureuse, entre ces deux là. Pour revenir ensuite à une petite forme de théâtre, tout au-moins de conversations, et de pensées personnelles, plus profondes.

En très peu de pages, car c'est un roman assez court, Colette va réussir à brosser un personnage extraordinaire pour Mitsou, et une richesse d'émotions et de sentiments entre les deux personnages principaux que j'ai trouvé magnifique.

La langue de Colette est vraiment particulière, et avec Mitsou, elle a pu s'en donner à coeur joie. Je vous mets deux ou trois citations pour que vous la découvriez.

" Petite-Chose voulait que je vous envoie un sachet de préservation comme elle envoie à ses amis. Ce sont des sachets où elle ne met rien que des baisers." ❤️

" Je vous écris là des choses bien longues et bien sottes, mais j'ai mis tant de plaisir à les écrire que je n'ai pas le courage de les déchirer."

Et pour vous décrire Mitsou :

"Moi, comme j'ai un genre enfant, une figure bien propre, les yeux que j'ouvre à m'en faire mal dans le front parce que ça va bien ensemble avec mes grandes jambes, ma petite bouche et mon pas de nez, les auteurs de revue se sont écriés :  "Elle sera épatante dans les scènes les plus raides, on va les lui garder !"

Colette est fantastique dans ses descriptions d'odeurs, comme le parfum de Mitsou qui serait "une rose thé effeuillée dans une boîte en bois de santal qui aurait contenu un peu de tabac fin". Pour avoir lu par-ailleurs, ses descriptions de plantes et de fleurs, je suis fascinée par les images qu'elle sait faire naître chez ses lecteurs.

Étonnamment j'ai cru que le roman était bourré de fautes d'orthographe, mais je crois que c'est cette jeune femme qui fait des fautes d'orthographe dans sa correspondance. Je trouve amusant que Colette ait pensé à cela. D'autant que le "Lieutenant bleu" ne semble pas en faire.

Je garderai un excellent souvenir de ce couple de personnages, et aurai grand plaisir à le relire.

Et vous, aimez-vous Colette ?
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Mitsou ou comment l'Esprit vient aux filles contient "En camarades", comédie en deux actes créée au Théâtre des Arts le 22 janvier 1919.


Chère Mademoiselle Mitsou,

Les Minoteries Italo-Tarbaises et les Scieries Orléanaises Unifiées n'auront laissé à la postérité qu'une charmante chose : votre surnom M I T S O U. Aussi je remercie votre "ami" de vous en avoir fait cadeau. Il est constitué de deux syllabes brèves reliées par ce "t" dental, légèrement soufflant, une douce brise qui vous accompagne discrète comme vous l'êtes malgré votre carrière au music-hall qui pourrait donner à penser bien des choses... On ne vous a pas vue vieillir ni "la trentaine rembourrer votre cuisse de page" ni "fourbir un beau cuivre, donner à un miroir l'éclat d'une eau pure, au palissandre le poli d'une huile sombre, apprendre tout cela au temps des premières rides, de l'embonpoint et de l'avarice." Vous resterez éternellement Mlle Mitsou, première vedette, "l'oeil très grand, noir comme le cheveu, la joue ronde, la bouche étroite et fraîche." Vous resterez éternellement figée dans les magnifiques lettres que vous avez écrites à votre "cher lieutenant bleu" que l'on se surprend à détester parce qu'il ne vous a pas aimée comme vous le méritiez. L'on se surprend à détester cette société et ces classes qui ont empêché l'éclosion de l'amour auquel vous aviez droit. L'on se surprend à verser une larme lorsque vous écrivez : "Mon chéri, le difficile pour vous, c'était de ne pas être aimé de moi. le presque impossible pour moi, c'est d'être aimée de vous. Je dis presque impossible, parce que je suis ainsi faite que je n'accepte pas dans mon esprit le pire des malheurs et le pire des bonheurs." Oh! chère Melle Mitsou, comme vous vous souhaiterions le bonheur. Colette aussi, qui nous a transmis avec son talent, tous les méandres de votre petite âme simple et pure.

Avec toute mon affection,

Lune

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A la fois longue nouvelle et court roman, pièce de théâtre et roman épistolaire, Mitsou vaut surtout pour son sous-titre : Comment l'esprit vient aux filles.

Les Minoteries Italo-Tarbaises et les Scieries Orléanaises Unifiées n'auront laissé à la postérité que ce gentil nom de scène MITSOU, donné à une charmante actrice de music-hall par son protecteur, un élégant quinquagénaire, l'Homme Bien.

C'est l'histoire d'un fol amour de hasard partagé pendant la Grande Guerre, entre deux jeunes gens de vingt-quatre ans.
L'héroïne est fine, ravissante, elle chante à l'Empyrée-Montmartre dans une revue patriotique, très peu vêtue de collants, de tulle transparent et chaussée de bas couleur fraise écrasée … nous ne connaîtrons que son surnom.

Elle est sensible, elle a échappé à la misère et à l'atelier grâce à sa beauté mais pas que ... en se faisant entretenir par un industriel. C'était le destin de nombreuses jolies jeunes femmes pauvres à l'époque. Mais elle est intelligente, et à travers ses lettres, se livre avec sincérité et lucidité, malgré ses jolies fautes d'orthographe.

Elle a rencontré une seule fois le Lieutenant Bleu dans les coulisses du théâtre. Elle se débrouille pour obtenir son adresse au front, entame avec lui une correspondance. Ils échangent des photos, de menus cadeaux …

C'est l'envers du décor de cette guerre qui n'en finit pas et dévore sa jeunesse. Comment on continue à vivre "à l'arrière", comment les civils vont-ils "tenir" ?

Et puis le Lieutenant Bleu est en permission à Paris. Il vient voir Mitsou, ne la reconnaît pas tout de suite en tenue de ville. Leur amour explose … leur union est magnifiquement décrite par Colette. C'est la première fois que Mitsou tombe amoureuse. L'aventure durera quatre mois. le lieutenant Bleu repart pour le front …

Dans sa dernière lettre, Mitsou écrit : « Une femme qui a une obstination en amour, ça pousse vite. Ça fleurit, ça sait prendre une tournure, une couleur, à faire illusion aux plus délicats. Mon amour, je vais essayer de devenir ton illusion. C'est une ambition très grande, mon cher Lieutenant Bleu, et vous ne m'avez pas invitée à une promenade qui peut faire le tour de la vie … »

Publié en 1919, tout l'art de Colette est dans Mitsou, celui de faire "de rien quelque chose, la construction de l'intrigue et la netteté du style" …
Je vais continuer à lire les autres romans de cette géniale écrivaine.


Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Petite-Chose voulait que je vous envoye[sic] un sachet de préservation comme elle envoie à ses amis. Ce sont des sachets où elle ne met rien, que des baisers. Mais je ne vous envoie, comme les autres fois, que mon souhait sincère pour que rien ne vous arrive en mal. Cette phrase-là, elle me revient de celles qu'on me faisait écrire au jour de l'an sur du papier à dentelle, quand j'étais petite. Je regrette bien de ne pas pouvoir en inventer une autre plus belle pour vous. Mais ça m'est égal. Mon souhait est mieux qu'une belle phrase, parce qu'une phrase ça n'existe pas, et mon souhait il existe. Il existe autant que la petite hirondelle ou la colombe sur l'ancien papier à lettres. Je le vois, il vole, il se promène, il a une figure, il est autour de vous, sur votre tête, sur votre poitrine — je le vois comme si j'y étais, sur votre poitrine... Le sachet de Petite-Chose serait assurément très joli, et très bien brodé, mais il ne couvrirait qu'une trop petite place. Avec mon souhait, je suis plus tranquille, vous êtes tout enveloppé.
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Mon chéri, le difficile pour vous, c’était de ne pas être aimé de moi. Le presque impossible pour moi, c’est d’être aimé de vous. Je dis «presque» impossible, parce que je suis ainsi faite que je n’accepte pas dans mon esprit le pire des malheurs ni le pire des bonheurs. «Trop raisonnable pour son âge, cette Mitsou!» qu’elles disent mes camarades
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Mitsou, nous autres garçons qui avons vingt-quatre ans, la guerre nous a pris à la porte du collège dont nous sortions. Elle a fait de nous des hommes, et je crois qu'il nous manquera toujours d'avoir été des jeunes gens.
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"Non, non, n'embrassez pas mes mains, même dans une lettre. Elles ne sont pas assez belles, le blanc liquide les abîme et puis je me suis mis trop de vernis aux ongles. Je soigne mes mains, je les répare pour quand vous viendrez. Mais embrassez la saignée de mon bras, elle a tant de petites rivières vertes et bleues que vous pourrez, en l'embrassant, penser seulement à votre carte d'état-major.
"Votre
"Mitsou"
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MITSOU, sentencieuse: Regarde tous les ennuis que tu pouvais me faire arriver ce soir, avec tes colis militaires. Heureusement que j'ai affaire à un homme intelligent!
PETITE-CHOSE, non moins sentencieuse: Un homme intelligent, c'est un homme qui se prépare à être un jour ou l'autre cocu comme père et mère, ou bien ce n'est pas un homme intelligent. Des ennuis, des ennuis...C'est la vie, les ennuis!
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