Ce roman est un magnifique hommage d'un homme à son père. l'auteur décrit la souffrance en toute lucidité face à la maladie. L'auteur fait fi de toute pudeur et crie presque les mots qu'il aimerait que son père entende. On ne peut retenir les larmes devant une telle beauté livresque ! Car qui n'a pas envie de dire ces mots à un proche perdu. L'auteur ne s'est jamais tant livré qu'avec ce roman.
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Un homme retourne dans la maison de son enfance après la mort de son père. Tout lui rappelle des souvenirs et lui permet de ne pas oublier, ne pas oublier tous les moments partagés avec son père.
Une cinquantaine de page pour ce poème en prose à la mémoire d'un père disparu. Un texte court mais pas forcément très abordable, si l'on accroche pas au style de l'auteur, comme cela a été mon cas.
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Sur le bord de la route, parmi des étendues jaunies de buissons et de chardons secs, parmi des champs de blé géants, surgissent des herbes courageuses et rares, surgissent des papillons qui, du feu sanglant de leurs flammes, allument la blondeur et l'or. Des marées flavescentes brûlent. Des manteaux jaunes s'élèvent vers le ciel et vers le soleil, les transpercent et en jaillissent. Et dans le matin, déjà presque l'après-midi de ce printemps torride, il y a tant d'éclats qui éblouissent les yeux. Aveuglé, je regarde de côté et je me vois petit, il y a bien des années, quand j'étais assis sous la courroie nécessaire de la ceinture de sécurité, je me vois impatient, demandant : il y en a pour combien de temps ? De nouveau je regarde la route.
En suspens dans l'air, ma main s'est dirigée vers ton tiroir. Et, là où tu l'as posée dans ta fatigue, ta montre t'attendait encore, les secondes passaient encore sur le cadran : une autre une autre une autre, des secondes qui se superposaient encore, même après toi, des secondes et du temps encore, comme si rien n'avait altéré le labeur ténu de tisser un fil fin et interminable, le fil menu, comme s'il ne pouvait être coupé à tout instant, comme s'il ne pouvait être coupé abruptement pour ne plus jamais être réuni, jamais plus nous réunir. J'ai ouvert la boucle du bracelet de ta montre et je l'ai refermée sur mon poignet.
(Et) j'ai pensé : les hommes ne pourraient-ils mourir comme meurent les jours? Comme cela avec des oiseaux qui chantent sans soubresauts, et une clarté liquide et vitrée sur toute chose, et la fraîcheur, la suave fraîcheur, la brise légère qui fait trembler les petites feuilles des arbres, le monde inerte ou qui se meurt calmement, et puis le silence qui croît, naturel, si naturel, le silence attendu, et finalement juste, et finalement digne.
... les hommes ne pourraient-ils mourir comme meurent les jours ? Comme cela, avec des oiseaux qui chantent sans soubresauts, et une clarté liquide et vitrée sur toute chose, et la fraîcheur, la suave fraîcheur, la brise légère qui fait trembler les petites feuilles des arbres, le monde inerte ou qui se meut calmement; et puis le silence qui croît, naturel, si naturel, le silence attendu, et finalement juste, et finalement digne.
C'est ton visage que je trouve. Contre nous grandit le matin, grandit le jour, grandit une lumière fine. Je te vois dans les regards.
Vidéo de José Luís Peixoto