Cette semaine, j'ai décidé d'embarquer dans
la flèche jaune pour continuer mon voyage à travers la Russie. Tout cela n'est que métaphorique bien sûr, je me demande encore si le train dans lequel je suis montée a une réelle destination. Peu importe à vrai dire, ce n'est qu'un détail de plus du génie de l'absurde de
Viktor Pelevine.
Si vous aimez le concret, alors ce livre n'est pas pour vous. Si par contre vous êtes adepte de l'effet miroir, de ces réalités qui n'en sont pas mais qui ont un fond bien ancré malgré tout dans le monde que l'on connait, alors plongez dans
Pelevine les yeux fermés.
La Flèche Jaune m'a emmenée au train de la vitesse des rayons du soleil qui tombent sur la table alors que vous prenez votre petit déjeuner du matin, c'est vous dire. Dans ce huis-clos, tous les personnages sont volontairement stéréotypés, et l'absurde flotte avec le burlesque, effet miroir de la Russie post-soviétique.
Tout est décousu, puis recousu par la file interminable des wagons de la Russie. L'opposition Est / Ouest est flagrante. A l'Est, on vit dans des wagons sans couchettes, sales et bondés et on utilise du papier journal en guise de papier toilette. A l'Ouest, les compartiments sont spacieux et confortables et on a du papier toilette. Un commerce parallèle se tisse dans les couloirs ("Avez-vous du papier toilette à l'effigie de Saddam Hussein?") , on parle de religion, de Saddam Hussein, de thé…
Lorsque j'ai tourné la dernière page, le sentiment d'Andréi m'a sauté à la gorge. Ai-je bien lu ? Ai-je tout compris (je ne crois pas, il y a certainement des références qui m'ont échappé) ? Ces gens existent-ils vraiment ? Est-ce cela la Russie ? Et c'est là que réside le talent de
Pelevine, dessiner la réalité dans un chaos absolu...
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