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EAN : 9782246803218
248 pages
Grasset (13/03/2013)
4.1/5   72 notes
Résumé :
L'île de Bornéo, comme le reste de l'archipel malais dont elle fait partie, comme l'Indochine et les Philippines, a été, on s'en souvient, envahie par les japonais dans les débuts de la seconde guerre mondiale. En 1945, pour préparer la reconquête des Philippines, les Alliés décident de pacifier d'abord Bornéo et d'y envoyer des agents chargés d'entrer en relation avec les indigènes pour organiser un soulèvement. Un capitaine anglais des Forces spéciales (le narrat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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« La vie et la mort enlacées dans une copulation furieuse, répugnante. »

Avec ce titre, je ne dévoile rien en disant que dès le début on sait que cela va être dur et difficile. Et pourtant, la plume de Schoendoerffer a été très surprenante pour moi car il y a des rayons de soleils au travers de cette forêt étouffante et cette pluie qui tombe avec le bruit d'un tambour battant fort.

J'ai vu des horreurs être commises dans cette folie de Bornéo où des étrangers s'affrontaient pour des idées qui n'avaient rien d'idéaux, et au milieu un Roi avait compris peut-être les Muruts, ces Comanches, ils les aimaient et voulait privilégier la vie ancestrale. Mais il était irlandais, déserteur de surcroît dans un monde britannique, et les blancs ont la rancune tenace. Pourtant Fergusson, l'intraitable, avait une sentimentalité cachée et peut-être qu'il... « Je suis une bête que l'on ne tue pas facilement » avait dit Learoyd.

Mais le narrateur, chien fou de jeunesse, a sa manière va entrer dans la terre des Génies et malgré tout sera le traitre de l'amitié. Désarmé devant la mort et les horreurs commises dans tous les camps, il perdra pied.
C'est un roman époustouflant, grandiose par l'atmosphère admirablement rendue. On suffoque et pourtant la plume est légère. C'est admirablement écrit et je suis surprise par cette lecture. La guerre y est décrite avec précision tout autant que la nature environnante, les deux mondes se rejoignant dans une boue terrible. « La vie et la mort et la vie et la... Un embrasement tragique. La vie ! Comment ne pas être épouvanté ?... »
Les personnages sont campés avec brio et subtilité, on comprend à demi mot.

« La nuit est venue, je suis las de poursuivre le vent. »

Je n'ai pas envie d'en écrire plus car il me semble que ce roman a tellement de clés de lecture que d'une part je ne pourrais exprimer clairement tout ce qui a traversé mon esprit, mais en plus, il y a une liberté dans la forme et le fond, qui me semble devoir être respectée afin que chacun puisse le découvrir à sa manière.
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Nous sommes en 1942 à Bornéo. L'île est occupée par les Japonais.
Les alliés parachutent un capitaine (le narrateur) et son adjoint pour établir le contact avec les populations qui vivent au coeur de la jungle.
Leur but ? Les convaincre de se battre contre les Japonais.
Mais les tribus rencontrées ont un roi : Learoyd un Irlandais rescapé d'un naufrage.

En lisant le quatrième de couverture, je pensais aux films “L'Homme qui voulut être roi” et “Apocalypse Now” mais la plume de Pierre Schoendoerffer porte le récit vers de plus hauts sommets et surtout de profonds abîmes.

La nature, la forêt est omniprésente et proprement inhumaine :

> La matrice du monde. La vie originelle qui engendre la mort, l'ovulation, la fécondation, l'éclosion, la fermentation perpétuelles. Un fouillis de lianes juteuses de sève, de feuilles baveuses, d'écorces gluantes, de tentacules caoutchouteuses hérissées d'épines. Un air chaud et fiévreux, verdâtre, saturé d'odeurs qui soulèvent le coeur, croupissant comme une eau morte sous la chappe des grands arbres pétrifiés. La vie et la mort enlacées dans une copulation furieuse, répugnante. La vie et la mort et la vie et la… Un embrassement tragique. La Vie ! Comment ne pas être épouvanté ?…

Le récit est un récit de guerre, de trahison, d'amitié, de mort, de moiteur, d'obscurité, d'insectes qui vous dévorent.
C'est glauque, parfois d'une violence inouïe.

Les combats se sont engagés avec les Japonais. Devant les forces alliées, ils ont choisi de fuir vers la forêt.
S'ensuit une lente agonie. Coupés de leur armée, ils sont à la merci des combattants indigènes.
On se bat jusqu'à la mort. La mort est presque toujours une délivrance.

Je me suis fait la réflexion à postériori : le mot, le concept de reddition n'est jamais prononcé ni pensé.
Personne ne pense à jeter l'éponge. Jamais de « A quoi bon ». La seule porte de sortie est le suicide et certainement pas la gloire.
On ne renonce pas même quand on n'est plus un homme mais une bête.

« Apocalypse Now » se termine avec les mots du colonel Kurtz : « L'horreur ».
Mais ici, elle sous-tend tout le récit :

> Les yeux du Japonais restaient ouverts ; l'horreur y était toujours, mais la vie, plus effrayante, était partie.

« la vie, plus effrayante que l'horreur » tout est là !

Il pleut tout le temps ou presque, la moiteur est omniprésente. le ciel est souvent sombre, lourd et chargé.
Il y a parfois des moments de clarté comme des trouées dans la forêt. Des moments de camaraderie, de complicité, de contemplation. le roman tourne principalement autour du narrateur et de Learoyd mais les personnages secondaires sont très réussis.
Je pense particulièrement à Fergusson le supérieur du capitaine. Il cache un secret une sorte de communion avec Learoyd.
Il veut ou semble vouloir pourtant sa fin.

Learoyd sera trahi, défait

> Roi du vent et de la pluie, tu n'as pas laissé sur cette terre de trace plus profonde que l'empreinte de tes pas.

Ce livre reste un chef-d'oeuvre. Une plongée dans l'âme humaine

> …Je me suis fait peur parfois… Il ne faut pas descendre trop profond dans la nuit de soi-même, il ne faut pas plonger dans les eaux troubles du marais maudit : les monstres sont là… dessous, immobiles. Il ne faut pas !

Un chef-d'oeuvre.

C'est Deidre qui m'a donné envie de lire ce roman
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Terrible récit que celui de Learoyd, le soldat devenu roi d'une peuplade sauvage dans la jungle de Bornéo.
C'est toujours une histoire de militaires avec Schoendoerffer ; elle se termine mal, avec le récit hallucinant de l'extermination des Japonais dominés par la nature et la fureur de Learoyd.
L'écriture est âpre et les formules sont frappantes. Un chef d'oeuvre.
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Un roman très fort, qui nous plonge au coeur de la cruauté, de l'horreur et de l'absurdité de la guerre au travers d'un récit prenant, original, mais finalement totalement anecdotique au regard de son contexte, la fin de la seconde guerre mondiale dans le Pacifique.

L'écriture de Pierre Schoendoerffer est puissante et colorée, et sert magnifiquement cette histoire puissante et dérisoire tout à la fois, et son décor grandiose, la jungle de Bornéo. Les personnages, au premier comme au second rôle, sont attachants et solidement posés, mais leur destin est scellé dès la première page, comme pour une tragédie grecque.

J'ai vu et aimé les films de Schoendoerffer, ce qui m'avait pour le moment éloigné de ses romans puisque ce sont les mêmes récits. Au vu de la qualité de son écriture, c'est une erreur, que je ne vais pas manquer de réparer.
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Au début du siècle, Kipling nous avait conté l'histoire de L'homme qui voulut être roi, où l'on voit l'orgueil construire puis détruire un homme (dont le rôle fut ensuite magistralement interprété par Sean Connery).
L'Adieu au Roi se construit sur une base assez similaire : un déserteur, seul rescapé de son unité, trouve refuge en 1942 dans la jungle de Bornéo où il s'impose comme chef ("roi") de tribus primitives. Peu à peu, son orgueil confine à la folie, mais la guerre lui offre un rôle à la mesure de sa déraison.
Roman sur la destinée individuelle et la liberté, L'adieu au roi est aussi un roman coup de poing sur les horreurs de la guerre, la manière dont celle-ci broie nos idéaux et réveille les monstres qui demeurent en l'homme. C'est aussi un hymne magnifique à la jungle, grouillante de vie, dans laquelle il est si difficile de vivre.
Je connaissais l'immense réalisateur Schoendorffer, je suis heureux d'avoir découvert qu'il était aussi un grand écrivain.
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critiques presse (1)
Lexpress
05 juillet 2013
L'Adieu au roi s'impose comme un grand roman d'époque, nous rappelant que Pierre Schoendoerffer -décédé l'an passé-, outre son talent de cinéaste (La 317e Section), était également un écrivain passionnant.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
Je déclarai, péremptoire :
— Chaque fois qu'un être naît, c'est un monde entier, avec son soleil, ses étoiles, ses brins d'herbes, qui naît et prend peu à peu sa teinte particulière, sa nuance personnelle. Chaque fois qu'un être meurt, c'est son monde entier, avec son soleil, ses étoiles et ses brins d'herbes qui disparaît à jamais. La disparition de ces mondes est scandaleuse, mais plus le monde est riche et coloré, plus le scandale est grand. Alors faisons un scandale énorme et que Dieu ait honte.
La mort du huitième Japonais paralysé sur la piste du Golgotha me semblait déjà une injustice et un grand scandale parce que son monde était riche ; il voulait vivre son agonie quelques heures de plus, impuissant, dévoré vivant... Les couleurs du monde de Learoyd, qui avait conquis un royaume et qui avait chassé Dieu, étaient plus éclatantes que les miennes, son soleil était plus brûlant. Il avait réveillé un vieux peuple et annoncé le retour des temps aventureux. Il était le sel dans le riz, avait dit Gwaï... Je fis part de ma décision au vieux missionnaire ébahi :
— Je ne vais pas rentrer. Je vais rester avec Learoyd.
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Je ne verrai plus Bornéo, sa côte noire sur l'océan éblouissant, plus jamais ce ciel de la mousson de nord-est avec ses énormes nuages qui se boursouflent jusqu'à trente mille pieds d'altitude. Je ne sentirai plus ce vent tiède, encore tout mouillé d'avoir couru sur les lames de la mer de Chine, qui apporte avec lui une odeur de fange, d'humus, de bois pourrissant mêlé d'un reste d'iode. Je ne remonterai plus les grands fleuves rouges, les pistes ensevelies dans les forêts semblables à des cathédrales, vers les montagnes bleues... Ma quête est finie.
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La matrice du monde. La vie originelle qui engendre la mort, l’ovulation, la fécondation, l’éclosion, la fermentation perpétuelles. Un fouillis de lianes juteuses de sève, de feuilles baveuses, d’écorces gluantes, de tentacules caoutchouteuses hérissées d’épines. Un air chaud et fiévreux, verdâtre, saturé d’odeurs qui soulèvent le cœur, croupissant comme une eau morte sous la chappe des grands arbres pétrifiés. La vie et la mort enlacées dans une copulation furieuse, répugnante.
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— Je sais, coupa le vieux colonel. Je sais, je sais… Non, je ne sais pas. Je ne sais rien. Je suis soldat. Vous non plus vous ne savez rien. Au diable l’imagination ! Elle nous induit en tentations. Elle nous chuchote à l’oreille des idées qui nous mèneraient tout droit à la perdition si nous n’y prenions garde… Nous sommes des soldats, nous avons choisi de croire à des choses simples. Nous ferons ce qu’on nous demande et, connaissant la vanité des entreprises humaines, combien sont confus les desseins de l’homme
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Je me suis fait peur parfois... Il ne faut pas descendre trop profond dans la nuit de soi-même, il ne faut pas plonger dans les eaux troubles du marais maudit : les monstres sont là... dessous, immobiles.
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Videos de Pierre Schoendoerffer (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Schoendoerffer
Le voyage en Amérique de Pierre Schoendoerffer. Entre la Guerre d’Indochine et son retour en France en 1955, Pierre Schoendoerffer s’est offert « un tiers » de tour du monde durant lequel sa détermination à faire, un jour, du cinéma, s’est maintenue. Après l’expérience des combats, caméra sur l’épaule et l’enfer de Diên Biên Phu, il retourne à la vie civile en faisant au gré de son voyage de fabuleuses rencontres : témoignage sur ses années d’insouciance pendant lesquelles il découvre une Amérique qui lui paraît familière grâce au cinéma américain dont il était un spectateur boulimique, bien avant de poser un pied sur le fameux continent.
+ Lire la suite
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