AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Zoe


Zoe
17 octobre 2010
La brève histoire du roman noir de Jean-Bernard Pouy se présente d'emblée non pas comme l'ouvrage d'un spécialiste, mais plutôt comme celui d'un passionné, qui assume sa subjectivité, n'a que faire des définitions et des catégories, mais entend surtout communiquer sa passion en offrant un panorama du genre au lecteur néophyte, et en partageant en même temps quelques pépites avec les autres grands lecteurs du genre.

Pour JB Pouy, le roman policier n'est qu'un sous-genre du polar, au côté du roman à énigme, du thriller et du roman noir. Mais sans doute nomme-t-il roman policier ce qu'on appelle généralement police procedural ou roman de procédure policière. Quoi qu'il en soit, réduisant le roman policier à l'état de sous-genre, il insiste sur le fait que cette dénomination ne convient pas pour l'ensemble de ce qu'il préfère nommer : le Polar.

Dans l'ensemble Polar, le roman noir est un sous-genre apparu dans les années 20 aux États-Unis. le personnage du détective privé y a remplacé le policier. Plus libre, mais aussi plus seul, celui-ci peut se montrer violent et parfois plus proche des criminels que de la police. le langage de la rue, l'humour, donnent le ton du roman noir, qui se caractérise finalement surtout par la critique sociale dont il est porteur.

Après avoir ainsi « empoigné la bête », JB Pouy parcourt le monde des auteurs de roman noirs en les répartissant en six catégories :

* les aiguilleurs : Dashiell Hammett et Raymond Chandler, mais aussi James Cain, en France Jean-Patrick Manchette et Didier Daeninckx, en Espagne Manuel Vasquez Montalban, à Cuba Leonardo Padura, en Italie Carlo Fruttero & Franco Lucentini et en Suède Maj Sjöwall & Per Walhöö, mais également Arthur Upfield et Tony Hillerman (polar ethnologique), Joseph Hansen (enquêteur homosexuel), Helen Zahavi (féministe)…
* les forcenés : les francophones Simenon, Amila alias Jean Meckert (et à sa suite Frédéric H. Fajardie, Gérard Mordillat et Dominique Manotti), et Marc Villard, aux États-Unis James Ellroy et Donald Westlake, en Russie Gueorgui et Vaïner Arkadi…
* les pessimistes (voire nihilistes) : Horace McCoy, David Goodis, Patricia Highsmith, Jim Thompson, le français Thierry Jonquet, l'anglo-français Robin Cook, l'irlandais Ken Bruen
* les allumés : James Hadley Chase, Charles Williams, James Crumley, Harry Crews, Joseph Wambaugh, William Kotzwinkle, en France Hervé Prudon et Francis Mizio, en Italie Andréa Pinketts…
* les étoiles filantes : David Crumb (La nuit du chasseur), John Trinian (La baleine scandaleuse), Peter Loughran (Londres express), Allan C. Weisbecker (Cosmic banditos), Hunter S. Thompson (Las Vegas parano), Richard Brautigan (Un privé à Babylone), William Hjortsberg (Sabbat dans Central Park), Ned Crabb (La bouffe est chouette à Fatchakulla !), Jacques Monory (Diamondback), Donald Westlake (Ordo), Gregory Mc Donald (Rafaël derniers jours), Stig Holmas (Le condor)…
* les intellos : Truman Capote, Jim Harrisson, Thomas MacGuane, Jérôme Charyn, Pete Dexter, James Sallis en France Vernon Sullivan alias Boris Vian, et aujourd'hui Tanguy Viel, Daniel Pennac

Puis, avant de clore sa brève histoire par une nouvelle, JB Pouy dresse un état des lieux du polar aujourd'hui, très pessimiste pour les autres sous-genres. Je trouve d'ailleurs assez surprenant, qu'on puisse comme JB Pouy adorer le roman noir, mais ne s'intéresser visiblement à aucun des autres sous-genres du polar au point de tous les enterrer. le roman noir est pour lui une passion exclusive. Et il ne cache pas même un certain mépris pour le polar commercial d'aujourd'hui.

Mais c'est bien sûr ce que j'ai aimé dans cette brève histoire : une histoire subjective écrite par un passionné qui l'est suffisamment pour être quoi qu'il en dise un peu spécialiste tout de même, mais qui n'hésite pas à faire des choix à première vue surprenants, ou à affirmer des énormités pour provoquer un peu son lecteur, non sans humour, rendant la lecture de ce qui n'aurait pu être qu'un catalogue un peu austère très plaisante.
Lien : http://deambulla.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}