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EAN : 9782253166535
264 pages
Le Livre de Poche (17/10/2012)
3.66/5   78 notes
Résumé :

L'Angleterre des dix premières années du siècle : Edouard VII s'installe sur le trône, tandis que la noblesse et les classes dirigeantes s'affranchissent prudemment des sévérités victoriennes. Ils vivent des passions mais n'osent les avouer ; ils sont immoraux mais respectent l'étiquette. Entre les fastes de leurs châteaux et les chambres à coucher d'apparat, c'est un cortège d'hypocrisies, d'adult&#x... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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L'ère victorienne s'achève au tout début du vingtième siècle, avec le couronnement du roi Edouard VII en 1902 : encore très attachée aux sévères conventions de l'étiquette, l'aristocratie anglaise commence avec circonspection à sentir le souffle d'un vent nouveau, n'osant s'autoriser de libertés que soigneusement cachées derrière les apparences les plus traditionnellement respectables. le jeune Sébastien, oscillant entre ordre ancien et émancipation moderne, se retrouve au coeur de déchirements sentimentaux où l'hypocrisie et la vanité pourraient bien l'emporter sur l'amour.


L'apprentissage de Sébastien n'est que le prétexte d'une virulente critique de la société édouardienne, que Vita Sackville-West connut durant son enfance : bien loin de se douter que l'ordre établi sera bientôt balayé par la première guerre mondiale, l'aristocratie britannique de l'époque s'accroche bec et ongles à la tradition, qui lui permet sans grande contrepartie de maintenir son prestige et ses privilèges, selon un mode de vie immuable hérité « du temps des Deux Roses ». L'auteur n'est pas tendre pour ses congénères et dénonce la mesquinerie quotidienne d'une coterie qui s'observe et dénigre impitoyablement le moindre travers derrière sourires et flatteries, la tartuferie morale d'adultères appliqués, envers et contre tout, à laisser sauve la façade de mariages respectables, tout comme l'hypocrisie sociale d'un paternalisme d'abord soucieux de préserver à son avantage une hiérarchie de classes inchangées depuis des siècles.


La plume acérée et sarcastique dessine les personnages et restitue leur contexte avec une précision et un réalisme qui donnent au lecteur l'impression d'évoluer dans leur quotidien. La lecture est fluide et passionnante, et amène à s'interroger sur la personnalité de l'écrivain : tandis que l'on est tenté d'imaginer Vita jeune se profiler sous les traits de Viola, la soeur de Sébastien, seule dans cette histoire à porter un regard lucide sur son milieu et à avoir le courage de s'affranchir de son hypocrisie, l'on ne peut également que sourire en se rappelant le conformisme social dont l'auteur fit preuve en menant sa vie amoureuse, homosexuelle et mouvementée, sous les apparences d'un mariage rangé.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Quelle joie de replonger dans l'univers de Vita Sackville-West ! Après Toute Passion abolie, j'ai dévoré cette fois-ci Au Temps du roi Edouard !

Cette histoire nous plonge à nouveau en Angleterre, au début du XXème siècle, au « temps du Roi Edouard », et plus précisément, lorsque la société commence à évoluer. Nous suivons le jeune Sébastien, duc de Chevron, qui n'est pourtant pas très intéressé par la société et les réceptions « interminables » données par sa mère, Lucie. Sébastien, à la différence de son entourage, ne cherche donc pas à s'élever au-dessus de la société, mais au contraire, cherche un refuge pour se cacher et éviter de converser avec des personnes qui ne l'amusent guère… le jeune homme se lie ainsi d'amitié avec Léonard Anquetil, un explorateur vivant en marge de la société, qui lui prédit alors un avenir tout tracé -celui d'un duc qui doit faire honneur à son rang ainsi qu'à sa famille-, tout en lui proposant de partir en exploration avec lui. Malheureusement, Sébastien est tombé amoureux d'une amie de sa mère, Lady Sylvia Roehampton, ce qui le conduit à refuser la proposition de son ami. Toutefois, en déclinant l'offre de Léonard Anquetil, Sébastien semble se condamner à ne pas échapper à ses obligations, et ainsi devenir prisonnier des us et coutumes de son époque…
Nous suivons également le destin paradoxal de la soeur de Sébastien, Viola, qui adopte une position tout à fait contraire, bien plus libre que celle de son frère. Ainsi, Viola refusera une vie imposée par son rang, et deviendra l'une des premières à se « moderniser ».

Vita Sackville-West nous dépeint avec une telle simplicité la société anglaise ! A de nombreuses reprises, j'ai eu l'impression de me retrouver en ce début de XXème siècle, contemplant les ornements des ladies, mais également, ne pouvant que constater la déchéance de ceux qui ne veulent pas répondre aux attentes des autres. J'ai été étonnée de voir à quel point l'honneur était indispensable (et même vital) à cette époque, la moindre erreur ne pouvant être pardonnée, ou bien, devant être payée par un sacrifice terrible. J'ai donc beaucoup aimé ce roman, ce qui ne peut que m'inciter à lire d'autres livres de Vita Sackville-West !

Ainsi, j'ai passé un excellent et très agréable moment de lecture, et je conseillerai à tous ce magnifique roman d'une romancière talentueuse et fascinante !

A lire !!
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Une peinture haute en couleurs et sans aucune complaisance de la haute société aristocratique du tout début du 19 ème siècle, au moment où s'achève le règne du roi Edouard VII.
Vita Sackville-West, l'auteur de ce livre, est une femme de lettres étonnante: elle est fille d'un aristocrate, le troisième lord Sackville et d'une danseuse espagnole. Elle connaît donc bien ce milieu très fermé de la haute aristocratie britannique.
Le livre "Au temps du roi Edouard" est sans doute son livre le plus connu.
En 1930, ce livre a atteint, deuux mois après sa sortie, le chiffre phénoménal pour l'époque de 20 000 exemplaires vendus.
En France cet auteur est surtout connu pour avoir été très proche de la romancière britannique elle aussi Virginia Woolf.
Ce livre évoque pourtant un sujet qui n'a rien d'original dans la littérature de l'époque, à savoir l'ennui qu'éprouve un jeune lord de 19 ans, Sébastien, duc de Chevron. Il rejette ce monde d'artifices de la haute aristocratie anglaise, un monde fait de convenances, d'hypocrisie, de mensonges, d'adultères pour tromper l'ennui.
Une société très soudée qui est jalouse de ses intérêts et qui adopte volontiers une attitude désinvolte et condescendante vis-à-vis des classes laborieuses.
Sébastien rejette cela mais n'arrive pas à se détacher vraiment de son milieu, malgré son souhait de devenir un député socialiste.
Il va ainsi mener une liaison avec la meilleure amie de sa mère, la magnifique et adulée lady Roehampton. Cette liaison sera brutalement interrompue par le mari de celle-ci qui la sommera de se retirer sur les terres familiales pour éviter la fréquentation du jeune lord.
Ensuite viendront d'autres liaisons, dont deux avec des femmes issues de la classe moyenne; A chaque fois, c'est pour le jeune Sébastien le même désenchantement, puisque comme le dit l'explorateur Anquetil qu'il va rencontrer:
"Votre vie a été tracée le jour de la naissance. Vous êtes allé dans une école préparatoire, puis à Eton, puis à Oxford; maintenant vous entrez dans les Gardes...."
Tout est tracé et effectivement Sébastien va rester "collé" à son milieu.
C'est une magnifique peinture, une peinture crépusculaire qui nous montre un monde en train de vaciller, une classe au faîte de sa puissance et qui va perdre petit à petit ses prérogatives.
Les dialogues sont incisifs, la psychologie des personnages est très poussée.
Un livre passionnant que j'ai lu d'une traite.
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« Au temps du roi Édouard » est le second roman de Vita Sackville-West que je lis. Il m'a tout autant séduite que le précédent (Toute passion abolie) et j'y ai retrouvé cet enveloppement de bonnes manières aristocratiques. A l'époque Victorienne, l'Angleterre compte de grands domaines châtelains où vivent des familles de haut rang aux titres de noblesse.
Le personnage principal est Sébastien, Duc de Chevron. Selon sa mère Lady Lucie, il a une personnalité complexe.
Sa rencontre avec Léonard Anquetil, ami de la famille à l'esprit explorateur, va bousculer Sébastien. Ce dernier a bien du mal à s'imaginer jalonner le chemin qu'il sent tout tracé devant lui. Un destin d'aristocrate où la comédie des masques bat son plein.
Sébastien, lui, désire une vie exempte de conventions qu'il n'hésite pas à braver en entretenant une liaison avec une jolie lady mariée qui pourrait de surcroit être sa mère.
L'auteure dresse un tableau ironique de cette famille et surtout de la société bourgeoise anglaise de l'époque.
Peut-on vraiment s'écarter de son rang en toute sérénité ? Pas forcément évident !
Une lecture très agréable qui m'a complètement plongée dans l'Angleterre du temps du roi Édouard.
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Au temps du roi Edouard, un monde existait encore, presque intact, toujours splendide mais déjà à demi privé de sens et sur le point de basculer. le monde du Grand Monde, des dames en robes du soir et des jeunes filles à marier, le monde des convenances polies par des siècles d'usage, celui des grande demeures de la campagne anglaise, avec leurs fermiers, leurs invités par dizaines et leurs armées de serviteurs. Ainsi est, a toujours été, devrait toujours être Chevron.
Un week-end comme tant d'autres, la duchesse douairière reçoit. Des invités par dizaines, impeccables, tous semblables au fond et vides, vides, si vides pour qui les regarde sans se laisser prendre aux leurres du prestige mondain. Ainsi les voit Sébastien, le jeune duc, 19 ans, beau, sauvage, romanesque, partagé entre le goût des belles manières et le sentiment de leur vacuité, entre l'amour de son domaine, l'attrait des belles femmes et le désir lancinant de s'arracher à tout ça. Ainsi les voit aussi sa soeur, Viola, trop jeune encore pour qu'on songe à prendre son avis en considération mais qui n'en pense pas moins, se tient à l'écart et songe.
Ainsi encore Léonard Anquetil, le seul invité qui détone, le seul vraiment intéressant, explorateur d'origine roturière invité par snobisme et venu par curiosité. Sébastien et Viola sont les seuls à retenir son attention - le frère et la soeur ne méritent-ils pas mieux que ce ce monde qui les condamne à une implacable répétition de choses surannées, qui étouffera bientôt le meilleur en eux s'ils n'apprennent pas à conquérir leur propre vie ?

Beaucoup de choses, dans ce petit roman. La mise en scène d'un monde en train de basculer, partagé entre prise de conscience et aveuglement, entre désir de changement et attachement au passé. Un portrait sans complaisance de la haute société édouardienne, engoncée dans sa propre importance sans comprendre qu'elle est déjà révolue, sans grandeur véritable et sans autre but que l'éternelle remise en scène d'une vieille pièce éculée. L'apprentissage - par les femmes, par l'amour, par l'amitié - d'un jeune homme déchiré entre des tentations contraires, pris aux pièges séduisants de son propre monde sans cesser de rêver d'absolu. le dernier amour d'une beauté bientôt vieillissante, qui découvre trop tard les vertiges de la passion.
Beaucoup de choses... et assez peu de pages, ce qui est un brin frustrant. Il faut reconnaitre à l'auteur un talent particuler pour poser l'essentiel en peu de lignes - un décor, une atmosphère, des idées, des désirs, des tensions, des personnages surtout, une mer de fantoches désolants dont émergent quelques caractères intéressants, attachants, accrocheurs, dont l'évolution et les rapports deviennent vite assez passionnants.
Dommage, tout de même, que tout cela n'ait pas été plus amplement développé - il y a beaucoup de choses, de personnages, que j'aurais aimé mieux découvrir, approfondir, qui auraient mérité une approche un peu moins superficielle - à commencer par Viola, qui est merveilleuse et que l'on voit beaucoup trop peu à mon goût !

Quoi qu'il en soit, je suis ravie d'avoir enfin découvert cet auteur qui m'intriguait depuis longtemps, et à qui je reviendrai certainement avec plaisir.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Viola regarda ce visage enfantin et troublé. Elle aurait voulu dire à Margaret : « Très bien, si vous voulez la vérité, la voilà. La société dans laquelle vous vivez est faite de gens à la fois dissolus et prudents. Ils veulent s’amuser sans renoncer à leur situation. Ils ont un certain vernis, mais au fond, ils ne comprennent que ceci : qu’ils ont besoin d’argent, qu’ils doivent se montrer dans certains endroits, avec certaines gens. Bien qu’ils tendent à n’être que des fantoches, il y a encore chez eux un coin d’humanité et ils s’accordent quelques histoires d’amour artificielles ou, parfois, trop vraies. Quoi qu’il arrive, il faut d’abord penser à ce que dira le monde, et cette hypocrisie fait des êtres vils et médiocres. De plus ils sont envieux, malveillants et vénaux, froids et arrogants. Quant à nous, leurs enfants, ils nous laissent dans une ignorance complète de la vie, nous inculquant seulement les idées auxquelles nous devons nous soumettre, et ils nous traitent avec une sauvage cruauté si nous manquons de nous y conformer. »
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Ce qui était inquiétant chez Sébastien, c’est qu’il n’avait jamais d’idées définitives sur aucun sujet. En un mot, il n’avait pas d’opinions, mais des humeurs, dont l’intensité dévastatrice n’égalait que la brièveté.
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Au cours d'une inoubliable soirée à Chevron, elle avait annoncé qu'elle avait loué un appartement à Londres.
- Vous m'avez empêchée d'aller à Cambridge, mais vous ne pouvez pas m'empêcher de faire cela. Je suis majeure.
Cette phrase avait percé l'âme de Lucie comme un poignard. Elle n'avait jamais entendu parler de la majorité d'une jeune fille, mais seulement de celle des jeunes gens, à propos de fêtes, de feux d'artifice, de bals populaires, de plateaux d'argent offerts avec une double colonne de noms gravés. Dans ce cas-là c'était légitime; sur les lèvres d'une jeune fille, c'était inconvenant.
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À propos des mariages : on savait malheureusement que toutes les jeunes filles ne pouvaient faire de brillants mariages et que certaines devaient se contenter de gentlemen fort honorables dont l’Angleterre est pourvue en quantité très satisfaisante. Les soeurs de Lord Roehampton s’étant rendu compte, vingt ans plus tôt, que les couronnes et les plus haut titres ne leur étaient pas destinés, avaient suivi l’exemple de beaucoup d’autres soeurs bien nées, mais trop nombreuses, et, l’une après l’autre, avaient accordé leur main à des gentlemen terriens qui n’étaient pas fâchés d’épouser une fille titrée, et qui, en retour, les faisaient maîtresses d’un agréable château construit sous le roi George, et d’une maison à Londres avec, si possible, un porche dorique
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Tout amour est une faiblesse, si nous en venons là, puisqu'il détruit en partie notre indépendance.
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Videos de Vita Sackville-West (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vita Sackville-West
Je te dois tout le bonheur de ma vie: Virginia & Leonard de Carole D'Yvoire aux éditions Livre de Poche
« Bloomsbury m?enchante, il est la vie même. » Dans un récit inédit, vivant et abondamment illustré, Carole d?Yvoire raconte les premières années et la rencontre de deux êtres fascinants : Virginia Stephen et Leonard Woolf, dont l?union sera symbolisée en 1917 par la naissance de la maison d?édition Hogarth Press. Sont ainsi célébrés dans ce texte émouvant une période activité artistique foisonnante et ceux qui, face au tragique, choisissent l?affirmation de la vie, d?une « vie intense et triomphante ». Inclus : des extraits de lettres, une nouvelle de Virginia Woolf et une nouvelle inédite de Leonard Woolf.
https://www.lagriffenoire.com/98459-divers-litterature-je-te-dois-tout-le-bonheur-de-ma-vie.html

Virginia et Vita de Christine Orban aux éditions Livre de Poche
1927. Virginia Woolf vient de publier La Promenade au phare. Elle vit une passion tourmentée avec Vita Sackville-West dont le célèbre château paternel de Knole se situe tout près de Monk's House, la modeste demeure de Virginia et de son époux, l'éditeur Léonard Woolf. La fascination qu?elle ressent pour Vita, l'abîme entre sa vie bohème et le faste de l'excentrique aristocrate vont donner naissance à l?une de ses ?uvres maîtresses, Orlando. Dans Virginia et Vita, où tout est dit de la passion et de la jalousie, Virginia Woolf est à son tour transformée en personnage de roman. Christine Orban évoque avec subtilité la complicité de deux femmes exceptionnelles, puissantes et fragiles qui conjuguent à leur manière amour et création littéraire.
https://www.lagriffenoire.com/6842-divers-litterature-virginia-et-vita.html
Vous pouvez commander Je te dois tout le bonheur de ma vie: Virginia & Leonard et Virginia et Vita sur le site de la librairie en ligne www.lagriffenoire.com
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