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EAN : 9782706809811
287 pages
Maisonneuve et Larose (06/10/1995)
5/5   2 notes
Résumé :
Pensée et civilisation
Esthétique et symbolisme dans l'art et la nature
Contours de l'esprit
Vedânta
Connaissance et amour
Des vertus spirituelles
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
La charité, c’est d’abord la faculté de préférer Dieu au monde, et ensuite la faculté de se mettre à la place d’autrui. Quand saint Louis enjoint à ses amis de planter leur épée dans le corps de quiconque tiendrait en leur présence un propos impie, il n’oublie nullement qu’il faut aimer le prochain comme soi-même ; il voudrait lui-même être transpercé d’une épée s’il prononçait un blasphème ; il aime son prochain comme il s’aime lui-même, ni plus ni moins ; et comme la société, elle aussi, est son prochain, — et même a fortiori, — la charité le pousse à vouloir la débarrasser d’un virus malfaisant. Il est des alternatives auxquelles aucune vertu n’échappe(1). L’amour du prochain peut sacrifier l’individu à la collectivité ; il ne doit jamais sacrifier la collectivité qualitative à l’individu comme tel, pas plus qu’il ne doit sacrifier la personne humaine qualitative à la collectivité quantitative et brute.

Pour la mère qui aime son enfant plus qu’elle-même, — de par la nature, non surnaturellement, sans quoi elle n’aurait aucune raison de préférer son enfant à ceux des autres, — l’enfant est un prolongement du « moi » ; il n’est que partiellement le « prochain » ; c’est la nature qui aime à travers la mère, comme elle aime à travers les amants ou les époux. Cet amour est l’égoïsme de la nature ; mais l’amour du prochain est l’« égoïsme » de Dieu, si l’on peut dire.

Sans la charité, il est impossible de voir la vérité totale, ni même la complexité des vérités partielles.

(1) « Car il ne peut se faire que celui qui aime Dieu ne s’aime pas soi-même. Bien plus, celui-là seul sait s’aimer qui aime Dieu. Certainement, celui-là s’aime assez qui agit avec le souci de faire du bien souverain et vrai, » (Saint Augustin, Des Mœurs de l’Église.) — Origène fait remarquer que, d’après l’Évangile, c’est Dieu seul qu’il faut aimer « de tout notre cœur » ; et comme il ne faut pas nous aimer nous-mêmes de tout notre cœur, puisque nous ne sommes pas Dieu, il ne faut pas non plus aimer notre prochain de la manière qui convient à Dieu seul. Quant à l’ennemi, ajoute Origène, il faut l’aimer en s’abstenant de le haïr. — Selon Richard de Saint-Victor, Dieu seul doit être aimé sans mesure ; le prochain doit être aimé avec mesure, comme on doit s’aimer soi-même ; et l’ennemi ne doit pas être haï. (pp. 213-214)
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Ce que Dieu exige avant tout de l’homme, c’est la foi : l’attachement, avec le fond de notre être, à la Vérité qui nous transcende; or, celle-ci est invisible à la nature humaine comme telle.

Si la foi est l’adhésion de tout notre être à la Vérité, les épreuves de la vie auront cette fonction divine et spirituelle de déceler la qualité de notre foi, et aussi d’augmenter la foi en la purifiant; la souffrance, l’ « épreuve », devient ainsi le critère de notre attachement réel à l’immuable Vérité divine, c’est-à-dire du caractère intégral et foncier de notre adhésion. L’épreuve est, sous le rapport de cette fonction, essentiellement « envoyée par Dieu »; en d’autres termes, elle est envisagée sous l’angle de sa cause divine en connexion avec notre faiblesse spirituelle(1).

C’est le feu qui « éprouve » la qualité réelle des métaux; le feu, par sa pureté incorruptible, fait ici fonction de critère divin.

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La grande exigence de l’Islam, c’est : croire en Dieu, qui est Un. La question que pose le Soufisme est celle-ci : « Qu’est-ce que croire en Dieu? » Croire, c’est prouver qu’on croit; le prouver à Dieu, en qui l’on croit; se le prouver à soi-même, donc à celui qui croit(2). Et on le prouve par la participation de tout l’être à la conviction de l’esprit, — « comme si tu le voyais; et si tu ne le vois pas, Lui pourtant te voit ».

(1) La Bible (notamment le Livre de Job), le Koran et d’autres Ecritures révélées mettent en évidence cette liaison entre l’« épreuve » et la « foi » : « Les hommes comptent-ils — dit le Koran — qu’ils seront laissés tranquilles s’ils disent : Nous croyons? Et qu’ils ne seront pas mis à l’épreuve? » (Sourate de l’Araignée, 2.) — « Et Nous (Dieu) vous éprouverons par la frayeur, par la faim, par la perte des biens, des vies, des récoltes... » (Sourate de la Génisse, 155.) — « Nous alternerons de telles journées (malheureuses) parmi les hommes, afin que Dieu sache quels sont ceux qui croient... » (Sourate de la famille d’Imrân, 140-141.)

(2) « La foi (imân) est une confession par la langue, une vérification par le cœur et un acte par les membres » (hadîth). — « Celui-là a le plus de perfection dans la foi, qui a le plus de beauté dans le caractère » (hadîth), ou, selon une autre parole, « celui qui craint Dieu le plus ».
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Les animaux qui reflètent la qualité de bonté en sanscrit (sattwa) sont statiques et pacifiques : le taureau des Indes, avec son dos accidenté et ses cornes en demi-cercle, évoque des cimes neigeuses sur lesquelles se lève le disque solaire; la beauté de ses yeux ajoute à cette image une sorte de douceur contemplative. Le mouton, la colombe, le cygne, sont autant d’animaux quasiment paradisiaques, par leur caractère d’innocence et de paix; la couleur blanche ajoute une qualité de pureté céleste.

Le bison et le chameau incarnent la montagne, mais plutôt l’aspect « terre » de celle-ci : le bison l’aspect massif, terrible, hostile, et le chameau l’aspect patient, contemplatif, sacerdotal. L’ours, lui aussi, manifeste un aspect de la « terre », dans ce qu’elle a de lourd et de sournois.

Les animaux à symbolisme dynamique (rajas) incarnent un aspect céleste terrible, mais aussi, sur un plan inférieur, un aspect passionnel : le tigre, c’est le feu cosmique dans toute sa rage et sa splendeur; comme le feu, il est terrible et pur. Le lion est solaire : l’aspect passionnel se trouve neutralisé ici par une sorte de sérénité royale; comme l’aigle qui manifeste dans son ordre le principe de la foudre, la révélation, le lion exprime à sa manière la force de l’esprit.

Les espèces animales les plus inférieures, celles qui nous répugnent, manifestent le plus directement la qualité d’ignorance (tamas); elles nous sont désagréables parce qu’elles sont de la « matière vivante » ou a consciente », alors que la loi de la matière est précisément l’inconscience. Les singes nous choquent pour la raison inverse, c’est-à-dire parce qu’ils sont comme des hommes dépourvus de la conscience centrale qui caractérise le genre humain; ils sont, non de la « matière consciente », mais de la conscience décentralisée, dissipée. D’autre part, il est des animaux supérieurs à forme « spirituelle » inférieure, et inversement : l’homme n’aime ni les porcs ni les hyènes, mais il n’éprouve aucune antipathie pour des insectes tels que les abeilles, les papillons ou les coccinelles. (pp. 61-62)
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Les désagréments ou les malheurs qui arrivent à l’homme ont toujours trois causes : l’homme lui-même, le monde, Dieu. On peut prendre en considération l’une ou l’autre de ces causes, suivant le point de vue auquel on se place, mais on ne peut en nier aucune.

L’homme est l’auteur de son infortune en tant qu’elle est ressentie comme une souffrance ; le monde en est l’auteur en tant qu’elle veut retenir l’homme dans l’illusion cosmique ; et Dieu en est l’Auteur en tant qu’elle arrive à l’homme comme une sanction, mais aussi comme une purification, donc comme une épreuve.

La même chose est vraie, mutatis mutandis, en ce qui concerne les événements heureux : on ne peut jamais dire qu’ils ne viennent pas de Dieu, ni qu’ils ne proviennent pas de l’ambiance cosmique ni qu’ils ne résultent pas de notre propre nature. Ces événements sont eux aussi des épreuves, par leur caractère de tentation(1) ; la vertu correspondante sera le renoncement ou détachement (zuhd). Le « voyageur » (sâlik) spirituel doit être, non seulement « patient » (çâbir), mais aussi « détaché » (zâhid).
                                                       
(1) « ... Et Nous vous éprouverons par le mal et le bien pour vous tenter, et vous retournerez à Nous. » (Sourate des Prophètes, 25.) (p. 174)
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Penser à Dieu. Dans le mental, la présence divine est comme de la neige ; dans le cœur — en tant qu’essence existentielle — elle est comme du feu. Fraîcheur, pureté, paix ; chaleur, amour, béatitude. Le lis et la rose.

La présence divine pénètre l’âme — l’égo existentiel, non la pensée en soi — comme une douce chaleur; ou elle transperce le cœur — en tant que centre intellectif — comme une flèche de lumière.

La prière — au sens le plus large — triomphe des quatre accidents de notre existence : le monde, la vie, le corps, l’âme ; nous pourrions dire aussi : l’espace, le temps, la matière, le désir. Elle se situe dans l’existence comme un abri, comme un îlot. En elle seule, nous sommes parfaitement nous-mêmes, parce qu’elle nous met en présence de Dieu. Elle est comme un diamant que rien ne peut ternir et auquel rien ne résiste.

L’homme prie, et la prière façonne l’homme. Le saint est devenu lui-même prière, lieu de rencontre entre la terre et le Ciel ; il contient par là l’univers, et l’univers prie avec lui. Il est partout, où la nature prie, il prie avec elle et en elle : dans les cimes qui touchent le vide et l’éternité, dans une fleur qui s’éparpille, ou dans le chant perdu d’un oiseau.

Qui vit dans la prière, n’a pas vécu en vain. (pp. 286-287)
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