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Claude Ambroise (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070725922
1040 pages
Gallimard (24/03/1992)
4.06/5   8 notes
Résumé :
Sciascia nous conte l'histoire de la petite bourgade dont il était l'instituteur dans les années cinquante. A sa manière concise, pleine d'humour, d'érudition ironique, de verve, il dit la vie de tous les jours en Sicile. Et nous voyons s'aggraver, de page en page, l'inextricable réseau de contradictions dans lequel se débat -sous la férule de ses deux grands exploiteurs, l'Eglise et la Mafia - le petit peuple des braccianti, ceux qui n'ont que la force de leurs bra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un instituteur de village dans une campagne reculée s'applique à enseigner 3 heures par jour à des élèves misérables, tenaillés par la faim et grelottant de froid. A dix ans, ces gosses sales et ignares travaillent déjà : ils font des ménages chez les familles bourgeoises, leurs portent les cruches d'eau. La nécessité des parents retombent sur leurs épaules et leur apprend plus sûrement à mentir, voler, et ruser que la pédagogie du maître ne leur enseigne le sens de l'étude, ou même les bases de l'écriture et du calcul. Les pères sont embauchés dans les mines de sel dans la région d'Agrigente, au Sud de la Sicile. Leur salaire est ridicule, les conditions d'habitation insalubres, etc. le constant de la pauvreté et des impasses sociales est accablant, réaliste, insoluble. Fatalité inhumaine. Tragédie de l'infortune.
Lorsque l'auteur passe à description des moeurs politiques, le lecteur rit jaune devant le spectacle grotesque et absurde de ceux qui font et défont la loi, sans jamais rien réaliser : Leonardo Sciascia ne manque d'ailleurs aucune occasion de faire un trait d'esprit, cinglant et ironique, pour montrer la mascarade des élections, le jeu de marionnettes de ceux qui affichent des convictions. La cruauté et la bêtise des élus semblent égaler celles des électeurs. le peuple n'est pas observé avec des lunettes roses non plus. La vie de la cité se résume en une navrante comédie. le rôle civilisateur de l'état se heurte à une indéfinissable irrésolution locale, celle, ancestrale, qui combine corruption et injustice.
Ce récit de Leonardo Sciascia intitulé « Les paroisses de Regalpetra », même s'il ressemble à celui des romans de Zola, témoigne d'un univers pas si lointain, celui des années 1950-1960 en Italie du Sud. Il est vrai que le citoyen européen, désormais apaisé, choyé et nourri, a oublié que le sous-développement régna dans ses contrées jusqu'à une date récente.
Question : à l'aune de notre contexte, évoquer l'éthique de « corporate gouvernance» aurait-il fait sourire Sciascia qui vécut comme instituteur dans un village perdu de Sicile après la deuxième guerre mondiale ?
En gommant un passé proche, l'amnésie ampute l'esprit des moyens de poser un juste diagnostic sur les situations. Comment débattre des problèmes, voire les résoudre, sans référence à l'expérience ? L'amnésie induite par le présent perpétuel, notamment celle de notre société médiatique, est une forme d'aliénation. La pratique du souvenir et de la mémoire propose comme une sagesse pour y échapper.

© Patricia JARNIER- Tous droits réservés- 13 janvier 2013
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Un instituteur de village dans une campagne reculée s'applique à enseigner 3 heures par jour à des élèves misérables, tenaillés par la faim et grelottant de froid. A dix ans, ces gosses sales et ignares travaillent déjà : ils font des ménages chez les familles bourgeoises, leurs portent les cruches d'eau. La nécessité des parents retombent sur leurs épaules et leur apprend plus sûrement à mentir, voler, et ruser que la pédagogie du maître ne leur enseigne le sens de l'étude, ou même les bases de l'écriture et du calcul. Les pères sont embauchés dans les mines de sel dans la région d'Agrigente, au Sud de la Sicile. Leur salaire est ridicule, les conditions d'habitation insalubres, etc. le constant de la pauvreté et des impasses sociales est accablant, réaliste, insoluble. Fatalité inhumaine. Tragédie de l'infortune.
Lorsque l'auteur passe à description des moeurs politiques, le lecteur rit jaune devant le spectacle grotesque et absurde de ceux qui font et défont la loi, sans jamais rien réaliser : Leonardo Sciascia ne manque d'ailleurs aucune occasion de faire un trait d'esprit, cinglant et ironique, pour montrer la mascarade des élections, le jeu de marionnettes de ceux qui affichent des convictions. La cruauté et la bêtise des élus semblent égaler celles des électeurs. le peuple n'est pas observé avec des lunettes roses non plus. La vie de la cité se résume en une navrante comédie. le rôle civilisateur de l'état se heurte à une indéfinissable irrésolution locale, celle, ancestrale, qui combine corruption et injustice.
Ce récit de Leonardo Sciascia intitulé « Les paroisses de Regalpetra », même s'il ressemble à celui des romans de Zola, témoigne d'un univers pas si lointain, celui des années 1950-1960 en Italie du Sud. Il est vrai que le citoyen européen, désormais apaisé, choyé et nourri, a oublié que le sous-développement régna dans ses contrées jusqu'à une date récente.
Question : à l'aune de notre contexte, évoquer l'éthique de « corporate gouvernance» aurait-il fait sourire Sciascia qui vécut comme instituteur dans un village perdu de Sicile après la deuxième guerre mondiale ?
En gommant un passé proche, l'amnésie ampute l'esprit des moyens de poser un juste diagnostic sur les situations. Comment débattre des problèmes, voire les résoudre, sans référence à l'expérience ? L'amnésie induite par le présent perpétuel, notamment celle de notre société médiatique, est une forme d'aliénation. La pratique du souvenir et de la mémoire propose comme une sagesse pour y échapper.

© Patricia JARNIER- Tous droits réservés- 13 janvier 2013
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Sciascia était instituteur à Regalpetra dans les environs d'Agrigente il nous livre ses souvenirs sur ce qu'il a vécu ainsi que ses commentaires pour la plupart désabusés sur la vie sicilienne.
Une véritable analyse sociologique très pointue de son village, village ubuesque où la vie est la comédie navrante de la bêtise des hommes que ce soit au niveau national ou local l'un découlant de l'autre.

Une école où l'on va, non apprendre, mais pour manger enfin si on a la chance de faire partie des élèves sélectionnés et attendre l'heure de la sortie pour aller gagner quelques lires en rendant « service »
Une pauvreté endémique qui touche tout le monde mis à part les propriétaires de salines et mines de souffres ceux qui ont flairé la bonne affaire, empiètent sur les terrains des autres et font la sieste pour digérer leur richesse. Les autres, même les plus riches sont des « moins pauvres améliorés », les « bras » les « braccianti» crèvent de faim, de froid et des maladies usantes du travail.
Une corruption à tous les niveaux et une démission généralisée des politiques qui parlent beaucoup mais oublient de faire le minimum nécessaire.
Les deux grandes institutions qui gèrent et exploitent la population l'église et la mafia.
L'église omniprésente et puissante, des fêtes religieuses, rares distractions des lieux, qui parfois dégénèrent en bagarre avec des curé Don Camilloresques.
La mafia, l' honorable société, toujours aux avant-postes que ce soit dans la vie courante ou administrative
Et les partis politiques qui usent, sans vergogne, des mêmes procédés.
Une violence de tous les instants à la maison, dans la mine, dans les rues et dans les urnes.
Une chronique de la vie quotidienne et misérable des siciliens
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
[...] les Lascuda demeurèrent dans l'imagination, plutôt que dans le souvenir des habitants de Regalpetra; peut-être parce qu'ils avaient une allure imposante et qu'ils parlaient cordialement. L'un d'entre eux fonda une Caisse d'Epargne, les bourgeois lui confièrent les gros billets qu'ils gardaient cachés derrière une brique. Don Giuliano Lascuda disparut avec tout l'argent, on le rattrapa à Milan; mais, à son procès, tous les habitants dirent qu'ils ne lui en voulaient pas, ils mettaient une croix dessus, ils étaient même plutôt contents. Et c'était vrai : quand Don Giuliano fut remis en liberté, tout le monde s'en alla l'attendre à la gare, avec la fanfare; dans la famille des Lascuda, on le considérait comme un enfant plein de fantaisies et de caprices, et c'est comme cela aussi que le peuple le considérait ; mais les siens ne payèrent pas un sou pour lui éviter d'aller en prison, et les gens du pays au contraire lui firent don de leurs économies. Aussi, Don Giuliano commençait ses discours électoraux en disant : "peuple de cocus", mais il voulait dire que le peuple avait supporté patiemment les Martinez et le peuple applaudissait avec conviction. C'est de cela, peut-être, que se souvint récemment un habitant de Regalpetra, candidat aux élections législatives sur la liste des fascistes ; il commença par : "peuple de châtrés", et recueillit une large approbation.
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Vidéo de Leonardo Sciascia
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