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Le seigneur des Ténèbres tome 0 sur 3
EAN : 9782253083351
1056 pages
Le Livre de Poche (15/11/2017)
4.21/5   45 notes
Résumé :
Quand Andrew Battell s’embarque sur un navire corsaire en 1589 et quitte l'Angleterre élisabéthaine en quête de gloire et de fortune, il ne peut deviner qu'il restera vingt ans prisonniers des « sombres terres d'Afrique ». Capturé par les Portugais sur les côtes du Brésil, expédié en Angola, il va subir les pires coups du sort, mais aussi connaître les plus grandes joies. Amour, guerre, évasions, magie, dangers et trahisons en tout genre… son destin ressemblerait ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Gros coup de coeur pour ce livre qui vient se placer en première place de mon top Silverberg.

Ne vous fiez pas aux étiquettes « science-fiction » et « fantastique » car il s'agit bel et bien d'un roman historique qui a pour cadre l'Afrique (Angola essentiellement) de la fin 16ème, début 17ème siècle.

Andrew Battell y raconte son histoire à la première personne. Ce nom ne m'est pas du tout inconnu car je l'ai déjà croisé dans mes lectures sur le gorille. Celui-ci a été officiellement découvert en 1847. Selon toute vraisemblance, Andrew Battell a été le premier à y faire référence plus de 200 ans plus tôt mais en le nommant « pongo ».

Andrew Battell est Anglais et depuis son jeune âge ne rêve que de prendre la mer comme l'ont fait ses frères et son père. Après la mort de sa femme, il tombe amoureux de la jeune Anne Katherine et décide de partir à son tour pour faire fortune et revenir l'épouser. En 1589, il embarque à bord d'une pinasse direction le Rio de la Plata (estuaire entre l'Argentine et l'Uruguay). Mais abandonné sur place avec d'autres camarades par le capitaine Cocke il va tomber aux mains des Portugais et ainsi débutent 20 années sous leur joug.

Le livre, qui fait plus de 1000 pages est découpé en 5 parties qui correspondent aux grandes étapes de sa vie : Navigateur – Pilote – Guerrier – Jaqqa – Ulysse.

Je ne vais pas en faire un résumé mais je l'ai littéralement dévoré (lu en 6 jours). J'ai adoré le Battell de Silverberg qui était franchement bien brossé comme tous les autres personnages d'ailleurs. Les Portugais n'inspirent pas la sympathie, que du contraire. L'esclavagisme existait déjà avant leur arrivée mais avec eux elle a pris une toute autre dimension. Quel business immonde !

Nous avons donc au menu : de l'Histoire, de l'aventure, du désespoir, mais aussi de l'espoir et de l'amour, des trahisons, de l'humour (Battell a un grand sens de l'autodérision), du cannibalisme, des meurtres, … La liste est très longue, tellement le roman est riche et dense. Il y a aussi pas de mal de passages érotiques qui m'ont la plupart du temps bien fait (sou)rire. Sacré Robert ! ^_^

Andrew Battell alias Piloto, alias Andoubatil, alias Kimana Kaïir s'en va directement rejoindre ma liste de personnages inoubliables.

Un roman historique excellent que je recommande à tous les amateurs du genre.

Pour les amateurs de Robert Silverberg, il nous offre ici un tout autre style. Cela vaut vraiment la peine de rendre hommage à ce livre qui n'a pas eu le succès qu'il mérite de l'autre côté de l'Atlantique.




Challenge pavés 2018
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Lorsque j'étais tombée sur ce pavé il y a maintenant quelques années j'étais immédiatement tombée en pamoison. D'abord, il y avait le nom de Silverberg, un auteur que j'affectionne particulièrement tant il a un talent de conteur extraordinaire. Ensuite, il y avait cette sublime couverture dans les teintes sépia qui promettait un récit d'aventure exotique et échevelé. Je n'ai pas été déçue, « le seigneur des ténèbres » est un formidable récit d'aventure, épique et palpitant, riche en péripéties et en sensations qui prouve une nouvelle fois le talent de conteur de l'auteur.

Pour son roman, Silverberg prend pour personnage principal une figure historique ayant réellement existé, le corsaire et explorateur anglais Andrew Battel dont il avait découvert l'existence dans un récit jeunesse de Walter de la Mare. Par la suite, Silverberg s'est intéressé aux mémoires de Battel mais ce texte très court laissait beaucoup de blancs dans l'histoire de l'aventurier. Silverberg a eu envie de combler ces trous en imaginant la vie de Battel. Il s'est également lancé comme défi d'écrire ce texte à la façon de l'époque.

« le seigneur des ténèbres » est un formidable récit d'aventure. Malgré la taille du bouquin, pas loin de 700 pages, on ne s'ennuie pas une seconde. Les péripéties s'enchaînent à un rythme endiablé. « le seigneur des ténèbres' » c'est un peu un idéal de roman d'aventure. Tout y est, les périples maritimes, les combats, les sauvages cannibales, l'amour… le roman est tout simplement addictif.

Au-delà du formidable et trépidant roman d'aventure, « le seigneur des ténèbres » est aussi un excellent récit d'atmosphère. Certains aspects m'ont beaucoup fait penser au « coeur des ténèbres », le chef-d'oeuvre de Conrad. Ce n'est guère étonnant puisque Silverberg voue une grande admiration à ce roman et lui avait déjà rendu hommage en composant une variation SF de ce récit avec « Les profondeurs de la terre ». Ici, ce sont surtout les descriptions de la jungle africaine qui m'ont fait penser au roman de Conrad. Comme son illustre modèle, Silverberg excelle dans la peinture de la luxuriance de la forêt vierge et parvient à en faire une lecture très sensorielle, on ressent bien la touffeur, l'hostilité de ces lieux d'une mortelle beauté. La ressemblance avec « le coeur des ténèbres » ne se limite pas à cette ambiance oppressante, le récit en lui-même partage certains éléments : Kurtz prend ici les atours d'un fascinant et terrible chef guerrier en la personne de Calendola et le périple de Battel a la même allure de voyage spirituel que le périple de Marlowe dans le Conrad.

Le défi stylistique que s'est lancé Silverberg semble lui aussi réussi. Je ne peux me fier qu'à la traduction, très agréable à lire et très belle, mais il semble que la tentative de composer un récit élisabéthain soit réussie. Toutefois, j'émettrais juste un petit doute, les scènes de sexe me paraissent bien explicites pour l'époque, je ne suis pas certaine qu'on écrivait ce genre de scènes de façon aussi crue mais je peux me tromper et ces scènes étaient par ailleurs plutôt réussies aussi dans leur genre.

« le seigneur des ténèbres » est à la fois un formidable roman historique, un excellent roman d'aventure et un très bel hommage à Joseph Conrad. J'ai passé un merveilleux moment. Ce n'est pas pour rien que Silverberg fait partie de mes auteurs préférés.
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Dans ce roman de plus de 1000 pages, Silverberg donne la parole à Andrew Battell pour nous raconter son aventure qui le mena en Afrique durant deux décennies.

Andrew Battell vient d'une famille de marin anglais de l'Essex. Il embarque en 1589 sur un navire corsaire afin de s'enrichir rapidement et pouvoir épouser sa belle à son retour, fonder son foyer. Il n'imagine pas alors qu'il ne remettra les pieds que 20 ans plus tard sur le sol anglais.
En effet, fait prisonnier par les portugais sur les côtes du Brésil, il va être expédié en Angola où il sera tantôt prisonnier, tantôt au service des portugais. Il vivra même plusieurs mois en compagnie de la tribu Jaqqas, réputée pour ses coutumes cannibales et sa férocité guerrière.

S'appuyant sur des récits historiques de ce personnage, R. Silverberg a magnifiquement développé le périple de l'ami Battell et brodé son histoire pour en faire un roman de grande aventure, y mêlant guerres, amour et trahisons (et pas qu'un peu !). On peut dire que notre anglais n'est pas épargné par les épreuves, même s'il s'en relève à chaque fois.

Silverberg est doué pour nous immerger au coeur du récit, il sait rendre vivant son héros qui nous livre toutes ses pensées. Il m'avait bluffée avec son Gilgamesh, roi d'Ourouk (un vrai coup de coeur cette lecture). Je l'ai été un peu moins cependant cette fois-ci, peut-être la longueur du récit qui m'a un peu lassée (d'où l'étoile en moins). Il n'empêche que l'ensemble est saisissant, je ne suis pas prête d'oublier cette aventure africaine en compagnie de Battell.

A noter aussi le prologue très intéressant où Silverberg raconte ce qui l'a amené à écrire ce roman sur ce personnage qui a réellement existé.
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Si Silverberg, comme auteur américain est connu comme auteur de SF, ce roman fictionnel sur base historique, est inspiré d'une lecture de jeunesse qui a déclenché sur son esprit curieux l'envie d'approfondir le sujet. Ainsi il découvrit un vieux livre : " Les étranges aventures d'Andrew Battell, de Leigh, en Angola et dans les régions voisines" situé à l'époque élisabéthaine. Une époque d'or pour l'Angleterre, , surtout d'un point de vue culturel et artistique (Shakespeare, Marlowe), les conflits entre catholiques et protestants ne sont pas encore présents. L'Angleterre est une grande puissance maritime, elle est en guerre seulement avec l'Espagne. Notre protagoniste nous relate à sa façon ce monde qu'il a quitté pour s'enrichir sur les côtes brésiliennes. Mais Andrew Battell, capturé par les portugais va devoir expier pendant une bonne moitié de sa vie, sa témérité. Son destin est scellé à ce continent africain qui va l'asservir, jusqu'au profond de son âme. Nous le suivons pas à pas lorsqu'il tombera dans les mains avides des portugais qui l'utilisent comme pilote pour dominer ce territoire plein de richesse à s'approprier sans états d'âme. L'esclavage est le commerce plus fructueux de ces contrées. Il est également adroitement manipulé par une femme, et si l'amour, la bonté et presque la naiveté du personnage nous émeut, de ses expériences néfastes il en tire une grande force qui nous surprend. L'immersion totale au coeur des ténèbres advient quand il doit survivre au milieu d'une tribu de cannibales qui n'ont d'autres visions que la destruction. Mais c'est en vivant à leur côté, que sous la superficie se cache une profondeur ténébreuse que le protagoniste devra combattre pour se retrouver lui-même.
Un livre qui nous plonge dans un univers totalement étouffant comme la nature sauvage de ces contrées en ces temps là, et doucement page après page on sort de l'enfer avec une expérience du passé qui semble si présente lors de la lecture. Chapeau! Sans oublier le style archaïque du livre avec un esprit totalement élisabéthain. le tournures de phrase sont élégantes et recherchées, c'est un plaisir à lire, en fin du moins pour moi.
Courage, ce roman fait 1054 pages, de découvertes, de frissons, et de plaisir!
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Un éblouissement.
Voyage au coeur de l'Afrique, voyage au coeur de l'humain, voyage au coeur des ténèbres.
Esclave, prisonnier, marin, soldat, guerrier révéré d'une tribu de cannibales, Andrew Battell aura connu des sorts divers et difficiles dans ses vingt années en Afrique. Ce qui fait sa force, c'est certes sa facilité d'adaptation mais aussi et surtout sa capacité à voir l'humain dans tous les êtres qu'il côtoie, y compris les cannibales. Et c'est aussi pourquoi il peut se "perdre" dans l'expérience comme ça lui arrive chez les Jaqqas.
C'est conté sous forme de mémoires d'un homme du XVIe siècle, dans une langue recréée par Silverberg, qui nous rend ainsi accessible ce que peut ressentir et penser un homme de cette époque. Que ce soit le rythme de l'intrigue ou la forme, tout est maîtrisé. Chapeau bas
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Au bout du compte, j'avais eu raison d'écrire ce livre qui, je crois, reste unique dans mon œuvre sur le plan de l'envergure ; et Don Fine avait eu raison d'exprimer des doutes quant à sa publication, car ce fut un échec commercial. Les libraires, reconnaissant dans le nom de son auteur celui d'un écrivain de science-fiction, placèrent le livre dans le rayon science-fiction ; et les lecteurs de science-fiction qui le prenaient pour feuilleter, voyant qu'il n'y était question ni de vaisseaux spatiaux, ni de machines à voyager dans le temps, ni de planètes étrangères, le reposaient sur son étagère. Quant aux lecteurs de romans historiques, il ne songèrent pas un instant à aller le chercher parmi les ouvrages de science-fiction et ne parvinrent donc pas à le dénicher. Ainsi disparut-il rapidement de la circulation dans mon propre pays, même si ailleurs, en traduction, il devait trouver de fervents lecteurs et connaître une carrière honorable.

(Extrait de l'avant-propos)
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Il est de tels hommes - enflés ainsi que des vessies de porc, gonflés d'orgueil à l'idée de leur naissance ou de leur mérite - qui se révèlent fort dangereux car ils sont faibles et dissimulent cette faiblesse derrière des actes pouvant passer hardis aux yeux d'autres hommes. Celui qui est véritablement fort peut hausser les épaules, s'esclaffer et dédaigner les querelles qui ne sont point de son honneur. Mais les faibles qui feignent la force n'ont point cette sagesse et assènent en la nuit le coup du traître.
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Tuer ainsi était pour moi chose nouvelle, du moins à si courte distance que je voyais la figure de ma victime et que je respirais sa sueur alors que je la défaisais. Il est vrai que lorsque je naviguais sur le "Margaret and John" durant la campagne contre l'Armada espagnole, je pris part à certains combats qui n'étaient point jeux d'enfants, mais où l'on tuait en effet à foison. En ce temps, je chargeais de lourds boulets dans la gueule des canons puis reculais immédiatement et contemplais les boulets fracasser les flancs des vaisseaux espagnols qui s'enflammaient aussitôt et se brisaient : cela est sans nul doute expérience de soldat. Nombre d'Espagnols périrent très certainement alors, et j'avais bien aidé à les envoyer en Enfer. Mais il est une différence — et une différence considérable ! — entre travailler parmi les canonniers d'un vaisseau pour tirer des boulets sus un ennemi sans visage à plusieurs centaines de brasses de vous, et frapper de votre propre main un homme seul qui se tient juste devant vous. La première manière reste un acte détaché tandis que la seconde est tuerie plus intime. Ainsi je reçus en quelque sorte en ce jour mon baptême du meurtre.
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Puisque je n'avais rien d'autre à faire que de regarder autour de moi, j'observais attentivement et tâchais de retenir ce que je voyais. Et je m'émerveillais de ce que chaque nation d'Afrique possédât telle foison de ses propres coutumes, telles myriades de sortilèges, de charmes, de "mokissos" et même de philosophies particulières, tant qu'il faudrait en vérité un millier d'annalistes et un millier de vies pour tous les recenser — ce qui serait, à mon avis, du plus haut intérêt. Et pourtant, qu'adviendra-t-il si les Portugais arrivent à leurs fins et convertissent tout ce pays à la foi catholique ? Si tout le monde commence à se vêtir à la manière portugaise, à parler la langue portugaise, à aller à la messe et à renoncer à ses propres coutumes ? Vous pourriez me répondre que cela n'en serait que mieux, qu'il serait bon d'abolir les damnables coutumes païennes, et, jusqu'à un certain degré, je serais d'accord avec vous car je ne vois nul mérite à juger par le poison ou à exciser certaine partie de la femme ou à tels autres actes odieux. Pourtant, quand toutes ces choses auront disparu de la surface de la terre et qu'il en ira de même partout, que ce soit à Londres ou à Moscou ou en Turquie ou en Angola, n'aurons-nous point perdu une grande partie des richesses de ce monde ?
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On me permit de monter à bord pour l'examiner et m'accoutumer à elle. Pour un marin en effet, un nouveau vaisseau est un peu pareil à nouvelle femme qu'il faut apprendre à connaître. Toutes les femmes ont les mêmes parties de corps et ce aux mêmes endroits ou presque ; mais chacune d'elles est différente et par la taille, et par la forme et par le fonctionnement, et les plus grands chevaucheurs ont besoin d'un peu de temps pour comprendre leur marche.
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Vidéo de Robert Silverberg
Ancienne colonie, la planète Belzagor a été rendue à ses deux espèces intelligentes. Des scientifiques décident d'assister à leur rituel secret, la cérémonie de la renaissance... Dessin : Laura Zuccheri Oeuvre originale : Robert Silverberg Scénario : Philippe Thirault
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