Junichirô Tanizaki
Madeleine Lévy-Faivre d'Arcier (Traducteur)Anne Bayard-Sakai (Préfacier, etc.)/5 27 notes
Madeleine Lévy-Faivre d'Arcier (Traducteur)Anne Bayard-Sakai (Préfacier, etc.)/5 27 notes
Résumé :
« Il peut paraître étrange de parler d'expression à propos d'un pied, mais pour ma part, je pense qu'un pied n'est pas moins expressif qu'un visage Le sien faisait penser à un petit oiseau effrayé qui gonfle ses poumons, replie ses ailes et se prépare à l'envol. »
Dans cette nouvelle de jeunesse qui préfigure son chef-d'œuvre ultime Journal d'un vieux fou, Tanizaki explore la passion fétichiste d'un vieux libertin pour le pied d'une jeune geis... >Voir plus
Dans cette nouvelle de jeunesse qui préfigure son chef-d'œuvre ultime Journal d'un vieux fou, Tanizaki explore la passion fétichiste d'un vieux libertin pour le pied d'une jeune geis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3)
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Un intermède pédestre revigorant entre deux séances de Kafka à vélo. J'ai relu le Pied de Fumiko (1917), une nouvelle de jeunesse de Tanizaki (1886-1965) l'écrivain le plus anti conformiste du Japon. Dès l'incipit, il vous embarque, vous piège en vous mettant en position de voyeur et ne cesse de vous étonner par sa liberté de ton, son goût tranquille de la provocation, son sens du tragique, mais aussi par sa recherche formelle. Dans ce récit, il allie en particulier la tradition picturale érotique japonaise aux techniques cinématographiques très modernes à l'époque. La mise en scène des corps, les successions de gros plans, carré de peau par carré de peau, sont merveilleuses. Et puis la malice du narrateur désamorce le malaise que l'on pourrait éprouver à cette histoire tragique et perverse.
Un vieux et riche marchand très laid et très malade éprouve une passion dévorante et masochiste pour le pied de Fumiko, une jeune geisha de quarante ans sa cadette, qui n'en a cure. Il la présente au narrateur, son neveu, étudiant aux Beaux-Arts sans le sou. Celui-ci fasciné par sa prodigieuse beauté se met à adorer son pied à son tour. le vieillard le convainc alors de peindre la geisha dans une pose aussi suggestive qu'acrobatique...
Un vieux et riche marchand très laid et très malade éprouve une passion dévorante et masochiste pour le pied de Fumiko, une jeune geisha de quarante ans sa cadette, qui n'en a cure. Il la présente au narrateur, son neveu, étudiant aux Beaux-Arts sans le sou. Celui-ci fasciné par sa prodigieuse beauté se met à adorer son pied à son tour. le vieillard le convainc alors de peindre la geisha dans une pose aussi suggestive qu'acrobatique...
Un curieux petit livre, oeuvre de jeunesse dont la lecture devrait utilement précéder celle du Journal d'un vieux fou, dernière oeuvre de l'auteur et qui traite du même thème, qui plus est en usant du même procédé littéraire.
Le texte est présenté comme une lettre d'un jeune homme à un écrivain accompli, lui demandant de faire de son médiocre récit une oeuvre littéraire. Il relate une curieuse expérience centrée sur une obsession partagée par ce jeune homme et un vieillard au seuil de la mort, un fétichisme irrépressible pour le pied d'une jeune geisha. L'écriture est remarquable, à la fois sobre, précise et lyrique, et on ne doute pas une seconde que Tanizaki n'éprouve les troubles qu'il prête à ses personnages.
L'édition que j'ai lue s'accompagne d'une préface qui replace utilement la nouvelle dans son contexte, et s'accompagne d'une analyse freudienne de celui-ci probablement un peu plus discutable : comme l'écrit la préfacière elle-même, "Proposer ici une lecture exclusivement psychanalytique du Pied de Fumiko relèverait sans doute de l'interprétation abusive ; on peut, toutefois, souligner quelques éléments du texte que l'approche freudienne met en lumière". Toujours est-il que la force de ces quelques pages se suffit à elle-même et qu'il n'est pas forcément nécessaire d'entrer dans une analyse détaillée pour les apprécier.
Le texte est présenté comme une lettre d'un jeune homme à un écrivain accompli, lui demandant de faire de son médiocre récit une oeuvre littéraire. Il relate une curieuse expérience centrée sur une obsession partagée par ce jeune homme et un vieillard au seuil de la mort, un fétichisme irrépressible pour le pied d'une jeune geisha. L'écriture est remarquable, à la fois sobre, précise et lyrique, et on ne doute pas une seconde que Tanizaki n'éprouve les troubles qu'il prête à ses personnages.
L'édition que j'ai lue s'accompagne d'une préface qui replace utilement la nouvelle dans son contexte, et s'accompagne d'une analyse freudienne de celui-ci probablement un peu plus discutable : comme l'écrit la préfacière elle-même, "Proposer ici une lecture exclusivement psychanalytique du Pied de Fumiko relèverait sans doute de l'interprétation abusive ; on peut, toutefois, souligner quelques éléments du texte que l'approche freudienne met en lumière". Toujours est-il que la force de ces quelques pages se suffit à elle-même et qu'il n'est pas forcément nécessaire d'entrer dans une analyse détaillée pour les apprécier.
Il s'agit d'une lettre d'un jeune homme à son maître évoquant la beauté du pied d'o-Funi-san, un fantasme sous la forme d'un fétiche. C'est le début du fétichisme du pied féminin éprouvé par un vieillard pour une jeune geisha.
Le texte, une nouvelle est magnifiquement écrite. Les descriptions du pied de Fumiko sont belles et précises et donnent l'impression d'un poème en prose.
La littérature japonaise reste pour moi un mystère car je n'en est lue que très peu, juste un roman de Yoko Ogawa. Junichiro Tanizaki est, d'après mes recherches, un des plus grand auteurs japonais du XXème siècle.
J'ai trouvé cette lettre transformée en nouvelle plein de délicatesse malgré le sujet évoqué, la sexualité fétichiste du pied de Fumiko.
La préface du texte démonte le mécanisme du fétichisme
de cette déviance sexuelle par le biais de la psychanalyse de Freud. Toute la question repose sur la véracité de la perversité (ou non) de ce fantasme.
Je vous laisse décider.
Le texte, une nouvelle est magnifiquement écrite. Les descriptions du pied de Fumiko sont belles et précises et donnent l'impression d'un poème en prose.
La littérature japonaise reste pour moi un mystère car je n'en est lue que très peu, juste un roman de Yoko Ogawa. Junichiro Tanizaki est, d'après mes recherches, un des plus grand auteurs japonais du XXème siècle.
J'ai trouvé cette lettre transformée en nouvelle plein de délicatesse malgré le sujet évoqué, la sexualité fétichiste du pied de Fumiko.
La préface du texte démonte le mécanisme du fétichisme
de cette déviance sexuelle par le biais de la psychanalyse de Freud. Toute la question repose sur la véracité de la perversité (ou non) de ce fantasme.
Je vous laisse décider.
critiques presse (1)
Ce texte superbe et audacieux est précédé d'une nouvelle, La Complainte de la sirène, autre variation sur les thèmes de l'obsession de la beauté et des troubles de la passion.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (5)
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C’est alors que j’aperçus, assise en face de lui, une femme inconnue d’allure élégante. Au moment où j’entrai dans la pièce, coude appuyé sur le kotatsu et genoux légèrement desserrés, elle tourna vers moi son cou et son torse. Si je distingue son cou, c’est que chacune des parties de son corps frappait par sa beauté. Si je disais simplement qu’elle se tourna vers moi, je ne traduirais pas fidèlement l’émotion que je ressentis à cet instant. Le cou, souple et pur, fin, svelte et doux, imprimait à son corps le mouvement ondulatoire d’une série de vagues. Lorsqu’elle fut tout à fait tournée dans ma direction, l’onde semblait encore continuer à la parcourir, de la nuque aux épaules qui apparaissaient dans l’entrebâillement du kimono. Tout en elle donnait l’impression d’une beauté langoureuse et sensuelle.
Sa jambe mince et élancée, comme si elle avait été sculptée avec soin dans du bois blanc, s’affinait en descendant vers la cheville où elle se resserrait finement, se terminant en une inclinaison très douce du cou-de-pied, et à l’extrémité de cette pente s’alignaient régulièrement les orteils du plus petit vers le pouce ; et cet alignement me paraissait bien plus beau que le visage même d’O-Fumi-san.
Comme je suspectais depuis le début quelque chose d'anormal chez le vieillard et le surveillais, trouvant très étrange son regard de voleur lorsqu'il observait le pied d'O-Fumi-san, je lui dis pour attirer son attention :
"Excusez-moi si cela vous paraît indiscret, mais elle a vraiment des pieds fabuleux. Je suis habitué à voir chaque jour des modèles à l'École, mais c'est bien la première fois que je vois un pied aussi beau, aussi majestueux."
Il s'empourpra subitement, son regard brilla de cette lueur répugnante, déjà remarquée, et il laissa flotter sur ses lèvres le sourire embarrassé qu'on a quand on veut dissimuler quelque malaise.
"Excusez-moi si cela vous paraît indiscret, mais elle a vraiment des pieds fabuleux. Je suis habitué à voir chaque jour des modèles à l'École, mais c'est bien la première fois que je vois un pied aussi beau, aussi majestueux."
Il s'empourpra subitement, son regard brilla de cette lueur répugnante, déjà remarquée, et il laissa flotter sur ses lèvres le sourire embarrassé qu'on a quand on veut dissimuler quelque malaise.
Comme j'étais très sensible, et ce depuis mon enfance, à la beauté harmonieuse des pieds féminins, j'étais séduit par la courbe parfaite des pieds d'O-Fumi-san. Sa jambe mince et élancée, comme si elle avait été sculptée avec soin dans du bois blanc, s'affinait en descendant vers la cheville où elle se resserrait finement, se terminant en une inclinaison très douce du coup-de-pied, et à l'extrémité de cette pente s'alignaient régulièrement les orteils du plus petit vers le pouce ; et cet alignement me paraissait bien plus beau que le visage même d'O-Fumi-san.
À chaque fois qu'il m'est donné d'admirer pareilles beautés, je me dis en aparté que le créateur manque grandement d'équité dans ses différentes réalisations d'êtres humains.
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https://www.lagriffenoire.com/le-pied-de-fumiko-la-complainte-de-la-sirene.html
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