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Michel Aucouturier (Éditeur scientifique)Gustave Aucouturier (Traducteur)Boris de Schloezer (Traducteur)
EAN : 9782070314973
560 pages
Gallimard (29/05/2008)
4.03/5   55 notes
Résumé :

Il commençait à faire affreusement froid, et à peine avais je sorti la tête de mon col que des tourbillons de neige sèche et glacée me collaient les cils, le nez, la bouche et me pénétraient dans le cou - tout est blanc, lumineux et enneigé, rien nulle part que lumière trouble et neige. Je commençais à avoir sérieusement peur. Aliochka dormait à mes pieds, tout au fond du traîneau ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce que j'adore chez tolstoï, c'est qu'il parle toujours de ce qu'il connait et vérifie cent fois ce qu'il écrit pour la justesse du mot et la pertinence de l'idée qu'il veut originale, pionnière. On pourrait citer quantité d'exemples où il a été un pionnier .. Je m'empresse d'ajouter que son style est absolument limpide car il écrit tout d'un jet, je ne sais pas si on se représente 6 brouillons de Résurrection (de 700 pages), bien sûr une masse considérable de travail ! Il convient de souligner que son écriture a évolué après Anna Karénine pour être plus accessible au public russe, paysannerie bien souvent analphabète. Quand il parle de chevaux ou de chasse à l'ours (*) à laquelle il a fini par renoncer en vertu de son éthique personnelle, quelques jours avant son départ légendaire il montait encore son cheval noir à 82 ans ; quand il parle de la paysannerie russe, on en a un aperçu dans la Matinée d'un gentilhomme rural, il s'est retrouvé avoir en héritage mille moujiks à charge, bien sûr cela ne veut pas dire les connaître, mais il a tenu à se rapprocher d'eux en devenant notamment juge territorial fonction qu'il finit par délaisser à cause des nombreux ennuis rencontrés avec des propriétaires, ses pairs qui lui reprochaient de prendre le parti des paysans contre eux, ce qui semble à priori difficilement audible, il suffit de lire pour cela la matinée d'un gentilhomme rural où il n'était nullement question de concessions faites aux paysans mais de les amener par l'éducation à une prise en charge de soi-même pour faire évoluer leur condition misérable ! .. Quand il parle de la guerre, c'est comme premier reporter de guerre, il était lieutenant et écrivain déjà connu, ses écrits percutants ont touché la tsarine .. Il y a une chose qu'il n'a pas fait, ce sont les camps, mais il a failli être emprisonné à Souzdal à cause de prétendus liens avec les américains sur fond de famine dans une province russe où il apporta assistance avec Sonia, pure invention de le presse réactionnaire délatrice de l'époque de mèche avec le ministère de l'intérieur.. Il ne dut son salut qu'à sa notoriété, le tsar considérant qu'il avait plus à perdre en l'emprisonnant. Il parle des camps néanmoins par le biais de Maslova dans Résurrection, le roman qu'il préférait et on peut croire sa volonté de tout connaître pour arriver à un résultat parfait comme il l'a fait pour "Guerre et paix" (genre à "abattre une forêt pour extraire un arbre" !). Quand il raconta la vie d'une paysanne dans "ma Vie" , c'était des témoignages directs, authentiques qui lui furent adressés : il crut bon néanmoins d'avertir le lecteur que l'histoire (pour cette fois là) n'était pas de lui .

Je recommande outre la Tempête de neige, Deux Hussards et la Matinée d'un gentilhomme rural (deux fois cent pages), le Cheval où l'auteur se met dans la peau d'un hongre qui connait des fortunes diverses. Tout cela est remarquable ! Barrault avait monté une pièce du Cheval m'a-t-on dit qui connut un vif succès. Albert, Poulikouchka, bien sûr .. sans oublier l'excellente préface de 30 pages signée Michel Aucouturier qui traite de tout ça mieux que je ne saurais le faire, le grand spécialiste français de tolstoï récemment disparu chez folio classique.


(*) Dans le récit "une Chasse à l'ours", l'auteur en raconte magnifiquement un épisode.

Bonne lecture

PG, 26 septembre 2019
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« le 7 juillet 1857, à Lucerne, devant l'hôtel Schweizerhof où sont logés les gens les plus riches, un misérable chanteur ambulant a passé une demi-heure à chanter des chansons et à jouer de la guitare. Plus de cent personnes l'ont écouté. Trois fois, le chanteur les a priés de lui donner quelque chose. Personne ne lui a rien donné, et beaucoup se sont moqués de lui. »
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. Je n'ai lu pour l'instant que Lucerne (il y a 8 récits que je lirai progressivement), mais suis déjà enthousiasmée par cette écriture fluide et ce parti pris contre l'injustice.
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. Découvrir la littérature russe fait partie de mes envies, et comme la team va bientôt reprendre du service avec un monument de près de 2000 pages, celui de la grande fresque Guerre et Paix, il me semblait plus judicieux de commencer par des nouvelles afin de me familiariser avec la plume de l'auteur, ce court récit qui me semble être autobiographique s'est révélé parfait. Tolstoï l'écrit lors d'un premier voyage en Europe occidentale en 1857. Il y dénonce l'orgueil aristocratique, la mesquinerie et l'égoisme. Tolstoï artiste engagé, une écriture ancrée dans la vie.
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. Comme Tolstoï, l'émotion et l'indignation l'ont emporté chez moi, j'ai ressenti lors de cette lecture comme un réquisitoire envers cette société qui manque de coeur. Un texte court que je vous laisse le soin de découvrir. Un texte court mais puissant et terriblement efficace puisqu'il en ressort tant d'humanité. Tolstoï offre une histoire à celui qui est exclu et blessé.
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Comme souvent pour un recueil de nouvelles, « La tempête de neige et autres récits » est un ouvrage assez inégal, certaines nouvelles m'ayant peu captivé, d'autres plus émouvantes ou originales, m'ayant tenu en haleine.

Dans la catégorie de ces dernières on trouvera les histoires du prince Nekhlioudov visible alter égo de Tolstoï, avec de brillantes descriptions de la vie difficile des misérables paysans russes du XIX ième siècle ou le point de vue plus surprenant mais néanmoins empli de lucidité concernant la fausse supériorité censée conférée par le statut social des bourgeois sur les artistes à la vie certes plus bancale mais certainement plus riche intérieurement.

Difficile également de ne pas succomber à « le cheval », aussi surprenant que émotionnellement fort, avec la déchéance tragique d'un magnifique cheval noir et blanc détruit par la vieillesse et une vie chaotique …

Les autres nouvelles sont de qualité mais m'ont certainement moins touché ou fait vibrer.

Au final, bien que n'étant pas une oeuvre impérissable, « La tempête de neige et autres récits » reste un recueil de bonne qualité globale, qui confirme le statut de valeur sure de Tolstoï.
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Ce recueil de nouvelles cristallise l'âme russe dans toute sa splendeur (et sa misère) ! Tolstoï, s'il semble prolixe, a néanmoins un style agréable, délicat, parfois quasiment humoristique. Certes, le recueil ne se lit pas aisément d'un seul trait mais c'est une littérature qui demeure très accessible.
Tolstoï est sensible aux émotions des gens ; aux vraies émotions, les petites émotions que l'on ressent tous même si elles ne sont pas très honorables... Comme cette émotion qui nous incite à chercher la petite bête pour éclater de colère.
Certaines nouvelles sont drôles, d'autres sont plus tragiques, poignantes, retournent le coeur. Tolstoï ne nous épargne pas, met à nu l'âme humaine. Vraiment, n'hésitez pas à vous lancer dans cette lecture, quitte à ne lire qu'une ou deux nouvelles de temps en temps. C'est un petit bijou, une vraie nourriture pour l'âme ! Quelques passages cyniques sauront plaire au lecteur moderne.
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Dès l'adolescence, je fus grand amateur des récits de Léon Tolstoï. Chez cet auteur, même les humbles nouvelles comme celles de ce recueil. du reste, j'ai pris autant de plaisir à lire la "Tempête de neige" que "Guerre et paix" :).

Si vous voulez vous retrouver plongés dans un épais blizzard, perdus dans l'immensité de la steppe, cette nouvelle est pour vous. Les autres récits sont moins prenants mais n'en sont pas moins bien écrits.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Quelle malheureuse et pitoyable créature que l'homme, jeté, avec son besoin de solutions positives, dans cet océan infini et en perpétuel mouvement de faits, de considérations et de contradictions qu'est l'océan du bien et du mal ! Les gens se débattent et peinent à longueur de siècles pour mettre d'un côté le bien, et de l'autre le mal. Les siècles passent, et quoi que puisse ajouter ici ou là un esprit non prévenu sur les plateaux de la balance, elle ne bouge pas, et il y a autant de bien que de mal des deux côtés. Si seulement l'homme pouvait apprendre à ne pas juger et à ne pas penser de façon tranchée et décisive, et à ne pas donner de réponses à des questions qui ne lui sont posées que pour rester éternellement des questions ! S'il pouvait seulement comprendre que toute pensée est à la fois fausse et vraie ! Fausse parce qu'unilatérale, à cause de l'incapacité de l'homme à embrasser la vérité, et vraie par l'expression d'un aspect des aspirations humaines.

LUCERNE.
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"Les toiles de Tolstoï ne ressemblent jamais à celles de Pouchkine, ni à celles de Tourguenief, ni à celles d'aucun autre écrivain russe"
MH 1946

Pour s'en convaincre, il suffit de rapprocher les deux nouvelles du même nom, la Tempête de neige de Pouchkine et celle de Tolstoï :
L'une part tout de suite dans l'intrigue et la tempête de neige n'est qu'un prétexte :
" A la fin de l'année 1811, époque mémorable, vivait dans son domaine de Niénaradovo le bon Gabriel Gavrilovitch R.. Il était renommé dans toute la circonscription pour son hospitalié et sa cordialité. A tout moment , les voisins venaient chez lui pour boire et manger, jouer au boston à cinq kopeks avec sa femme Praskovia Pétrowna, er certains pour voir leur fille, Marie Gavrilowna, une jeune fille de dix-sept abs, pâle et svelte. Elle était considérée comme une riche héritière, et plusieurs la destinaient, soit à eux-mêmes, soit encore à leur fils..
Marie Gavrilowna avait été éduquée d'après les romans français et, par conséquent, elle était amoureuse. L'objet de son choix était un pauvre enseigne de l'armée, qui se trouvait en congé dans sa campagne. Il va de soi que les jeune homme brûlait de la même passion et que les parents de sa bien-aimée, ayant aperçu leur pendant réciproque , avaient interdit à leur fille de songer seulement à ce mariage, et recevaient l'enseigne plus mal encore qu'un assesseur en retraite.
Nos deux amoureux étaient en correspondance et se voyaient chaque jour dans un petit bois de sapins ou bien près d'une vieille chapelle ..

L'autre, la neige n'est pas anecdotique, elle apparaît au premier plan :
" Vers les sept heures du soir, ayant pris du thé , je quittais un relais de poste dont j'ai oublié le nom, mais qui se trouve quelque part sur le territoire de l'Armée du Don, près de Novotcherkassk. Il faisait déjà nuit lorsque, enveloppé dans ma pelisse et la capote du traîneau, je m'installai à côté d' d'Aliochka. Passé le bâtiment de la poste, le temps paraissait doux et calme. Bien qu'il ne neigeât pas, on ne voyait pas la moindre étoile au dessus de nos têtes, et le ciel semblait extrêmement bas et noir, comparé à la plaine couverte de neige immaculée qui s'étendait devant nous.
A peine avions-nous dépassé les silhouettes sombres des moulins, dont l'un agitait maladroitement ses grandes ailes, et quitét le village, que la route me parut devenir plus lourde et plus enneigée, tandis que le vent se mettait à souffler plus fort sur ma gauche, à déporter les queues et les crinières des chevaux et à balayer avec obstination la neige soulevée par les patins du traîneau et les sabots des chevaux. Le son de la clochette s'entendait de moins en moins, un filet d'air froid entré par quelque interstice de ma manche me parcourut le dos , et je repensai aux paroles du maître de poste, qui m'avait conseillé de ne pas partir, si je ne voulais pas passer la nuit à chercher mon chemin et à grelotter..
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Le lac bleu ciel, pareil à une étendue de soufre incandescent, constellé de bateaux dont les sillages s'effaçaient, s'étendait, immobile, lisse, comme en relief devant mes fenêtres, entre des rivages pleins de variété, se resserrait entre deux énormes promontoires, et, de plus en plus sombre, s'enfonçait et disparaissait entre les vallées, les montagnes, les nuages et les glaciers. Au premier plan s'étendaient, tout humides, des rivages vert tendre couverts de roseaux, de prés, de jardins et de maisons de campagne; plus loin, c'étaient des hauteurs vert sombre, boisées, où l'on apercevait des ruines de châteaux forts; dans le lointain, comme chiffonné, le blanc violacé de l'arrière-plan montagneux, le dessin capricieux de ses cimes d'un blanc mat, avec leurs rochers et leur neige; et tout cela inondé par l'azur tendre et transparent de l'air et éclairé par les rayons chauds du couchant, qui perçaient à travers les déchirures des nuages. Nulle part, ni sur le lac, ni dans les montagnes, ni au ciel, on n'aperçoit une seule ligne continue, une seule couleur uniforme, un seul moment semblable à un autre, partout le mouvement, la dissymétrie, le caprice, le mélange infini et la variété des ombres et des lignes, et, dans tout cela, le calme, la douceur, l'unité et la nécessité du beau.
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- Qu'est-ce qu'on voit de noir, par là ? demandais-je, en remarquant quelques objets sombres devant nous.
- ça, c'est un convoi. Voilà une façon agréable de voyager ! continuait-il, comme nous arrivions à la hauteur d'immenses chariots couverts de paillasses roulant l'un derrière l'autre. - Regarde voir, il n'y a personne, tout le monde dort. Le cheval est malin, il connaît son chemin : pas moyen de le faire dévier. Nous aussi, nous avons conduit des convois, ajouta-t-il, alors on connaît.
En effet, c'était un étrange spectacle que ces énormes chariots couverts de neige depuis leur bâche de paillasses jusqu'aux roues, qui se déplaçaient absolument seuls. C'est seulement dans le chariot de tête que se souleva légèrement, de deux doigts à peine, la paillasse couverte de neige, et qu'on vit un bonnet en émerger un instant lorsque nos clochettes tintèrent près du convoi. Un grand cheval pie, le cou tendu en avant et les muscles du dos bandés, marchait à pas mesurés sur la route complètement ensevelie sous la neige, balançait d'un mouvement monotone sa tête velue sous le brancard blanchi, et tendit une oreille couverte de neige lorsque nous passâmes à sa hauteur.
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- Allons, qu'est-ce que tu as encore à t'arrêter ? Regardez-moi ça, il veut retrouver son chemin ! C'est la tempête, qu'on te dit, un point c'est tout ! Même l'arpenteur, par ce temps-là, ne s'y retrouverait pas. Avance, tant que les chevaux te tirent. On ne mourra pas de froid, tout de même... allez, avance !
- Et comment donc ! Le facteur, l'année dernière, il est bien mort de froid ! commenta mon cocher.
Le cocher du troisième attelage restait toujours endormi. Une fois seulement, pendant un arrêt, le donneur de conseils lui cria :
- Philippe ! Oh, Philippe ! et, comme il ne répondait pas, il remarqua : - Il n'aurait pas gelé, par hasard ? Tu devrais regarder, Ignachka.
Ignachka, qui suffisait à tout, s'approcha du traîneau et se mit à secouer le dormeur.
- Tu as vu ça, un petit verre et voilà ce que ça donne ! Si tu es gelé, dis-le ! disait-il en le secouant.
Le dormeur marmonna et émit un juron.
- Il est vivant, les gars ! fit Ignachka, et il repartit en courant ;
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« Inutilité de la violence » de Léon Tolstoï, c'est à lire en poche chez Payot.
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