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sur 679 notes
Après le huis clos tragique de Sukkwan Island, David Vann remet le couvert avec cet opus paru sous le titre original de Caribou Island ; du nom d' un ilôt inhospitalier situé au milieu d' un lac glaciaire aux confins de l' Alaska -- ilôt sur lequel Gary et Irène, couple de cinquantenaires en crise fraîchement retraités, vont jouer les Robinsons amateurs.Nous suivons également en parallèle les déboires de trois autres couples plus jeunes et tous dysfonctionnels.Ainsi,pour l' auteur, le couple est perçu avant tout comme une arène de lutte impitoyable pour le pouvoir, tout comme le lieu de la plus grande solitude qui soit. Un roman sombre , captivant et destabilisant, mais qui devrait consoler tous les exclus de la Saint-Valentin.
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Après une cabane sur Sukkwan Island, David Vann m'envoie maintenant vers une autre cabane sur Caribou Island. Encore une histoire de cabane, me direz-vous ? Tout à fait, car pour un homme, un vrai mâle, l'instinct de la cabane est plus fort que tout. L'homme, le vrai, ne rêve que de vivre dans une cabane proche de la nature, une cabane qu'il a façonné de ses propres mains, coupé son bois, enfoncé des clous et tant pis s'il n'a pas prévu de toilettes !

Caribou Island est une île déserte face aux vents, face au lac, une île presque perdue au milieu d'une nature pas franchement hospitalière. En face de cette île, l'histoire de Gary et Irène se perd dans un amour qui a toujours été à sens unique, malgré la présence de 2 enfants. le fils marin pécheur, fuit tous les liens familiaux et marques d'affection. La fille, elle, rêve d'un amour pur et sincère pour ne pas répéter l'histoire de ses parents. « Désolations », c'est donc l'histoire de plusieurs couples qui vivent dans cet univers de neige et de glace. Et aux travers de ces couples, je perçois toute la solitude que chacun porte en lui. « Désolations » est un grand moment de solitude dans un paysage certes magnifique mais propice à la dramaturgie intense.

Si le choc de Sukkwan Island est brutal, celui-ci se fourvoie insidieusement dans le banal et le quotidien. Mais il n'en est pas moins fort. Bien au contraire. D'une intensité progressive, le drame devient presque inévitable. Dès les premières pages, l'auteur nous y prépare, nous ménage, en distille quelques éléments de-ci de-là. Tout aussi cruel, voir presque plus, l'Alaska m'apparait comme une terre hostile, pas faite pour l'homme. L'isolement contraint les hommes au désespoir. Si la fuite ne sert souvent pas à grand-chose dans une vie, la fuite en Alaska a des conséquences beaucoup plus dramatiques. Mieux vaut avoir l'esprit saint pour vivre en Alaska, pour survivre sur ces îles sauvages et naturelles, qu'elles se nomment Sukkwan Island ou Caribou Island.
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Longtemps j'ai refusé de lire d'autres romans de David Vann. Fascinée mais surtout écoeurée par la lecture de son premier titre Sukkwan Island, je n'avais aucune envie de me confronter à nouveau à son univers. Je ne suis pourtant pas une adepte des livres guimauve, j'aime quand c'est rude et que ça finit mal mais trop c'est trop !



Et puis, mon bibliothécaire préféré aime et puis surtout il a invité l'auteur en septembre prochain. Alors, en prévision de cette rencontre, avec l'éditeur de Gallmeister, me revoilà repartant de ma médiathèque avec le livre sous le bras… Attirée davantage par la présence de cet éditeur que j'adore… et persuadée que je n'aimerai pas, que cette histoire finirait dans le morbide, le gore, tout ce qui m'avait dégoûtée précédemment…



Deux nuits et demie plus tard…



J'ai eu beaucoup de mal à décrocher, à poser le livre. Quelle efficacité ! Un rythme, une écriture et une fin "normale", pas très gaie bien sûr, mais juste, celle que j'attendais, et surtout loin des descriptions épouvantables que j'avais subies la dernière fois.

Nous sommes toujours en Alaska, toujours dans des décors grandioses, avec une météo difficile, mais l'histoire est bien différente, plus classique sûrement, mais surtout plus "lisible".

C'est noir, c'est pessimiste, mais parfaitement maîtrisé et cet auteur sait maintenir une tension permanente pour capturer son lecteur dans ses noirs filets.
Lien : http://krolfranca.wordpress...
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Désolée de ne pas avoir beaucoup apprécié ce livre !

Je le resitue en quelques mots dans mon parcours de lecture, un peu atypique, en raison d'une découverte « tardive » de cet auteur. J'ai commencé par lire le dernier David Vann, Komodo, puis son premier, Sukwann Island.
Je les ai aimés, chacun dans leur style.
Ceci pour placer la présente lecture dans mon contexte, tant il me semble qu'on perçoit les auteurs, et Vann en particulier, en fonction de l'attente que l'on nourrit à leur égard...

Et me voici donc déçue de ne pas avoir pris plaisir à la lecture du présent livre, le second de l'auteur...

En réalité, j'ai apprécié le début… Et la fin !
Mais je dois avouer que je me suis malheureusement plutôt ennuyée au milieu, impression de tourner un peu en rond avec les différents personnages.

J'ai aimé retrouver le thème de la construction de la cabane, toutefois peut-être un peu redondant avec celle de Sukvann Island.
Cela m'a d'ailleurs fait sourire en me remémorant une interview de David Vann qui réagissait à une remarque de l'interviewer comme quoi « il y avait toujours une cabane dans ses romans ». Suite à quoi, disait-il en riant, il avait veillé à ne plus mettre de cabane dans les romans suivants !
(Plusieurs courtes interviews très interessantes sur le web)

Je trouve dommage que le dénouement arrive si tard, peut-être une impression issue de la lecture de Suwann Island qui, lui, rebondit en son milieu ?
Finalement j'ai attendu qu'il se passe « quelque chose » et ça n'est arrivé que dans les vingt dernières pages...

Je retire surtout finalement de ce livre l'intérêt de la notion de «répétition » qui peut poursuivre tout à chacun... et notamment les personnages de David Vann.
Qu'il s'agisse de répétition personnelle ou intergénérationnelle...

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Pourquoi n'a-t-il jamais eu d'amis, depuis qu'il vit avec Irène en Alaska ? se demande Gary. Est-ce dû à la timidité et à la discrétion de cette dernière, ou à la rudesse de la vie d'ici ?
C'est pour trouver les réponses à ces questions existentielles que Gary décide de tout quitter pour construire une cabane en rondins, sur Caribou Island, un îlot isolé en plein milieu de Skilak Lake, un lac glaciaire à la belle couleur de jade sur les rives duquel, eux et leur fils Mark sont les seuls habitants à des kilomètres à la ronde.
Gary a toujours rêvé de cette cabane, une cabane construite de ses mains avec trois fois rien, et à présent, rien ne l'arrêtera ! Cette vie de pionnier et d'aventurier, il veut la connaître avant de vieillir...et de mourir.
Mais ce projet comme tant d'autres auparavant se heurte à la dure réalité de ces contrées sauvages. L'hiver plus précoce que jamais fait son apparition alors que la cabane est loin d'être terminée.
Irène qui a pris froid, est prise de migraines insoutenables et ne dort plus. Persuadée que son mari veut en fait l'éloigner et la quitter, elle ne cesse de déprimer et de voir tout en noir, y compris les différentes périodes passées de sa vie de femme et de mère.
Au fur et à mesure que la cabane prend forme, le couple se déchire et leurs relations sombrent dans l'incompréhension, la méchanceté, la hargne...
Bientôt le lac sera impraticable et il faudra attendre qu'il soit totalement gelé pour que le couple puisse à nouveau regagner la terre ferme.
Rhoda, et Mark leurs enfants, sentent bien que rien ne va plus pour leurs parents, mais ils ont leur propre problème de vie à régler...Rhoda parce qu'elle rêve de se marier avec Jim qu'elle aime sincèrement mais qui lui, passe par une autre phase de sa vie où il cherche plutôt à vivre des aventures sans lendemain, qu'à se fixer, et Mark, parce que lui ne veut surtout rien savoir.
C'est alors que pour Irène, resurgissent les terribles souvenirs de son enfance, lorsque toute petite, elle a retrouvé sa mère, pendue...l'abandonnant pour toujours...

Au milieu des étendues sauvages de l'Alaska, des paysages époustouflants de beauté, David Vann nous livre encore un roman poignant sur l'amour, les rêves et surtout la solitude.

Il explore les faiblesses des hommes, la dureté et la sincérité de leurs pensées les plus intimes, celles qui sont enfouies parfois depuis l'enfance et que l'on n'ose pas seulement formuler...
Le lecteur s'enlise dans la psychologie de ses personnages.
Un roman très dur et très réaliste mais bouleversant qu'on ne peut lâcher tant le lecteur est pris par l'histoire et pressent l'arrivée du drame, inéluctable et libérateur.

Un grand auteur à connaître, absolument.




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Comme d'habitude David Vann nous propose une balade printanière - légère et fleurie - sur une île paradisiaque qui respire la joie de vivre… ♫♪ Quand te reverrais-je, pays merveilleux ? ♫
Maaaaaais noOoon je rigole ! Amateurs de petits lapins, fleurs bleues et autres mignonneries, passez votre chemin car ici, le titre n'est pas menteur. Oui, il fallait bien (à minima) mettre le mot Désolations au pluriel pour donner un aperçu de ce qui s'ensuit.
Et ce qui s'ensuit, mama mia, c'est du lourd ! Après avoir réglé d'une certaine manière ses comptes avec son père (Sukkwan Island), virtuellement tué sa mère (Impurs), David Vann nous apprend cette fois comment construire un échec, rondin après rondin, sans se presser, en 25 ou 30 ans, tranquille peinard à son rythme. Ben ouais quoi, après tout pourquoi se mettre la pression ? Inutile de précipiter la chute. Construire une cabane pour déconstruire sa vie. Un concept sympa non ? Lancez-vous, vous verrez, l'essayer c'est l'adopter.
Commençons par le décor, on se l'imagine blanc, gris, boueux, neigeux et froid, tout pour plaire déjà. Ça se passe en Alaska près d'un lac glaciaire. On y trouve un îlot qui porte le nom rigolo de Caribou Island. Mais stop, je vous arrête tout de suite, c'est juste le nom qui est rigolo, n'allez pas vous imaginer des trucs surtout. On est à des années lumière de tous les clichés et de la carte postale typique style “Greetings from alaska”. Il s'agit bien d'un trou perdu au milieu d'une nature infinie, certe belle, mais sans pitié. Plus que sans pitié d'ailleurs, il faudrait dire sans état d'âme, c'est plus juste. Parce que la nature s'en fiche en réalité, elle est totalement indifférente aux petites histoires ou aux grands drames humains, c'est nous - et notre incorrigible anthropocentrisme - qui avons la fâcheuse habitude de vouloir appliquer des sentiments humains à un peu près tout autour de nous, les animaux, les paysages, les éléments etc. Bref, ce n'est pas comme ça que ça marche. Et dans ce petit bout d'Alaska en particulier, la nature, c'est juste une galère de plus. Une désolation de plus. Une déception de plus aussi pour certains des personnages car justement leur rêve de “vie sauvage” en harmonie avec la nature vient se casser les dents sur la réalité dans toute la splendeur de sa nudité. Je pense à Gary notamment qui s'installe sur ce territoire vierge pour essayer de se trouver, pour démarrer une nouvelle vie et enfin réussir quelque chose. Bon évidemment c'est raté. Je ne dis pas ça pour faire du spoil, de toutes manières avec David Vann à quoi s'attendre d'autre ?
Au fil des pages, nous faisons la connaissance de Gary et Irène, de leurs enfants aussi, leur fille Rhoda notamment avec son compagnon Jim (le Jim de Sukkwan Island) et c'est l'occasion pour l'auteur de dresser une belle galerie de portraits : looser de père en fils et de mère en fille. Chacun porte sa croix, chacun se prend ses murs dans la face, chacun doit en finir avec ses illusions à un moment ou à un autre et se poser la question cruciale, le fameux “et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?”. Et c'est là que ça commence à sévèrement mal tourner car au final il n'y a pas tant de solutions que ça, et aucune de vraiment réjouissante.
Je ne vais pas trop en dire mais sachez que Désolations est une jolie petite bombe à retardement peuplée d'antihéros aux existences ratées et aux rêves brisés et sachez également qu'à aucun moment n'apparaît la petite fée avec sa baguette magique qui change la vie en rose (vous l'aurez compris, le happy end c'est pas ici que ça se passe). C'est noir, pessimiste, magnifique et désolant à la fois, et c'est là tout le talent de cet auteur que j'adore... On n'échappe pas aux romans de David Vann.
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Lorsqu'on lit un second livre d'un auteur après un coup de coeur, on espère y retrouver ce qu'on a tant aimé la première fois, non ? de Sukkwan Island, vous reconnaîtrez les dialogues sans guillemets, le "nature-writing" - avec île isolée, climat hostile, bricolage - la finesse d'analyse des personnages, la tension croissante, et, comme le titre et la couverture le laissent présager, une atmosphère sombre, violente. le noir s'affiche, percutant, dès les premières lignes et le pessimisme s'exprime ensuite via des portraits de couples en crise latente ou semi-ouverte, des cruautés qu'on reçoit comme des gifles.

David Vann nous immerge ainsi dans les désillusions, l'usure et les bassesses conjugales (choix du partenaire par dépit, par défaut, par confort, adultère, rancoeurs, mesquineries), jusqu'à l'étouffement. Il est également question du vieillissement, des regrets personnels sur la vie passée, a fortiori lorsque les envies et rêves des deux partenaires divergent, ce hiatus pouvant s'accroître avec la retraite lorsque l'activité professionnelle n'offre plus d'échappatoire.

Bref, ce n'est pas rose, loin s'en faut, c'est même de plus en plus terrible au fil du récit, l'auteur est égal à lui-même. C'est toujours aussi bien écrit, aussi subtilement observé, décrit, analysé, aussi intense et dur. J'aurais volontiers sabré les passages sur la pêche et la construction de la cabane, mais cela a (forcément !) accru mon empathie pour Irene.

La plume et le propos de cet ouvrage, l'habileté à décortiquer le couple et la famille, me font beaucoup penser à la sensibilité d'Alison Lurie et à l'acuité d'analyse de Kate O'Riordan.
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Encore un très bon Vann... décidément, cet auteur me plait... Tout ce que j'ai lu de lui jusqu'à présent m'a beaucoup plu. Gary a envie de construire de ces propres mains une cabane sur un îlot perdu au fin fond de l'Alaska. Il la rêve depuis 30 ans. Et ça me plaît pas beaucoup à sa femme, Irène, qui n'y crois pas trop. Mais 30 ans de mariage, ça se balance pas comme ça. Elle décide alors de le suivre et de l'encourager dans son projet. Mais la solitude, ça creuse... ça éloigne... mais ça rapproche, et peut-être pas de la meilleure des façons. Des non-dits, des tensions, des reproches... le couple se ne supporte plus... Et la pression monte... c'est glacial, comme l'environnement. Sur le bord de l'implosion... Vann a l'art de faire monter l'ambiance, et la rendre étouffante, pénible... pour le plus grand bonheur du lecteur... un roman d'atmosphère... et une plume sublime. J'ai beaucoup aimé.
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Sur un lac glaciaire, Irène et Gary construisent une cabane sur une île, pour y passer leur hiver. C'est le rêve de Gary . Mais tout en la construisant, chacun fait intérieurement le bilan de sa vie
Parallèlement, leur fille Rhoda, s'apprête à se marier tout en se posant elle-aussi bien des questions.
La construction de cette cabane est à l'image de leur vie, du poids de leur passé, de leurs erreurs, de leurs incompréhensions, de l'échec de leur couple, de leurs solitudes

Des destins sous l'emprise destructrice de l'enfance, qui se transmettent d'une génération à la suivante. Des êtres emprisonnés dans un monde glacé au dehors comme au dedans (ça se passe en Alaska) menés par une prédestinée tragique à laquelle, aveugles, ils se plient
Un livre assez noir sur ce qui motive les choix acceptés et destructeurs, pour tenter d'échapper ou de remédier à ces malédictions qui pèsent sur nous et que nous faisons peser sur notre entourage.
Bref un livre qui dérange et fait réfléchir
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Ambiance vraiment glaçante dans ce roman....Glaçante à cause du paysage arctique de l'Alaska, glaçante dans l'analyse de couples et d'une famille.
La question de fond pourrait être la solitude est-elle plus grande lorsque l'on est marié ? Que valent nos rêves et que disent-ils de nous ? Pouvons nous les atteindre réellement ? La personne qui nous aime peut-elle nous y aider ou est-elle un frein ?
Un beau roman, mais déprimant, donc tenez compte de votre humeur au moment de vous plonger dans sa lecture...
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