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Marc de Gouvenain (Traducteur)Lena Grumbach (Traducteur)
EAN : 9782742701049
142 pages
Actes Sud (04/01/1994)
4.07/5   14 notes
Résumé :
Quand leur mère se trouve enceinte, Egil et Margit décident qu’elle attend un garçon qu’ils baptisent Livind et associent aussitôt à la vie familiale. Et lorsque la jeune femme, hantée par d’obscures menaces, demande à son mari de l’emmener au loin, Livind participe à l’aventure comme s’il était déjà né. Tout au long de ce voyage qui tourne mal et finit de manière tragique, la mère, superbe dans sa grossesse et indifférente aux ressources qui s’épuisent, apparaîtra ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Tarjei Vesaas est un écrivain norvégien. L'arbre Santal est l'un de ses premiers romans.
Une famille norvégienne composée du père, Magnus, de la mère : Hilde, d'un garçon : Egil et d'une fille : Margit.
La famille va s'agrandir car Hilde est enceinte. Les enfants heureux décident que ce serait un garçon qui se prénommera Livind.
Magnus est écrivain, enfin il tente de l'être, il rédige également des articles dans la presse. Les camarades des enfants ironisent à dire qu'il ne s'agit pas d'un vrai métier comme le pourrait être menuisier ou bucheron ! Néanmoins, la famille peut vivre des revenus du père.
Hilde est morose, souvent son regard se perd dans le vide. Que se passe-t-il ?
La mère est un socle dans une famille surtout pour les enfants. Or, Hilde est instable, et semble même capricieuse.
Un jour, elle prend une décision et veut que son époux l'emmène elle et ses enfants en voyage. Magnus est attentif et pense que cette escapade pourra améliorer la santé mentale de sa femme.
Les voici donc tous les quatre embarqués dans un train, puis un autre.
Hilde semble heureuse et chacun est rassuré de penser que la mère va retrouver sa joie de vivre.
Malheureusement, celle-ci continue de se laisser glisser dans la mélancolie obligeant les enfants à se prendre en charge, à être autonome voire à s'occuper d'elle, à lui trouver des distractions, à pallier ses caprices.
Le voyage dure longtemps, il est souvent effectué à pieds, fatigant.
Cette fatigue n'est pas seulement due aux nombreux pas faits dans une journée mais aussi à l'attention que requiert Hilde.
La maman est un repère, il lui arrive d'être solide et enracinée tel un arbre aux branches vives auxquelles on peut s'agripper. Seulement l'arbre qui représente Hilde est souvent fragile et ploie sous le vent.
Ce voyage est un chemin initiatique pour chacun d'entre eux et il y a tant à apprendre durant ces marches interminables et face aux manquements de la mère.
Au cours de la lecture, il m'est arrivé de porter un jugement sur cette femme, à ne pas très bien comprendre sa puérilité. C'est en fin de roman que j'ai compris que cette mère avait une grandeur d'âme immense à agir ainsi durant ce voyage. J'ai compris qu'elle préparait, qu'elle éduquait, qu'elle permettait aux enfants d'atteindre l'autonomie afin de mieux appréhender la vie et ce qui les attendait dans un futur proche.
Si le roman est par moments déroutant, il prend au fur et à mesure de son avancée tout son sens, et ce en toute simplicité.
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Hilde, la Mère, est enceinte de son troisième enfant. Les jeunes Egil et Margit surveillent cette arrivée avec circonspection, car leur mère change. Souvent, son regard se fige et elle semble absente au monde. Magnus, le Père, est impuissant à retenir son épouse et à la sauver de ce désespoir qui la saisit. « Nous ferons ce qu'elle désire. Elle croit qu'elle est condamnée. » (p. 9) En dernier recours, pour tenter de distraire Hilde, Magnus embarque les siens dans un voyage dont aucun ne reviendra indemne. Jusqu'à la ruine et l'épuisement, les membres de cette famille cheminent, solitaires, incapables de se retrouver. « Venez, rentrons. Tout ce que nous offrons ne sert à rien. » (p. 94) Seule Hilde s'épanouit à mesure que les mois passent : toutes les portes lui sont ouvertes et personne ne résiste à son charme quasi surnaturel. « Elle était un arbre, alourdi par son propre fruit, et aspirant ce que fournissaient le ciel et la terre. » (p. 85) La naissance, enfin, intervient comme une double délivrance.

Ce court roman de l'auteur norvégien est autant sombre que lumineux. Hilde est plus qu'un personnage, c'est une entité. Elle survole l'histoire, détachée des siens et du monde. Quant aux enfants, ils ont une conscience fine, voire incisive, des événements et des choses non dites : tout résonne cruellement dans leurs jeunes âmes et, déjà, ils n'ont plus le droit à l'innocence. Tarjei Vesaas excelle dans les descriptions de la nature : ici, nous passons de l'hiver à l'automne dans un mouvement majestueux, un glissement imperceptible où les changements sont des évidences. L'auteur fait de Hilde un élément presque totémique, une manifestation prophétique de la course du monde. Les quelque cent pages sont lourdes de symbolisme et de poésie, et c'est un enchantement de les parcourir.
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Un court roman , dans la lignée de son style d'écriture .......
C'est l'histoire d'une famille Norvégienne dont les liens semblent vécus de façon viscérale ........Vivant en vase clos , dans un monde rural auxquels ils ne semblent pas vraiment appartenir ........C'est le père qui subvient aux besoins de la famille en écrivant pour un journal de loin en loin tout en travaillant à son livre en parallèle (livre qui ne verra jamais le jour) ....Egil et Margit , les deux enfants , scolarisés , semblent être les plus ouverts et exposés au monde social tandis que les parents semblent ne jamais sortir de cette bulle qui les entoure .....


"Ils fréquentaient peu les gens aux alentours.Ils avaient cessé de monter la garde devant la grande route , allaient à l'école et apprenaient ce qu'il fallait savoir, et rentraient tous les deux à la maison l'après-midi sans rechercher une compagnie.Ils se montraient prétentieux, en quelque, et on les disait prétentieux, mais eux mêmes se considéraient plutôt honteux.Si père avait travaillé comme les autres, sur un vrai travail manuel , s'il avait été l'égal des autres , ils auraient participé de tout leur coeur aux jeux avec leur camarades.Ils jetaient un regard méprisant sur ceux qui auraient dû être leurs camarades et les regrettaient néanmoins .

De ce fait , tout ce qui était extérieur à a maison et au jardin demeurait étranger.Là, au-delà, il y avait des terres, des forêts , des montagnes et des marécages et diverses merveilles -mais cela restait inconnu, et l'on se retirait en soi-même un instant pour attendre quelque chose .Et lorsque un moment plus tard , ce serait arrivé, on se précipiterait dehors pour s'approprier tout ce dont on avait soif : l'amitié et des centaines de choses.

En attendant , on grandissait .Le temps passait et s'arrondissait en années .Et mère , que faisait-elle ? Attendait-elle ?Elle paraissait ne jamais avoir peur ._Magnus , l'entendait-on appeler, et elle ne le disait pas comme quand d'autres personnes ouvraient la bouche. Egil discernait certaines choses maintenant , et comprenait que père et mère étaient ce qu'on appelle heureux ."



Une faille dans ce petit monde clos va les entrainer dans un périple improvisé , dans l'errance du temps et de l'espace : Hilde , la mère , enceinte , semble soumise de plus en plus à des absences et des visions .....Les crises s'accentuant , le père décide d'effectuer une sorte de road -movie dans l'espoir de chasser toutes ces ombres et de ramener Hilde dans le réel : Hypothéquant la maison pour financer les voyages , ils partent à la découverte du monde ...... Portés par la lumière que dégage Hilde , la puissance de tout son être , majestueuse et presque irréelle : ils traversent toutes les épreuves ........ le père , vite ruiné ( pour satisfaire les désirs de l'être aimée) , ils continueront leur "chemin initiatique" , en "va nus pieds" aux côtés de Hilde de plus en plus lumineuse , au sommet de la puissance vibratoire issue de cette grâce génitrice !
Portés par cet amour inconditionnel , le père et ses deux enfants conduiront Hilde jusqu'à sa libération finale , repoussant l'échéance par toutes sortes de subterfuges visant à maintenir Hilde dans le réel .....Ou acceptant de partir dans son monde ......Mais le voyage se finira dans la tragédie .....sans laquelle rien n'aurait eu de sens ......
Une écriture sublime,ensorceleuse , au service d'un récit en bordure de faille jusqu'à la chute finale tragique et libératrice !
Une histoire qui parle "aux tripes" , qui nous fait lire "au-delà du palpable" ..............
Et inutile de vous dire que .....j'ai adoré !!!!!!!!
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Que dire d'un livre dont on a l'impression de ne pas avoir compris l'intention de l'auteur? Car c'est le cas ici. Je veux bien que Hilde, déjà mère de deux enfants pré-adolescents, et enceinte, ait des prémonitions et se sente condamnée. Et que toute la famille se mobilise “pour la sortir de la mélancolie” en entreprenant un voyage parce qu'elle “veut voir le monde”. Et c'est ce qu'ils font. Et après? Rien justement! C'est là que le bât blesse; je veux bien, et j'aime, lorsque l'écrivain fait appel à l'intelligence du lecteur. Mais il faut croire que dans ce cas, la mienne ne soit pas à la hauteur ou bien que ce soit ce livre qui ne l'est pas. Allez savoir...
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Un des rares livres que je n'ai pas pu finir. L'ambiance oppressante de ce roman m'en a empêché. Ce voyage sans raison réelle, cette femme qu'on ne comprend pas vraiment et que ne comprenne pas sa famille, qui tente tout pour lui faire plaisir en espérant retrouver celle qu'elle était. Sans doute la qualité de l'écriture, à la fois sobre et tellement efficace en est la raison. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot, le livre est toujours dans la bibliothèque...
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Et ils continuèrent ainsi. Tantôt ils marchaient et expédiaient leurs affaires à l’avance, ou les faisaient suivre, tantôt ils roulaient à une vitesse vertigineuse qui faisait danser prés et fermes autour d’eux. Arrêtez ! pouvait demander mère en pleine course, et la voiture lui obéissait instantanément. Père avait donné des instructions au chauffeur. Ils étaient là, à un croisement de chemins déserts et se demandaient ce que mère pouvait voir, suivaient son regard qui traversait la vallée jusqu’au flanc de la montagne d’en face.
Mère eut un petit rire étonné :
-Vous ne voyez pas ?
Ils étaient heureux qu’elle vît, mais eux ne voyaient rien.
- Vous ne voyez pas cette strie blanche ?
Mais oui ! Là-bas, sur une paroi escarpée, une bande blanche filait en oblique et disparaissait dans la terre. Une veine de quartz, rectiligne, et lisse si on avait pu la toucher, et certainement très large.
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Mère surgissait tel un être merveilleux dès qu'on pensait à elle. D'abord, elle était tout ce qui existait, et ensuite presque tout, et de nouveau tout - et si on passait par ailleurs, on revenait quand même à elle. Elle était ce qu'on vivait sans jamais s'en souvenir.
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Elle les emmena dans les plaines désertes à travers lesquelles elle-même errait – et là chacun d’eux se sentit seul. Ils s’y retrouvaient individuellement, et chacun devenait misérable, ouvrait la bouche pour crier, mais quand on criait aucun ne sortait. Ici, ce qui s’appelait bruit n’existait pas. C’était effrayant, et l’on prenait ses jambes à son cou pour courir et courir et essayer de trouver quelqu’un au milieu de ces plaines muettes, mais on se retrouvait toujours seul. Et mère était seule et criait : Veillez avec moi ! Mais on ne la voyait pas, on ne l’entendait pas. Elle était dans ses plaines désertes à elle.
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Il lui arriva de rester assise à contempler l’horizon sans raison apparente, ou de tenir sa tête légèrement inclinée et d’écouter avec une attention soutenue, une tension même, des bruits que personne d’autre qu’elle ne saisissait.
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Père travaillait dans son bureau. Pour faire quoi, cela demeurait imprécis. Il écrivait sur ceci ou sur cela, on ne pouvait jamais voir ni toucher, et, par conséquent, on ne pouvait jamais éprouver de sympathie pour son travail .
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Videos de Tarjei Vesaas (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tarjei Vesaas
« […] Liv ved straumen parut à l'automne 1970 […] quelques mois après la mort de son auteur […].
« […] par-delà ce qui se dit, en résonance, jusque dans l'espace de ce qui ne se dit pas ou bien de ce qui n'est pas dit […] ; là, semble-t-it, se joue l'un des aspects les plus marquants de l'oeuvre de Tarjei Vesaas […]. » (Olivier Gallon)
« Romancier, nouvelliste et poète norvégien, Tarjei Vesaas (1897-1970), fils de paysan, hésite longtemps entre le métier de son père et l'écriture. Il écrit en néonorvégien (nynorsk) et atteint une notoriété nationale et européenne en 1934 avec le Grand Jeu. Il publie deux grands romans après la guerre : Les Oiseaux et le Palais de glace. » (Yvon le Men)
« […]
[…] Ma maison est un tumulte insensé, de miroirs et de portes, et c'est ainsi qu'elle restera. »
(Tarjei Vesaas, de la vie dans ma maison)
0:00 - 1er extrait 0:36 - du perron 1:11 - le voyage 1:49 - le chemin 2:11 - La graine semée à l'aveugle 2:34 - Par de sombres défilés 3:13 - Générique
Référence bibliographique : Tarjei Vesaas, Vie auprès du courant, Traduction de Céline Romand-Monnier, Éditions La Barque, 2016
Image d'illustration : https://snl.no/Tarjei_Vesaas
Bande sonore originale : REW - Swimming With Kawatora Swimming With Kawatora by REW is licensed under an Attribution-Noncommercial-Share Alike 3.0 United States License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/REW_1123/Swimming_with_Kawatora/Swimming_With_Kawatora_1254
#TarjeiVesaas #VieAuprèsDuCourant #PoésieNorvégienne
+ Lire la suite
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