Ouvrir ce livre, c'est compter le nombre de signatures prestigieuses pour nous le vendre en force : « préface inédite de
James Ellroy », commentaire de
Bret Easton Ellis, critique élogieuse de
Salman Rushdie, caution de deux réalisateurs -
David Cronenberg et
Oliver Stone – présents dans les rabats de la couverture (pour l'édition première chez Sonatine).
Vendu comme un grand roman noir sur le monde impitoyable de Hollywood,
Toujours L.A. est écrit par un scénariste qui signe là sa première oeuvre romanesque. Name-dropping à toutes les pages, personnages déjantés et amoraux, perversité, stupre, miroir aux alouettes de la célébrité, pas de tabous et surtout pas de scrupules.
Bruce Wagner est donc scénariste. Juste retour des choses, l'histoire de
Toujours L.A. a tout du scénar qui a été refusé et que l'auteur a jugé bon de transformer en roman. Dans la jungle de Los Angeles, trois personnages emblématiques des multiples visages de la célébrité se croisent. Becca, dont la ressemblance troublante avec Drew Barrymore lui permet d'exercer en tant que sosie de cette dernière et qui, en attendant son heure de gloire joue les figurantes-cadavres dans des épisodes de Six feet under. Kit Lightfoot, jeune premier qui doit interpréter le rôle d'un handicapé mental dans le prochain film de Darren Aronofski. Et Lisanne, assistante personnelle de célébrités, dont la vie sexuelle et sentimentale chaotique n'a d'égal que sa passion pour le New Age tendance sectaire. Ces personnages qui vivent dans trois sphères différentes du système hollywoodien vont se croiser, puis retrouver leurs destins liés de manière inextricable. Dans cette course effrénée à la célébrité, qui va en sortir avec le moins de casse ?
Mais le bon scénariste ne fait pas pour autant le bon romancier. Ecrire pour le cinéma, ce n'est pas la même chose qu'écrire un roman, tout comme une bonne image en littérature n'est pas forcément exploitable à l'écran.
Toujours L.A. est un roman laborieux, mal construit et surtout écrit avec le minimum d'efforts possibles tant du côté épaisseur des personnages que… de l'écriture tout simplement. Il n'y a rien à sauver, c'est encéphalogramme plat (à noter que l'ont peut trouver dans ce roman parmi les pires scènes de sexe en littérature). La déception va grandissante au fil des pages, exactement comme une bande-annonce géniale donnant lieu à un film raté. Et ça dure plus de 500 pages.
L'ironie, c'est d'avoir placé les accroches de deux romanciers qui ont sans doute le mieux écrit sur Los Angeles et le monde du showbiz.
James Ellroy tout d'abord avec
L.A. Confidential et
Bret Easton Ellis avec
Glamorama.
Il existe assez d'oeuvres sur le sujet plus essentielles à lire ou visionner. Il en ressort que Los Angeles n'en finit pas de fasciner et d'apparaître comme une ville tentaculaire qui peut broyer autant que magnifier ceux qui s'y accrochent. Comme le disait James Duvall dans le film Nowhere de Gregg Araki « L.A. is like nowhere. Everybody's live here is lost. »