Le Marat-Sade est une pièce hors du commun. On y voit l'assassinat de
Jean-Paul Marat (1793) joué par des internés de l'asile de Charenton de 1808. Une troupe de malades dirigée par le bon vieux marquis de
Sade. Il est enfermé, il doit bien occuper ses journées, non? Des malades qui font la révolution. L'image est forte.
Il y a aussi une confrontation d'idées entre Marat et
Sade parce qu'en tant que réalisateur,
Sade s'introduit aussi dans sa propre pièce, créant un drôle d'effet sachant qu'ils sont supposés être à deux époques différentes.
Sade devient un peu comme l'envers de la conscience du révolutionnaire. Marat dit que la violence est nécessaire pour changer les choses. le problème avec la violence, c'est qu'elle n'est pas contrôlable. Pour
Sade, l'individu prime avant tout, il doit vivre sans limites. le pouvoir est tout le temps partout. On croit se libérer, mais l'on est simplement sous le joug d'un autre intérêt, et l'individu n'y peut rien. La liberté, au fond, n'est peut-être que le pouvoir de choisir ses passions, ses tyrans. À la fin, le peuple l'emporte, mais est-ce qu'il peut réussir à quelque chose, c'est ce que
Sade soulève comme questionnement.
Alexandre Dumas a dit quelque part qu'«il était possible de violer
L Histoire à condition de lui faire de beaux enfants». En voilà un splendide!