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EAN : 9782226400307
448 pages
Albin Michel (04/10/2017)
3.62/5   767 notes
Résumé :
Je me nomme Gabriel Wells. Je suis écrivain de romans à suspens. Ma nouvelle enquête est un peu particulière car elle concerne le meurtre de quelqu’un que je connais personnellement : Moi-même. J’ai été tué dans la nuit et je me demande bien par qui. Pour résoudre cette énigme j’ai eu la chance de rencontrer Lucy Filipini. En tant que médium professionnelle, elle parle tous les jours aux âmes des défunts. Et c’est ensemble, elle dans le monde matériel, moi dans le m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (134) Voir plus Ajouter une critique
3,62

sur 767 notes
Et je persiste encore et toujours à lire les romans de Bernard Werber … mais avec ce dix-septième roman ingurgité, je suis passée du stade Werbeeer !!!!!! J'en veux encore…. Au stade de la nostalgie du Werber découvert il y a bien longtemps maintenant (on va dire vingt ans), un werber qui étonnait, et que je lisais en deux jours.

J'ai craqué pour ce dernier roman en raison du titre : depuis l'au-dela… et en raison de sa configuration : tiens, tiens… de l'encyclopédie du savoir relatif et absolu de Wells… ça ressemblait aux "Werber d'antan". J'ai donc craqué et je me suis mise à la lecture de ce texte qui rappelait bien les thanatonautes, l'empire des anges et la suite de par son thème, mais qui finalement en était assez éloigné, la vision de l'après-vie étant ici envisagé en dehors de toute considération religieuse ou presque, avec 90% d'âmes errantes qui restent sur terre dans la proximité des vivants, et 10% de réincarnation.

Le lecteur se retrouve en présence d'une espèce de hiérarchie céleste constituée, non plus d'anges, mais de gens morts depuis bien longtemps et qui furent des personnalités de leur vivant, qui propose parfois de bonnes réincarnations clé en main pour qui le désire, le libre arbitre des individus se poursuivant après la mort, de défunt s'amusant à faire des cabrioles puisque, pur esprit, il goûtent la joie de ne plus être freiné par un corps, d'écrivains trépassés qui se battent à coup de vampire, de monstres, de créature des abysses, de croque-mitaines et de chien des Baskerville dont ils accouchèrent jadis dans les romans écrits de leur vivant, bref beaucoup de fantaisie et trop peu d'emprunts aux mythologies de la mort dont Bernard Werber nous avait copieusement régalés dans sa pentalogie du ciel.

Quel était alors l'objectif de l'écrivain ? Faire mener une enquête à ses héros ? On reste sur sa faim, imaginer l'après vie ? Pourquoi reprendre ce sujet après avoir suffisamment creusé la question auparavant ? S'amuser avec un sujet tabou pour nombre de lecteur et offrir un moment de doux délire avec des vivants ou avec un défunt masculin qui découvre les joies de l'incarnation dans un corps féminin ? déjà vu !

Je ne saisis donc pas le but de cet écrit qui ressemble à une agglomération d'instants, d'événements et de péripéties qui se succèdent pour un final banal qui laisse à désirer.

Malgré tout je dirais que j'ai passé un bon moment de lecture, sans plus !
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"Tous les jours, 150 000 personnes en moyenne meurent dans le monde."

Contrairement à Victor Hugo qui, lors des séances de spiritisme auxquelles il se joindra à compter de 1853 et qui seront consignées dans des procès verbaux, je n'ai jamais eu l'occasion de discuter avec les esprits de Platon, Dante, Shakespeare ou même Jésus Christ.
Quand j'étais étudiant, j'ai cependant plusieurs fois participé à des séances de tables tournantes. Nous étions entre deux et quatre et dans une semi-pénombre, nous disposions chacune des lettres de l'alphabet en cercle, ainsi que les chiffres et les mots "Oui" et "Non" au centre, créant une sorte de Oui-ja de circonstance. Avant de poser notre doigt sur un verre et de scander "Esprit, es tu là ?".
Ce loisir macabre et beaucoup plus courant qu'on ne le pense ne m'a jamais permis de dialoguer avec une personne décédée, j'en suis à peu près convaincu. Quand le verre se mettait enfin à bouger après quelques minutes d'attente, sans que quiconque ne le déplace consciemment, une fois sur deux nous avions "Satan" en ligne et ses réponses à nos questions étaient souvent totalement farfelues.
La seule anecdote qui m'ait un peu intrigué durant cette période pseudo-occulte, c'est quand un jour j'ai demandé à l'esprit de nous donner les quatre prénoms des personnes qui étaient à la table. Sans hésiter, le verre a glissé vers le chiffre "9" et a commencé à écrire tous les prénoms des participants. Nous étions deux à avoir trois prénoms, le troisième en avait deux, et le quatrième un seul. Soit neuf prénoms en tout effectivement, détail qu'aucun de nous ne pouvait connaître individuellement.
Mais avec le recul, je crois bien davantage à un phénomène d'inconscient collectif qu'à une quelconque manifestation de l'au-delà.
Mon scepticisme concernant la présence d'esprits errants dans notre monde ne m'a pas permis d'aborder le nouveau roman de Werber avec sérieux, malgré les quelques détails troublants dont le livre est parsemé.

Depuis l'au-delà n'est pas une suite aux Thanatonautes, auquel l'auteur fait pourtant bien allusion :
"Le paradis ou "Continent des morts" est constitué de sept niveaux dans lesquels l'âme traversera différentes épreuves qui lui permettront de comprendre le sens de la vie."
Le premier était extrêmement documenté et s'intéressait aux voyageurs de la mort en nous décrivant un après auquel on pouvait croire.
Tout en s'inscrivant dans la même lignée d'outre-tombe, ici Werber va davantage s'intéresser aux esprits qui ne choisissent pas la réincarnation mais qui continuent à hanter le monde des vivants, c'est à dire quatre-vingt-dix pour cent des défunts. Et il va le faire avec beaucoup d'humour, sous la forme d'un polar surnaturel.
Qui demande d'accepter que les esprits de Napoléon, d'Edison ou de Conan Doyle voguent toujours parmi nous sous leur forme immatérielle, pouvant discuter entre eux ou avec les vivants "connectés" à cet autre monde.

L'écrivain populaire Gabriel Wells est victime d'un meurtre : Quelqu'un l'a empoisonné. Démarrant sa journée comme si de rien était, il ne tardera pas à rencontrer une véritable médium, Lucy Filipini, qui lui fera comprendre qu'il n'est désormais plus qu'un ectoplasme.
"Considérez que vous vous êtes débarrassé de tout ce qui est superflu, encombrant, fragile, pour ne conserver que l'essentiel : votre esprit !"
Obsédé par la découverte de son assassin, il formera alors une alliance avec la spirite qui est quant à elle toujours à la recherche de l'amour de sa vie, étrangement disparu une dizaine d'années auparavant.
Echange de bons procédés.
"Nous travaillerons en parallèle des deux côtés du monde."
Avec l'aide de feu son grand-père, Gabriel partira à la recherche du bien aimé volatilisé de Lucy, incarnant un enquêteur capable de voler ou de traverser les murs.
Quant à Lucy, entre deux consultations souvent cocasses de clients hantés ou de personnalités politiques, elle interrogera les quatre principaux suspects du crime afin de résoudre cette dernière énigme empêchant Gabriel d'accéder à l'étape suivante de son existence post-mortem.
Elle questionnera donc successivement :
- Thomas Wells, le jumeau de Gabriel, aussi cartésien que son frère était rêveur, qui refusera qu'on autopsie le corps de la victime et prendra soin de détruire le livre que Gabriel devait publier prochainement.
- Alexandre de Villambreuse, l'éditeur de Gabriel, qui s'apprête à créer l'écrivain virtuel via un logiciel informatique pour pouvoir diffuser ce fameux roman perdu : L'homme de mille ans. Et pourquoi pas ensuite des inédits de Flaubert ou d'Homère ?
- Sabrina Duncan, l'ex-compagne de Gabriel, actrice réputée incarnant les empoisonneuses à l'occasion.
- Et enfin Jean Moisi, critique littéraire, qui a récemment déclaré "Wells est le pire auteur que je connaisse , il est la honte de la profession." ou encore qu'un bon écrivain de science-fiction était un écrivain mort.

Comme dans chacun des romans de Werber, Depuis l'au-delà s'avère une mine d'informations en lien avec les sujets abordés au sein du roman. L'encyclopédie du savoir relatif et absolu ( volume XII ) d'Edmund Wells fait son retour et nous gratifie de nombreuses anecdotes méconnues en les restituant dans leur contexte historique. En lien avec la mort et la communication avec l'au-delà, vous apprendrez par exemple qu'à l'origine du mythe de la créature de Frankenstein, en 1803, Giovanni Aldini a été capable d'animer brièvement des cadavres grâce à l'électricité. Que depuis l'an 1200 ont été dénombrés vingt-quatre moines bouddhistes devenus "Sokushinbutsu", c'est à dire qu'au-delà de la mort, leurs corps ont été préservés sans qu'aucun rituel d'embaumement n'ait été pratiqué. Ou encore qu'en 1897 en Virginie occidentale, le témoignage d'un fantôme va permettre une condamnation pour meurtre.
Vous en saurez davantage sur Allan Kardec, le fondateur du mouvement spirite en France, et sur toutes les personnalités littéraires ou politiques qui ont été entraînées dans ce mouvement, convaincues de dialoguer avec les défunts.
Vous connaîtrez les noms des âmes les plus sombres ( Gengis Khan serait responsable de la mort de plus de vingt millions d'individus ) mais aussi celui des âmes les plus lumineuses. Des noms beaucoup moins célèbres, comme celui de James Harrisson, dont le sang a permis de sauver deux millions d'enfants atteints d'une forme mortelle d'anémie.
Et des dizaines d'autres évènements insolites, parfois inexplicables, qu'on découvre avec étonnement, dégoût ou ravissement, et qui participent à cet enrichissement culturel bienvenu.
Sans oublier que mon vocabulaire s'est accru de quelques nouveaux mots comme néotonie ou pronoïa.
Tout ça pour dire qu'on apprend beaucoup et qu'on réfléchit également sans que cela ne dissipe le côté très ludique du roman.

A la façon dont l'a fait récemment Romain Puértolas dans Tout un été sans facebook, Bernard Werber milite pour une lecture pour tous, en fervent défenseur de la littérature imaginaire.
"Il n'y a pas de mauvais genre littéraire en soi, il y a de bons et de mauvais ouvrages dans tous les genres."
Il faut dire aussi que les similitudes sont nombreuses entre l'auteur et le personnage de Gabriel Wells. Outre leur métier, ils ont tous les deux écrit sur la mort ( un parallèle est évident entre leurs livres respectifs "Les thanatonautes"et "Nous les morts", d'autant que pour chacun des deux hommes les livres ont été des échecs commerciaux ), ils ont tous les deux également rédigé un cycle à succès, ils écrivent une littérature populaire accessible au plus grand nombre. Tous deux font partie de "La ligue de l'imaginaire". Ils sortent un livre par an à date fixe. Et le grand-père retrouvé dans l'au-delà, Ignace Wells, est sans aucun doute un hommage, une incarnation du propre ancêtre de Werber puisque comme lui, il a souffert de l'acharnement thérapeutique avant d'être enfin délivré.
Où commence et où s'arrête la mise en abîme de l'auteur ? C'est difficile à dire. Mais de là à imaginer que Werber règle ses comptes avec ses détracteurs, il n'y a qu'un pas.
Ce pas prend l'apparence de l'odieux critique Jean Moisi, qui ne jure que par la littérature classique et qui condamne fermement toute oeuvre fantasmée par l'imaginaire, du polar à la fantasy en passant par l'érotisme et l'horreur.
"Moisi est persuadé qu'il fait de la littérature intelligente pour les gens intelligents et que Wells fait de la littérature idiote pour les idiots."
A l'instar de Wells, l'oeuvre de Werber a parfois été décriée par les critiques jugeant ses livres trop simplistes. Est-ce une façon de régler ses comptes que de dire :
"Je ne reconnais qu'un seul critique : le temps. Le temps donne leur vraie valeur aux oeuvres." ?

Au risque de jouer à mon tour le méchant critique, même s'il est vrai qu'il existe encore dans les mentalités élitistes une sous-littérature de genres, cette distinction est de moins en moins vraie. Il est désormais courant de lire des thrillers dont l'écriture soignée et la psychologie fouillée des personnages pourraient presque faire des classiques. Même si "Au-revoir là-haut" n'était pas un roman policier, Pierre Lemaitre était encore catalogué comme auteur de polars quand il a eu le Goncourt. Les mentalités évoluent doucement grâce à de nombreux auteurs de talent.
Même si j'ai relativement pris plaisir à cette lecture, ici il n'est pas possible d'évoquer l'écriture majestueuse ou la complexité des protagonistes. Il s'agit vraiment d'un roman assumant son aspect purement imaginaire, mais dans lequel il faut trop en accepter pour pouvoir y croire et s'y immerger totalement. Le thème de celui qui enquête sur son propre meurtre depuis l'au-delà n'est pas nouveau, et je ne peux que conseiller l'excellent roman de James Herbert "Le jour où je suis mort" qui partait sur le même postulat, avec cependant bien davantage de subtilité. Ici, on est vraiment dans un délire total où Wells accepte très vite sa nouvelle forme invisible, où discuter avec des morts célèbres fait partie de la routine, où des esprits sont à l'affût pour s'emparer de nos corps, où on peut choisir de se réincarner en acteur de porno, où la naïveté de la médium confine au ridicule. Le summum du grand n'importe quoi étant l'illustration finale de ce conflit littéraire relaté dans ces pages avec un combat épique opposant créatures issues de l'imaginaire (  Chtulhu, les trois mousquetaires, Dracula ... ) à l'armée de Rotte-Vrillet ( toute ressemblance avec le nom d'un célèbre auteur n'est pas forcément le fruit du hasard ) emmenant avec lui Julien Sorel, Emma Bovary ou les frères Karamazov...
"Et soudain, les deux armées de personnages littéraires se percutent avec fracas."

J'ai aimé la majorité des romans de Werber pour leur côté instructif et visionnaire. En tout cas il a le mérite d'évoquer simplement des sujets préoccupants en nous y sensibilisant, en particulier quand il évoque le futur probable de notre planète ou nos possibles évolutions.
Au niveau culturel, le roman est une vraie réussite, même si je regrette un peu qu'aucune anecdote n'ait réussi à me convaincre que tout ne s'arrêtait pas forcément au moment du trépas. J'ai beaucoup aimé la fin, la résolution du meurtre, qui est fort originale et qui n'est pas non plus impossible à deviner, surtout si on est déjà familiarisé avec les idées récurrentes de l'auteur : de nombreux indices peuvent nous mettre sur la voie.
Globalement, j'ai beaucoup apprécié l'humour, un peu lourd parfois, mais qui donne à l'inverse beaucoup de légèreté au récit. On sent que Werber a pris plaisir à écrire son roman, à incarner le temps d'un livre ce quasi-sosie.
J'ai apprécié aussi que l'auteur défende "sa" littérature et toute celle de la ligue de l'imaginaire, même si j'aurais préféré qu'il le fasse au sein d'un livre qui soit plus sérieux, qui parte un peu moins dans tous les sens, bref qu'il ne revendique pas autant cette étiquette de "sous-genre" : Au final le propos, aussi judicieux soit-il, a moins d'impact.
D'autant que pour le côté réaliste, la part qu'a laissée l'auteur à son imagination totalement débridée ne m'a pas convaincu. Ici, Werber s'est créé une auto-fiction farfelue en imaginant faire vivre à cet alter-égo de folles aventures pleines d'action et de rebondissements par delà la mort sans qu'on puisse y croire une seconde. Les idées originales sont là, mais elles ne sont pas coordonnées et donnent l'impression que le roman a servi de fourre-tout faisant de l'au-delà un terrain de jeu plutôt qu'une science même inexacte par la force des choses.

Autant j'avais refermé "Les thanatonautes" avec l'espoir que l'au-delà ressemblait peut-être à ce long voyage qui nous étaient décrit, autant la mort redevient la grande inconnue après cette vision un peu trop délirante à mon sens de nos défunts voltigeant dans les cieux, hantant les vieux châteaux ou s'immisçant dans l'intimité de jeunes starlettes ni vu ni connu.
Alors que le roman est axé sur les âmes errantes, la communication possible avec les disparus et sur les choix qui sont proposés aux morts ( "Lucy Filipini a un accès direct à la Hiérarchie qui lui permet d'offrir aux âmes errantes des réincarnations dans des foetus exceptionnels" ), son aspect saugrenu me fait à l'inverse douter cette fois d'une quelconque suite après ces années terrestres.
Alors au lieu de rire de toutes ces facéties, je ressors cette fois plutôt pessimiste de ma lecture.
Pour savoir ce qui nous attend de l'autre côté, il faut non seulement mourir, il faut aussi que cet autre côté existe.

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Fort déçue par les précédents opus de Bernard Werber, j'étais plutôt décidée à passer mon chemin. Et puis, j'ai opté pour une dernière chance, influencée par quelques critiques positives, y compris de lecteurs qui regrettaient le Werber des débuts.

Résultat mitigé. Cette fois le livre ne m'est pas tombé des mains, j'ai apprécié l'intrigue et le suspens créé par la pseudo intrigue policière, aimé la construction avec les insertions d'extraits de l'encyclopédie d'Edmond Wells (encore que les thèmes sont un peu galvaudés et les données parfois erronées). Les personnages vivants ou morts et leurs interactions offrent un scénario agréable sinon original. Finalement ce qui m'a le plus fait sourire, c'est le règlement de compte avec Jean Moisi, le critique littéraire médiatique, que tout le monde aura reconnu.

Pour des adeptes de la première heure, on retrouve l'univers et les thèmes favoris de l'auteur, mais sans grande nouveauté. Alors qu'en pensent des lecteurs qui découvriraient l'auteur?
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Il y a de nombreuses années (incroyable combien le temps passe vite), j'étais subjuguée par Bernard Werber. Après les Thanatonautes, je me suis lancée sur le cycle des fourmis. Et puis, petit à petit, je m'en suis lassée, sans doute à retrouver souvent la même recette, fût-elle bonne.

Depuis l'au-delà n'échappe pas à cette constatation. Mais je constate aussi que Bernard Werber n'a rien perdu de sa plume envoûtante qui pousse le lecteur à tourner les pages.

J'ai beaucoup aimé cette interaction entre le monde des fantômes et celui de des vivants, via le don médiumnique de Lucy. L'enquête autour de la mort du héros principal, Gabriel Wells, s'entoure d'autres fils conducteurs que l'auteur entremêle subtilement (l'enquête autour du grand amour disparu de Lucy et aussi la mise en abîme du travail d'écrivain).

Et c'était vraiment hilarant de rencontrer tous ces personnages connus devenus fantômes : Conan Doyle, Napoléon, Thomas Edison et bon nombre d'écrivains de toutes sortes.

Mais ce roman a aussi plusieurs défauts.
Le premier à m'avoir frappé est ce manque de naturel, ces invraisemblances que j'ai ressenti à maintes reprises. Attention, quand je parle d'invraisemblances, je ne fais pas références aux situations narratives ou à l'intrigue mais uniquement aux personnages. Leurs actes ne sont pas toujours cohérents avec leurs personnalités. Je pense notamment à Lucy, qui a un parcours de vie des plus rocambolesque mais qui reste toujours si naïve, qui redoute les petites coupures et les maladies mais qui prend des risques énormes en quittant temporairement ce corps si chéri.

Et puis, si la mise en abîme du travail de l'écrivain et de la réception de son travail dans le monde littéraire m'a énormément plu au premier abord, par la suite, je me suis sentie plus d'une fois agacée. Il m'est apparu flagrant que Bernard Werber, à travers son personnage principal, réglait ses comptes avec les critiques littéraires.

Mais à vouloir défendre la littérature de genre, il tombe dans les travers de ses ennemis de plume et dénigre la littérature dite blanche. Comme s'il existait une bonne et une mauvaise littérature. Une littérature stylée mais ennuyeuse et une littérature moins "formatée" mais qui rend heureux. Il se rattrape un peu lors d'un final qui m'a beaucoup fait sourire (et pas d'ironie là-dedans) mais trop tard pour que j'oublie cet agacement. Je ne pense pas qu'un auteur de science-fiction ait moins de style qu'un auteur primé par un Goncourt, à l'inverse je ne pense pas qu'un auteur de littérature blanche soit forcément ennuyeux.

Et je regrette qu'il nomme de grands personnages passés ou vivants mais qu'il n'ait pas le courage de désigner par leurs vrais noms des personnes que l'on reconnait pourtant assez bien (Alain Robbe-Grillet devient Rotte-Vrillet, Jean Moisi cache Yann Moix...).

Pour conclure, je suis bien obligée d'avouer que je me suis lassée petit à petit de ce roman qui débutait si bien. Il y a du très bon, mais aussi du moins bon dans ce nouvel opus de mon ancien auteur fétiche.
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« Bonsoir ou bonjour, vous êtes avec nous en direct dans Paranormal a droit, la seule émission du PAF consacrée à tout ce qui a trait au surnaturel, et qui se bat pour donner des droits à tous les esprits de l'au-delà.

Il est 2h30 du matin et je suis Aloin Bongrain-Dubourgois, défenseur des âmes perdues depuis plus de 40 ans.

Je reçois ce matin Lucy Filipini, médium professionnelle qui fait beaucoup parler d'elle ces derniers temps.

– Bonjour Lucy. Je vous ai invitée pour discuter du nouveau livre de Bernard Werber, Depuis l'au-delà, qui raconte l'étonnante enquête que vous avez menée au coté d'un esprit bien connu de nos téléspectateurs : Gabriel Wells, auteur à succès, tragiquement décédé récemment.

– Bonjour Monsieur Bongrain, quelle idée de m'inviter à une heure pareille !

– Ahah, je vois que votre réputation n'est pas usurpée, vous n'avez pas la langue dans votre poche. Alors ce nouveau Werber, qu'avez-vous à en dire ?

– Figurez-vous que je l'aime bien ce cher Bernard, depuis longtemps d'ailleurs. Ça fait de nombreuses années qu'il aime parler de l'au-delà. Bon, sur ce coup-là, je le trouve un peu gonflé d'ainsi s'incruster dans mon intimité et de celle de Monsieur Wells ! Ce n'est pas parce que je suis médium et que Wells est mort, qu'il peut se permettre d'entrer ainsi dans nos pensées !

Il est vrai qu'il avait une bonne raison, puisqu'il nous a aidé à mettre en lumière un meurtre : celui de Gabriel Wells !

– On va y revenir, Lucie. Mais parlez-nous un peu de vous et de Gabriel Wells…

– Que voulez-vous que je vous dise… Je parle avec les esprits, ceux qui ne se sont pas encore réincarnés, J'en ai parfois plein la tête, mais ils sont là avec moi, avec nous, en nous. Il faut bien qu'on leur donne un peu la parole, Monsieur Grosgrain !

– C'est bien le but de cette émission, Lucie !

– Donc, j'ai aidé Gabriel Wells à découvrir qui est son assassin. Sacrée aventure !

– Sans faire du mauvais esprit, on n'est pas dans un polar, le livre de Bernard Werber met surtout en avant vos relations personnelles et les relations avec l'au-delà. Il faut dire que l'auteur nous emmène en terrain connu à la quête de l'inconnu. Il a cette manière bien à lui de mélanger son histoire avec des extraits de L'Encyclopédie du savoir relatif et absolu d'un parent de Gabriel Wells. Rien de très neuf sous les étoiles, mais c'est une potion ectoplasmique qui a du corps.

– Je ne suis pas ici pour faire une étude de texte, Monsieur Bonnegraine, mais pour parler de notre affaire de meurtre !

– Justement Lucie, c'est quand même un comble de se faire assassiner quand on est un auteur de romans à suspense, non ? D'ailleurs, j'ai comme l'impression que Bernard Werber a parlé de lui à travers le parcours de Gabriel Wells. Leurs rapports compliqués avec l'intelligentsia littéraire de notre cher pays des lettres semblent assez proches. Vous ne trouvez pas qu'en parlant de Wells, Werber parle aussi de lui ?

– C'est bien possible, je ne le connais pas aussi bien que Gabriel. Je comprends mieux, les morts que les vivants, vous savez… En tout cas, ils ont effectivement des points en commun, à la différence que Monsieur Werber croit aux esprits de son vivant alors que Wells n'y croit que depuis qu'il est mort ! Mais il n'essaye pas particulièrement de nous convaincre dans son livre. Comme il le dit bien « L'important est de croire en quelque chose ». Vous ne croyez-pas, Monsieur Dubourgeon ?

– Si si, mais croire ce n'est pas aussi une manière de se questionner sur soi-même ?

– Vous l'avez bien lu dans le récit de Monsieur Werber ! Quand on est mort, c'est trop tard, et on a beau se questionner sur sa vie perdue et sur les occasions manquées, c'est un peu tard.

– L'esprit de Gabriel Wells est-il avec nous sur le plateau ? Pouvez-vous nous mettre en contact avec lui pour qu'il nous dise quelques mots ?

– Si vous étiez un peu plus réceptif, Monsieur Bonbourgeois, vous pourriez le faire vous même ! C'est une question d'empathie et de curiosité aussi, vous savez. Bon, il y a aussi d'autres moyens de faire, mais c'est plus dangereux, comme l'explique bien Monsieur Werber. de toute façon, il n'a pas envie de vous parler, il est en grande conversation avec son grand-père en ce moment.

En tout cas, ça a été une enquête rondement menée, et moi qui suit fidèle en mes principes, j'ai eu droit à mon lot de surprises… Et puis, la manière qu'a Bernard Werber de raconter notre aventure m'a parfois fait réfléchir, avec sa façon de la relier au grand fourre-tout qu'est l'inépuisable Encyclopédie du savoir relatif.

– Merci Lucie Filipini d'avoir partagé ce moment avec nous dans le cadre de Paranormal a droit. Passez le bonjour au sympathique Bernard Werber et à toute la famille Wells (enfin je parle de ceux qui sont morts).

– Merci Aloin Bongrain-Dubourgois (en fait, je sais parfaitement comment vous vous nommez).

– Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour une émission spéciale consacrée aux grands esprits (morts) qui se rencontrent.

Bonne nuit et faites de beaux rêves. »
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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critiques presse (1)
LeJournaldeQuebec
20 novembre 2017
L’écrivain français Bernard Werber s’est interrogé sur les mystères de la mort, le don de médiumnité et l’art de communiquer avec les défunts dans un nouveau roman très bien ficelé, intelligent, qui pique vite la curiosité : Depuis l’au-delà.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (115) Voir plus Ajouter une citation
- Ca se passe dans un asile. Un zoophile, un sadique, un meurtrier, un nécrophile et un masochiste sont en train de discuter quand soudain passe un chat. Le zoophile fait une proposition : "Et si on l'attrapait pour que je lui fasse l'amour ?" "OK, répond le sadique, mais après je le torture." "Une fois que tu l'auras torturé , moi je le tue " ajoute le meurtrier. "Et quand tu l'auras tué, moi je lui ferai à nouveau l'amour.", renchérit le nécrophile. Tous se tournent alors vers le masochiste, qui n'a rien dit. Ils lui demandent : "Et toi, tu proposes quoi ?" Le masochiste répond alors : "Miaou."
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C'est à cet instant précis que j'ai aperçu un prospectus sur un pare-brise. Dessus était inscrit, je me le rappellerai toujours :

PROFESSEUR MAMADOU M'BA
GRAND MEDIUM DIPLÔME
DE L'UNIVERSITE DE DRAKAR
30 ANS D'EXPERIENCE. 100% DE REUSSITE.

Vous souffrez de timidité, d'impuissance sexuelle, de surpoids ? Vous ne gagnez jamais aux jeux de hasard ? Vous voulez vous faire aimer comme l'enfant de sa mère ? Examen du sexe pour avoir de la force en amour. Mamadou M'Ba connaît des potions magiques. Protège contre les ennemis, contre la folie, contre les accidents de voiture, contre les mauvais esprits. Récupère les fiancées qui se sont enfuies avec d'autres hommes, les chiens et les chats égarés. Parle avec les proches disparus. Obtient des augmentations de salaire. Guérit le sida par téléphone. Répare les motos russes. Satisfait ou remboursé. Je prête serment sur l'honneur de ne pas trahir mes clients. Tarifs spéciaux pour les chômeurs, les étudiants, les syndicalistes, les veuves et les invalides de guerre.
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Alors qu’elle s’apprête à repartir, l’âme errante du Baron remarque l’âme errante de l'écrivain.
« -Touriste ? Demande-t-il.
- Heu... oui, en quelque sorte. Je suis décédé ce matin.
- Vraiment ? Alors preparez-vous a beaucoup de surprises.
- Je dois avouer que pour l’instant je ne m’ennuie pas.
- Et pourquoi êtes-vous là ?
- Je veux savoir qui m’a tué.
Le baron lâche une moue ironique.
- Ca, c’est bien une préoccupation de nouveau mort »
-
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Aucun artiste n'invente à partir de rien. Nous sommes comme des fleuristes, nous n'inventons pas les fleurs, mais nous les regroupons pour qu'elles forment de beaux bouquets.
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Apprécions ce que nous avons plutôt que de vouloir ce que nous n’avons pas. Chaque vie est unique et parfaite à sa façon, il n’y a pas besoin de la comparer à une autre, il faut juste essayer d’en tirer le meilleur parti.
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Videos de Bernard Werber (157) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bernard Werber
Une équipe indienne a vu pour la première fois des éléphants enterrer leur mort. Une étude publiée récemment dans Le Journal of Threatened Taxa rapporte le travail de chercheurs qui ont suivi pendant un an des rassemblements d'éléphants. Ils ont pu ainsi assister à quatre cérémonies funéraires dans la région du Bengale. C'est le sujet de la nouvelle chronique de Bernard Werber.
Visuel de la vignette : des éléphants en Namibie /Claudio Braslavsky /Getty
#animaux #elephants #science ______________
Chaque mercredi à 8h55, l'écrivain Bernard Werber livre sa vision de l'évolution de nos sociétés. Retrouvez toutes ses chroniques ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrpR-EH-6FXuTaB55LTDz0At ou sur notre site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-biais-de-bernard-werber
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