Où il est question de physique quantique et d'univers parallèles, de l'enlèvement d'un enfant et d'un odieux chantage, d'un meurtre perpétré par un homme venu d'ailleurs, d'un drôle de commissaire préoccupé par des questions existentielles et de l'affrontement entre deux scientifiques aux relations ambiguës…
Dans un Fribourg estival où le temps semble s'étirer, se distendre dans une sorte de ralenti et s'enrober dans la chaleur étouffante du mois de juin, Sébastian, physicien adepte des mondes multiples, va faire la dure expérience du libre arbitre et voir tous ses repères voler en éclat dans un réel qui le dépasse. Pris au piège entre ses convictions scientifiques et la contrainte d'une action criminelle qui lui répugne, il est soumis à un affreux dilemme où vont se confronter valeurs éthiques et principes modernes de théories quantiques.
Menant sa toute dernière enquête avant la retraite, le commissaire Schilf, homme singulier aux déductions insolites, essaie par tous les moyens, même les plus saugrenus, d'appréhender la vérité dans une réalité ceinte d'un épais brouillard d'incertitudes. C'est ainsi qu'il se résout à utiliser la tumeur au cerveau dont il souffre, en s'aidant des hallucinations que la maladie cérébrale lui provoque…
Ce drôle de bonhomme qui ne croit pas plus au hasard qu'à l'objectivité des faits, déchiffre les indices à la fois à coup d'interrogations métaphysiques, de raisonnements philosophiques et d'interprétations rationnelles. La lumière qui émergera de son originale approche policière sera bien plus étonnante que tout ce qu'il avait au préalable pu concevoir.
Depuis la parution de son premier roman «
L'aigle et l'ange » puis de «
La fille sans qualités » - titre clin d'oeil au récit de
Robert Musil « L'homme sans qualité » - la romancière allemande Zuli Zeh, née en 1974, est devenue l'une des figures majeures de la jeune génération des lettres d'outre-Rhin.
Son engagement politique, ses prises de positions et son franc parlé ont fait d'elle une artiste considérée, souvent sollicitée par les médias pour s'exprimer sur les phénomènes de société.
Ses livres dénotent en effet une sérieuse inclination pour les questions d'ordre éthique et abordent souvent les thèmes de l'implication, de la conscience collective et des valeurs morales dans notre monde « moderne ».
Avec «
L'ultime question », la romancière allemande recourt au genre policier dans une élaboration tout à fait originale et personnelle où elle entrecroise la métaphysique et la physique quantique.
Cela donne un roman insolite, extravagant, à la limite de la science-fiction, émaillé de sujets philosophiques et existentiels.
Responsabilité, culpabilité, causalité, libre arbitre, dualité entre le bien et le mal…ce n'est pas Une Question Ultime mais bien une série d'interrogations ontologiques que l'auteur soumet à notre réflexion, en y associant les préoccupations et les convulsions de la physique moderne.
Entre rationalisme, idéalisme et antagonisme perpétuel entre le bien et le mal, il est souvent bien difficile de choisir ou d'émettre un jugement de valeur tranché et définitif, et ce d'autant plus lorsque l'existence d'univers multiples engendre autant de contradictions que de possibilités !
Ainsi, une action criminelle a-t-elle le même poids moral lorsqu'on sait que dans un monde parallèle cette action n'a jamais été commise ? Peut-on tuer délibérément un homme avec la seule justification scientifique que ce dernier est toujours vivant dans une autre dimension ? La démonstration scientifique peut-elle aller à l'encontre des considérations conceptuelles de Bien et de Mal ?
Zuli Zeh nous offre là un thriller scientifique et métaphysique des plus interrogatifs ! Si le sujet est parfois un brin confus et ses contours un peu flous, «
L'ultime question » fait néanmoins partie de ces livres curieux et attirants qui nous laissent dans un état de perplexité et la tête pleine d'une réflexion riche et intelligente.
Au côté de personnages attachants et rehaussée d'une écriture qui va droit au but, modelée avec une concision imagée et sensitive, la romancière, en fine observatrice de notre société contemporaine, nous immerge dans une réalité où le tangible et le perceptible résultent bien souvent de sentiments personnels sous tendus par un système devenant hélas de plus en plus individualiste…