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Jean Bailhache (Traducteur)
EAN : 9782369355410
112 pages
Le Passager Clandestin (19/05/2022)
4.15/5   34 notes
Résumé :
En 1966, Roger Zelazny imagine un ordinateur tout-puissant qui rêve de devenir humain.

[texte de présentation de l'éditeur]

« — Je t’ai déjà dit que l’Homme possédait une nature fondamentalement incompréhensible. Ses perceptions étaient organiques ; les tiennes, non. Ses perceptions lui procuraient des sentiments et des émotions […]. L’Homme ne sentait pas les miles ou les mètres, les kilos ou les litres. Il sentait le chaud, Il sentait... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Nouvelle de SF publiée en 1966, ce texte se déroule dans un futur lointain (enfin, on espère), à une époque où il ne subsiste plus sur Terre que des intelligences artificielles, programmées pour reconstruire la planète. Créées par l'Homme à une époque où l'humanité existait encore, ces IA sont autonomes, obéissent à leur programme, dialoguent entre elles et sont structurées en une hiérarchie bien établie et immuable. Automates, leur comportement obéit à la seule logique.

Jusqu'au jour où l'une de ces IA, Gel (« la plus belle, la plus puissante, la plus difficile à comprendre des créations de Solcom », Solcom étant lui-même une IA), tente de comprendre ce qu'est un être humain. Bien que ses collègues IA lui aient dit que « l'homme possédait une nature fondamentalement incompréhensible », dont les perceptions sont organiques, contrairement à celles d'une machine, aussi sophistiquée et complexe soit-elle, Gel s'obstine et rassemble un maximum de données parmi les vestiges de l'humanité éparpillés à travers le monde. Avant de lancer un pari : devenir lui-même un humain.

A travers cette quête improbable (?), l'auteur explore la question de savoir ce qui fait le propre de l'Homme, à une époque où l'on commençait précisément à développer les IA, et où certains étaient convaincus « qu'elles seront bientôt assez intelligentes pour bouleverser les notions mêmes de conscience et d'intelligence humaines », et où d'autres s'inquiétaient déjà du « risque d'une aliénation sans retour de l'humanité à ses oeuvres » (cf la postface de l'édition chez le Passager Clandestin).

Un texte simple, fluide, touchant même par l'obstination de Gel, qui ouvre sur le débat infini de l'essence humaine. Mais l'infinitude n'est-elle pas le propre de l'Humain ?

En partenariat avec les Editions le Passager Clandestin via une opération Masse Critique de Babelio.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Le robot qui a l'ambition de devenir humain est un thème assez classique et récurrent dans la littérature SF.
Des machines fatiguées des algorithmes et de l'analyse de base de données désirent éprouver des sentiments et faire l'expérience de la condition humaine.

Plusieurs auteurs ont fait des contraintes et des codes de la SF un merveilleux terrain de jeu pour aborder cette expérimentation ludique.

L'ordinateur tout puissant imaginé par Zelazny a les circuits bien perturbés et il s'ennuie à mourir, alors mû par une curiosité obsessionnelle sur l'homme il rêve de s'apparenter à ce dernier et de ressentir la peur, le désespoir, le doute, le chaud, le froid…

Pendant des siècles, il mettra tout en oeuvre afin de comprendre le comportement de cet "être imprévisible" qu'est l'homme.

Cette charmante nouvelle, pseudo simpliste, a été écrite par Zelazny en 1966 et fait partie des Dyschroniques, des éditions le passager clandestin, elle résonne étrangement à notre époque où l'homme cherche de plus en plus à cohabiter avec les machines.

Le metaverse alliant à la fois les jeux vidéo, les réseaux sociaux,
l'e-commerce, des mondes immersifs en 3D, mais aussi des places de marché, gagne de plus en plus de terrain dans nos vies et comme pour plusieurs autres avancées technologiques, ils s'immiscent doucement mais sûrement dans nos existences.

Zelazny est connu comme un des pionniers du courant SF dit « expérimental » et pour son attention toute particulière à son propre temps, son génie visionnaire et à son imaginaire sans limites.

Il s'est penché pendant des années sous la question de comment les machines pourraient recourir au langage, former des concepts et résoudre des problèmes réservés aux humains.

Cette nouvelle est un excellent prétexte pour lancer la réflexion sur ces avancées technologiques qui nous renvoient forcément à des interrogations sur la marche du monde, sur l'état des sociétés et sur l'avenir des hommes.

Un grand merci à Masse critique pour la découverte de cette nouvelle.


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Qu'est-ce que l'homme ?

Le temps d'un souffle, je m'attarde est une longue nouvelle de science-fiction parue en 1966.

Dans plusieurs siècles, sur une Terre désertée d'où l'humanité a disparu, seules subsistent quelques intelligences artificielles programmées pour entretenir et reconstruire la planète.
L'une d'elles se nomme Gel, « la plus belle, la plus puissante, la plus difficile à comprendre des créations de Solcom » (Solcom est une autre I.A.).
Gel, qui dispose de beaucoup de temps de loisir (!), rassemble des informations pour essayer de comprendre ce qu'est un être humain...
Cette quête opiniâtre va s'achever d'une magnifique manière…

Sur ce canevas assez simple, qui n'est pas sans rappeler la quête des chiens dans le célèbre roman de Simak, Demain les chiens, Zelazny a écrit une très belle nouvelle, à l'écriture fluide et poétique, l'une de ses préférées.

P.-S. : ne pas lire la présentation du livre qui en dit beaucoup trop !
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Ce texte est une réédition d'une nouvelle, publiée à l'origine en 1966 (et parue en France dans un recueil en 1983). Il s'agit plutôt d'un très court roman, de nettement moins de cent pages, car le reste du livre est une postface intitulée «Synchronique du texte» (biographie de l'auteur, historique de publication du texte, historique de l'informatique, de la robotique et de l'Intelligence Artificielle). le thème de cette nouvelle se présente comme très classique, sur le thème du robot qui veut concurrencer l'homme. Sauf que d'hommes, il n'y en a plus un seul, dès le départ. Il ne reste sur la Terre que deux machines « intelligentes », Gel dans l'hémisphère Nord et Béta dans l'hémisphère Sud, en relation avec un centre de commandement depuis l'espace (sans humain non plus), Solcom, lui-même un peu brouillé avec un centre de secours, sorte de sauvegarde installée dans les profondeurs de la Terre, Divcom. le début de la nouvelle est assez basique. Gel a un probable petit défaut d'origine, ce qui explique que dès le début il utilise son « temps libre » à des choses pour lesquelles il n'a pas été programmé, comme s'intéresser à ce qu'était l'homme. Par la suite il se retrouve à passer, tel Faust, un pacte avec le Diable, c'est-à-dire ici Divcom. Gel s'en sort nettement mieux que Faust, et la fin est surprenante, faisant de ce récit une des rares dystopies optimistes. Optimisme tempéré par le fait que la lubie de Gel, dont toute l'histoire découle, est purement accidentelle. L'intérêt de ce récit est donc plutôt dans toutes les réflexions sur ce qui est le propre de l'homme à travers l'exploration de toutes les différences entre un homme et une machine intelligente. Cette nouvelle n'a guère pris de rides, elle se lit comme un conte. L'écriture est presque poétique, d'ailleurs le titre est tiré d'une poésie. Une lecture très agréable qui donne envie de mieux connaître cet auteur.
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Voilà, c'est la fin du monde. Ouf, elle est enfin arrivée, nous ne l'attendions plus. Des machines sont encore là pour gérer les flux et processus devenus inutiles. Les machines machinent, comme d'habitude. L'une d'entre elles tombe sur des vestiges de feue la domination humaine. Elle ne découvre uniquement que de la bonne came : outils traditionnels, bons livres, tableaux, j'en passe des vertes et des pas mûres. Je rappelle que Zelazny écrivit cette nouvelle en 1966. L'espèce humaine ne pouvait donc pas encore laisser derrière elle des serveurs informatiques bourrés de merde. Mais passons. Un des robots, sans doute quelque peu désoeuvré, commence à s'éprendre de l'Homme. Il veut s'imprégner de l'essence humaine, il veut en connaître la nature, il aspire peut-être même à devenir Homme lui-même. le robot, déjà, se montre un peu plus que machinique, témoignant d'une envie non programmée : nous entrons dans le fantastique. Mais passons.


La suite est un peu prévisible. le robot découvrira petit à petit que l'expérience de l'homme et l'expérience de la machine ne peuvent pas converger. Oui, l'homme est exceptionnel, l'homme vit des expériences de dingue, à la fois sensible mais doté d'une force surnaturelle (divine ?) lui permettant de supporter l'enfer des sensations. Bien peu se demandent inversement si l'homme serait capable de devenir une machine. En effet, la question ne se pose plus puisque nous tendons tous de plus en plus à devenir des machines, et nous ne semblons pas considérer cette tendance comme immorale.


Le court dossier qui suit la nouvelle rappelle au lecteur le contexte au cours duquel Zelazny écrivit cette nouvelle : il est celui du déploiement de la mégalomanie cybernétique des années 1950/1960. Se basant sur un texte fondateur de Norbert Wiener datant de 1943, les conférences de Macy se succèdent de 1946 à 1953 à propos d'une nouvelle « science » qui serait la cybernétique et dont l'ambition serait de concevoir des mécanismes artificiels qui modéliseraient ou imiteraient les fonctions cognitives. Deux ans après la fin de ces causeries d'attouchements intellectuels visant à éliminer la pensée, John McCarthy, Claude Shannon, Marvin Minsky et Nathaniel Rochester lancent des petits ateliers de réflexion sur la notion d'intelligence artificielle. Quelques progrès sont constatables : les machines résolvent des problèmes de maths, elles apprennent l'anglais, elles jouent aux échecs. Elles y arrivent très bien et très vite puisqu'elles n'ont, effectivement, jamais envie de se branler. Quelques algorithmés du bulbe ambitionnent ensuite de concevoir des réseaux de neurones artificiels capables d'autoapprentissage. Que des hommes qui ne sont jamais capables d'apprendre quoi que ce soit des leçons que leur impose la vie prétendent inculquer à des machines une capacité telle que celle de l'autoapprentissage devrait nous faire sourire. Heureusement, dès cette époque, quelques individus commencent à tempérer l'ardeur des algorithmés. Geoffrey Jefferson rappelle que le cerveau et la machine ne sont pas équivalents tandis que Hubert Dreyfus assure que la pensée humaine est contextuelle et qu'elle ne se passe pas d'un corps. Nous arrivons à l'époque de la régression : les évidences deviennent des objections qu'il s'agit d'anéantir.


En 1966, Roger Zelazny arrive au coeur de la tourmente cybernétique et sa nouvelle est le lieu d'exposition de la sempiternelle question : le robot n'est-il qu'un homme comme les autres ? Plutôt Dreyfusard, Zelazny semble concevoir que le robot ne panera rien à l'expérience humaine s'il ne se plonge pas dans le chaos échappant à toute mesure de la vie sensorielle et charnelle. Nos tripes, notre sang, notre lymphe et nos hormones : ce sont eux, les signes de notre supériorité sur la machine. Evidemment, ces conclusions nous sembleront assez évidentes à l'heure où la robotisation de la vie s'étend de plus en plus. le robot du bouquin n'a pas supporté de devenir un homme à cause de l'intensité des sensations qu'il commençait à éprouver dans sa tentative de s'approprier l'essence humaine ; de même, l'homme, se familiarisant avec la bonhomie de la machine et avec sa simplicité binaire, tend à ne plus supporter de souffrir comme un homme. Toute bonne nouvelle traitant de l'intelligence artificielle et des machines ne pourrait que se conclure par la destruction de la machine. Toute tempérance à ce sujet est encore complaisance.


Sur la cybernétique, quelques très bons documentaires de la Gestion génocidaire du globe : https://www.youtube.com/watch?v=UhobfTWzePo&ab_channel=LaGestionG%C3%A9nocidaireduGlobe

Lien : https://colimasson.blogspot...
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Les machines ténébreuses restèrent en position.
- Trop quoi ? demanda Solcom.
- Trop de lumière. De bruit. D’odeurs. Et rien de mesurable... des données confuses – des perceptions imprécises... et...
- Et quoi ?
- Je ne sais comment dire. Mais c’est irréalisable. J’ai échoué. Tout est vanité.
- Il avoue, dit Divcom.
- Quels étaient les mots prononcés par l’Homme ? dit Solcom.
- J’ai peur, répondit Mordel.
- Seul l’Homme peut connaître la peur, dit Solcom.
- Vas-tu prétendre que Gel a réussi mais ne veut pas l’admettre parce qu'il a peur de la condition de l’Homme ?
- Je ne sais pas encore, Suppléant. Est-ce qu’une machine peut se transformer au point de devenir un Homme ? demanda Solcom en s’adressant à Gel.
- Non, ce n’est pas faisable. Rien n’est faisable. Tout est vanité. Tout. La reconstruction.
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- Gel ?
- Allô Béta. Ecoute ceci : « De loin, du soir et du matin, et de ce ciel aux douze vents là-haut, ce qui fait la vie est venu ici pour me former : me voici. »
- Je connais ce poème, dit Béta.
- Alors, quelle est la suite ?
- « ... Maintenant, le temps d’un souffle je m’attarde, avant de me disperser... Vite, prends ma main et dis-moi ce que tu as dans le cœur. »
- Ton pôle est froid, dit Gel, et je me sens seul.
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L'Homme a créé la logique, et, pour cette raison, Il se plaçait au-dessus d'elle.
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Au bout de quelques siècles, l’un d’eux mit au jour une série de produits ouvragés – couteaux primitifs, défenses d’animaux taillées et autres objets de même nature.
Gel ne savait pas ce que c’était, hormis qu’il ne s’agissait pas d’objets naturels.
Il s’en enquit auprès de Solcom. « Ce sont des reliques de l’Homme primitif », dit Solcom, sans s’étendre davantage sur la question. Gel étudia les objets. Grossiers mais portant la marque d’une conception intelligente ; fonctionnels mais transcendant en quelque sorte leur fonction pure.
C’est alors que l’Homme devint son violon d’Ingres.
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- Regarde ce morceau de glace, puissant Gel. Tu peux me dire quels sont sa composition, ses dimensions, son poids, sa température. Un homme n'aurait pu faire de même rien qu'à le voir. Il pouvait fabriquer des outils capables de l'informer sur toutes ces choses et, pourtant Il ne savait pas mesurer comme tu le fais. Ce qu'Il savait de cette glace, en revanche, c'est une chose que tu ne peux pas connaitre.
- Quoi donc ?
- Que c'est froid, dit Mordel, la lançant dans l'air.
- "Froid" est une notion relative.
- Oui, relative à l'Homme. (pp. 24-25)
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