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Critiques de Trevanian (494)
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Incident à Twenty-Mile

Un très bon roman à l'allure de western...

On se laisse lentement transporté au sein de ce tout petit village. Twenty-Mile se meurt, futur bourgade fantôme et ce n'est pas ses quelques habitants qui vont vous dire le contraire. Il y a une auberge, un magasin général, un barbier, un saloon – bordel, une rue principale et quelques bâtiments abandonnée. Une petite dizaine d'habitants permanents pour une ville qui ne s'anime que le week-end lorsque les mineurs du « Filon Surprise », bientôt épuisé, descendent faire la fête et dépenser leur paie de la semaine.

C'est un roman où l' intrigue progresse lentement, deux histoires nous sont contées en parallèle et plus les pages défilent et plus on se demande si elles vont belles et bien ce rejoindre. Cependant et paradoxalement, j'ai trouvé cela très agréable, l'auteur prend le temps de nous décrire ses deux héros, Lieder le « grain de lune » un homme dont la présence et l'absence nous fera froid dans le dos (tueur, sadique, cinglé...) tout au long du roman, Matthew alias Ringo Kid le jeune homme courageux, travailleur, bien élevée bien qu' un brin menteur arrivé à pied un matin à Twenty-Mile, un énorme et vieux fusil en bandoulière

Les portraits des personnages principaux comme des personnages secondaires sont particulièrement soignées, on s'attache à certain on s'effraie d' autre, aucun ne nous laisse indifférent.

Ce n'est que lorsque tout est bien mis en place que l' écriture s'anime, une arrivée et la petite ville sombre dans l'horreur. Je n'en dirai pas plus mais cet incident sera l'ultime sursaut qui animera Twenty-Mile.



Quelle ne fut pas ma surprise dans les dernières pages lorsque Trevanian reprend la parole de découvrir qu' il s'est inspiré en partie de fait, de personnages et de lieux ayant réellement eu lieu et existé. Il s'est superbement bien approprié son histoire.



Un auteur dont j'ai très envie de retrouver l'univers et l' écriture.

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Incident à Twenty-Mile

Entre roman noir et western, Trevanian a encore réussi à me transporter complètement dans son univers. D'ailleurs, il est difficile de poser le roman et de quitter ce petit hameau de Twenty Mile et ses personnages tous "haut en couleur", où au crépuscule du 19ème siècle violence physique et psychologique sont au paroxysme.

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Incident à Twenty-Mile

ma démarche n'est pas tant d'exprimer une critique concernant ce roman du genre western, le seul qu'ait jamais produit,

semble-t-il, Rodney William Whetaker, un curieux personnage qui publia, paraît-il ses premiers romans sous différents pseudonymes

(Trevanian) et pour un coup d'essai, cet auteur que j'ai découvert seulement à la lecture de Twenty Mile, à réussi un grand livre,

mais on est loin, d'auteurs qui se sont essayés, eux aussi occasionnellement à la littérature des grands espaces, comme

Daniel Woodrell, qui en dehors de ses romans déclinants la misère et la violence des communautés isolées des Monts Ozarks,

a produit un western grandiose, "chevauchée avec le diable", le fim qu'on essaya d'adapter n'avait pas la qualité du roman,

mettant en scènes pendant la guerre de Sécession, des milices privées qui luttent contre les envahisseurs nordistes,

on peut citer aussi James Lee Burke (Texas forever) ou Cormack McCarthy (Méridien de sang) et quelques Burnett (fureur Apache)

et Elmore Leonard (chasseurs de primes) qui mélangeaient les genres, polars et westerns

et encore au-dessus on trouve les maîtres du genre, Ernest Haycox (le passage du canyon) dont Ernest Hemingway avouait

ne lire le journal, uniquement quand il publiait un feuilleton de Haycox, ou encore Alan le May et A B Guthrie



pour revenir à Twenty Mile, j'ai apprécié (littérairement bien sur) le personnage de Lieder "enfant brisé" par un pére alcoolique qui le battait

et l'humiliait au point, que pour échapper à une mort lente, il s'enfuit et devient un hors la loi qui au fil du livre, se sentit investit d'une mission

messianique : débarasser sa chère Amérique de tous les immigrants que les banquiers de Wall Street faisaient venir par bateaux entiers

pour réduire les couts de leurs manufactures en les mettant à la place des ouvriers américains réduits à la mendicité.

il devait lutter contre, "cette conspiration cosmopolite" qui était selon lui le fait des nations européennes qui a défaut de lutter face à face

avec "la plus grande nation aryenne du monde" en leur déclarant la guerre, lui envoyaient "la lie de leurs caniveaux et de leurs ghettos

pour affaiblir notre esprit national, pour diluer notre lignée pure dans un afflux de sang dégénéré"



fermez le ban,



à partir de cet instant, tout lecteur averti commence à se poser des questions, un tel discours même à travers un personnage romanesque

complément fou, pervers, cruel et désaxé, est trop désagréable à entendre, pour que l'on ne s'interroge, d'autant plus ce discours

est d'une teneur moderne, en décalage avec le reste des dialogues tres proche du concept hautes plaines et FarWest



et le personnage, (je ne veux pas, encore parler de l’auteur), continue de marteler son discours raciste antisémites et xénophobes

"chaque immigrant que l'Europe nous envoie, les rends plus riches et plus forts, car ils se débarrassent de leurs vermines,

tandis que nous, nous appauvrissons"



et son message de haine continue la page suivante



"les Irlandais catholiques les juifs et les mexicains se multiplient tellement vite, que bientôt ils nous surpasseront en nombre et ils éliront

l'un d'entre eux, à la Présidence de nos Etats-Unis! vous imaginez les Amréricains blancs et Protestant sous les ordres des immigrants »



quand on lui fait remarquer que tous les américains sont des immigrants, il s’emporte et exige que l’on fasse la distinction

« Nos ancêtres étaient des colons, pas des immigrants ! Et il y a un monde de différence un colon et un immigrant, les colons sont venus

pour ouvrir des clairières dans les bois et ensemencer les vastes prairies, ils ont mêlé leur sang et leur sueur à cette terre généreuse, alors

que les immigrants sont venus récolter et voler ce que nous avions semé



Maintenant il me semble que les dialogues du personnage fou appelé Lieder sont hors-sol, ils sont trop contemporains pour constituer

des propos vraisemblables tenues à cette époque, nous sommes en 1898



Alors pourquoi Trévanian les fait-il tenir à Leider coincidence? anachronisme volontaire ? ou message subliminal partisan?



ce discours est celui du Klan, des néo-nazis américains et des suprémacistes blancs, (mais aussi de tous les partis populistes européens)



pour finir le complot juif,



c'est toujours LIeder qui prend ses otages à témoins

"dites-moi ! combien de fermiers juifs vous connaissez, ou de pêcheurs juifs, de mineurs juifs, de bûcherons juifs? pas un seul! et pourquoi ?

parce que les fermiers, les pecheurs, les mineurs, les bûcherons, eux ils créent la richesse de la nation, alors que les Juifs sont venus

pour se goinfrer"



là on se croirait , en France, a peu près à la même époque, celle où régnaient les ligues d'extrêmes droites nationalistes ou à un meeting

de l'Action Française de Maurras et Léon Daudet, avec en guest stars, les Croix de feux du colonel de La Rocque et les Camelots du Roy

qui entonnaient a capella "la France aux Français"



Vous comprenez, que nous puissions nous poser des questions !

Ce ne peut être quand même l'auteur qui s'exprime à travers son personnage ?

le doute existe, s'est-il caché derrière ce néo-nazi avant l'heure pour exhaler ses miasmes morbides?



Je sais que révisiter l'histoire est un des plaisirs du moment et que certains lobbys y trouvent leur compte, mais si je suis opposé

au révisionnisme (dans les deux sens) et au déboulonnage des statues, j'ai le droit de me poser des questions, quant à l’engagement

politique de cet auteur qui pour moi restera encore plus énigmatique encore, je n’ai aucun compte à régler, je continuerai naturellement

à apprécier le roman western





Alain Nicolas

Paris, le 25 septembre 2020













;
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Incident à Twenty-Mile

Lorsque Trevanian se lance dans le western, ça finit à Twenty-Mile, le fin fond de nulle part du Wyoming et par un duel entre Matthew « Ringo Kid », l’ange du bien schizophrène et Lieder, l’ange du mal psychopathe. Les discours philosophiques de ce dernier pour justifier son sadisme sont un véritable joyau d’humour à froid. Ils s’appuient, notamment, sur sa lecture du livre « La révélation de la vérité interdite » de Le Guerrier qui n’est pas sans rappeler un autre ouvrage, « Mon combat » écrit par un petit autrichien « prolo », frustré et moustachu. C’est du western à la Tarantino.

Superbe traduction de Jacques Mailhos qui a brillamment interprété les jeux de mots et traits d’humour de l’auteur, belle performance.

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Incident à Twenty-Mile

A travers la lutte entre les gentils et le méchant, c'est une Amérique gangrenée par le patriotisme et le racisme que dépeint Trevanian. Encore peu connu chez nous, il est un mythe outre-Atlantique.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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Incident à Twenty-Mile

[ 𝘐𝘯𝘤𝘪𝘥𝘦𝘯𝘵 à 𝘛𝘸𝘦𝘯𝘵𝘺 𝘔𝘪𝘭𝘦 . 𝘛𝘳𝘦𝘷𝘢𝘯𝘪𝘢𝘯 ] 💙



Lire un western ! Je n'aurais jamais pensé en avoir l'occasion. Un grand merci à @jmgruissan_voyage_en_livre pour cette belle découverte.



Un western donc avec ses gentils et ses méchants, très méchants même.



A lire en imaginant ce huis clos porté à l'écran par Tarentino .





@editions_gallmeister

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Incident à Twenty-Mile

En 1898, Twenty-Mile, bourgade moribonde, située au milieu de nulle part, accrochée aux Medicine Bow Mountains, dans les Montagnes Rocheuses, propose encore le minimum syndical aux derniers mineurs s’esquintant sur l’ultime filon argentifère. Quand ils débarquent en ville, le samedi, ils se rabattent sur la nourriture roborative de la famille Bjorkvist, propriétaires de l’unique auberge, sur les trois prostituées (Queeny, Frenchy, Chinky) de l’hôtel de passe géré par Delanny, sur les baignoires récurées du Professeur Murphy, barbier de son état, sur le Grand Magasin tenu par les Kane, père et fille. La loi et la justice ont plié bagages avec les départs du juge et du marshal. Livrés à eux-mêmes, les rares habitants s’épient, se jalousent et s’évitent, cherchant à extirper encore quelques profits sur le dos fourbu des mineurs. Un jour, débarque le jeune Matthew Dubchek, prompt à sourire, à louer ses services, à discuter au-delà des attentes. A force, Matthew réussit à passer d’infranchissables barrières sociales et mentales, se faisant accepter bon gré, mal gré. Nanti d’un fusil massif et meurtrier, Matthew semble aussi supporter et fuir un passé pesant. Quand un trio de tueurs patentés, évadés du pénitencier de Laramie, atteignent à leur tour Twenty-Mile dans le but avoué de faire main-basse sur l’argent de la mine et dans la perspective floue de constituer une armée de patriotes xénophobes sous la bannière d’Hamilton Adams Lieder, « leader » des trois « grains de folie » en cavale, la vie moisie du bled en perdition va choir dans l’enfer déjanté de la perversité et de la violence.

Bien que l’auteur cherche à utiliser les codes du western en s’appuyant sur des faits réels, il compose un roman où la fiction prédomine et situe l’action dans une utopie atemporelle. Le western n’existe qu’aux franges du récit ; le genre n’a pas d’effet sur l’intrigue et la résolution des conflits. Trevanian livre une histoire exceptionnelle racontée avec un art consommé du dialogue et du suspense. Le lecteur entre de plain-pied dans un récit qu’aucune scorie ou affèterie ne viendront plomber. Le ricanement, le sourire et l’amusement cèdent progressivement la place à la stupeur, l’effroi et l’hébétude. L’auteur use de l’ellipse et du non-dit avec maestria, densifiant toujours davantage des personnages particulièrement inquiétants. Lieder tient le haut du panier. Sa lucidité n’a d’égal que sa perversité. Capable de jauger les hommes, il sait les manipuler et les assujettir à sa guise, révélant leurs peurs et leurs couardises. Avec des individus comme le barman Jefferson Calder ou le prédicateur Leroy Hibbard, le lecteur pense toucher à la boue quintessentielle des turpitudes humaines ainsi qu’à la lâcheté la plus crasse, celle qui est sertie dans la boniment et la fanfaronnade. La dernière œuvre de Trevanian (1931-2005) publiée en 1998 est un chant du cygne particulièrement mélancolique en phase avec les remarquables Shibumi (1979) et The Main (1976).
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Incident à Twenty-Mile

La vie à twenty-Mile à un moment donné, en fait à l'arrivée d'un jeune homme "Matthew" dans ce village minier de quelques habitants avec son saloon, son épicerie, et quelques baraques en bois. L'auteur y décrit par l'intermédiaire de son héros la personnalité des individus atypiques qui ont atterri dans ce trou perdu jusqu'à l'arrivée d'un évènement inattendu qui risque de changer la vie de cette bourgade isolée et tranquille.

Intrigué par tant d'avis positifs, je me suis lancé dans la lecture de ce roman, mais j'ai du affronter des pages de dialogues fatigants. De plus le lecteur finit par deviner petit à petit l'épilogue de ce fait divers.

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Incident à Twenty-Mile

🤠 Incident à Twenty-Mile - Trevanian 🤠

Traduction : Jacques Mailhos @editions_gallmeister



En 1898, au cœur des montagnes du Wyoming, la petite bourgade de Twenty-Mile dépérit en même temps que s’épuise sa mine d’argent. Il ne reste qu'une poignée d'habitants lorsque débarque un beau jour Matthew, jeune garçon plein de gouaille et de culot, fan des aventures du Ringo Kid à qui il s'identifie, et qui compte bien s'installer en ville avec sa grosse pétoire. Pour cela il va user de tout son charme et son aplomb pour se trouver des petits boulots, sympathiser avec les habitants et se rendre indispensable. Mais voilà que trois hommes évadés de prison décident de se rendre à Twenty-Mile pour voler la cargaison de minerais d'argent qui passe en ville tous les samedis. Ce trio de tueurs est composé de Mon-P'tit-Bobby et de Minus, deux hommes de mains pervers et de Lieder, le meneur, psychopathe sadique persuadé d'être le sauveur de l'Amérique. La ville est prise en otage jusqu'à l'arrivée du train et des minerais, de quoi laisser à Lieder le temps de montrer aux habitants de quelles cruautés il est capable.

Coup de cœur. J'ai tout aimé dans ce livre, les personnages, les lieux, les dialogues (jubilatoires 😍), l'ambiance, l'écriture... Les personnages de Matthew et Lieder sont justes géniaux, Matthew est attachant, émouvant et drôle et Lieder est un méchant comme je les aime, sadique, sans limites, fou et drôle aussi (dans le genre réparties cinglantes).
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Incident à Twenty-Mile

Incident à twenty-mile.



Bienheureux qui ne connait pas encore Trevanian. Après Shibumi du même auteur , j’ai découvert ce livre dont le titre est rien moins qu’accrocheur et pourtant …



Cet écrivain représente le meilleur de la littérature américaine : percutant, incisif, plein de vie et surtout sans psychanalyse de bazar pour détailler si bien les travers humains.



Tout le début est absolument éblouissant. Décor et personnages plantés de fort belle manière, sans fioritures mais avec beaucoup de finesse et d’humanité.



L’auteur explique sa démarche en fin de livre, c’est à dire réaliser un livre de genre ( Western) tout en cassant les codes. Même sans ces explications , ce livre est tout simplement magistral et nous sommes menés par le bout du nez pour notre plus grand plaisir.



J’allais ajouter des extraits mais les précédents lecteurs avaient déjà tout ratissé ce qui prouve qu’ils ont du goût.



Trevanian est un « Lieder », astuce un peu faiblarde je le reconnais pour vous inciter à lire le livre car le très dangereux Lieder, le méchant du livre, vaut à lui seul le déplacement.



Parce qu’il faut bien être exigeant avec les grands auteurs et celui-ci en est un, sans nul doute, j’ai été( un peu moins) séduit par la fin.
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Incident à Twenty-Mile

1898 dans les montagnes du Wyoming, un jeune étranger arrive à Twenty-Mile, une petite ville isolée. Il n'a pour bagage qu'un fusil et un secret. Simultanément, un détenu s'échappe de la prison de Laramie et décide de prendre le contrôle de la ville pour y attendre le convoi de la mine d'argent

Un polar écrit comme un western. Une écriture exigeante, une narration lente. Les lieux, les personnes vous imprègnent. Vous êtes partie prenante de cette histoire. Trevanian est sans doute un chamane. Il nous envoûte Et...Son livre ne nous lâche plus.

Avec Incident à Twenty-Mile, resté inédit en français, Trevanian propose une nouvelle lecture du western qui dynamite les conventions du genre. L'auteur de Shibumi et de La Sanction nous offre une oeuvre tout à la fois brillante et nostalgique.

Une version pleine de suspense et ironique du mythe classique du western.
Lien : https://collectifpolar.com/
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Incident à Twenty-Mile

Je ressort mi figue mi raisin de ce roman. Déjà c'est long. Très long à mettre en place. Trevanian prends son temps pour installer l'ambiance et le quotidien monotone d'une ville perdue au milieu des montagnes. Mais une fois l'action bien installée (au bout d'un prologue de 160 pages), c'est un régal. Les personnages se développent et se dévoilent. La quasi-unité de lieu et l'absence de chapitre rend de plus en plus suffocante une situation dans laquelle la tension va crescendo jusqu'au duel final, scène incontournable de tout western qui se respecte.

Je ne sais pas si je considérerai Trevanian comme l'auteur culte que l'on m'a décrit. Mais passé ce prologue presque décourageant, j'ai trouvé dans ce livre un affrontement assez palpitant. Sans la longueur, je pense que ce roman aurait eu l'un des plus grand méchant littéraire, imprévisible et sans pitié mais aux paroles pleines de sens. Le style traînant de l'auteur fait penser au cinéma de Denis Villeneuve. A mes yeux, "Incident à Twenty-Mile" est un roman coup de poing à réserver à tout ceux qui sont fan de récit contemplatif dans lequel il se passe tout dans quasiment rien.

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Incident à Twenty-Mile

Un exercice de style réussi que ce western aux allures de tragédie antique : Incident à Twenty-Mile de Trevanian – traduit par Jacques Mailhos – joue avec tous les codes du genre, en y ajoutant une dose de profondeur. Unité de lieu, d’action et (presque) de temps : y a pas à dire, Trevanian connaissait ses classiques et savait les revisiter à la sauce US !



Un p’tit village de nulle part (à vingt miles de… rien !) dans les montagnes du Wyoming où subsiste une petite communauté bariolée d’une douzaine d’habitants rejointe récemment par le jeune Matthew ; y débarque Lieder, dangereux illuminé fanatique et cruel, flanqué de deux acolytes rivalisant de bêtise, qui désire mettre la main sur le magot des mineurs qui redescendent des montagnes chaque samedi pour dépenser leur fortune ; et quelques heures pour installer la tragédie finale qui doit immanquablement voir Matthew et Lieder s’affronter. Racine et John Ford réunis : un délice !



L’histoire monte doucement en puissance sans aucun temps mort, rythmée par des dialogues courts et des aphorismes drôlissimes laissés ci-et-là (chapeau pour la traduction) et permet à Trevanian de creuser son incroyable galerie de personnages : ceux du bordel, Delanny, Calder et les 3 filles, Queeny la danseuse, Frenchy la balafrée et Chinky l’asiatique ; les Bjorkvist, famille suédoise égarée à la froideur toute relative ; BJ Stone et Coots, les amoureux qui se cachent ; et Hibbard, et Ruth-Lilian, et… Ringo Kid !



Il y a donc aussi du Audiard, en plus de Racine et Ford, et quelques fulgurances de rapprochement avec Tarantino ou Zahler, que Trevanian a manifestement inspiré. En y ajoutant ce petit plus apporté par la réflexion profonde sur cette Amérique du repli, raciste et excluante quand elle oublie ses origines fondatrices, Incident à Twenty-Mile devient alors plus qu’un exercice réussi : un grand livre.

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Incident à Twenty-Mile

Bang bang !



En 1898, la bourgade de Twenty-Mile se meurt, seulement habitée d'une dizaine d'âmes (sauf quand les mineurs débarquent pour une nuit mouvementée une fois par semaine).

Jusqu'au jour où un gamin plein de débrouillardise et de gouaille débarque, prêt à travailler dur pour satisfaire tout le monde. Quel secret transporte-t-il avec lui, en plus de son antiquité de fusil ?

Et quand un tueur sanguinaire accompagné de deux brutes sadiques s'échappe de prison, leur chemin semblent les mener tout droit vers Twenty-Mile.

La tempête est alors prête à éclater sur la ville isolée.



L'auteur ne s'en cache pas, tous les éléments classiques d'un bon western sont présents ici : le kid qui débarque, le hors-la-loi évadé de prison, la vierge au cœur pur, les prostituées de saloon, le train et sa précieuse cargaison, le tout dans une ville fantôme paumée d'Amérique...

Ennuyeux ? Pas le moins du monde !



Car Trevanian leur amène un réel supplément d'âme, dans ses bassesses et ses bontés, sa malice et sa sauvagerie.

On s'attache immédiatement à certain·e·s, on en déteste aussitôt d'autres. La bourgade prend vie sous nos yeux à travers ses habitant·e·s. Nous immerge en elle. Touche en plein cœur.



La suite sera d'autant plus terrible.

On le sait, on le sent, la tempête approche. La pire des arracheuses, qui balaie tout sur son passage.

La tension monte lentement, l'auteur ménageant ses effets, jusqu'à en devenir suffocante.

Puis tout éclate dans un déchaînement qui nous emporte. Fracassant tout sur son passage, faisant encore moins de pitié qu'une balle grasse et cireuse tirée à bout portant.

Qu'en restera-t-il ?



L'histoire marque aussi la fin d'une époque. La fin d'une ville, la fin d'un siècle. La fin du western.

L'auteur glisse par ailleurs quelques messages, sur un patriotisme vicié et délétère, sur la religion instrumentalisée, qui participent à la fin de cette ère.



Prenant, captivant, ce western crépusculaire sous forme de huis-clos à l'échelle d'une petite ville sur le déclin est d'une maîtrise totale.
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Incident à Twenty-Mile

Au coeur des Medecine Bow, une chaîne de montagne du Wyoming, se nichait en 1898 une petite ville du nom de Twenty-Mile. Quoique, ce qu'il restait de Twenty-Mile ne pouvait peut-être plus recevoir l'appellation de ville : une écurie, un bordel, une auberge, un barbier et un grand magasin y maintenaient encore un semblant d'activité. Ni médecin, ni fossoyeur, ni école, encore moins de shérif. A une grosse journée de marche de Destiny, la ville la plus proche à laquelle elle était reliée par une voie de chemin de fer, Twenty-Mile ne survivait que grâce à l'activité générée par une mine d'argent, baptisée le « Filon Surprise » et située plus haut dans les Rocheuses. Une fois par semaine, 60 mineurs descendaient à Twenty-Mile et y dépensaient leur paie en boissons, filles de joie et bains. C'est dans ce trou perdu qu'échoue Matthew Dubchek, jeune gars plein d'entrain et prêt à exercer tous les petits boulots -préparer le déjeuner au bordel, récurer les baignoires chez le barbier, ranger les outils à l'écurie- pour se fondre dans la petite communauté. Pris en sympathie par un ancien instituteur et son compagnon, un militaire à la retraite, Matthew va d'abord se présenter sous le nom de Ringo Kid, un personnage de fiction chevalersque et téméraire dont il lit et relit les aventures, avant d'être percé à jour par les deux vieux de la vieille. Ceux-ci mettront toutefois plus de temps à comprendre le drame secret qui a conduit le jeune gars jusqu'à eux. Quelques temps après l'arrivée du Kid à Twenty-Mile, c'est un personnage d'une tout autre trempe qui y fera son apparition : Hamilton Lieder, un dangereux criminel récemment évadé de prison, tout comme les deux autres tueurs qui l'accompagnent, baptisés Minus et Mon-Ptit-Bobby. Entre leurs cellules et la petite ville perdue, c'est un chemin balisé de sang et de souffrances que les trois bandits ont laissé derrière eux. Mais cela, bien entendu, aucun des malheureux habitants de la cité minière ne peut le savoir.

Archétype même du cinglé et de l'illuminé, Lieder compte bien prendre sa revanche sur la vie et sur l'humanité en général. Persuadé d'être un vrai patriote, il s'est fixé pour objectif de redresser la nation américaine en la débarrassant de tous ceux qui -selon lui- vivent sur son dos : les parasites qui enlèvent le boulot aux vrais colons, ces foutus immigrés juifs, noirs et autres asiatiques. Tant qu'à faire, il désire également mettre au pas tous ceux qui -toujours à son idée- ne produisent rien : les banquiers, les commerçants et toute la clique de politiciens de la capitale, rogneurs de libertés des vrais citoyens comme lui. Pour y arriver, Lieder entend lever une petite armée, qu'il compte payer en volant l'argent extrait de la mine et qui transite par Twenty-Mile une fois par semaine. Dans l'attente de l'arrivée du train bourré d'argent (il faudra quelques temps à Lieder avant de comprendre que l'argent qui descend du « Filon Surprise » tous les samedis soirs se présente sous forme de roche non encore traitée...), il place la ville sous sa démentielle autorité.

Formidable roman d'aventure, ' « Incident à Twenty-Mile » remet magistralement au goût du jour un genre peu pratiqué en notre époque pleine de serial killers ou de golden boys sans scrupules : le western. Même si, à bien y réfléchir, l'intrigue ne s'écarte-t-elle pas tellement de ces deux thématiques-phares de notre début de siècle. Car, au-delà des personnages et des situations typiquement westerniennes (la jeune vierge à la merci d'un dingo armé; la petite ville sous la coupe d'une bande de bandits amoraux; le jeune cow-boy qui se découvre des talents de justicier; le tenancier de bordel propre sur lui et qui cache un petit revolver dans sa botte), au-delà de tout ça, ce qui contribue à son indiscutable réussite réside dans son propos des plus actuels. Sans renier les origines du western, ni tout ce qui a pu contribuer à son succès, au contraire même, en les magnifiant, Trevanian imprègne son roman de thématiques à tout le moins contemporaines, si pas intemporelles. Ainsi, rien qu'avec le personnage de Lieder, l'auteur concentre-t-il l'essentiel des plus bas instincts humains : racisme, peur de la différence, rapacité, violence extrême, couardise, irresponsabilité et vantardise, pour ne citer que ceux-là. Avec le personnage de la tenancière de l'auberge, c'est à l'exploitation humaine et au capitalisme à tout prix qu'il touche. Loin de s'enfermer dans les stéréotypes du genre, Trevanian tend plutôt à se les approprier et à les détourner respectueusement pour pointer ce qui, à notre époque, continue d'indigner. La xénophobie, l'exploitation, l'usage inconsidéré de la force. Et, en intégrant un couple de vieux homosexuels parmi ses personnages les plus sympathiques, il dynamite un sérieux tabou (il est vrai déjà entamé par le film 'Le secret de Brokeback Mountain'!) du genre. Moderne tout en s'affichant fièrement comme un exemple, 'Incident à Twenty-Mile' nous enchante parce qu'il ravive de bien agréables souvenirs (ah, Eastwood dans les westerns-spaghettis...) et qu'il nous transporte, souvent avec humour, dans un monde pas si ancien, mais dont la rudesse et la violence ne souffrent aucune discussion. Fluide et puissamment évocatrice, l'intrigue captive avec intelligence, tant le suspense alterne en de justes proportions avec ce petit rien d'élévation qui rend un roman d'aventure propre à toucher à l'universel. Des heures de lecture qui marquent. Une réussite.
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Incident à Twenty-Mile

La vache, qu'est-ce que c'était bon !



Trevanian s'essaye au western et réalise le sans-faute.

Intrigue au cordeau, personnages emblématiques, huis clos de malade avec un méchant possédant de vrais morceaux de folie pas vraiment douce à l'intérieur de lui-même.



Ce Twenty-Mile, c'est un grand huit émotionnel avec un auteur passé maître dans l'art de la clim' réversible.

Une plume captivante, immersive, acide.

Un western old school, pur jus, qui prend son temps, fait monter la pression par paliers (cherchez pas la décompression, ce Trevanian y est hermétique) pour décisivement éclater votre tensiomètre. De la péloche sur papier glaçant qui comblera d'aise tous les amateurs du genre, les autres itou.



Du grand art.



Magistral !
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Incident à Twenty-Mile

Loin de ses romans plus connus (L'expert, Shibumi, La Sanction), Trevanian nous entraîne dans la descente aux enfers ambiance western d'un village fantôme "Twenty Mile", aux prises avec un évadé sanguinaire... où un portrait de l'Amérique profonde à l'aube du 20ème siècle...
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Incident à Twenty-Mile

1898. Twenty-mile, Wyoming, est une de ces villes éphémères que la ruée vers l’argent a laissées derrière elle. Surgie du jour au lendemain en bordure de la voie de chemin de fer reliant la ville-champignon de Destiny au "Filon Surprise" -une mine perchée dans les hauteurs des Rocheuses- elle doit son nom au fait d’être "à 20 miles d’un endroit situé à 20 miles de là", ce qui en dit long sur son prestige. Le gérant de la mine s’est arrangé pour que les mineurs y descendent et s’y arrêtent le week-end pour leur cuite hebdomadaire et y trouver des filles, préférant éviter qu’ils aillent à Destiny où ils risqueraient de trouver un travail moins harassant. A l’instar de ses semblables érigées pour les besoins de la conquête de l’ouest, elle décline déjà, témoin moribond de la dévastation du milieu naturel au profit de la croissance économique. Les acteurs de cette conquête eux-mêmes -prospecteurs, aventuriers, colons- sont des "fins de race". Il faut dorénavant être marchand, banquier, courtier, vendeur.

"L’ouest c’est fini, on a tout bouffé.".



Ainsi Twenty-mile, "communauté de finis et de jamais commencés, de ratés, d’incasables", ne compte plus que quinze âmes occupant cinq bâtisses disséminées le long de son unique rue, qui représentent en même temps les points névralgiques de la bourgade, puisqu’on a là le "Grand Magasin de Kane", quincaillerie tenue par le discret Kane et sa fille la jolie Ruth Lilian ; le salon de coiffure où le Professeur Murphy peut aussi vous tailler la barbe ; l’Hôtel des voyageurs de Delanny, en réalité hôtel de passe où officient une minuscule chinoise, une noire défigurée et une vieille aguerrie, ce au grand dam de la famille Bjorkvist, propriétaire du seul "véritable" hôtel de la ville, clan remarquable par l’ampleur de son avarice, de sa bêtise et de sa méchanceté. Cette éclectique galerie est complétée de B. J. Stone, lecteur insatiable professant des idées bien arrêtées sur la politique, et exprimant une inextinguible haine de l’impérialisme, qui vit en compagnie de Coots, son serviteur noir. Quoiqu’à observer ces deux-là, difficile de savoir qui est le serviteur de qui…



L’arrivée de nouvelles têtes dans ce microcosme va faire de Twenty-mile le théâtre d’événements dignes du plus sanglant et du plus épique des westerns.



Matthew y débarque d’abord. Malin, menteur comme un arracheur de dents mais aussi attendrissant et travailleur, il tisse sa place, s’insère dans les bonnes grâces des habitants en se rendant indispensable et en suscitant la pitié par son statut d’orphelin. Un beau personnage qu’anime là Trevanian, à la fois naïf et torturé, gentil et rusé, bref bien plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord.



C’est l’arrivée de trois autres quidams fort moins sympathiques qui fait dégénérer la situation. Lieder, malfrat roué, d’une violence froide et sans limites, "distillat de pur mal à deux cents degrés", s’est échappé de la prison de Laramie en compagnie de deux brutes décérébrées. Le hasard les ayant mené à Twenty-mile, ils fomentent un plan pour s’emparer de la recette de la mine, soumettant l’ensemble des citoyens à leur cruelle férule.



Ce roman est un REGAL ! La mécanique dramatique se met en place avec une tension croissante qui tient certes le lecteur en haleine, mais son principal intérêt est ailleurs. Il est dans l’habileté avec laquelle l’auteur, en quelques coups de plumes, fait de chacun de ses héros, même les secondaires, des personnages marquants et singuliers, mais aussi dans sa capacité à les complexifier au fil de l’intrigue, et à tisser un réseau d’interactions les liant les uns aux autres de manière parfois surprenante. Et il est, surtout, dans sa tonalité et son écriture : "Incident à Twenty-mile" est aussi sanglant que drôle, aussi profond que distrayant, et on se délecte sans lassitude de la verve qu’y instille sa langue crue et gouailleuse, cette "parlure de l’Ouest" riche d’expressions détonantes ("ma mère en pisserait du barbelé" !). Une vision sombre et acérée du rêve américain, de ses limites et des prémisses de sa chute, transfigurée par la farce, que la postface rend d’autant plus savoureuse (mais je vous laisse découvrir pourquoi). Brillant.
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Incident à Twenty-Mile

Bluffant ! Il m’a bien eu Monsieur TREVANIAN. Il nous emmène dans une petite bourgade pommée sans histoire avec un gentil gars,un peu pommé lui aussi, qui a juste l’air de chercher sa place dans ce monde. Lentement mais sûrement il nous séduit avec le petit train train de Twenty Miles et celui de ses habitants sans histoires. Pas toujours très sympathiques certes, mais pépères tranquilles. Un gentil huis clos. Alors oui il y a des méchants là bas dans la prison mais ils sont loin et puis les méchants dans les westerns on les connaît, pas de quoi se biler outre mesure. Alors voilà on est bien installé un plaid bien chaud sur les épaules le chat qui ronronne sur les genoux et la paf ! Le chat se lève d’un coup et plante ses griffes dans vos cuisses en poussant un feulement genre film d’horreur. Fini le train train, il en a sous le pied Monsieur TREVANIAN ! On est pas dans un western spaghettis que diable ! Le tempo s’accélère les gentils ont tous leurs petits secrets et les méchants sont flippants. Accrochez vos ceintures il va y avoir de l’action, des fusillades, du sang, des drames et des larmes. Et surtout vous allez en découvrir des choses pas jolies, jolies...



La frontière entre le bien et le mal, la raison et la folie est mince , je ne peux pas tout dire ici sous peine de dévoiler des éléments clefs, mais les personnages sont de ce point de vue très réussis. Loin des caricatures des cowboys et des indiens revisités maintes fois TREVANIAN a l’art de créer des portraits hauts en couleurs des personnages clef des westerns : le joueur invétéré, le bonimenteur, le révérend, les filles de joie, l’idiot du village,… Un régal !



Et puis la cerise sur le gâteau : l’épilogue. C’est bien la première fois qu’un auteur me bluffe alors même que l’histoire est finie. Et quel travail de recherche et de documentation pour arriver à ce résultat.
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Incident à Twenty-Mile

Bourgade moribonde du Wisconsin en 1898. Plus rien ne s'y passe jusqu'au jour de l'arrivée d'un jeune étranger, Matthew, qui à la surprise générale décide de poser son camp à Twenty mile

Arrivent 3 tueurs dégénérés qui prennent la ville en otage dans le but de voler le convoi de la mine d'argent voisine...



Roman bien écrit, écriture sensuelle et visuelle, on s'y croirait. Tous les personnages du western sont là mais tous ont un petit quelque chose en plus

Un grand bonheur de lecture
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