AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Trevanian (490)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Incident à Twenty-Mile

Wyoming, à vingt miles ... de rien, bienvenue à Twenty miles

"Agglomération inhabitée - expression de cartographe voulant dire ville fantôme".

Pas si fantôme que cela, puisqu'elle compte 12 (pauvres) âmes !

Trevanian s'essaie à un nouveau genre, celui du western et c'est réussi !

Ici on a tous les ingrédients pour faire un bon western :

Une auberge, un magasin général, un saloon, une écurie, un barbier, un (ancien) bureau de Marshall, et puis, un nouvel arrivant ! Matthew, alias le Ringo Kid !

En provenance du Nesbraska, avec un bagout sans pareil, Matthew va tout faire pour se faire accepter et se rendre indispensable.

Préparant les biscuits pour les "trois filles" de M. Delany, en récurant les baignoires du professeur, ou en donnant un coup de main à la belle Ruth Lillian Ken, il va devenir le factotum de Twenty-Miles.

Mais c'était sans compter le venue de trois bon vieux méchants, venus pour braquer le convoi chargé de minerai.
Commenter  J’apprécie          70
Incident à Twenty-Mile

Bang bang !



En 1898, la bourgade de Twenty-Mile se meurt, seulement habitée d'une dizaine d'âmes (sauf quand les mineurs débarquent pour une nuit mouvementée une fois par semaine).

Jusqu'au jour où un gamin plein de débrouillardise et de gouaille débarque, prêt à travailler dur pour satisfaire tout le monde. Quel secret transporte-t-il avec lui, en plus de son antiquité de fusil ?

Et quand un tueur sanguinaire accompagné de deux brutes sadiques s'échappe de prison, leur chemin semblent les mener tout droit vers Twenty-Mile.

La tempête est alors prête à éclater sur la ville isolée.



L'auteur ne s'en cache pas, tous les éléments classiques d'un bon western sont présents ici : le kid qui débarque, le hors-la-loi évadé de prison, la vierge au cœur pur, les prostituées de saloon, le train et sa précieuse cargaison, le tout dans une ville fantôme paumée d'Amérique...

Ennuyeux ? Pas le moins du monde !



Car Trevanian leur amène un réel supplément d'âme, dans ses bassesses et ses bontés, sa malice et sa sauvagerie.

On s'attache immédiatement à certain·e·s, on en déteste aussitôt d'autres. La bourgade prend vie sous nos yeux à travers ses habitant·e·s. Nous immerge en elle. Touche en plein cœur.



La suite sera d'autant plus terrible.

On le sait, on le sent, la tempête approche. La pire des arracheuses, qui balaie tout sur son passage.

La tension monte lentement, l'auteur ménageant ses effets, jusqu'à en devenir suffocante.

Puis tout éclate dans un déchaînement qui nous emporte. Fracassant tout sur son passage, faisant encore moins de pitié qu'une balle grasse et cireuse tirée à bout portant.

Qu'en restera-t-il ?



L'histoire marque aussi la fin d'une époque. La fin d'une ville, la fin d'un siècle. La fin du western.

L'auteur glisse par ailleurs quelques messages, sur un patriotisme vicié et délétère, sur la religion instrumentalisée, qui participent à la fin de cette ère.



Prenant, captivant, ce western crépusculaire sous forme de huis-clos à l'échelle d'une petite ville sur le déclin est d'une maîtrise totale.
Commenter  J’apprécie          123
Incident à Twenty-Mile

Au coeur des Medecine Bow, une chaîne de montagne du Wyoming, se nichait en 1898 une petite ville du nom de Twenty-Mile. Quoique, ce qu'il restait de Twenty-Mile ne pouvait peut-être plus recevoir l'appellation de ville : une écurie, un bordel, une auberge, un barbier et un grand magasin y maintenaient encore un semblant d'activité. Ni médecin, ni fossoyeur, ni école, encore moins de shérif. A une grosse journée de marche de Destiny, la ville la plus proche à laquelle elle était reliée par une voie de chemin de fer, Twenty-Mile ne survivait que grâce à l'activité générée par une mine d'argent, baptisée le « Filon Surprise » et située plus haut dans les Rocheuses. Une fois par semaine, 60 mineurs descendaient à Twenty-Mile et y dépensaient leur paie en boissons, filles de joie et bains. C'est dans ce trou perdu qu'échoue Matthew Dubchek, jeune gars plein d'entrain et prêt à exercer tous les petits boulots -préparer le déjeuner au bordel, récurer les baignoires chez le barbier, ranger les outils à l'écurie- pour se fondre dans la petite communauté. Pris en sympathie par un ancien instituteur et son compagnon, un militaire à la retraite, Matthew va d'abord se présenter sous le nom de Ringo Kid, un personnage de fiction chevalersque et téméraire dont il lit et relit les aventures, avant d'être percé à jour par les deux vieux de la vieille. Ceux-ci mettront toutefois plus de temps à comprendre le drame secret qui a conduit le jeune gars jusqu'à eux. Quelques temps après l'arrivée du Kid à Twenty-Mile, c'est un personnage d'une tout autre trempe qui y fera son apparition : Hamilton Lieder, un dangereux criminel récemment évadé de prison, tout comme les deux autres tueurs qui l'accompagnent, baptisés Minus et Mon-Ptit-Bobby. Entre leurs cellules et la petite ville perdue, c'est un chemin balisé de sang et de souffrances que les trois bandits ont laissé derrière eux. Mais cela, bien entendu, aucun des malheureux habitants de la cité minière ne peut le savoir.

Archétype même du cinglé et de l'illuminé, Lieder compte bien prendre sa revanche sur la vie et sur l'humanité en général. Persuadé d'être un vrai patriote, il s'est fixé pour objectif de redresser la nation américaine en la débarrassant de tous ceux qui -selon lui- vivent sur son dos : les parasites qui enlèvent le boulot aux vrais colons, ces foutus immigrés juifs, noirs et autres asiatiques. Tant qu'à faire, il désire également mettre au pas tous ceux qui -toujours à son idée- ne produisent rien : les banquiers, les commerçants et toute la clique de politiciens de la capitale, rogneurs de libertés des vrais citoyens comme lui. Pour y arriver, Lieder entend lever une petite armée, qu'il compte payer en volant l'argent extrait de la mine et qui transite par Twenty-Mile une fois par semaine. Dans l'attente de l'arrivée du train bourré d'argent (il faudra quelques temps à Lieder avant de comprendre que l'argent qui descend du « Filon Surprise » tous les samedis soirs se présente sous forme de roche non encore traitée...), il place la ville sous sa démentielle autorité.

Formidable roman d'aventure, ' « Incident à Twenty-Mile » remet magistralement au goût du jour un genre peu pratiqué en notre époque pleine de serial killers ou de golden boys sans scrupules : le western. Même si, à bien y réfléchir, l'intrigue ne s'écarte-t-elle pas tellement de ces deux thématiques-phares de notre début de siècle. Car, au-delà des personnages et des situations typiquement westerniennes (la jeune vierge à la merci d'un dingo armé; la petite ville sous la coupe d'une bande de bandits amoraux; le jeune cow-boy qui se découvre des talents de justicier; le tenancier de bordel propre sur lui et qui cache un petit revolver dans sa botte), au-delà de tout ça, ce qui contribue à son indiscutable réussite réside dans son propos des plus actuels. Sans renier les origines du western, ni tout ce qui a pu contribuer à son succès, au contraire même, en les magnifiant, Trevanian imprègne son roman de thématiques à tout le moins contemporaines, si pas intemporelles. Ainsi, rien qu'avec le personnage de Lieder, l'auteur concentre-t-il l'essentiel des plus bas instincts humains : racisme, peur de la différence, rapacité, violence extrême, couardise, irresponsabilité et vantardise, pour ne citer que ceux-là. Avec le personnage de la tenancière de l'auberge, c'est à l'exploitation humaine et au capitalisme à tout prix qu'il touche. Loin de s'enfermer dans les stéréotypes du genre, Trevanian tend plutôt à se les approprier et à les détourner respectueusement pour pointer ce qui, à notre époque, continue d'indigner. La xénophobie, l'exploitation, l'usage inconsidéré de la force. Et, en intégrant un couple de vieux homosexuels parmi ses personnages les plus sympathiques, il dynamite un sérieux tabou (il est vrai déjà entamé par le film 'Le secret de Brokeback Mountain'!) du genre. Moderne tout en s'affichant fièrement comme un exemple, 'Incident à Twenty-Mile' nous enchante parce qu'il ravive de bien agréables souvenirs (ah, Eastwood dans les westerns-spaghettis...) et qu'il nous transporte, souvent avec humour, dans un monde pas si ancien, mais dont la rudesse et la violence ne souffrent aucune discussion. Fluide et puissamment évocatrice, l'intrigue captive avec intelligence, tant le suspense alterne en de justes proportions avec ce petit rien d'élévation qui rend un roman d'aventure propre à toucher à l'universel. Des heures de lecture qui marquent. Une réussite.
Commenter  J’apprécie          20
Incident à Twenty-Mile

La vache, qu'est-ce que c'était bon !



Trevanian s'essaye au western et réalise le sans-faute.

Intrigue au cordeau, personnages emblématiques, huis clos de malade avec un méchant possédant de vrais morceaux de folie pas vraiment douce à l'intérieur de lui-même.



Ce Twenty-Mile, c'est un grand huit émotionnel avec un auteur passé maître dans l'art de la clim' réversible.

Une plume captivante, immersive, acide.

Un western old school, pur jus, qui prend son temps, fait monter la pression par paliers (cherchez pas la décompression, ce Trevanian y est hermétique) pour décisivement éclater votre tensiomètre. De la péloche sur papier glaçant qui comblera d'aise tous les amateurs du genre, les autres itou.



Du grand art.



Magistral !
Commenter  J’apprécie          6412
Incident à Twenty-Mile

Twenty-Miles. Petite ville ancrée en plein coeur des montagnes du Wyoming. 15 habitants à tout casser. Il ne s'y passe rien et c'est là que Matthew décide de poser ses affaires. Il grappille les p'tits jobs ici et là... et attends que le temps passe. Mais voilà que ce calme apparent sera chamboulé par 3 prisonniers évadés. La peur s'installe et le lâche plus... Un début un peu lent, mais on sait très rapidement que ce récit nous prendra mais ne nous lâchera plus. Une plume drôlement efficace, des personnages très bien construit avec beaucoup de secrets qui les habitent. Dernier roman de l'auteur, et c'est bien dommage, parce qu'il savait écrire !
Commenter  J’apprécie          170
Incident à Twenty-Mile

Twenty-Mile est le nom d'une petite ville minière, très certainement au bout de son déclin. Coincée à flanc de montagne au milieu du chemin de fer en cul de sac qui relie l'agglomération de Destiny à la mine d'argent du filon surprise, elle compte tout au plus une quinzaine d'habitants. Qui se morfondent toute la semaine en attendant que les mineurs redescendent pour un week end de frasques débordantes d'alcool et de sexe. Ce rythme immuable va être perturbé par la conjonction de trois événements : d'abord l'arrivée d'un jeune homme étrangement franc et serviable, armé d'une énorme pétoire antédiluvienne ; puis celle d'un terrible psychopathe juste évadé de prison en compagnie de deux tarés à peine humains ; enfin le déchainement des éléments naturels, qui viendra modifier pour toujours la géographie de l'endroit.



Rien ne prépare à ce que l'on va lire. Pas cette quatrième de couverture étrangement fade, qui s'achève sur un gentil slogan d'une banalité peu engageante, issu d'une critique de Newsweek. Et même une fois dedans, la mesure du chef d'œuvre que l'on a dans les mains n'apparaît pas tout de suite. Twenty-Mile est plein de choses à la fois : un drame humain hors norme ; un western crépusculaire et paroxystique ; une collection de personnages formidables, magnétiques, qui vous habitent encore des mois après avoir refermé le livre ; pour nous, français, une métaphore de l'Occupation, avec ses collaborateurs plus ou moins lâches et ses résistants de l'ombre ; à la fin, une mise en perspective vertigineuse, que je ne révèlerai pas, qui fait s'interroger sur le degré de manipulation prémédité par l'auteur ; et puis, en guise de scène finale, une promenade dans un cimetière qui vous étreint le cœur avec une intensité rare.



Twenty-Mile, c'est l'histoire d'un petit fils d'immigré serbe qui, à 17 ans, s'enfuit de chez lui après avoir assisté au tabassage à mort de sa mère par son père imprégné de whisky. C'est l'histoire d'un p'tit gars qui rêve d'être un justicier de l'ouest, tout comme Ringo Kid, ce héros de roman à deux sous prompt à sauver les femmes, les enfants et les faibles des griffes des prédateurs sans morale. C'est l'histoire d'un enfant trop sensible catapulté dans le monde des adultes de la façon la plus épouvantable qui soit. Un p'tit gars qui a trouvé, pour échapper à la violence extrême des hommes, un Autre Endroit où rien ni personne ne peut l'atteindre. On ne l'oubliera pas de sitôt, Matthew Dubcheck.



On imagine le film magnifique et écrasant que les frères Coen pourraient tirer d'une pareille matière... avec, au générique, le poignant Blue Mountain (1964) de Michael Hurley.



Traduction parfaite de Jacques Mailhos, qui se fait instantanément oublier.

Commenter  J’apprécie          20
Incident à Twenty-Mile

Un livre que j’ai apprécié comme un bon western spaghetti de Sergio Leone. J’avais en tête la musique #thebirdstale du film #monnomestpersonne

L’auteur joue avec les grands codes du style : une bourgade reculée, un jeune « outsider », une belle femme inaccessible, des braves-gens et des salauds bien sûr.

Les dialogues sont savoureux et ajoutent de l’authenticité aux personnages. Hommes et femmes bien réels qui furent les acteurs de cette fin de siècle. C'est également un roman réquisitoire contre le racisme sous toutes ses formes (racisme anti-indien, anti-immigrant, anti-juif...).

J’ai apprécié les explications de l’auteur sur la genèse de ce roman. Tout comme j’ai apprécié de connaître une partie de l’histoire de ces américains jusqu’à leur décès.

Enfin, si un jour je vais à Seattle, je ne manquerais pas de passer voir la tombe de Ringo Kid.

Une très bonne lecture, c’est certain.
Commenter  J’apprécie          40
Incident à Twenty-Mile

Voici l’histoire de Matthew Dubchek, un adolescent meurtri par son passé familial qui veut être à la hauteur et prendre comme modèle le héros courageux de son livre préféré « Ringo Kid ». Matthew est un personnage magnifique de vérité et d’absolu. Il s’opposera à Lieder, un fou dangereux qui arrive à Twenty-Mille, ville paumée des Etats-Unis.

Je me suis beaucoup attachée aux personnages, parfaitement décrits dans toutes leurs contradictions. La nature humaine y est totalement mise à nue. Détail original, nous ne les quittons pas vraiment, car Trevanian retrace le devenir de chacun d’eux en fin de livre comme dans une enquête documentaire.



Depuis Orange mécanique, je n’avais pas ressenti un tel dégoût, une telle terreur devant ces trois dingues dénués de toute compassion et s’amusant à torturer autrui. Par certains aspects, j’ai également pensé pendant ma lecture à Truman Capote dans son roman « De sang-froid ».



C’est un roman très différent des autres Trevanian. Il est terrible de noirceur et de lucidité et la fin est tragico-époustouflante. Un seul reproche, je trouve que le roman démarre un peu trop lentement à mon goût.

Commenter  J’apprécie          103
Incident à Twenty-Mile

J'ai adoré "Shibumi", aimé "l'été de Katya", il me fallait poursuivre ma découverte de Trevanian. Rien à voir ici: on est dans l'archétype du western, mais pas que: le personnage principal de Matthew est profond, et il ne pourra que vous émouvoir. Sa destinée ici est toute tracée, on est proche de la tragédie grecque antique. Les méchants sont à la limite de la caricature, comme souvent dans les western, et on se délecte sur bien des scènes. On retrouve également dans la galerie de personnages férocement dessinée tous les types de conduite: héroïsme, lâcheté, cupidité, avarice, etc. Encore un beau et puissant roman de cet étrange auteur.
Commenter  J’apprécie          50
Incident à Twenty-Mile

Un thrillwestern palpitant

Trevanian est un auteur génial, rien de formaté chez lui, il n'a rien en commun avec tous ces -trop nombreux - auteurs ricains qui nous servent toujours et encore la même soupe éditoriale ad nauseam, et livre après livre. Les ingrédients des meilleurs western sont là, je me souviens de "La dernière séance", des films de ou avec Clint Eastwood, Kevin Costner ou Robert Duvall. Dans ce roman tout est là, magnifié par la plume pétillante d'intelligence de Trevanian, la tension qui est dosée à la perfection, dans une ville fantôme hantée par des "miettes" d'habitants : un barbier, un barman, des filles de joie, un épicier et sa fille et quelques autres... Et tout reprend vie à l'arrivée d'un jeune homme, gentil, serviable, portant en lui une faille au bord de l'explosion ; et toute cette vie est roulée dans la boue à l'arrivée de trois meurtriers échappés de prison. Ce huis clos est un portrait saisissant du kaléidoscope que peut offrir l'âme humaine, chaque personnage est dépeint, jusque dans sa manière de s'exprimer, de manière magistrale. En ces terres la terreur et la violence se déchaînent, l'innocence même se dresse en miroir des ténèbres,

offrant aux lecteurs une lecture addictive et jouissive. La postface est une surprise merveilleuse qui rehausse encore le plaisir qu'on prend à lire ce livre, on se demande enfin : combien de livres y a-t'il encore à traduire de cet écrivain hors norme ? Et on a envie de dire à M. Gallmeister : Shoot up !
Commenter  J’apprécie          10
Incident à Twenty-Mile

Les personnages évadés de prison sont loufoques et le suspense nous maintient en haleine.

Je recommande ce livre sans hesiter.
Commenter  J’apprécie          10
Incident à Twenty-Mile

Western captivant, bien construit, bien écrit. Une quinzaine d’habitants d’une bourgade des Etats-Unis voient arriver Matthew, 18 ans, avec pour seul bagage un sac et un énorme fusil fabriqué par son père. Intelligent et débrouillard, il se fera embaucher chez les uns et chez les autres. Seule interruption dans cette monotonie, un jour par semaine les mineurs viennent se distraire au bar avec les trois prostitués, et font leurs achats chez l’épicier qui a une fille charmante auquel Matthew aura du mal à ne pas succomber. En parallèle, nous suivons Lieder, un fou dangereux qui s’évadera de prison avec deux acolytes. Bien sûr, ils vont débarquer dans la tranquille bourgade et vont faire subir de subtils supplices aux habitants sous fond d’Amérique patriotique et raciste. Lieder se trouvera des points communs avec Matthew : la lecture, l’enfance meurtrie, le charisme. Il y a un côté James Ellroy, chez cet auteur : psychologie fouillée de personnages attachants avec un mélange d’humour et de cruauté. Le point fort nous fait se poser cette question : un homme serait-il différent s’il avait eu une enfance autre ? L’auteur, lui-même, est aussi un personnage : dans ce roman, il a pour nom de plume Trevanian dont le nom de naissance est Rodney William Whitaker Alias Beñat le Cagot, Jean-Paul Morin, Nicholas Seare. Et comme Gallmeister le note en 4ème de couverture : Trevanian est l’un des auteurs des plus mystérieux de ces dernières années. De lui, on sait peu de choses. Américain, il a vécu dans les Pyrénées basques et il est probablement mort en 2005.
Commenter  J’apprécie          120
Incident à Twenty-Mile

Mazette, combien d'auteurs devraient se montrer humbles, et admirer le talent de Trevanian, un vrai écrivain. Ce livre est en effet admirable, dans la précision de ses descriptions, dans une écriture qui fait suinter les émotions, sans cesse. Des vagues et des vagues... Chaque personnage a une personnalité, un langage, propre et Trevanian écrit tout ça sans faille, c'est fluide. Trevanian est un jongleur. L'histoire est puissante, juste psychologiquement, et... tout ça est terrible, et émouvant.

Si Shibumi est plus puissant dans sa construction et son suspense, ici c'est la fluidité d'émotions justes qui a le dessus. Trevanian est un connaisseur de l'humain, pas comme Balzac mais comme Balzac. Et ça fait du bien de constater cette force de la littérature.

Pas cinq étoiles parce que... comme l'impression qu'il aurait pu encore plus ramasser son travail le rendant encore plus puissant... Enfin, qui suis-je...
Commenter  J’apprécie          120
Incident à Twenty-Mile

Trevanian m'a séduit lors de chacune des lectures de romans, Shibumi étant celui que j'affectionne particulièrement.

Cet Incident à Twenty-Mile est du pur Trevanian, mais en même temps non, car il s'attaque au western, registre inconnu pour lui. Ce livre pourrait procurer un scénario de rêve à Quentin Tarantino, coquetteries de montage y compris. Trevanian a écrit ce livre comme QT réalise ses films. Jouissif.

Avec ce livre, il répond à tous les critères du western classique. L'histoire se déroule dans le Wyoming en 1898, à Twenty-Mile qui n'est même pas une ville, mais un petit bourg, lui aussi répondant aux poncifs du western : boue, boules de poussière, bâtiments en rondins. On y trouve aussi les personnages type qu'on retrouve toujours dans cet environnement. Le tenancier de l'hôtel et ses trois filles de joie au grand cœur mais inéluctablement sur le retour. Le patron pingre et bourge de la « grocery » et sa famille, plus quelques autres. Tout ce petit monde n'est pas épargné par Trevanian, il les soumet volontiers à l'humiliation et la mise à nu de leurs petite vie de fesse-mathieu. Ajoutons-y l'arrivée d'un jeune gars, Matthew, porteur d'un lourd secret familial et en quête de rédemption. Il s'impose auprès des habitants en se rendant utile. Il finira par devenir leur Pygmalion.

La petite bourgade vit grâce aux mineurs qui une fois l'an, descendent à Twenty-Mile pour se remplir la pense de bourbon et de ripailles et pour se vider aussi les roubignoles.

Arrive le grand méchant en le personne de Lieder, hors la loi évadé, avec ses deux sbires. Il n'est pas tendre et d'emblée, on comprend que c'est LE personnage du livre. Ce psychopate est à la fois dingue et philosophe, Monsieur a des principes et malmène copieusement cette petite communauté en s'y reférant. Ses monologues sont un régal pour le lecteur, c'est là que cela devient du Tarantino pur jus. Ce Lieder est également un adepte de fake news, théories du complot et sa vision du monde est digne d'un aficionados de Mr Trump, version attaque du Capitole

Je ne spoilerai pas la fin, rassurez-vous.

Ce sont les personnages qui portent cette histoire et ce, de façon bluffante.Je ne dirai pas que Trevanian les a ciselés, c'est plutôt brut de décoffrage, souvent « larger than life »...

Comme souvent avec Trevanian, on passe un très bon moment. C'est même un régal. En toute fin du livre, après le récit lui-même, Trevanian explique en détail la documentation qui a servi à son écriture et on est surpris d'apprendre que tout cela était une histoire vraie.

Je suis content que ce quatrième Trevanian lu me maintient sous le charme de cet auteur sans prétention. Ces auteurs-là sont indispensables à la littérature afin de leur donner le recul, le second degré nécessaire, la mise en perspective qui donne du sens à nos parcours de lecteur.
Commenter  J’apprécie          10
Incident à Twenty-Mile

En plein dans le mille Ringo ! Détonnant, surprenant, attachant et pourtant un "western", mais quelle histoire! Des dialogues savoureux, une bonne dose de sadisme, l'itinéraire fatal de deux écorchés vifs dont le destin se croisent dans un trou occupé par une brochette d'habitants, véritable melting pot improbable de l'Amérique profonde de cette fin du XIXème siècle. Un très grand roman littéraire qui brasse à tout va sans jamais se disperser de grands thèmes qui vont de l'intime comme l'enfance saccagée, l'estime de soi, aux questions sociales qui agitent encore les Etats-Unis (la violence, le rapport au religieux, la question raciale...).
Commenter  J’apprécie          40
Incident à Twenty-Mile

En 1898, à la veille d’un nouveau siècle et malgré l’extension des États-Unis à Guam, Hawaï ou Cuba, il existe encore des lieux où règne la loi de l’Ouest. Twenty-Mile, dans les montagnes du Wyoming, qui survit encore grâce aux quelques mineurs qui finissent d’exploiter un filon d’argent à quelques miles de là, n’a quant à elle pas vraiment besoin de loi pour la vingtaine d’habitants qui la peuplent encore et ne représentent pas vraiment un échantillon folichon de l’humanité ainsi que l’explique l’un d’entre eux : « Twenty-Mile est moribonde. Et ses habitants sont la lie de l’humanité : les paresseux, les poissards, les perdants, les perdus, les piteux, les péteux, les petits. Et là, je te fais que les P, nom de Dieu ! ».

Les choses vont pourtant changer dans ce creuset d’insignifiance croupie. Avec l’arrivée d’abord d’un jeune homme, fan des aventures du Ringo Kid, qui cherche de toute évidence à la fois à gagner le respect des habitants et à fuir quelque chose, et qui s’installe dans l’ancien bureau du marshal. Avec le débarquement ensuite d’un trio de psychopathes dirigé par un repris de justice qui s’est édifié lui-même par une lecture approfondie de la littérature d’extrême-droite et qui entend bien, en attendant le retour des wagons de minerai de la mine, mettre Twenty-Mile à sa botte.



Voilà un roman qui contient tous les ingrédients du western classique : un patelin paumé, un patron de saloon joueur de cartes, un vieux philosophe, des putains, une jeune fille sage au grand cœur, une autre à la cuisse légère bien moins à cheval sur les principes moraux, un étranger qui aimerait bien être un jeune premier, un révérend alcoolique, et une bande de hors-la-loi particulièrement vicieux. Trevanian, donc, reprend tous ces archétypes. Sauf qu’il ne respecte pas toujours tout à fait la recette à la lettre, y ajoutant quelques ingrédients personnels, et en fait un objet original.

On y retrouve donc les thèmes chers à l’auteur : une misanthropie féroce, l’idée d’une Amérique qui se fonde, bien que construite par des immigrants, sur l’exclusion et le racisme, la recherche d’une certaine discipline de l’esprit. À ceci près qu’il laisse cette fois un peu plus de place à une certaine bienveillance à l’égard des personnages les plus positifs, même s’ils ne sont pas pour autant lisses.



Cela donne un western cynique et sombre durant lequel la tension ne cesse de monter jusqu’au final. Il s’agit sans doute d’un des romans de Trevanian les plus aboutis, qui ne pâtit pas des baisses de rythme que l’on pouvait trouver dans La Sanction ou Shibumi. Sans doute parce qu’il est moins contemplatif et que l’action y est plus resserrée. Aussi, il y a cette formidable capacité de Trevanian à nous embringuer dans son histoire en nous laissant toujours plus ou moins croire qu’elle a vraiment eu lieu et qui est la marque d’un formidable conteur. Bref, voilà un western à la fois atypique et classique. Prenant.




Lien : http://encoredunoir.over-blo..
Commenter  J’apprécie          120
Incident à Twenty-Mile

un western style Tarantino que ce livre ! Ça change et c'est prenant ! Chapeau
Commenter  J’apprécie          00
Incident à Twenty-Mile

Alors évidemment, si vous avez déjà vu un western, vous savez déjà qu'il ne se passe pas grand chose dans ce genre d'endroit déserté, enseveli sous la crasse terreuse et la poussière du temps qui passe, où la seule occupation des gens est de boire beaucoup, manger un peu, dormir de temps en temps, lustrer la pétoire et peloter les filles du saloon qui sont un peu moches mais qui sont les seules filles du village. Ce qui fait sortir celui-ci du lot, mis à part l'aspect littéraire plus poussé - et il faut avouer que c'est tellement mieux écrit qu'un scénario du dimanche soir sans Henry Fonda dedans - c'est évidemment le caractère atypique et grotesque des deux principaux personnages qui se veulent les enfants brisés de l'Histoire.



Vous n'échapperez pas au duel de mise à mort sous la foudre terrifiante, au whisky qui tue les mouches et aux charmantes demoiselles à sauver. Donc si votre rêve de toujours, c'est de porter l'éperon comme Clint Eastwood, je vous conseille de vous allier au Ringo Kid sans trop attendre pour empêcher l'espèce humaine de se voir dégrader encore plus qu'elle ne l'est déjà. Oh, n'ayez pas peur, c'est du Gallmeister, ils savent ce qu'ils font.



(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
Commenter  J’apprécie          20
Incident à Twenty-Mile

Whaou le chouette western que voilà !

Un vrai régal !



Dans la marmite bouillonnante du sieur Trevanian (qui apparemment n'est même pas un habitué du genre !), que des ingrédients de premier choix !

On a la petite bourgade poussiéreuse perdue dans les montagnes du Wyoming, la mine d'argent bientôt décrépite, le justicier mystérieux et son énorme fusil, le gros méchant vraiment méchant, la jeune vierge innocente, le saloon-hotel-tripot-bordel et ses prostituées au grand coeur, le détestable homme d'église (brillamment interperté ici par le révérend Hibbard, qui "à lui seul suffit à te faire regretter que l'arche de Noé ait pas coulé corps et biens !") et toute la galerie de personnages forts en gueule qu'on s'attend forcément à trouver dans un patelin de cet acabit : en bref il ne manque rien !

Tout ça mijote à parfaite température pendant 350 pages, l'impayable écrivain-cuistot ajoute ici une pincée d'ironie mordante, là une bonne louche de fusillades pétaradantes, il touille il touille, jongle habilement avec tous les codes du western ... et le résultat est absolument savoureux !



Et pourtant c'était pas gagné !

Faut dire qu'a priori, Twenty-Mile ne fait pas rêver...

Pour s'en convaincre, suffit d'écouter le bon B.J. Stone, ex-instituteur et doyen de la petite communauté : « la ville est moribonde. Ses habitants sont la lie de l'humanité : les paresseux, les poissards, les perdants, les perdus, les piteux, les péteux, les petits. Et là, je te fais que les P, nom de Dieu ! ».

The place NOT to be, quoi.



Eh ben contrairement à toute attente, ça le fait !

Ça le fait grave, même !

Oh qu'il fut bon d'arpenter "main street" sous un soleil de plomb, de palper l'atmosphère délétère qui règne dans ce bled en déclin, de renifler cette bonne odeur de poudre, de sentir la tempête se lever au loin, d'assister tremblant à l'arrivée en ville du vilain Lieder (j'avais rarement croisé un dingue aussi dingue !) et de ses tristes acolytes, et de voir enfin la résistance s'organiser jusqu'au règlement de compte final !



Et quel panard, surtout, de lire les mots fleuris que l'auteur met dans la bouche de ses personnages ! Les dialogues, nombreux et pleins d'humour, sont sans conteste l'un des gros points forts de ce roman (dont Sergio Leone ou Quentin Tarentino, par exemple, n'auraient sans doute rien trouvé à redire).



En fin d'ouvrage, Trevanian avoue s'être inspiré des mémoires d'un vieil épicier rencontré au hasard d'un vagabondage sur le flanc nord des Medicine Bow Mountains.

L'écrivain lui adresse les remerciements suivants, auxquels on ne peut que souscrire : "je lui suis reconnaissant d'avoir retranscrit les paroles des anciens verbatim, capturant ainsi les idiomes goûteux et les métaphores épaisses qui donnaient à la parlure de l'Ouest son inimitable piment avant qu'elle ne meure sous les coups de boutoir de l'anémique homogénéisation télévisuelle de notre culture."

J'aurais pas dit mieux.



Si t'es comme moi, ami lecteur, si t'aimes les bons, les brutes et les truands, les portraits un peu grand-guignolesques et les aventures trépidantes du grand Ouest (où affleurent quand même par moment des thématiques plus larges : étiolement du rêve américain, fin d'un certain âge d'or, replis identitaires et dérives du patriotisme à outrance), alors charge ton colt et remonte donc à ton tour la vieille voie ferrée jusqu'à Twenty-Mile, pour voir ce qu'il en reste.

Crois moi, tu ne seras pas déçu du voyage !
Commenter  J’apprécie          265
Incident à Twenty-Mile

J'adore Trevanian quand il écrit Le main ou Shibumi ou même L'été de Katia. Là j'ai eu du mal et j'ai même renoncé. Peut-être parce que le western est pour moi plus un genre cinématographique que littéraire (je sais que les Américains ne seront pas tous d'accord).
Commenter  J’apprécie          21




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Trevanian Voir plus

Quiz Voir plus

Quand les émoticônes donnent le titre...

🏝️💰

Robert Louis Stevenson
Victoria Hislop

16 questions
12 lecteurs ont répondu
Thèmes : code , Devinettes et énigmes , smiley , livresCréer un quiz sur cet auteur

{* *}