Agatha Christie

Il me semble ridicule de s’extasier parce qu’une personne a parlé ou employé un objet. La plume avec laquelle George Eliot a écrit Le Moulin sur la Floss, par exemple, n’est après tout qu’une plume. Si vous admirez George Eliot, mieux vaut acheter son livre et le lire.
- Je suppose, mademoiselle Flora, que vous ne lisez rien d’aussi démodé ?
- Vous avez tort, docteur, j’adore Le Moulin sur la Floss.
Je fus charmé de l’apprendre, car les livres que lisent les jeunes filles, de nos jours, m’épouvantent positivement.

Je suis parfaitement capable de ne pas aimer un endroit parce que les collines n'ont pas la forme qu'il faut. C'est très très important pour des collines, d'avoir la forme qu'il faut. Pratiquement toutes celles du Devonshire l'ont. La plupart de celles de Sicile ne l'ont pas, si bien que la Sicile ne m'enchante guère. Celles de Corse, en revanche, sont un pur délice.

Quand il est né, Suzanne m'a envoyé une dépêche :

Félicitations tendresses au nouvel habitant de l'ile des fous. Sa tête est-elle dolicéphale ou brachycéphale?

Je n'allais pas supporter cela de Suzanne. Je répondis par une dépêche d'un mot, économe et pourtant explicite :

Platycéphale !

Mais si j'ai raison, pensa Poirot - et après tout, il m'est naturel d'avoir raison : chez moi, c'est une habitude !

Les erreurs sont nécessaires, ne serait-ce que pour se perfectionner.

Elle est rusée mais absolument dépourvue d'intelligence. Après tout, la Providence ne peut prodiguer toutes les qualités aux mêmes !

-En ce qui concerne l'eau dans la cave, reprit le détective avec quelque embarras, vous ne croyez pas qu'une autre fois… nous pourrions avoir une idée plus originale?
Mrs Oliver secoua la tête, prit une pomme dans le sac et répondit:
- Je ne suis pas de cet avis : voyez-vous le public a l'habitude de lire ce genre de récits : celliers inondés, gaz toxiques, etc.., de sorte qu'il est beaucoup plus effrayé quand il en est victime lui-même. Les gens sont très conservateurs et apprécient volontiers les systèmes connus

-En effet,cela me soulagerait et m'encouragerait si quelqu'un, dont je respecte l'opinion, tombait d'accord avec moi.

Cela me donna à penser que bien peu de choses échappaient à Hercule Poirot.

- Peut-être que non ...Mais, vois-tu, Rowley, je t'aime...et tu sais bien que je n'ai jamais tellement à tenu à me sentir en sécurité !

La vie est cruelle.

Tomber amoureux à l'âge de cinquante-cinq ans (M. Satterthwaite en avait plus d'une fois l'observation) modifie du tout au tout le caractère d'un homme. L'amour peut rendre facétieux un homme grave.

« La haine ne devrait pas être plus forte que l’amour » (p.104)

A tout prendre, la médecine, c'est essentiellement une question de foi. Et le Dr Armstrong avait la manière : il savait inspirer la confiance et faire naître l'espoir.

Là où elle n'y voit que du feu, Hercule Poirot, lui, aurait une illumination !

Du haut de son poste d’observation, M. Satterthwaite sourit.
C’était un drôle de petit bout d’homme, tout ratatiné, ce M. Satterthwaite, un mécène des arts et du théâtre, un snob incorrigible mais sympathique, toujours présent dans les grands dîners et les soirées mondaines : au bas de toute liste d’invités digne de ce nom figurait invariablement la mention « … et M. Satterthwaite, bien entendu ». Fort intelligent au demeurant, il était célèbre pour sa modestie innée et pour la perspicacité avec laquelle il savait juger et les gens et les choses.

Sir Charles était un homme entre deux âges, bien charpenté et non moins bronzé. Il portait un vieux pantalon de flanelle grise, un chandail blanc, et marchait d’un pas léger et balancé, les poings à demi fermés. Neuf personnes sur dix auraient flairé au premier coup d’œil le marin en retraite. La dixième, plus observatrice, aurait hésité, intriguée par quelque chose d’indéfinissable, quelque chose qui sonnait faux

- Je travaille mal, murmura-t-il. Je ne me sers pas des petites cellules grises de mon cerveau. Je bondis sur les conclusions qui, ce me semble, s'imposent à mon esprit. Alors je me fourvoie. Si ma première idée était la bonne, je ne me laisserais pas influencer de la sorte.

-Moi? s'écria Miss Marple. Pourquoi moi?
-Parce que tu as un flair incomparable pour ce genre de chose et cela depuis toujours. Tu es aimable et tu as l'air inoffensif, ce qui n'empêche que, malgré ces apparences, tu ne t'étonnes de rien et tu es toujours prête à envisager le pire.

Alec Legge ne se dérida pas:
- Je voudrais qu'on fasse disparaître tous les faibles d'esprit - qu'on s'en débarrasse ! Qu'on les empêche de se reproduire! Supposez que, pendant une génération, seuls les gens intelligents aient le droit de procréer, et imaginez le résultat.
- Une forte augmentation de la population des hôpitaux psychiatriques, sans doute, ironisa Poirot. Une plante a besoin de racines aussi bien que de fleurs, Mr Legge. Aussi grandes et aussi belles que soient les fleurs, si les racines qui plongent dans la terre sont détruites, il n'y aura plus de fleurs.