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Citations de Agatha Christie (5407)


Une fée dans l’appartement:

Enfouie dans une confortable bergère, Mrs Thomas Beresford contemplait obstinément le bâtiment qui lui faisait face, de l’autre côté de la rue.
— Si seulement il arrivait quelque chose ! fit-elle avec élan.
Son mari leva sur elle un regard désapprobateur.
— Tuppence, attention ! Cette soif de sensations vulgaires devient positivement inquiétante.
Tuppence soupira et récita en fermant les yeux :
— Tommy et Tuppence se marièrent et vécurent heureux à tout jamais. Six ans plus tard, ils vivaient encore heureux à tout jamais… Comme la réalité est différente de ce que l’on imagine !
— C’est profond, mon cœur, mais pas original du tout. D’éminents poètes et des théologiens encore plus éminents ont exprimé avec – si je peux me permettre – infiniment plus de talent tout ce que vous venez de dire…
— Il y a six ans, j’avais cru qu’avec assez d’argent pour acheter tout ce qui me passait par la tête et vous comme mari, ma vie ne serait qu’une longue mélodie comme disent ces poètes que vous semblez si bien connaître.
— Est-ce moi ou l’argent qui vous a blasée si vite, mon amour ?
— Blasée n’est pas exactement le mot. Je me suis seulement habituée à mon bonheur.
— Pensez-vous que je devrais vous négliger un peu ? Emmener d’autres femmes dans des boîtes de nuit, par exemple ?
— Inutile. Vous m’y rencontreriez accompagnée d’autres hommes. Et je saurais parfaitement que vous n’appréciez pas la compagnie de ces femmes, alors que de votre côté, vous ne seriez jamais certain de mon indifférence envers mes chevaliers servants. Les femmes sont tellement plus exigeantes dans leur choix.
— Ce n’est que dans le domaine de la modestie que les hommes remportent la palme… Sérieusement, qu’est-ce qui ne va pas, Tuppence ?
— Je ne sais pas. Je désire tant que quelque chose arrive ! Quelque chose de sensationnel ! Rappelez-vous, Tommy, quand nous poursuivions des espions allemands ! Bien sûr, je sais qu’à présent vous faites encore plus ou moins partie du Service Secret, mais cela ne consiste plus qu’en un travail de bureau.
— Vous aimeriez me voir partir pour les régions connues de la Russie déguisé en contrebandier bolchevique ou m’engager dans quelque autre aventure de ce genre ?
— Cela ne servirait à rien puisque je ne serais pas autorisée à vous accompagner et c’est moi qui ai désespérément...
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(20e JOUR)
Renisenb, debout, regardait le Nil.
Elle entendait au loin ses frères, Yahmose et Sobek, qui se disputaient pour savoir s’il convenait ou non de renforcer les digues en un certain endroit. La voix de Sobek était, comme toujours, puissante et assurée. Il avait l’habitude d’être toujours certain de ce qu’il avançait. Plus basse et comme étouffée, la voix de Yahmose reflétait le doute et cette anxiété qui était dans son caractère. Il était le fils aîné et, tandis que son père visitait ses propriétés du Nord, la direction des cultures restait plus ou moins entre ses mains. Yahmose était lent, prudent et toujours enclin à découvrir des difficultés là où il n’y en avait pas. Solidement bâti, il se déplaçait sans hâte et ne possédait ni la gaieté, ni la confiance en soi de Sobek.
Depuis sa plus petite enfance, Renisenb avait toujours entendu ses deux aînés se disputer avec les mêmes accents. Elle en éprouva comme un sentiment de sécurité. Elle se retrouvait chez elle. Oui, elle était revenue chez elle…
Cependant, comme ses yeux erraient de nouveau sur le fleuve aux eaux miroitantes, sa douleur lui revint, avec une révolte. Khay, son jeune époux, était mort… Khay, un visage riant et de larges épaules…
Khay était avec Osiris au Royaume des Ombres, et elle, Renisenb, sa femme bien-aimée, elle restait seule avec son chagrin. Pendant huit ans, ils vécurent ensemble. Elle était presque une enfant encore lorsqu’il l’épousa et maintenant, veuve, elle revenait chez son père, avec Teti, la fille de Khay.. Elle eut soudain l’impression qu’elle n’avait jamais quitté la maison paternelle. Elle en éprouva comme une joie. Elle oublierait ces huit années, si pleines d’un bonheur que rien ne venait ternir, elle oublierait cette perte qui l’avait laissée déchirée et meurtrie…
Oui, elle oublierait. Il fallait redevenir Renisenb, la fille d’Imhotep, le prêtre de Ka, l’insouciante Renisenb d’autrefois. L’amour lui avait été cruel pour lui avoir trop donné. Khay avec ses larges épaules bronzées et sa bouche qui riait…
Aujourd’hui, Khay était embaumé, enveloppé dans des bandelettes, protégé par des amulettes dans son voyage dans l’autre monde. Il n’y avait plus de Khay dans celui-ci, plus de Khay pour naviguer sur le Nil, pêcher et rire dans le soleil, cependant que sa femme, allongée dans le bateau, la petite Teti sur son giron, lui renvoyait son rire…
Elle songeait :
« Je ne dois plus penser à cela ! C’est le passé. Je suis revenue chez mon père et tout est comme autrefois. Il faut que, moi aussi, je redevienne celle que j’étais autrefois et tout, alors, sera comme avant. Teti a déjà oublié. Elle joue et elle rit avec les autres enfants. » Renisenb se retourna brusquement et se remit en route vers la maison, croisant en chemin quelques ânes lourdement chargés qu’on conduisait vers le fleuve. Elle passa près des greniers à blé et, le porche extérieur franchi, arriva dans les jardins qui s’étendaient autour de la maison. Il y faisait bon. La piscine, à l’ombre des sycomores, était entourée d’une ceinture de lauriers-roses et de jasmins en fleur. Jouant avec de grands cris perçants, Teti et les autres enfants se poursuivaient, entrant et sortant sans cesse du pavillon qui se trouvait sur un des côtés de la piscine. Renisenb remarqua que Teti s’amusait avec un lion
en bois, dont la bouche s’ouvrait et se refermait à l’aide d’une ficelle sur laquelle on tirait. Ce jouet, elle l’avait elle-même adoré quand elle était toute petite. « Oui, murmura-t-elle encore une fois avec une émotion reconnaissante, je suis bien chez moi ! » Rien n’était changé, tout était comme autrefois. Sa vie continuait, identique à ce qu’elle fut. Teti était l’enfant, et elle, une des mères qui restaient, nombreuses, enfermées dans la maison, mais l’essence des choses demeurait la même. Une balle, jetée par un des enfants, vint rouler à ses pieds. Elle la ramassa et la lui renvoya en riant. Puis elle s’avança sous la voûte de la maison riante entre ses colonnes aux vives couleurs, traversa la grande chambre centrale, avec sa frise peinte de lotus et de coquelicots, et gagna le quartier des femmes sur l’arrière de la maison. Des voix aiguës frappèrent son oreille. Elle s'immobilisa, ravie d’entendre de nouveau les vieux échos familiers. Satipy et Kait discutaient, comme toujours ! Elle retrouvait le timbre élevé de la voix de Satipy, toujours prête à commander et à bousculer tout le monde. Satipy, la femme de son frère Yahmose, était une personne énergique qui parlait haut, jolie d’ailleurs, mais autoritaire. Elle passait son temps à donner des ordres, à presser les domestiques et à trouver que « ça » n’allait pas comme il fallait. Mais, à force de crier et parce qu’elle avait de la personnalité, elle obtenait des choses qu’on eût crues impossibles. On craignait sa langue et on courait pour lui obéir. Yahmose lui-même admirait son épouse, par laquelle il se laissait rabrouer avec une résignation qui rendait Renisenb furieuse.
Par intervalles, entre deux phrases de Satipy, la voix calme et obstinée de Kait se faisait entendre. Kait avait épousé le beau et joyeux Sobek. C’était une femme solide, avec un bon gros visage, qui ne s’occupait guère que de ses enfants, lesquels représentaient à peu près son seul sujet de conversation.
Dans ses discussions quotidiennes avec sa belle-soeur, elle soutenait son point de vue en répétant avec un
entêtement que rien ne pouvait fléchir l’argument qu’elle avait fait valoir au début. Elle ne s’emportait
pas, n’apportait dans le débat aucune passion, mais s’en tenait à son opinion, bien résolue à n’en point
changer Sobek l’aimait beaucoup et l’entretenait volontiers de ses affaires, assuré qu’il était qu’elle ferait
semblant de l’écouter, qu’elle pousserait, approbatifs ou non, les grognements convenables et qu’elle ne
se souviendrait de rien, son esprit ayant tout le temps été absorbé par...
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Je ne crois pas qu’il existe, sur la côte méridionale de l’Angleterre, de ville balnéaire aussi attrayante que Saint-Loo, baptisée, à juste titre, « la Reine des Plages », tant elle évoque la Riviera française. À mon avis, la corniche de Saint-Loo peut bel et bien rivaliser avec celle du Midi de la France.
Je faisais part de ces réflexions à mon ami, le détective Hercule Poirot.
— Vous ne m’apprenez rien, mon cher, me dit-il. J’en ai déjà lu tout autant, hier, sur la publicité du wagon-restaurant.
— D’accord ! Mais cette vogue ne vous paraît-elle pas amplement justifiée ?
Dissimulant mal un sourire, il ne me répondit pas immédiatement et je dus répéter ma question.
— Je vous demande mille pardons, Hastings. À la vérité, je rêvassais de ce délicieux paradis auquel vous venez de faire allusion.
— Le midi de la France ?
— Oui, je songeais aux événements qui s’y produisirent au cours du dernier hiver que j’y ai passé.
Je me souvins, en effet, du crime survenu dans le Train Bleu et dont le mystère, aussi compliqué que déconcertant, avait été élucidé par Poirot, grâce à son habituel et infaillible jugement.
— Que j’aurais aimé être près de vous ! m’exclamai-je.
— Votre expérience m’eût été précieuse, me répondit Poirot.
Je le regardai avec méfiance. Depuis longtemps, je suis fixé sur la sincérité des compliments de Poirot. Cependant, cette fois, mon ami me parut sérieux. Après tout, pourquoi pas ? Je connais à fond les méthodes employées par lui avec succès.
— C’est votre vive imagination qui me fit le plus défaut, Hastings, poursuivit-il comme se parlant à lui-même. J’ai parfois besoin de petits conseils. George, mon valet de chambre, est un homme sensé avec qui je discute de certains points, mais il manque de fantaisie.
— Franchement, Poirot, n’êtes-vous pas tenté de reprendre du service ? Cette vie inactive…
— … me convient à merveille. Quoi de plus agréable que de se prélasser au soleil ? Connaissez-vous un geste plus noble que de descendre du piédestal après avoir atteint les sommets de la célébrité ? J’entends murmurer autour de moi : « Voilà Hercule Poirot… Le grand, l’unique !… Personne ne l’a égalé et ne l’égalera jamais… » Ces réflexions me sonnent agréablement à l’oreille : je n’en demande pas davantage. Il est vrai que je suis si modeste, savez-vous ?
Il parlait de sa modestie !… J’en conclus qu’en dépit des années, la vanité de mon ami belge était demeurée intacte. Renversé dans son fauteuil, il caressait ses moustaches et ronronnait presque de satisfaction.
Nous étions installés sur une des terrasses du Majestic, l’hôtel le plus important de Saint-Loo, juché au faîte d’une falaise qui surplombe la mer. Les jardins de l’hôtel plantés de palmiers s’étageaient à nos pieds. L’océan était du bleu le plus profond, sous un ciel clair, illuminé d’un vrai soleil estival, chose rare en Angleterre. Tout concourait à l’idéale beauté de l’endroit.
Arrivés la veille au soir, nous savourions cette première matinée de notre séjour. Nous avions projeté de demeurer une semaine à Saint-Loo et nous souhaitions ardemment de jouir jusqu’au bout d’un temps aussi délicieux.
Ramassant le journal qui m’avait glissé des mains, je repris ma lecture. Bien que peu brillante, la situation politique était dépourvue d’intérêt. En Chine, une escroquerie d’importance venait d’être découverte à Pékin, mais, dans l’ensemble, les nouvelles n’offraient rien de particulièrement émouvant.
— Cette épidémie de psittacose ne vous semble-t-elle pas curieuse ? observai-je en tournant la feuille de mon journal.
— Oui, c’est bizarre.
— On signale deux nouveaux décès à Leeds.
— Je le déplore.
— On reste toujours sans nouvelles de l’aviateur Seton qui effectue le tour du monde, continuai-je. Ces...
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Etonnant et cependant bien naturel: quand on habite le même pays, on ne ressent pas le besoin d'organiser des retrouvailles avec les vieux amis. On imagine que, tôt ou tard, les chemins finiront par se croiser. Mais quand on n'évolue pas dans le même milieu, cela n'arrive pas. Les chemins de Jane Marple et de Carrie-Louise ne s'étaient pas croisés. C'était aussi simple que cela.
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- Une Juliette prédatrice. Jeune, féroce, mais affreusement vulnérable ! Misant tout sur un seul coup d’audace. Elle semblait avoir gagné… jusqu’à ce que – au dernier moment – la mort ne fasse son entrée. Alors la vivante, l’ardente, la joyeuse Elsa est morte aussi pour ne laisser qu’une femme avide de vengeance, froide, dure, haïssant de toutes ses forces celle dont la main avait commis l’acte.
Sa voix changea de ton :
- Mon Dieu, excusez-moi, je me laisse aller au mélodrame. C’était une femme fruste, qui avait une vision fruste de la vie. Un personnage peu intéressant, à mon avis. Jeunesse au teint délicat, ardente et langoureuse… Si vous ôtez cela, que reste-t-il ? Une jeune fille médiocre qui cherche un nouveau héros en chair et en os pour garnir un piédestal vide.
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-Vous comprenez ce que je veux dire ?
-Parfaitement, dit Poirot. Tout cela est merveilleusement lumineux. Le meurtrier était un homme d'une très grande force, mais il n'est pas costaud, et d'ailleurs, c'est une femme, et par surcroît, c'est un droitier qui est gaucher.
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-Mon très cher ami, je connais la nature humaine, et je puis vous dire que, devant la perspective de passer aux assises pour meurtre, le plus innocent des êtres peut perdre la tête et se livrer à toutes sortes d'absurdités.
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si j'avais dit la vérité je n'aurais pas été élu
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La puissance peut être une grande force créatrice, mais elle peut aussi être diabolique.
(Lord Altamount)
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Maintenant que je me trouve devant vous, je ne sais par où entamer mon récit !
— Par le commencement, ou jugez-vous cette méthode trop banale ?
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J'ai entendu raconter sur elle beaucoup de choses. Des ragots, colportés principalement par des femmes. Mais, si vous voulez mon avis, mon opinion sincère, c'est que cette femme-là était surtout une sotte.
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Aujourd'hui tout est "standard", même l'amour ... Et tous ces corps exposés me font songer à la morgue ...
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- C'est un peu comme votre puzzle, Madame. On assemble les pièces. C'est comme une mosaïque - pleine de couleurs et de motifs différents - et chaque petit élément, si biscornu soit il, doit y trouver sa place.
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Les quatre assassins et les quatre limiers : Scotland Yard, les services secrets, un privé et une romancière. Quelle idée géniale!
Poirot secoua la tête:
- Vous vous tromper, madame. L'idée était stupide. le tigre a été mis en alerte - et le tigre a bondi.
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La rapidité de ce qui suivit la laissa interdite : il l'avait prise dans les bras et, la serrant contre lui, lui posait sur les lèvres un long baiser.
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"- Et maintenant, que dois-je faire ? La pauvre femme est morte, à quoi bon réveiller le passé ?
- A quoi bon, en effet ? Je partage votre point de vue.
- Mais il y a autre chose. Comment mettre la main sur le misérable qui a causé sa mort aussi sûrement que s’il l’avait tuée de ses propres mains ? Il savait tout du premier crime et s’est jeté sur sa proie comme un ignoble vautour. Elle a payé sa dette. Mais lui, va-t-on le tenir quitte de la sienne ?"
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Je crois que la Providence se trompe quelquefois dans sa distribution. A beauté d'Aphrodite, tempérament d'Aphrodite, ce serait normal. Eh bien non. Quelque chose va de travers et le tempérament d'Aphrodite tombe sur une greluche tout ce qu'il y a de plus quelconque et ça rend les autres folles de rage.
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On ne résout pas les problèmes à coup de belles maximes. le monde est rouge sang, ne l'oublie pas.
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Bande de plumitifs ignares ! C'est exactement le genre de meurtre imbécile qu'un gribouilleur d'inepties peut commettre en pensant qu'il s'en tirera.
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Les bras chargés de chrysanthèmes, la femme du pasteur tourna le coin du presbytère. Une bonne dose de glèbe fertile adhérait aux semelles de ses solides brodequins et un peu de terre lui maculait le bout du nez sans qu'elle s'en souciât le moins du monde.
Elle batailla quelque peu pour ouvrir la grille rouillée du presbytère à demi détachée de ses gonds. Un coup de vent espiègle, jouant avec son vieux chapeau, lui conféra une inclinaison plus improbable encore qu'elle ne l'avait été jusque là.
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