On peut être décontenancé quand on commence la lecture de ce livre, le narrateur étant le jeune Birahima, un enfant des rues, le style est oralisé.
L'enfant vit dans un village de Côte d'Ivoire et a une dizaine d'années lorsque sa mère décède. On lui conseille donc de rejoindre sa tante qui vit au Libéria. Le voilà à pied, sur la route, en compagnie de Yacouba, un féticheur musulman multiplicateur de billets. A travers ce périple qui les emmènent au Liberia et en Sierra Léone, ils vont découvrir la guerre africaine, celle des enfants soldats qu'on drogue et qu'on saoule pour les envoyer au combat protéger par des gris-gris, celle des seigneurs de guerre, corrompus et sanguinaires, qui se servent de la guérilla pour s'enrichir, celle des puissances étrangères qui placent leurs pions sur l'échiquier africain afin d'exploiter les ressources du continent.
Avec un humour enfantin, Birahima nous livre une face terrible de l'histoire de l'Afrique de l'ouest, notamment en Sierra Léone et au Libéria. le lecteur est abasourdi par tant de bêtises débouchant sur tant de cruautés.
Le livre ne dresse pas un portrait sombre de l'Afrique mais est, en réalité, plein d'espoir, car bien sûr, Birahima se sort de toutes situations et en retire une expérience teintée d'optimisme.
Bien que ce roman ait été publié en 2000, son message reste tout à fait d'actualité et doit nous faire réfléchir au prix que notre bien-être et notre modernité occidentale fait payer à l'Afrique.
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Ayant beaucoup entendu parler d'Ahmadou Kourouma, j'avais un très bon a priori avant de commencer la lecture Les Soleils des indépendances...Qui ne m'a malheureusement pas emportée et que j'ai terminé avec une pointe de déception.
Les atermoiements incessants des personnages entre le destin qui leur est dû et leur triste réalité finit par être pesant, et si le roman présente de nombreuses critiques sous-jacentes de l'hypocrisie indépendance et de la place de la femme dans la société qui auraient pu m'intéresser, cela n'a pas suffi à me convaincre...Peut-être qu'à force de lire de la littérature francophone d'Afrique noire, je me fais plus regardante et moins facilement séduite !
Un classique ivoirien qui m'aura déçue, mais qui ne m'empêchera probablement pas de revenir à cet auteur à la biographie riche et intéressante.
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J'ai passé un excellent moment de lecture. Kourouma nous plonge tout de suite dans les superbes paysages de l'Afrique de l'Ouest: on navigue entre la ville, devenue synonyme d'avarice et de déchéance, et la campagne, plus noble mais aussi plus démunie. L'histoire de Fama, Salimata et les autres ne laissent indifférent. Kourouma nous fait découvrir les coutumes du peuple Malinké mais ne manque pas de se montrer critique à l'égard de certaines pratiques. Ce roman est aussi une satire de l'ascension de dictateurs à travers l'Afrique à l'issue des luttes pour l'indépendence. A ne pas manquer!
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Kourouma nous fait le récit de l’histoire du Togo sous forme de geste c’est-à-dire une épopée et non pas une narration fictionnelle C’est donc bien un récit historique ainsi qu’une critique acerbe (par le style) du règne d’un dictateur mais aussi un conte et narration de vérités historiques
le style de l’épopée ne convient pas à un récit historique récent ( même si celui-ci se situe en Afrique) surtout une épopée mythique et encore moins à une critique d’un personnage qui a bel et bien existé et dont le nom est facilement devinable. La geste au coin du feu à la veillée il faut aimer
Autant j’ai plaisir à relire les récits antiques, les épopées d’Homère ( environ 2500 ans en arrière ) autant ici pour le XXI siècle ce cadre me parait caricatural voir caricatural. Il me semblerait inconcevable de narrer un épisode de la seconde guerre mondiale dans ce style mi « Harry Potter » mi « seigneur des anneaux » avec par exemple un De gaulle qui se transformerait en coq blanc pour passer en Afrique et/ou aller à tire d’ailes au Royaume Uni. La geste ici est un moyen qui permet , à peine il est vrai, de dissimuler la critique d’un régime dictatorial. Un livre plus historique aurait peut-être, entraîné des conséquences juridiques à Kourouma. A-t-il utilisé des fétiches et des gri-gris lui aussi pour dissimuler la teneur de son livre ? Est-ce une fable ?
L’écriture est très lourde aucun détail ne nous est épargné et les pauses des griots ne permettent pas d’aérer le texte et d’autoriser le lecteur à respirer
les transformations à répétition des personnage en animaux , les appels à la magie les attaques imprégnées de magie ne passent pas bien du tout On a du mal à suivre l’auteur sur ce terrain Comment imaginer qu’au XXème siècle des dirigeants africains fassent référence à tout bout de champ aux forces surnaturelles ( c’est du moins les propos que Kourouma leur attribue) alors qu’ils sont très terre à terre et corrompus ils savent très bien que c’est le compte en banque qui compte et pas les offrandes divinatoires ni les sorciers ? Comment accepter que des tirailleurs disparaissent devant leurs ennemis comme par enchantement ? Soit c’est un récit de guerre et historique et là on fait en sorte que ça le cas soit on est dans la fantasie et là Tolkien, Rowling, Lewis sont quand même meilleurs .Il est vrai qu’on est beaucoup plus sensible à la fantasie anglo-saxonne qu’africaine Koyaga en gobelin s’aurait eu de la gueule
Allah n’est pas obligé est quand même un livre bien meilleur, plus lisible et il apporte quelques chose : Une connaissance sur ces enfants soldats enrôlés par des bandits et tout la misère inextricable qui s’en suit. Là c’est un récit sur les frasques d’une Afrique coloniale qui a viré à une Afrique de malfaiteurs institutionnalisés dont on connait depuis longtemps les agissements sans que personne n’y voit rien à redire surtout les africains
Ce livre n’ est pas facile à lire et c’est dommage en voulant rapporter des faits historiques , raconter un conte (mythologie) et assurer un témoignage il s’est trompé Il aurait du choisir soir le récit historique soit le témoignage car en fin de compte c’est bien pour ce dernier que le livre a été écrit Ou alors… choisir la fiction (fantasie) et là Koyaga en voldemort rien à dire
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L'auteur de ce roman publié en 1998, Ahmadou Kourouma est décédé en 2003. Il avait obtenu le prix du Livre Inter en 1999, ce qui est un gage de qualité. Il nous plonge dans l'Afrique de la fin du 19 ème siècle à la fin du 20 ème, mais surtout dans les années qui ont succédé à l'indépendance des pays africains, avec l'arrivée au pouvoir de nombreux dictateurs. Il montre notamment le rôle, des pays colonisateurs, dont la France, dans l'émergence de ces dictatures. Beaucoup des dictateurs de la première génération après l'indépendance avaient été militaires, sous-officiers, officiers dans l'armée française avant de rejoindre l'armée de leur pays et de faire des putschs pour s'emparer du pouvoir. La politique internationale, pendant cette période dite de la guerre froide, les a aidés pour prendre et se maintenir à la tête de leur pays souvent en fermant les yeux sur la répression sanguinaire qu'ils faisaient subir à leur peuple. Les pays sont de fiction, ils ont des noms neutres, République du Golfe, République des deux fleuves etc... Les noms des dictateurs sont également inventés, mais leurs descriptions, leurs tenues vestimentaires, leurs parcours, les atrocités, les abus qu'ils commettent, leurs mégalomanies font forcément penser à ceux qui ont réellement existé.
Lors d'une cérémonie en six veillées, autour du Président Koyaga, un dictateur sanguinaire, un griot lui retrace sa vie. Il revient sur ses origines dans la tribu des hommes nus. Sur l'enrôlement forcé dans l'armée française, de son père, qui se comporte en héros dans les tranchées de Verdun. Sur son propre enrôlement dans l'armée coloniale française en Indochine et en Algérie, et ensuite sa prise du pouvoir lors de son retour dans son pays. Il relate l'importance des marabouts, des sorciers, du fétichisme, des croyances occultes, des religions, conversions au christianisme, l'influence prédominante de l'islam. Il décrit les leçons que lui ont données ces collègues despotes déjà en place. Il lui rappelle les assassinats qu'il a commis pour arriver et se maintenir au pouvoir, ses abus pour assouvir sa mégalomanie, en terme de fêtes à sa gloire, de constructions gigantesques inutiles, en terme d'armement militaire injustifié. Les vols qu'il a perpétrés dans les caisses de l'état pour son enrichissement personnel. Les chasses monstrueuses qu'il organisait, détruisant sans réserve la faune sauvage, pour asseoir devant son peuple, et devant ses hôtes étrangers, sa réputation de maître chasseur.
Ce qui est surprenant pour un lecteur qui ne connaît pas l'Afrique, c'est le rôle des marabouts, notamment dans le roman celui de la mère sorcière de Koyaga, Nadjouma, la notion également d'homme de destin, (Koyaga est l'homme de destin de Maclédio, celui qui le pousse aux pires atrocités), le besoin pour tous ces dictateurs d'avoir un totem, untel à pour totem le caïman, un autre la hyène, un autre encore le léopard.
C'est à la fois un conte émaillé de proverbes africains dans lequel l'humour côtoie le pathétique, et un roman qui s'appuie sur l'histoire du continent dont l'auteur a été le témoin.
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ce roman est vraiment une interraissant
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J'ai appris beaucoup de choses sur la géopolitique de cette région d'Afrique. Intéressantes aussi les explications sur les mœurs tribales et sur les dures réalités des enfants soldats embourbés dans ces constants conflits qui n'ont finalement ni queue ni tête. La narration alterne entre le récit du jeune Birahima et des exposés quasi académiques sur les guerres tribales au Libéria et Sierra Leone, et ce , sans aucune transition. Mais pire encore, l'auteur use et abuse de tics d'écriture (jurons africains à tous crins, références plusieurs fois par page à des dictionnaires pour clarifier des termes ou mots pourtant archi connus). Bref ces techniques, bien que sympathiques et déroutantes au début, deviennent rapidement lassantes et entachent le plaisir de la lecture. Dommage, car cet auteur possède un talent certain
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Lorsqu'on connaît l'histoire de l'afrique, on reconnaît assez aisément les personnages.
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Livre obligatoire au cegep alors qu'il venait de gagner le Gongourt. Le seul livre que j'ai vraiment détestée, peut être parce que je devais le lire jusqu'au bout. Je n'ai pas aimée tout ce flux et ce reflux de haine, de colère et de ressentiment. Les structures de phrases n'étaient pas traditionnelles non plus. Peut être que dix ans plus tard j'apprécierais ce livre d'avantage mais le seul souvenir que j'en garde est de la colère d'avoir du subir cette lecture.
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La vie d'un dictateur africain en brillant feu d'artifice polyphonique et extrême
Ce troisième roman de l'Ivoirien Ahmadou Kourouma, en 1994, fut celui de la consécration. Véritable feu d'artifice et synthèse de trente ans d'évolution des littératures africaines francophones, le récit de la vie du dictateur de la république du Golfe, librement inspiré de celle du dictateur togolais Gnassingbé Eyadema, y est chanté lors d'une cérémonie expiatoire traditionnelle, en sa présence...
Sérieux historique, comique burlesque, analyse anthropologique, chant traditionnel, discours officiels policés, invectives ordurières, discours caché dans le discours,...tout y passe avec bonheur, dans une polyphonie totale qui fait honneur à un projet que Bakhtine décrivait comme le plus ambitieux de la littérature. Et l'auteur peut ainsi décrire avec férocité l'ensemble de la confrérie des dictateurs africains sur trente ans...
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Conte fantastique? Chronique historique et politique de l’Afrique du temps d’une décolonisation progressive (et encore là malheureusement).
Oeuvre racontée comme si nous étions du côté des dictateurs… Ces dictateurs déshumanisés et qui sont, en fait, des bêtes sauvages sanguinaires qui se croient eux-mêmes investie de cette mission.
« Dans l’ethnie du chef traître prévaut le matriarcat; un fils n’appartient pas à son père, le père est un vulgaire géniteur; l’enfant appartient à sa mère, à la famille de sa mère » (…) « Le marabout est considéré comme l’inspirateur de la maman » (…) « les devins et les marabouts avaient fait croire qu’ils étaient prédestinés à devenir président à vie ».
J’ai préféré, et de beaucoup, son roman « Allah n'est pas obligé ».
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Lecture particulière qui ne peut laisser indifférent, tant sur l'histoire contée que sur le style.
Sur la forme, comme beaucoup d'autres lecteurs, j'ai beaucoup apprécié l'originalité de l'écriture. J'ai été assez vite lassé cependant par les répétitions et les définitions permanentes qui ne me semblent pas apporter grand'chose.
Sur le fond, quelle histoire ! c'en est glaçant, tant le petit garçon raconte son quotidien sanguinaire avec détachement. Sur la dernière partie, le livre survole l'histoire du Libéria et de la Sierra Léone, c'est dense, trop dense peut-être (le recours à Wikipédia m'a été nécessaire !)
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Désolé mais je n'ai pas pu lire ce livre. Certes il dénonce tous les malheurs de l'Afrique, qu'ils soient dûs à la colonisation ou à l'incurie de certains dirigeants.
L'auteur essaie de nous faire croire que tout est de la faute des ex-colonisateurs, un peu trop à mon goût. Certes les colons ont été cruels, certes ils ont placé des pantins au pouvoir pour continuer à tirer les ficelles, mais tous les despotes ne sont pas des créatures de l'occident. Idi Amin Dada ou Samuel Doe ont fait partie des pires et n'avaient pas été installé par les européens.
De plus, je n'ai pas aimé le style, un récit écrit, tel qu'il serait raconté par un griot, n'est pas du tout agréable à lire. J'ai insisté, mais j'ai craqué avant la moitié.
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C'est avec plaisir que j'ai retrouvé Birahima, l'enfant-soldat qui a combattu en Sierra Leone et au Liberia. (roman : Allah n'est pas obligé).
Tout juste rentré en Côte d'Ivoire, il constate que son pays connait lui aussi des tensions tribales. Il fuit vers le nord et s'improvise garde du corps de Fanta, une jeune étudiante dont le père vient d'être assassiné.
C'est un roman choral, Fanta raconte l'histoire de la Côte d'Ivoire (le lecteur en profite aussi) et Birahima résume à sa manière (ce qui amuse beaucoup le lecteur).
Hélas, Ahmadou Kourouma (1927-2003) n'aura pas le temps de finir son livre ...
Un livre instructif et bien écrit.
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On y perçoit qu’il n’y a pas vraiment de gauche ou de droite politique mais plutôt des impératifs de groupes d’intérêts de l’ordre des origines tribaux.
Si j’avais été + au fait des peuples (à mon avis, malencontreusement nommés tribus par l’occident) d’Afrique de l’ouest, j’aurais sûrement été à même d’apprécier davantage ce roman… En lisant cette oeuvre, peut-être suis-je sur la bonne voix…
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A la fois drôle et terrifiant, une "ballade" en Afrique de l'Ouest (Sierra Léone) en compagnie d'un enfant soldat. Où l'on constate que ce que l'on croit savoir est dérisoire, que la vérité est bien plus dérangeante. Les talents de conteur de Mr Kourouma sont exceptionnels.
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