AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Alain Schmoll (39)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La tentation de la vague

Alain Schmoll Commence par une mise en place ce soigneuse et maitrisée d’une galerie de personnages disparates, dont le narrateur, Werner, héritier d’une famille d’industriels qui a fait du fromage son beurre (un auteur qui écrit en tête de chapitre : « il y a longtemps que je ne me suis pas couché de bonne heure », me pardonnera ce trait d’humour facile).



Le milieu de la finance qui fait tourner les entreprises au rythme des caprices du marché libéral est très clairement mis en scène (j’ai même presque tout compris). Et puis lorsque tout est en place, coup de tonnerre dans un ciel serein, l’auteur nous surprend par une révélation qui change la donne et ouvre le champ des possibles, particulièrement pour comprendre ce qui s’est passé lors d’une journée d’émeute sur fond de revendications écologiques, où un militant a trouvé la mort dans des circonstances peu claires.



Le style est convaincant, persuasif et le sujet est bien intégré, et on entre sans difficulté dans l’g-histoire, hameçonné par les détails qui annoncent les drames futurs.



C’est donc un premier roman réussi, d’autant plus que ce décor de la production industrielle n’est pas a priori ce qui détermine mon choix au départ, et m’aurait plutôt incitée à éviter le thème. Mais le talent de l’écrivain est de créer quelque soit le sujet une ambiance attractive.





Je remercie donc l’auteur et sa maison d’éditions l’Harmattan pour leur confiance.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          661
La tentation de la vague

Il faudrait plusieurs vies, dit-on souvent...



Plusieurs vies pour tout lire, tout éprouver, tout tenter.



Plusieurs vagues à  chevaucher,  à dompter , pour se griser encore et encore  à escalader leurs crêtes, à sonder leurs creux, à se perdre dans leurs rouleaux translucides.



C'est sûrement ce qu'a dû penser notre ami Archie, fin chroniqueur de Babelio et ami fidèle,   quand,  délaissant son pseudo et son avatar de hibou sagace, il s'est coulé dans le sillage d'un héros bien complexe,  Werner Jonquart, et a entrepris d'en  épouser  la trajectoire sinueuse,  non plus comme chroniqueur, mais comme auteur, sous son vrai nom d'Alain Schmoll.



La tentation de la vague est un titre particulièrement bien trouvé pour ce premier roman,   publié , excusez du peu,  chez L'Harmattan



Werner est un fils à papa, né avec une cuiller en argent dans la bouche, qui n'a pas besoin de travailler vraiment pour vivre, et s'adonne aux délices d'une existence capricieuse, où son goût du jeu, sa propension au mystère, ses complexes d'enfant gâté et sa liberté dorée  lui permettent de passer,  comme un nageur émérite, d'une vague à l'autre, sans en épuiser les frissons,  jusqu'au jour où la maladie d'un père le contraint à faire des choix.



Il serait maladroit de dire plus de l'intrigue elle-même , sous peine d'éventer les surprises d'une narration très maîtrisée, d' une chronologie savante, d'une galerie de personnages bien croqués. Le récit,  bien documenté, se coule aussi facilement dans les grandes et petites magouilles d'une grosse boîte du CAC 40 que  dans les tribulations et débats stratégiques de l'ultra-gauche.



Le leit-motiv de la vague, dont le flux et le reflux rythment  le roman,  est une des belles réussites de ce polar intelligent et bien écrit.



Si vous aimez les personnalités complexes, si le dieu Janus vous fascine, si vous adorez les puzzles et les énigmes, tentez de suivre Werner sur ces vagues qui le tentent si fort..



Commenter  J’apprécie          372
La tentation de la vague

Je remercie chaleureusement Alain Schmoll (alias Archie sur Babelio) pour l'envoi, en service presse, de son roman La Tentation de la Vague.

Dans ce roman, nous découvrons Werner. Il vit à Paris, à l’écart de ses parents, de riches industriels de la filière laitière menant grand train dans leur belle propriété sur le lac de Genève. Lors d’un week-end, il découvre que le groupe familial fait face à des difficultés, faute de répondre aux exigences sociétales actuelles. Pour Werner, se pose la question de la responsabilité, la sienne et celle du groupe...

Nous découvrons aussi Romain, qui vit également à Paris. Militant de longue date à l’extrême gauche, passé par les forces spéciales castristes, il a fondé son propre mouvement politique. Il s’appuie sur Julia, sa compagne, et sur Greg, un jeune militant qu’il a formé. Mais voilà que ce dernier, impétueux et séducteur, se met à contester son autorité et à prétendre mettre Julia dans son lit...

Lors d’une manifestation sur une ZAD, un homme est tué. Est-ce une bavure des forces de l’ordre ? Quand les faux-semblants seront levés, Werner et Romain devront affronter une destinée unique exposée à des rebondissements inattendus...

La Tentation de la Vague est un très bon roman. Je ne m'attendait pas à ça du tout en le commençant.

J'avoue avoir eu un peu de mal à démarrer ma lecture car j'ai énormément de travail en ce moment, sur ma tablette c'est écrit assez petit et je fatigue vite. Et puis, je me suis accrochée, je me suis plongée dedans.. au point d'avoir du mal à quitter ce roman.

Je suis d'ailleurs triste de quitter les personnages. Ils sont très intéressants, je me suis attaché à eux. Ils ont une personnalité complexe, et il y a beaucoup de choses que je n'avais pas du tout vu venir ! Que de surprises dans ce roman.

L'histoire est très bien ficelée, et originale. Il n'y a aucunes incohérences, tout se tient de la première à la dernière page.

Je ne peux pas vous en dire plus autant sur l'histoire que les personnages, car j'aurais détester qu'on me dévoile certaines choses ! C'est un roman qui se découvre, se dévore. Il nous submerge.. comme une vague... Mais il est difficile de l'expliquer, de peur de trop en dire...

J'ai apprécié l'écriture d'Alain Schmoll. Il a de très bonnes idées, et a su m'étonner tout au long de ma lecture. A aucun moment je n'ai pu deviner où il allait nous emmener, ce que j'ai apprécié :) Et je le souligne car il est assez rare que je ne devine pas une partie d'un roman, souvent je comprends où l'auteur souhaite aller. Ce qui est un peu logique, je lis beaucoup.

Là je me suis laissée prendre par l'histoire, les personnages. J'ai passé un excellent moment de lecture et je ne vais pas oublier tout ce petit monde de sitôt.

La tentation de la vague est un très bon premier roman que je vous recommande chaleureusement.

Ma note : cinq étoiles.
Commenter  J’apprécie          290
La tentation de la vague

Merci à Babelio de m’avoir envoyé ce livre. Honnêtement, je ne m’attendais pas à cela, ayant « oublié » Masse Critique et m’étant rabattue sur ce qui restait, quelle bonne surprise !

Je passe sur le résumé que vous avez sans doute déjà lu.

Je trouve que le suspense est très bien rendu. Je ne m’attendais à rien de ce que j’ai découvert au fil des pages. Alors certes, certaines situations se résolvent de manière un peu trop heureuses, surtout à la fin. Mais comme le reste est assez crédible, je pardonne le dénouement. Et que de rebondissements !

Les personnages sont également bien construits, l’auteur prend le temps de nous les faire découvrir, de détailler leur psychologie, leurs faiblesses … on peut s’attacher à eux. Ou pas.

Ce roman est l’occasion de découvrir plein de mondes différents : la gestion d’une entreprise, l’entraînement de militants castristes, les manifestations d’ultra-gauche dans des ZAD … C’est ça aussi qui m’a accrochée : de nature curieuse, ces passages m’ont donné des aperçus sur des organisations que je ne connaissais pas du tout les réalités.

Ce qui est intéressant également est l’amertume qui me reste à la fin de la lecture : Werner n’est pas tout blanc dans cette histoire, ses méthodes pour remettre l’entreprise de son père dans le droit chemin sont tout sauf droites ! Mais comme il atteint son but, cette manière forte restera inconnue du grand public.

En définitive donc, un roman complexe, bien ficelé, où on ne s’ennuie pas du fait de la construction étudiée des personnages et des multiples univers que les héros traversent.
Commenter  J’apprécie          10
La tentation de la vague

De l'anarchiste à l'anarque



« J’ai compris que le pouvoir de changer le monde n’appartiendrait qu’à celui qui saurait dompter les vagues, les dresser à sa main, les conduire comme un guerrier mène sa monture à la victoire. J’ai compris surtout que ce guerrier n’existait pas, que nul prophète, nul combattant, sur cette terre, ne pourrait jamais maîtriser la puissance destructrice de la nature. J’ai compris que mes défis de nageur n’étaient que des jeux d’enfants, que ma fascination pour la vague ultime n’était qu’une chimère et que tout détruire dans l’idée de tout reconstruire n’avait pas de sens. »



Deux hommes que bien des choses séparent vont voir se rejoindre leurs destinées. Werner est ce qu’on appelle un fils de famille. Beau, riche, oisif, célibataire, il rechigne à reprendre en main la grande entreprise familiale spécialisée dans la filière fromages lorsqu’il apprend que son père est malade et ne pourra guérir. Romain est un activiste d’ultra-gauche formé dans les milices castristes. Très épris de sa camarade de lutte Julia, il organise une manifestation officiellement écologique dans une ZAD de la province française. Mais dans un contexte d’affrontements avec les forces de l’ordre en présence, un homme meurt. Comment cet événement est-il arrivé ? Comment son onde de choc va-t-elle impacter les protagonistes ?



Commençons par le plus évident : ce qui se tient à la surface du texte. La tentation de la vague est un thriller efficace et bien ficelé parce qu’on sait d’où on part mais on ne sait pas où on va et, en plus, peut-être surtout, on ne sait pas par quel chemin on va s’y rendre. Cela tient en partie au fait qu’Alain Schmoll parvient à planter des décors convaincants et facilement saisissables, crédibles dans un contexte francophone. Rappelons en effet qu’un récit à suspense n’est pas sommé d’avoir une origine américaine. (Oui, « récit à suspense » est bien un équivalent de « thriller »!) Dans ce cadre, la vague peut-être perçue comme une métaphore de l’Histoire. Cette Histoire, nous voulons ou ne voulons pas l’affronter. Être tenté par la vague, chez les uns et les autres, peut s’apparenter au surf : il s’agit soit de suivre la vague, soit de se laisser emporter (et détruire) par elle. Suivre le mouvement de l’Histoire, participer à ses révolutions : Romain, sur cette voie, se tient d’abord en arrière, dans la position du stratège. Cherche-t-il ensuite, sous le poids de certains impondérables, à jeter son froc aux orties ? Quant à Werner, nous le voyons à un moment nager à contre-courant des vagues artificielles d’une piscine : son Histoire semble l’appeler, qui le pousse vers l’héritage de l’entreprise paternelle. Lutte-t-il en fait pour maintenir son existence de bobo désœuvré, rester à l’abri du temps qui tout emporte ?



Werner et Romain doivent résoudre ce problème d’un blasonnement pas encore abouti malgré les apparences. Bien qu’ils soient adultes, ils ont encore à apprendre, ce qui donne à l’intrigue, outre son suspense savamment distillé, les couleurs d’un roman de développement (Entwicklungsroman). À ce point précis de notre lecture, essayons de prendre une direction un peu moins évidente que les considérations qui précèdent : les différents personnages de La tentation de la vague, au fond, n’en constituent qu’un, celui qu’on appelle l’anarque, et c’est à son épiphanie que nous assistons dans le roman d’Alain Schmoll.



« Anarque » fait référence à un type d’individu décrit par l’écrivain Ernst Jünger (1895 †1998) dans une série de textes, Passage sur la ligne (1950), Traité du rebelle (1951) et Eumeswil (1977). Il s’agit de l’anarchiste passant de la domination des autres (ou de ce désir) à la domination de soi-même. Ce faisant, s’il y parvient, il ne lutte plus pour infléchir le cours de l’Histoire, il vit dans l’Histoire sans être prisonnier des conditionnements de celle-ci. La lutte contre la vague devient, en quelque sorte, une marche sur les eaux. À bien y regarder, certains protagonistes du roman d’Alain Schmoll réussissent l’épreuve, d’autres non, mais ces différentes résolutions ne sont peut-être que des facettes d’un même processus vécu simultanément. C’est un peu iconoclaste : nous nous amusons à quitter délibérément la trame linéaire, chronologique de l’intrigue, nous détricotons La tentation de la vague pour assister au surgissement alchimique d’un être conquérant car centré, non pas égocentré. La lecture n’est plus linéaire, elle est sphérique, mais, bien entendu, si nous souhaitons nous en tenir à une approche conventionnelle, l’auteur nous laisse toute latitude pour cela.



Se posera pourtant la question de savoir si ce dernier a ou non conscience de la tradition qu’il véhicule. S’il n’en a pas conscience, on a presque envie de dire : ce n’est pas grave, et même tant mieux car cela illustre une fois encore les remarquables ruses de l’esprit qui souffle où il veut, y compris sur un pays désormais privé d’échine littéraire, y compris sur ce qui semble de prime abord une étude romancée d’un engagement social et rien de plus, publiée chez un éditeur connu pour pondre au kilomètre. Il est passé par ici (Jünger), il repassera par là (Schmoll). Dans le cas contraire (et l’auteur de la présente note ne connaît pas la réponse), eh bien, on pourra dire qu’il a de bonnes lectures et qu’il a parfaitement compris ce qui se passe autour de nous. Quelles sont les forces réellement mises en jeu dans le désir de révolution ou la direction d’un grand groupe industriel ? De quelles scories devons-nous purger notre être, quelle houle devons-nous surmonter (allégorisées sous forme d’adversaires dans l’intrigue) afin de parvenir au plein exercice du pouvoir éclairé ? « Connais-toi toi-même », c’est dit depuis longtemps. Le talent d’Alain Schmoll est d’avoir exprimé cette recherche dans un contexte où bien des forces se liguent pour ne nous faire scruter que la surface des choses. La tentation de la vague est par conséquent une lecture recommandée.




Lien : https://www.mauvaisenouvelle..
Commenter  J’apprécie          00
La tentation de la vague

Opus 1, Werner, la quarantaine, fils unique d'un industriel français résident à Genève, pas du tout l'air heureux d'appartenir à une famille riche. Après ses études en Suisse et E.U., il se barre à Paris, pour s'ouvrir un vague cabinet de consultation, le tout organisé par sa maman.

Opus 2, Romain, la trentaine avancée, à Paris, ex-activiste d'extrême gauche, entraîné à Cuba ( en passant, Cuba et Fidel me font penser à un proverbe turc «  Si le chauve avait un remède, il en aurait badigeonné sa propre tête »). Il en a fait un business, fondant son propre mouvement politique, “Émancipation révolutionnaire “. Il a une petite amie Julia, ex-militante biberonnée aussi à Cuba où il l'a rencontrée, et un jeune assistant Greg, qu'il a recruté et instruit lui-même, mec devenu un peu trop séduisant et un peu trop encombrant . Julia est irrésistible, et Greg le beau mâle n'y résiste pas, quand à Romain, il en fait des cauchemars.



La Suisse et les riches, et notre Werner contraint à retourner au bercail, vu les difficultés financières de son papa, mondialisation et autres magouilles obligent, et pas que , "j'avais l'impression qu'une vague géante était en train de prendre forme dans l'ombre, qu'elle se dirigeait vers moi et qu'elle finirait par m'engloutir"......

Les activistes d'extrême-gauche qui luttent pour «  égalité, fraternité, liberté », et notre Romain recyclé dans un emballage mise à jour, qui offre ses services au public.....

Les chemins de ces deux hommes qui aiment nager à contre-courant, concrètement le premier dans sa piscine privée, l'autre dans l'océan, vont se croiser......ils vont essayer de déclencher " une vague venant tout recouvrir, purifier, niveler, à l'image du Déluge biblique, d'où aurait émergé une civilisation idéale, fraternelle et apaisée ".

Mais attention ça ressemble fortement à "La Grande Vague de Kanagawa " de Hokusai, elle peut vous engloutir vous aussi lecteurs et lectrices 😆!



L'idée est originale, les personnages bien choisis, dont des énergumènes de tout bord et beaucoup de femmes canons, (ouille ça peut donner des complexes 😊 ! ), l'intrigue bien ficelée, franchement je ne l'ai pas vu arriver ! Bravo pour ce premier roman ! Merci Alain !











Commenter  J’apprécie          793
La tentation de la vague

La tentation de la vague, c'est le premier roman d'Alain Schmoll. Ce nom ne vous dit peut-être pas grand-chose, sauf que sur Babelio il est pour beaucoup d'entre nous un ami commun, vous le reconnaîtrez aisément si je vous parle d'un avatar à l'image d'un hibou ébouriffé et studieux, un certain Archie... Je remercie donc Alain Schmoll et les éditions L'Harmattan de m'avoir permis de découvrir ce nouveau roman.



Ce sont deux histoires qui se construisent et s'alternent au gré des chapitres, deux itinéraires en parallèle bien différentes, deux voix qui viennent faire écho l'une à l'autre, deux ambitions attachées à des mondes antagonistes. D'un côté il y a le narrateur Werner, dont le père Sylvain Jonquart est à la tête d'un grand groupe industriel fromager qu'il a fait fructifier à partir d'une entreprise familiale créée par l'arrière-grand père à Pontarlier. Aujourd'hui pour des raisons fiscales, l'entreprise et la famille sont désormais établies en Suisse, près de Genève.

Et puis il y a Romain, militant d'extrême gauche, formé aux méthodes cubaines, à la tête d'une association qu'il a créée, Émancipation Révolutionnaire, et qui est devenue un mouvement politique soutenant notamment aujourd'hui les ZAD, Romain est par ailleurs épris de la belle Julia qu'il a connu à Cuba.



Deux destins différents, mais au fond, qu'ont-ils en commun, ces deux-là ? Être jeunes ? Aimer la vie et en douter tout autant ? Habiter Paris ? Être à peine ambitieux mais être capables aussi, chacun à sa manière, de faire un pas de côté pour regarder comment déferlent les flots sur leurs existences ? Peut-être sont-ils tout simplement fascinés tous deux par la tentation de la vague ?

Mais jusqu'où peut-on faire ce pas de côté tout en demeurant acteur de sa vie, jusqu'à quelle limite peut-on regarder sa vie et la vivre sans être emporté par la vague ?

Ce sont en effet des personnages bien complexes et l'on se demande dès les premiers chapitres comment ces deux histoires vont venir se télescoper, à quel moment et de quelle manière Werner et Romain vont finir par se rencontrer, car on sent bien que la vague sur laquelle nous surfons nous amène inéluctablement à cette rencontre.



Autour des deux personnages principaux gravitent d'autres personnages qui donnent du piment à l'intrigue. Ce sont eux qui amènent à faire bouger chacun des deux personnages dans l'itinéraire qui semblait jusqu'ici presque immuable.

Autour de Werner, il y a le fidèle José, mais aussi des femmes de pouvoir qui effleurent le jeune homme, effleurent son histoire, son cœur, son corps, son destin, Alexandra, Noémie, Toni, elles sont prêtes à entrer sur scène, ne demandent qu'à venir prendre la lumière qu'elles revendiquent chacune à leur tour dans cette histoire...

C'est lors d'un des week-end où Werner se rend de Paris jusqu'à la somptueuse villa de ses parents, au bord du lac Léman, que celui-ci pressent que l'entreprise est en difficulté, voit son père très affaibli, il sent des choses qui semblent déjà se jouer pour lui en coulisse, presque à son insu.

Romain, quant à lui, se demande comment donner du sens à son engagement politique sans basculer le mouvement qu'il a créé, dans la violence. Greg qu'il a accueilli et formé n'a plus la même vision que lui. L'élève, séducteur, charismatique, contexte déjà le maître...



La sociologie du roman est intéressante car, en effet, qui a-t-il en commun entre une entreprise cotée en bourse et l'univers zadiste. Peu de choses a priori, plutôt deux mondes qui s'opposent, se repoussent même, et pourtant on y rencontre presque les mêmes jeux de rôle, les mêmes luttes de pouvoir, les mêmes jalousies, les mêmes faux-semblants... Les beaux idéaux s'effacent vite derrière les ambitions. Même chez les zadistes, il y a des plans de carrière. Même chez les zadistes, certains rêvent de séduire la compagne de l'autre, de faire de l'ami un rival, de vouloir le mettre sur la touche, lui, le soutien de toujours, sous prétexte qu'il est peut-être déjà devenu has been. Un peu comme un produit fromager qui ne se vend plus parce que le marketing ne prend plus et que la communication est désormais obsolète...



Ce sont deux sociétés peintes avec réalisme et cruauté. Le travail est remarquable dans la description précise de ces deux mondes, leur mécanique implacable et j'ai trouvé que la narration qui s'engouffre dans ces mondes est bien huilée...

Comment peut-on passer d'une vague à l'autre et jusqu'à quelle ultime mouvement de la vague le surfeur peut-il encore demeurer en équilibre sur sa planche ?

Ici nous sommes invités dès le départ du récit à poser et assembler les morceaux d'un puzzle aux contours insaisissables. Nous voyons peu à peu une histoire qui nous échappe et cela nous emporte dans un récit furieusement énigmatique.

La force du récit est dans ces personnages qui s'esquivent à chaque instant.

Finalement, Werner comme Romain ne vivent-ils pas au début du roman le même rêve, celui de voir une vague venir tout balayer d'où émergera un monde plus fraternel et apaisé ?



Et si à la fin, la façon de se rencontrer tous les deux n'était pas dans ce regard partagé, s'apercevoir que la vague ultime n'était qu'une chimère et que tout détruire dans l'idée de tout reconstruire n'avait pas de sens ?



Voilà, je n'en dirai pas davantage...



Laissez-vous à votre tour porter par la tentation de la vague.
Commenter  J’apprécie          380
La tentation de la vague

Merci à Masse critique de m’avoir permis de lire un de mes amis Babelio. Chapitres alternés par deux hommes habitant Paris. L’un se rend à Genève où ses parents voudraient qu’il reprenne la grosse entreprise familiale de fromages. L’autre est un activiste formé à Cuba. On attend longtemps avant de savoir ce qui va les réunir et qui est original. On ressent bien le gros travail d’écriture de l’auteur. Le problème, et je suis gênée de le dire, est que ce sujet ne m’intéresse pas dans les romans. Les grosses sociétés, l’argent qui coule à flot. L’impression de lire des comptes-rendus d’entreprises et d’être au travail. Heureusement que la belle Julia est là.
Commenter  J’apprécie          260
La tentation de la vague

C'est un roman qui nous plonge dans différents milieux de la société, des cercles privés qui gravitent autour de la riche famille de Werner sur les rives du Léman, aux fréquentations extrémistes variées de Greg, qui veut donner un tournant révolutionnaire violent au mouvement de Romain.



L'histoire semble par moments cousue de fil blanc, à d'autres un peu improbable et irréaliste, mais l'ensemble est distrayant, tout en donnant énormément à réfléchir sur les évènements qui agitent notre société. Evidemment, la manifestation où les blacks blocs viennent titiller les forces de l'ordre ne peut que nous rappeler les différents épisodes des rassemblements des gilets jaunes, tandis que certains scandales économiques et environnementaux ont des airs d'affaires connues.



Les personnages sont bien étoffés et la lecture facile, c'est un livre qui donne matière à réflexion sur notre société tout en nous entraînant sur la piste d'un énigmatique tueur en série, avec un fond de romance.
Lien : https://www.luckysophie.com/..
Commenter  J’apprécie          20
La tentation de la vague

Werner Jonquart est né d'une famille de riches industriels laitiers implantée en Suisse, au bord du lac Léman. Moyennant la générosité de ses parents, il pallie ainsi le manque de clientèle de sa société de consultant d'entreprises à Paris. À la faveur d'une visite à sa famille, il est informé de la grave maladie dont souffre son père et des problèmes financiers importants qui menacent la pérennité du groupe familial. Il doit prendre une décision essentielle : succéder à son père afin de redresser la société ou poursuivre sa vie de bohème à Paris.





Romain est un militant de l'extrême gauche radicale. Il a été formé à Cuba au sein de mouvements de luttes révolutionnaires clandestines. Mais contraint de rentrer en France - par la suite de la découverte de sa relation avec Julia, activiste également - il fonde aux côtés de celle-ci, désormais sa compagne, un mouvement politique révolutionnaire à Paris. Très soucieux de demeurer dans l'ombre, il recrute Greg, jeune beau et charismatique, chargé de le représenter publiquement et de mettre en œuvre les idées du parti. Mais considérant les élans révolutionnaires de Romain très affaiblis, Greg ambitionne très vite de prendre sa place à la tête du mouvement, mais également dans la vie de Julia.





À l'occasion d'une manifestation particulièrement violente, à laquelle Greg et des membres du mouvement de Romain participent, un homme est tué dans des conditions étranges et inexpliquées. Est-ce la conséquence d'une bavure policière ? Pourquoi Romain souhaite-il à rester dans l'ombre du mouvement révolutionnaire qu'il a créé ?





Tels sont les enjeux et les intrigues du premier roman d'Alain SCHMOLL, dirigeant d'entreprises, "la tentation de la vague », paru, en 2019, aux éditions l'Harmattan.





l est peu aisé de donner un avis très tranché à propos de la fiction d'Alain SCHMOLL. Le suspense et les rebondissements trouvent incontestablement leur place au sein de cette intrigue originale et très bien pensée. Mais le récit, dont il faut souligner qu'il est le premier de l'auteur, est très inégal à plusieurs égards.





L'architecture d'ensemble heurte par son manque de cohérence et d'harmonie. Non pas de façon strictement formelle - en ce sens que les deux parties qui le composent sont disproportionnées, en tant que tel ce n'est pas un problème si le roman le justifie - mais sur le fond, elle révèle bien d'autres défauts. Dans la première partie, l'auteur alterne, respectivement et alternativement, les récits de Werner et de Romain. À cet égard, Alain SCHMOLL a très judicieusement employé un statut narratif différent - la première personne pour l'un, la troisième pour l'autre - que justifie l'intrigue et, mieux encore, qui sert celle-ci. Cependant, la seconde partie n'en est pas véritablement une au sein d'un ensemble homogène que requiert la construction d'un roman. Elle semble être une suite de l'histoire des protagonistes Ainsi, après avoir révélé, d'une part, le choix de Werner au regard de la direction de société familiale et, d'autre part, les raisons de la clandestinité de Romain au sein de son propre mouvement – et l'on comprend ainsi la mise en parallèle du destin des deux personnages – l'auteur leur permet de se retrouver (au sens littéral) y tirant le bénéfice pour résoudre l'énigme de la mort du malheureux manifestant. Mais, pour autant, les deux parties ne peuvent s'exclure l'une de l'autre. À méditer…





À partir de là, certains défauts de fond devenaient inéluctables. L'histoire peine à prospérer, son évolution est souvent laborieuse. Elle est, parfois, affaiblie par de trop nombreuses et longues digressions financières et économiques concernant la société Jonquart indifférentes à l'évolution de l'intrigue ainsi que de narrations à propos des partenaires différentes de Werner – la lecture du roman permettra de comprendre pourquoi celui-ci et Julia se sont, à un moment donné, perdus de vue. Les descriptions et digressions de faits ou de situations sont toujours les bienvenues quand elles permettent de construire les personnages, les décors ou le paysage du roman ; elles ruinent, en revanche, l'intérêt de celui-ci quand elles ne se justifient que pour et par elles-mêmes.





Les personnages précisément. Il s'agit d'un aspect parfaitement réussi dans le roman. Plus particulièrement celui de Werner, mais de Romain également. Leurs défauts, leurs doutes et leur évolution tout au long du récit leur permettent de dominer celui-ci et de se souvenir d'eux après avoir refermé le livre.





En revanche, si l'écriture est limpide, elle n'est pas toujours très bien maîtrisée. de trop nombreuses fautes de style, de syntaxe, parfois même d'orthographe sont à déplorer. La recherche du mot juste, qui doit traduire avec précision la pensée du narrateur, n'est pas toujours effectuée avec vigilance.





Pour conclure « la tentation de la vague » n'est pas un mauvais roman, loin de là, mais très inégal et surtout perfectible. L'on passe, grâce à une intrigue incontestablement habile et intelligente, d'instants de lecture très captivants, mais aussi quelquefois ennuyeux. C'est dommage car Alain SCHMOLL n'a pas choisi la facilité propre à quantité d'auteurs qui encombrent trop souvent de leurs livres les rayons des librairies.





C'est donc sans aucune réserve que je conseille la lecture de « la tentation de la vague », d'Alain SCHMOLL.



Bonne lecture,

Michel.






Lien : https://fureur-de-lire.blogs..
Commenter  J’apprécie          80
La trahison de Nathan Kaplan

Barbouzes à louer.

Alain Schmoll, Archie, pour les intimes babéliotes a rangé les crampons de son roman «Pièce unique» qui avait pour cadre la coupe du monde 98, pour nous ficeler un roman très original mixant espionnage, affairisme et basses besognes.

Deux hommes de main, bras cassés qui pensent comme des pieds et ne se font pas trop de nœuds à la tête, Tiburce et Jalil, planquent devant le domicile d’un agent de Mossad qui fomenterait un attentat sur le territoire dans le seul but de faire accuser des musulmans. Les espions du soir doivent le neutraliser, terme légal pour zigouiller quand la cause se veut noble.

En parallèle, le récit suit le parcours de plusieurs personnages dont le Nathan Kaplan du titre, un brillant homme d’affaires toujours en jet lag, Virginie Declair, qui a succédé à son paternel dans la boîte qui porte son nom et Sylvain, un flambeur qui ne planquent pas trop de scrupules dans son coffre-fort.

On se doute que tout ce petit monde ne va pas rester dans son coin et va finir par partager quelques chapitres avant la fin. Et quand l’appât du gain croise des services pas si secrets, le mélange des genres augurent des barbouzeries discount.

Nous ne sommes pas dans un roman de John Le Carré, nos protagonistes n’ont pas le complet sombre et la mine taciturne, ni dans un 007. Pas de base secrète cachée sur une île volcanique et pas de patriotisme chevillé au corps. La Roleix au poignet suffit. Ici, il est surtout question de gros sous, de dessous de table, de dessus de lit et de requinades, mot que je viens d’inventer et qui me semble assez adapté au monde délicieux des affaires.

Bon présage, je n’ai pas eu une seule fois la tentation de lire en secret les dernières pages du livre pour connaître le fin mot de l’histoire, sale habitude que j’ai (je sais que je ne suis pas le seul !) quand une intrigue m’irrite plus qu’elle ne m’intrigue, quand le suspense ne suspend plus le temps.

Au fil du récit, on comprend vite qu’on ne va pas nous livrer le dénouement sur un plateau à blinis à mi-parcours et qu’il faut se laisser balader par l’auteur dans le temps, l’espace et les turpitudes. J’ai particulièrement apprécié la structure alambiquée du récit qui sert l’histoire sans égarer le lecteur en route.

Il m’a manqué un peu d’action pour booster mon adrénaline d’ado attardé mais les personnages sont bien construits et l’intrigue ne tombe pas dans la mode actuelle du complot généralisé comme dans le dernier Dugain qui m’a affligé. Billet à suivre.

Bravo et merci Archie !





Commenter  J’apprécie          682
La trahison de Nathan Kaplan

Après Pièce unique que j’avais beaucoup apprécié, me voici avec en main, le quatrième roman de Alain Schmoll, La trahison de Nathan Kaplan. Ce dernier est inspiré librement et partiellement d’un fait divers ayant entraîné la mise en cause de militaires de la direction générale de la sécurité extérieurs, la DGSE, le principal service de renseignement extérieur français.

En avril 2019, par une nuit très fraîche de début de printemps, deux individus font le guet dans une vieille Land Rover. Le jeune Jamil Benkha est assis au volant, comblé d’avoir été recruté comme assistant opérationnel pour une mission ultraconfidentielle classée secret-défense par Jean-Marc Démesseau, alias Tiburce, son instructeur, assis à ses côtés. Il est ultra-fier d’avoir ainsi été sollicité pour des missions de surveillance du territoire, d’avoir enfin un avenir et rêve maintenant d’en découdre avec les ennemis de la France.

Garés à proximité du portail qui donne accès à la maison de leur cible, ils ont pour mission d’éliminer un espion, un agent du Mossad, le mythique service secret israélien. Ce Juif sioniste qu’ils guettent a pour projet « d’organiser un attentat contre la France, contre les Français, et de faire porter le chapeau aux Musulmans ».

Mais est-ce vraiment la raison pour laquelle on veut se débarrasser de celui qui se nomme Nathan Kaplan ? D’autre part la DGSE dont se réclame Tiburce est-elle vraiment la commanditaire de cette opération ? Quels rôles jouent ce Patrick Lhermit, propriétaire d’un club de tir mondain, le Club des Mille Feux où se croisent des militaires, des hommes d’affaires et quelques individus moins recommandables et ce Sylvain Morino, membre premium de ce club ?

Quand le responsable de la brigade criminelle informe le Lieutenant Mehdi Mokhdane qu’il va devoir enquêter sur une affaire assez trouble et bizarre avec une présomption d’attentat et une tentative d’homicide, ce dernier se dit qu’il va falloir agir vite et avec délicatesse. En effet, l’embrouille s’est déroulée dans un quartier super chic, deux suspects ont été arrêtés et l’un d’eux prétend et n’en démord pas qu’ils appartiennent à la DGSE et qu’ils avaient une mission de neutralisation en vue d’éviter un attentat…

C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai découvert le Centre parachutiste d’entraînement spécialisé de la DGSE, à Cercottes, village du Loiret proche d’Orléans, dont la vocation est de préparer les forces spéciales françaises susceptibles d’intervenir en opération extérieure. Bien évidemment, tous ne font pas partie de l’élite que constituent les officiers et les agents du Service Action, l'une des entités les plus protégées d'une institution par ailleurs cadenassée par le secret. Il n’est donc pas très étonnant que parmi les gardes, ceux qui assurent la protection du site, les sans-grade, mal payés, un peu méprisés, l’auteur les nommant les manants, en opposition aux précédents les seigneurs, certains, les plus faibles, ceux qui manquent un peu de maturité soient tentés d’accéder à ce terrain de jeu auquel on ne leur donne pas le moindre espoir d’arriver un jour, se laissent convaincre par des individus malveillants.

Alain Schmoll, avec une maîtrise absolue, déroule une fiction absolument convaincante dans laquelle le suspense est maintenu jusque dans les toutes dernières lignes.

Il joue avec le temps de manière très habile, avec non seulement des retours en arrière dans les années mais également dans une même journée, n’hésitant pas non plus à philosopher un peu sur ce fameux temps qui passe et qui, plus il passe, passe rapidement, sans pour autant laisser trop de traces parfois, je pense à Virginie…

Il est également beaucoup question au cours du récit de la pérennité et de l’ingéniosité dont doivent faire preuve les entreprises pour rester durables et compétitives, l’innovation et la motivation du personnel en étant des clés. Allusion est faite aussi au dialogue syndical.

J’ai eu au début, je le concède, quelque difficulté avec les personnages, ceux-ci étant relativement nombreux. Mais après les avoir bien identifiés de par leurs statuts et leurs caractères bien différents, j’ai bien vite été emportée par cette aventure particulièrement rocambolesque où les enjeux financiers sont d’une extrême importance, les personnages en quête fébrile de réussite, et où la tentation est grande d’utiliser des méthodes pas très conformes aux règles morales.

La trahison de Nathan Kaplan est un polar qui, en s’inspirant d’un fait divers dans lequel le service de renseignement est mêlé à une histoire particulièrement trouble, met en scène, au cœur de la société contemporaine toujours avide de réussite et de bling-bling, et ce, avec beaucoup de psychologie, des frustrations professionnelles et des déceptions sentimentales qui vont finir par s’entrelacer faisant s’aimer et se croiser des hommes et des femmes qui, jusqu’au dénouement final surprendront le lecteur.

Je remercie très sincèrement Alain Schmoll pour m’avoir permis cette lecture absolument captivante et passionnante que je recommande fortement !


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          855
La trahison de Nathan Kaplan

Un grand merci à l'auteur Alain Schmoll de m'avoir permis de découvrir son dernier roman.

Je me suis laissée totalement embarquer dans cette histoire. J'ai découvert avec atterrement les "faits réels" qui ont servi de base à ce roman. Consternant ! Mais voilà je suis un peu coincée. Difficile de vous en dire plus sans révéler des éléments essentiels de l'histoire. C'est compliqué pour moi....

.

Le roman débute dans une voiture, la nuit, l'attente. Deux hommes. La DGSE. Un complot contre l'Etat ourdi par un agent du Mossad, le fameux Nathan Kaplan du titre (provoquer un faux attentat contre des Juifs en mettant en cause des musulmans). Et puis tout va dérailler car rien n'est ce qu'on pense, ce qu'on croit. Je me suis régalée ! Clairement je me suis fait balader par l'auteur. Et avec plaisir en plus ! Des petites notes d'humour, des personnages fouillés et surtout pas lisses, exactement ce que j'aime.

.

J'ai refermé un livre lu avec plaisir, avec intérêt. En y réfléchissant ensuite, en repensant aux fameux "faits réels", base de ce roman, si stupéfiants et que j'ignorais, c'est l'inquiétude qui a dominé....

Merci donc à l'auteur pour cette lecture.
Commenter  J’apprécie          271
La trahison de Nathan Kaplan

Alain Schmoll retrouve dans son dernier roman ‘La Trahison de Nathan Kaplan' le style d'un de ses précédents ouvrages ‘Les Moyens de son Ambition'. Comme indiqué sur la couverture, son histoire s'inspire d'un fait réel. La réalité doit probablement largement dépasser cette fiction.



La toile de fond décrit deux histoires parallèles. Des groupes industriels développant leurs activités à l'étranger grâce à l'entregent d'un réseau. Des militaires confinés à des taches subalternes à qui on fait miroiter un peu d'héroïsme. L'ego et l'appât du gain vont rapidement dicter le comportement de nos différents protagonistes



Pour découvrir de quelle trahison Alain Schmoll accuse Nathan Kaplan, venez suivre l'histoire de Virginie, Sylvain, Patrick, Medhi, Alexandra et Tiburce. Vous lirez désormais les nouvelles de votre journal avec un oeil différent.





Ajout :

Ce billet bien factuel ne transcrit pas l'enthousiasme éprouvé à la lecture de ce livre. Sans entrer dans les détails pour vous permettre d'en découvrir toute la saveur, je pense qu'Alain Schmoll a parfaitement construit la trame de son roman à partir d'une histoire rocambolesque sans jamais tomber dans la caricature. Les différents protagonistes sont tous bien campés. Mélanger adroitement les différents fils de cette histoire et de ne pas suivre la chronologie des événements permettent de tenir le lecteur en haleine. Vous passerez à n'en pas douter un excellent moment de lecture.

Commenter  J’apprécie          440
La trahison de Nathan Kaplan

« L'important dans l'action, c'est de faire ce qu'on a prévu, tout ce qu'on a prévu et rien que ce qu'on a prévu . »

Bon prévu ou non prévu, vu que c'est plus facile de l'énoncer que de l'exécuter, d'un côté, Avril 2019 on a deux mecs qui travaillent secrètement pour l'Etat 🧐et doivent descendre un agent du Mossad, de l'autre en 2005 un beau et relativement jeune « buziness man », qui s'est rempli les poches et s'apprête à s'installer dans sa villa sur la Côte d'Azur après un long séjour chez le Groupe international d'ingénierie Tollard aux méthodes peu orthodoxes….Quatorze ans d'écart , quelle relation ? Voilà Alain Schmoll aime dès le début nous mettre face à des situations pas très nettes où on se demande très vite où diable nous embarque-t-il ? Intriguant vu mes dernières lectures qui se passaient en Afrique, car ici aussi les liens s'allongent toujours vers l'Afrique, élément peu glorieux pour la réputation de la France. En plus éros, fric, faux ou vrais espions, …sont au rendez-vous. Et puis Alain aime les femmes , elles sont toujours en pôle position, belles, séduisantes , intelligentes, un tout petit peu fourbes quand même, mais pas grave 😊…..en tout cas merci de la part de la gent féminine 😊.

Quand aux hommes, s'ils ne sont pas engagés dans des actes de bienfaisance au profit de l'Etat 😆, comme nos deux mecs ci-dessus cités, sont généralement des crapules qui roulent en Porsche, grand amateurs de femmes, whisky, poker et autres petits vices inoffensifs du genre, et sont engagés dans des actes de bienfaisance au profit de leur propre compte bancaire en Suisse. Mais le monde est petit et tous ces crapules finissent par se croiser pour unir leurs actes de bienfaisance, comme dit le proverbe « L'Union fait la force » 😈. Quand à le Nathan Kaplan du titre, eh bien lui il est le Noeud de cette histoire magistralement orchestrée par Alain Schmoll .



Merci Alain ! J'ai passé un très bon moment de lecture en plus j'ai décidé de louer les services de Patrick et Sylvain pour mes futurs bobos, vu leur riche programme : intimidations, rackets, passage à tabac, incendies, accidents de voiture ……aucun risque qu'ils loupent ! Pourrais-tu peut-être m'obtenir un petit rabais, vu mon budget humble, incomparable avec ceux des commanditaires de ton livre 😁?

Commenter  J’apprécie          814
La trahison de Nathan Kaplan

L’histoire commence in medias res, comme on dit sur les copies de bac: deux barbouzes en planque, un vétéran ravi de pouvoir impressionner un jeunot, un jeunot tout émoustillé de se la jouer (même si devoir pisser dans une bouteille de coca n’était pas au programme de ses fantasmes cinématographiques). Cette entame procure deux plaisirs : d’abord celui de se faire balader, car le roman est savamment construit. La narration tourne autour d’un mystère qui ne sera révélé que très progressivement : que s’est-il passé quand les deux hommes se sont enfin extirpés de leur voiture? (On se demande aussi, bien sûr, les raisons de la planque, mais ça c’est une question à laquelle s’attend le lecteur, donc beaucoup moins excitante.) Mon deuxième plaisir, plus pervers, tient à ce que le dialogue du jeunot et du vétéran s’amuse à imiter les codes de l’oral avec ellipses de l’adverbe de négation et autres approximations grammaticales. Et imaginer Archie qui, dans les avis qu’il poste sur Babelio, use toujours d’une langue exacte et précise s’encanailler jusqu’à faire parler son personnage de « potes » et de « meufs », m’a beaucoup fait rire.

(À ce propos, je voudrais lancer un sondage: dans un autre dialogue, entre gens banalement éduqués, un personnage conjugue le verbe convenir comme il se doit, avec l’auxiliaire être. Je voudrais donc savoir qui, dans le feu de la conversation, dit spontanément « nous sommes convenus. » À mon avis personne. Archie a craqué. Deux personnages qui causent mal, c’est son maximum :-)

Si le livre commence par utiliser les codes du polar, l’essentiel est ailleurs. L’intrigue fait la part belle à la vie des entreprises, mais c’est avant tout l’amour qui intéresse l’auteur: pourquoi aime-t-on? Qu’attend-on de l’autre? Questions fondamentales, s’il en est, portées ici par 3 couples : Mehdi (le policier) et sa femme Sylvie, Nathan (le traître du titre) et son épouse Ilana, enfin Virginie et Sylvain, sans doute les plus intéressants. Lui, un sous-Tapie hâbleur et habile, mais pas suffisamment, à la fois égoïste et profondément amoureux de sa compagne; elle, indépendante malgré elle, fille obéissante de son père, en quête d’un époux pour se couler dans le moule social, en perpétuelle recherche d’un associé capable de prendre en main les rênes de l’entreprise. Virginie est le personnage qui déjoue tous les pronostics, et d’abord en tenant à bout de bras une entreprise de bâtiment, certes en déclin, mais prouvant par là même qu’elle possède plus de compétences qu’elle ne s’en donne.

Osons le dire: les personnages féminins ne sont pas franchement bien lotis. Si Virginie est rendue intéressante grâce à la tension entre son idéal (trouver un homme qui la protège) et sa personnalité réelle (plus badass que prévue), Sylvie est assez gourde (contrairement à ce qu’elle croit, les hommes de l’âge de Mehdi s’occupent de leurs enfants) et Ilana, pour le peu qu’on sait d’elle, semble assez castratrice pour virer à la mégère. Bon, les hommes du roman ne sont pas non plus dénués de défauts, mais eux au moins agissent, alors que les femmes sont belles (et pourtant leur « horloge biologique » tourne) et portées sur la culture passive (elles sont ou profs ou amatrices d’opéra), bref de parfaits trophées (Inutile de préciser que le roman ne réussit pas le test de Bechdel).

Mais, puisqu’il s’agit avant tout d’un roman sur le couple, j’ai surtout été gênée par l’absence de détails sur ce qui en fait le ciment: la vie quotidienne. L’intimité se résume à la sexualité (une sexualité assez fonctionnelle : elle le fait bander, il la fait jouir) mais jamais Mehdi et Sylvie ne se disent qu’il faudrait penser à appeler le plombier parce que le chauffe-eau menace de rendre l’âme, jamais Sylvain ne regarde son beau-fils, jamais Ilana et Nathan ne discutent de leurs amis…

Peut-être fallait-il que les relations entre les protagonistes gardent leur opacité afin que le dernier mot (qui revient à Virginie) éclate dans toute sa force: nous, lecteurs, avons été leurrés, le vrai mystère ne concerne pas l’enquête policière mais l’amour. Et ce mystère-là est plus difficile à élucider. J’aurais alors préféré que le couple formé par Sylvie et Mehdi n’apparaisse pas: il prend trop de place dans la narration et n’éclaire sur rien, aimable badinage qui apporte plus son lot de stéréotypes que d’illusions réalistes.

Je relis les dernières lignes du livre: faut-il y voir une Emma Bovary qui congédie ses rêves de midinette ? Ou une Pénélope qui replie sagement sa tapisserie maintenant que l’homme rentre à la maison? J’aime cette incertitude.
Commenter  J’apprécie          363
La trahison de Nathan Kaplan

Avec Pièce unique, Alain Schmoll m’avait embarqué dans une histoire familiale et sportive. Cette fois, La trahison de Nathan Kaplan est un vrai polar, imaginé d’après un fait réel.

À partir d’une planque mettant en scène Jamil et Tiburce, deux compères qui se caillent dans une vieille Land Rover, Alain Schmoll m’intrigue d’entrée. Qui surveillent-ils ? Que veulent-ils ?

Celui qui se fait appeler Tiburce joue le spécialiste, l’homme d’expérience et n’hésite pas à mettre les choses au point pour impressionner le jeune Jamil. Là, nous sommes en avril 2019. La mission des deux hommes est d’éliminer un soi-disant agent du Mossad, un Juif sioniste qui est soupçonné de préparer un attentat en France pour l’attribuer aux Musulmans.

Rapidement, l’auteur fait un bond en arrière, en 2005, pour présenter un certain Sylvain Morino (40 ans), célibataire, installé dans sa villa, sur la Côte d’Azur. Il n’a plus de job mais il est très habile dans le monde des affaires avec deux comptes en banque : un officiel à Londres et un autre à Zurich…

Jonglant avec les années et les périodes différentes, Alain Schmoll met peu à peu en place son roman.

Si je ne sais pas encore quels sont les personnages essentiels, je me doute que Sylvain va tenir un rôle important comme Virginie Déclair, fille du patron de l’entreprise BTP International qui porte son nom. En 2005, elle tente de joindre un certain Nathan Kaplan, autre personnage essentiel puisque son nom s’affiche dans le titre.

Virginie se souvient qu’en 1989, elle avait reçu ce même Nathan Kaplan, un jeune homme décontracté, toujours de bonne humeur mais ambitieux, sérieux et efficace. Sans peine, il avait décroché le poste d’ingénieur commercial chez Déclair. Cette entreprise se développe essentiellement à l’international, bétonnant à qui mieux mieux les pays émergents du Moyen-Orient. Par contre, chaque événement, chaque conflit comme l’invasion du Koweit par l’Irak en 1991, a des conséquences néfastes.

Autre élément important de cette histoire qui se complique, le Club des Mille Feux où Patrick Lhermit reçoit beaucoup de monde, surtout des gens huppés. Ils utilisent le stand de tir mais profitent aussi du bar, du restaurant, discutent affaires, etc…

Avec les retours en arrière, j’apprends de plus en plus de choses avant de faire connaissance avec le lieutenant de police Mehdi Mokhdane, de la Brigade criminelle régionale, assisté d’Alexandra Delgado. Une enquête commence car des faits délictueux s’accumulent.

Entre en scène la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure) et son Centre d’entraînement spécialisé de Cercottes (Loiret), près d’Orléans. C’est là que Tiburce, Jean-Marc Démesseau, est affecté, faisant croire qu’il fait partie du service Action.

Les éléments distillés habilement par Alain Schmoll s’articulent petit à petit, les fausses pistes aussi. Surtout, l’auteur décortique avec précision le monde de l’entreprise qu’il connaît bien. Une période florissante peut être suivie d’une dégringolade inquiétante. Alors, c’est le temps des rachats, de la revente, des montages légaux ou pas, des tractations, de la nécessité d’écarter un concurrent gênant, même une inspectrice ou un syndicaliste actif.

L’enquête est de plus en plus passionnante. Alain Schmoll adore commenter le physique de ses personnages, soulignant les transformations de leur corps avec l’âge. Par contre, il fait bien comprendre que l’apparence de Virginie résiste bien aux ravages du temps. De plus, il ne néglige pas l’amour, la rupture, les retrouvailles entre ses personnages principaux tout en montrant que le sens des affaires prend toujours le dessus.

La trahison de Nathan Kaplan est, bien sûr, démontrée et cela touche évidemment le monde de l’entreprise. Cet homme à l’envergure internationale a du mal à se défaire des contraintes de la religion juive imposées par sa famille. Cela aura des conséquences au fil de l’histoire…

La trahison de Nathan Kaplan m’a donc intrigué, passionné, instruit aussi sur les mœurs d’un monde dont j’ignore totalement les codes. Pour cela, je remercie Alain Schmoll qui m’a permis de vivre d’intenses moments de lecture.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          1040
La trahison de Nathan Kaplan

Quand la réalité rivalise avec la fiction… Alain Schmoll s'inspire librement d'un fait divers rocambolesque, qui, en 2020, mit en cause la prestigieuse DGSE en faisant croire à une cellule clandestine de barbouzes, et signe un polar aussi crédible qu'étonnant.





De l'interpellation de deux individus, cagoulés et armés, qui planquaient devant le domicile d'un chef d'entreprise dans une chic banlieue parisienne, résultent des aveux dignes d'un roman d'espionnage : ils seraient mandatés par la Direction Générale de la Sécurité Extérieure pour éliminer l'homme, agent du Mossad projetant un attentat à Paris. Mais qu'en est-il réellement ? L'enquête n'est pas au bout des surprises que lui réserve cette affaire...





Naviguant entre 2005 et nos jours, après une série de flashes remontant le temps par quarts d'heure pour mieux saisir le lecteur de l'incongruité des faits et de la version des soi-disant barbouzes, le récit nous emmène dans les coulisses du centre d'entraînement spécialisé de la DGSE à Cercottes, là où, un peu comme les chiens jaunes confinés au pont des porte-avions se rêveraient pilotes de chasse, des préposés à la banale sécurité du site fantasment dans leur ennui sur des missions à la James Bond, pendant que d'autres, hommes d'affaires aux méthodes crapuleuses, sont prêts à tout pour parvenir à leurs fins. De rivalités professionnelles et sentimentales en règlements de compte allant de l'intimidation au meurtre commandité, c'est ni plus ni moins qu'une organisation criminelle aux pratiques mafieuses, construites sur la stupéfiante naïveté de ses exécutants, qui se révèle peu à peu au fil d'un suspense réussi.





Efficace, alignant implacablement les faits en laissant au lecteur le soin d'ahurissantes déductions psychologiques, la narration se déroule sans temps mort pour nous proposer une version imaginée, mais totalement crédible et exacte dans ses très grandes lignes, d'une affaire qui avait tout pour paraître abracadabrante, mais qui a pourtant bien défrayé la chronique et tenu les enquêteurs en haleine pendant deux ans. Un roman bien construit, addictif et agréable, sur un sujet surprenant ouvrant, mine de rien, bien des questions sur le plan humain et sociétal.





Merci à Alain Schmoll, alias Archie, pour cette découverte de son quatrième roman, aussi intéressant qu'intrigant.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          738
La trahison de Nathan Kaplan

Quoi ?! le monde des affaires serait un univers impitoyable peuplé de requins prêts à s'entredévorer ?! Et les hommes politiques, tiens, parlons-en des hommes politiques ! Je pensais comme tout un chacun qu'ils étaient tous animés par la flamme de l'intérêt du bien commun...

Et les hommes en général ? les vrais de vrais, les mâles... Il paraît que certains hommes désirent les femmes comme on regarde une Porsche ? Bon, moi je ne suis pas très porté sur la bagnole et côté désir, s'il fallait faire un parallèle, ma libido est encore restée au stade de la 4L...

Allez, je continue l'inventaire à la Prévert. Pardon, Jacques, de mêler ton nom à de si étranges considérations. Revenons au monde de l'entreprise. J'apprends que des contrôleurs fiscaux subiraient des pressions, des menaces dans l'exercice de leur fonction. C'est vrai quoi ! Ils n'ont rien d'autres à faire ces bougres que d'embêter ceux qui font tourner l'économie, créent des emplois ? Non, mais, je vous jure...

Parfois un concurrent sur un marché est gênant. Tous les coups ne seraient-ils pas permis pour... comment dire les choses de manière élégante... le rendre "moins gênant" ? Moi je vous dis que les lois du marché sont impénétrables...

Et puis ces entreprises sont généreuses, après tout. Ne pratiquent-elles donc pas le mécénat pour des actions inhumanitaires, - pardon ma langue a fourché..., oui des actions envers l'Afrique par exemple, ah vous pensez qu'elles ne le feraient pas de manière totalement désintéressée ? Pardon ! Je n'entends pas bien, parlez plus fort, je vous prie... Ah ! Je crois sentir venir de vieilles réminiscences dans vos pensées... La France à fric ? Ah oui, peut-être a-t-elle encore de belles odeurs devant elle. Et moi qui croyais que tout ceci appartenait au passé.

Et ceux qui sont censés nous protéger ? Protéger notre nation... Il faut bien les comprendre... Sans doute n'ont-ils pas un salaire très élevé pour tout ce qu'ils accomplissent pour nous... Alors il faut bien arrondir les fins de mois. Ils ont peut-être des compétences qui peuvent rendre service à d'autres qui en ont tant besoin... Oh ! Si on ne peut plus s'entraider de temps en temps...

Mais où étais-je donc tandis que le monde tournait ainsi cruellement, aussi sauvagement ? Ah oui, je sais, j'étais dans le monde des Bisounours, je racontais des histoires naïves à des élèves qui l'étaient tout autant que moi, des élèves qui deviendraient peut-être un jour des personnalités politiques, des chefs d'entreprise, des agents de renseignement, des contrôleurs fiscaux...

Ma candeur légendaire venait brusquement d'en prendre un coup à la lecture de la trahison de Nathan Kaplan, quatrième et dernier roman d'Alain Schmoll, un ami Babelio de longue date plus connu sous le pseudo d'Archie, - oui vous savez l'avatar qui représente ce petit hibou ébouriffé, qui a eu la générosité de m'en proposer la lecture, comme lors des trois fois précédentes et je l'en remercie.

Deux scènes fondatrices du récit, à quelques années d'intervalle, nous font découvrir l'ambiance et le ton du roman.

Avril 2019, deux hommes travaillant secrètement pour la DGSE stationnent devant la maison d'un agent du Mossad, censé représenté une terrible menace pour la nation française.

Le chapitre suivant nous plonge en arrière, en 2005, un beau et encore jeune businessman, s'installe dans une villa de la Côte d'Azur et décide d'entamer une reconversion professionnelle… Il a de l'argent pour cela. Quatorze ans d'écart entre les deux chapitres, quelle relation y-a-il entre ces hommes, entre ces dates ?

Voilà, Alain Schmoll vient de planter le décor dès les premières pages. À nous de reconstituer le puzzle. Je me suis alors demandé où ce cher Alain voulait m'entraîner ? Qui était ce mystérieux Nathan Kaplan, dont le nom nous évoquerait presque celui d'un personnage tout droit sorti d'un roman de John le Carré ? Quelle était cette trahison évoquée déjà dans le titre ?

Des barbouzes dignes des Pieds Nickelés apparaissent dans ce paysage viril et guerrier. Oui Les Pieds Nickelés, je vous parle ici d'un monde que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître...

Une histoire d'amour aussi traverse ce roman de part en part et c'est une respiration inattendue qui vient irradier ce monde de brutes.

Dans la nasse des entrelacements, des chassés-croisés, des jeux de pouvoir, nous sommes pris au piège d'une lecture addictive qui nous laisse sans répit jusqu'aux dernières pages.

J'ai vraiment apprécié la maîtrise à travers laquelle Alain Schmoll déroule une fiction convaincante, qui tient la route jusqu'au bout, nous tenant en haleine jusque dans les toutes dernières lignes, une histoire qui, plus est, est inspirée de faits réels.

Un univers impitoyable est décrit ici avec justesse et ironie... Une zone totalement d'inconfort pour moi surgit dans ces pages... Cela ne m'empêche pas d'avancer dans un monde qui me paraît si étranger à moi-même... D'y chercher, d'y déceler des puits de lumière...

Tiens, je lis dans la bio d'Alain Schmoll que celui-ci a mené une carrière de dirigeant et de repreneur d'entreprises... Hum ! Bien envie de lui poser quelques questions en aparté...
Commenter  J’apprécie          5454
La trahison de Nathan Kaplan

Je tiens à remercier avant tout Alain Schmoll (@Archie ici sur Babelio) de m'avoir fait confiance en m'offrant son livre, d'avoir osé me l'envoyer, n'étant pas du tout attirée par les intrigues policières à priori comme le montre ma page…quelques lectures récentes commencent cependant à me faire changer d'avis sur ce genre que j'avais tendance à négliger, le livre d'Alain Schmoll en fait partie. J'ai dévoré ce livre, lu d'une traite en cette journée froide et grise. le plaisir de lecture a été réel tant ce polar est captivant tout en étant crédible, l'auteur s'inspirant librement d'un fait divers récent incroyable mettant en cause la bien connue DGSE.



Je dois avouer quand même être partie avec un mauvais a priori : la couverture n'est pas de celle que j'affectionne, c'est peut-être même une couverture qui pourrait, dans une librairie, me faire fuir tant les photos choisies laissent entrevoir davantage un roman à l'eau de rose qu'une intrigue rondement menée. Ensuite quelques personnages masculins m'ont semblé être décrits au départ – je pense à Sylvain notamment - de façon légèrement caricaturale, l'auteur voulant insister sur leur côté m'as-tu-vu, arrogant, parvenu. J'ai trouvé que cela manquait de nuances et m'attendais ainsi au pire pour le reste de l'histoire …Quelle a été ma surprise en étant peu à peu complètement happée par l'intrigue. Avec le recul, cette façon d'estampiller nettement les personnages est, je pense, une façon de guider le lecteur, les personnages étant nombreux.



Les premières pages m'ont fait penser irrésistiblement à l'ambiance ténébreuse des films d'Olivier Marchal. Deux individus font le guet dans une vieille Land Rover des heures durant en pleine nuit, promiscuité envahie peu à peu par les odeurs rances de sueur, de bières et d'haleine chargée. L'un est un soldat de la DGSE, Jean-Marc Démesseau, alias Tiburce, qui chapeaute le jeune et inexpérimenté Jamil Benkha, ravi d'avoir été recruté pour cette mission ultra confidentielle consistant à éliminer un agent du Mossad, le mythique service secret israélien, qui prépare un attentat sur le sol français, un certain Nathan Kaplan. Ils sont postés devant sa demeure dans un quartier chic de banlieue parisienne et ont pour objectif de l'écraser lorsque ce dernier sortira faire sa balade journalière en vélo le matin très tôt. Mission qui permettra assurément au jeune homme d'avoir enfin un avenir professionnel, de le sortir de sa cité et de servir la France. L'attente est longue durant cette nuit printanière pourtant très froide, les bouteilles vides servent d'urinoirs, et les conversations entre ces deux hommes cagoulées sont rares.



« Pour l'instant, on n'entendait plus que les froissements d'emballages et les mastications de Tiburce, aux prises avec les friandises censées leur tenir lieu de petit-déjeuner. Des effluves de café et de chocolat parvenaient aux narines de Jamil, sans toutefois prendre le pas sur des odeurs corporelles tenaces et obsédantes. Pour essayer de les oublier, Jamil continuait à scruter l'obscurité, qui restait épaisse sous les arbres ».



L'attente oppressante jusqu'au sort funeste permet à l'auteur de dévoiler peu à peu les facettes complexes de cette histoire par des allers-retours dans le passé, parfois même des allers-retours au sein d'une journée, de présenter les différents protagonistes en présence. Les questions émergent : Est-ce vraiment la raison pour laquelle on veut se débarrasser de Nathan Kaplan ? Qui est vraiment le commanditaire de cette opération ? Nathan Kaplan mène-t-il une double vie, celle d'un puissant homme d'affaires et celle d'un agent du Mossad, espion sur le sol français ? Si oui comment ? La DGSE est-elle impliquée et si oui jusqu'à quel degré ? L'instruction pénale de cette affaire serait toujours en cours, je suis personnellement passée complètement à côté de ce fait divers.



Habituellement très bavarde dans mes retours, j'ai conscience que développer davantage quoi que ce soit sur l'intrigue gâcherait totalement le plaisir de lecture, je n'en dirais donc pas plus sur l'histoire. Je dois avouer qu'Alain Schmoll a le don pour mener son lecteur par le bout du nez, au trois quart du livre je me suis demandée si je n'avais pas loupé quelque chose, avant de retomber rapidement sur mes pattes…en tout cas les pièces du puzzle s'imbriquent avec virtuosité, les liens entre les personnages se font jour peu à peu. La fin ne manque pas de nous étonner. D'excellents ingrédients réunis qui rendent le récit addictif !



J'ai trouvé très intéressante l'analyse du fonctionnement des entreprises avec d'un côté l'entreprise familiale dont la réussite dépend beaucoup du charisme et de la motivation de son dirigeant et de l'autre l'entreprise au capital détenu par des fonds d'investissement sans état d'âme sur le devenir de l'entreprise avec pour seule règle la rentabilité financière. La première, sur un même marché international, fait rarement le poids face à la seconde.

Passionnante également la mise en valeur de l'impact des perturbations géopolitiques sur l'activité des entreprises, et sur l'immobilier notamment, ces perturbations pouvant être tour à tour des opportunités ou des menaces.

Troublante cet entrelacement d'ambition politique, de stratégies industrielles et de rackets mafieux qui ne font pas partie de mon univers de lecture, j'en ai été d'autant plus sensible.

Précise et instructive enfin cette façon qu'a Alain Schmoll de nous expliquer le fonctionnement de la DGSE, ses protocoles et ses différents grades militaires, ce qui peut sembler flou aux néophytes.



Soulignons que le récit comporte en son coeur une histoire d'amour qui constitue à la fois une vraie respiration à ce récit musclé et viril…mais aussi et surtout une trame essentielle.





« La trahison de Nathan Kaplan » est en conclusion un polar captivant qui s'inspire d'un fait divers mêlant la DGSE à une histoire particulièrement louche et trouble qui en dit long sur les zones d'ombres et les travers des hommes. Il met en valeur les bas instincts de la société avide de pouvoir et de réussite matérielle et ostentatoire, de reconnaissance et d'élévation sociale, dans laquelle la concurrence acharnée conduit à des frustrations et des déceptions, à des honneurs bafoués et des hontes, des trahisons, tant professionnelles que sentimentales, qui se règlent avec violence et bassesse, de façon expéditive.



Je suis ravie que le hasard ait mis ce livre sur mon chemin qui me fait reconsidérer les polars…à moins que le hasard, ce soit Alain Schmoll se baladant incognito sur Babélio. Encore merci à lui !

Commenter  J’apprécie          8424




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Alain Schmoll (33)Voir plus

Quiz Voir plus

La Sphinx mystère (1) ... 🦙🦙

Cette Sphinx d'Argent parcourt le monde. Londres, Madrid, Lomé, Paris, New Delhi, ...❓..., Yaoundé !!

berlin
boston
lima
oslo

1 questions
87 lecteurs ont répondu
Thèmes : Devinettes et énigmes , jeux de langage , cache-cache , pérou , pseudo , baba yaga , sphinxCréer un quiz sur cet auteur

{* *}