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Critiques de Alberto Moravia (266)
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Agostino

Pas nécessairement le meilleur Moravia, mais très bon quand même. Pour l'essentiel, il s'agit de la description, par un adolescent de treize ans, de ses vacances avec sa mère seule, et de son désir incestueux pour elle, ainsi que ses pérégrinations avec les autres enfants du village, qui sont d'un milieu social bien plus populaire que lui. L'écriture, à la fois ironique et incisive me plaît infiniment.
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Les Indifférents

Ce monde terne et liquéfié qui pourrait paraître sans consistance si ce n’était que la dureté et implacabilité de l’écriture de Moravia.

Une mère, une fille, un fils, un amant : personnages principaux parmi des silhouettes, des ombres – sauf l’amie de la mère ponctuant le récit pour asseoir le propos de l’auteur.

Cette étude de mœurs, de société, que sais-je… cette histoire brève, déroulée sur quelques jours est un étau qui se resserre inexorablement sur la psyché des personnages. Premier livre, éclat brutal et noir, manifeste contre l’ordre social établi, non revendiqué comme tel mais résolument admis comme tel. Le succès de sa publication laisse sans ressort la censure mussolinienne en place mais elle se rattrapera en interdisant plus tard une nouvelle publication. « Les Indifférents » est une peinture cruelle de la société italienne – une classe bourgeoise moyenne – qui ronronne sous l’ère mussolinienne.

MariaGrazia la mère est une femme que l’on aime détester. Moravia la rend grotesque, stupide, égoïste et profondément irritante. D’ailleurs même ses enfants la décrivent ainsi. Femme vieillissante dont la jalousie est le pain quotidien, détestant « le peuple », ruinée, aveugle à elle-même et à ses propres enfants, tourmentée par l’hypothétique abandon de son amant Léo ; son souhait est de marier sa fille à un riche héritier dans la pure tradition bourgeoise.

Sa fille Carla n’aspire qu’à une chose, quitter cette maison, cette vie qu’elle ne supporte plus ; rongée par l’ennui et l’inertie, ayant un désir d’amour fou, de vérité et d’envol, elle se trouve vieille. Elle se sent prisonnière et faible et regarde son frère Michele comme une roche sans aspérité pour s’y raccrocher.

Michele est plus jeune. Ce jeune homme absolu qui donne tout au long du livre l’impression d’être proche d’un acte suicidaire, déteste autant Léo que son environnement, qu’il se déteste lui-même.

Il méprise sa propre faiblesse, son indifférence à tous et à tout. Il se dégoûte, les autres le dégoûte. Son opposition à Léo et à sa mère parfois sont des flammes vite éteintes, des irruptions d’humeur qui s’effondrent aussitôt. A la différence de sa sœur, lui ne veut pas quitter cette maison, il veut que Léo quitte leur vie à tous les trois ; il veut un monde pur, transparent de vérité et de droiture, sans ombres, sans taches, sans failles.

Léo est un homme d’âge mur, affairiste, sûr de lui, convoitant depuis longtemps cette maison bourgeoise qu’il pense racheter à bas prix et convoitant aussi Carla, qu’il compte bien mettre dans son lit rapidement. Pour cela il continue à entretenir une relation distante mais efficace avec MariaGrazia la mère, supportant sa jalousie permanente, tempérant ses ardeurs et mystifiant tout le monde pour arriver à ses fins.

Un autre personnage s’infiltre dans ce magma corrosif, c’est Lisa, une amie de longue date de MariaGrazia et ancienne presque mariée de Léo. Lisa est une veuve un brin masochiste, supportant l’amitié vacharde de MariaGrazia et qui finit par vouer un amour débordant et un peu lamentable à Michele.

Lui, le fils est effrayé par cette femme qui pourrait être sa mère, dégoûté par son manque d’honnêteté à la repousser. Mais il finira bien par succomber.

Carla prend la décision qu’elle doit se donner à Léo, pour que sa vie change. Elle le fait sans dépit, ni réel calcul, elle veut juste secouer ce manteau d’inertie qui la recouvre.

Léo goguenard orchestre tout ce petit monde comme il réglerait une affaire commerciale en pesant toujours les pertes et les profits.

MariaGrazia ne voit rien : que son amant la trompe avec sa fille, qu’il veut la spolier de sa maison, que son amie convoite son fils, que son fils est au bord d’un précipice prêt à s’y jeter. Son monde tourne autour d’elle-même, du quand dira-t-on, d’être conforme à la bonne société pour pouvoir y être reconnue ; Les apparences avant toute chose et surtout garder à tout prix Léo – cet homme plus jeune – qui nourrit son illusion de jeunesse et de désir.

La fin du livre est une mascarade. On peut penser que celle qui s’en sortira le mieux sera Clara. Elle a pris le parti de jouer avec les codes de cette société qui lui offre peu d’avenir et de liberté. Des codes qu’elle pourra contourner, apprivoiser pour asseoir sa nouvelle vie.

Du haut de son écriture Moravia scrute ses personnages et il scrute le monde qui l’entoure, ses lecteurs aussi. Il observe cette société engoncée dans le manteau voluptueux et trompeur du fascisme de Mussolini. Où tout est en ordre, tout est codifié et contrôler pour la sécurité et la plénitude de « tout le monde ». Ces personnages tellement imprégnés de valeurs morales se conduisent de façon immorale. Moravia inverse les valeurs, casse les repaires, les éparpille brutalement. Il n’a pas envie de sauver ses personnages, ou si peu. Ils sont ainsi, peu sympathiques, sans joie, poupées inertes, ballottées par leurs névroses, leur paranoïa, leur consentement, leurs rêves… Car ils rêvent tous. Des rêves, des fantasmes, sur la vie des autres, sur leur vie à venir, sur l’instant d’après. Des rêves de grandeur, de splendeur, des rêves de vieux enfants, des rêves qui se heurtent à la réalité de leur vie.

MariaGrazia a des rêves d’amoureuse adolescente, de richesses inatteignables. Michele rêve d’un monde parfait, véritable où il aurait la force de vivre dans l’intransigeance de son moi profond. Clara rêve d’un amour romanesque, d’un homme idéal dans une vie palpitante. Lisa rêve d’un monde moins brutal, d’une virginité retrouvée à offrir à l’amour de sa vie et Léo rêve de Clara sans idéal ni vraiment d’amour, juste un rêve érotique qu’il pense bientôt assouvir, comme un dû qu’on lui doit, lui qui pense avoir tant donné et si peu reçu.

Les dernières pages montrent MariaGrazia et son amie Lisa ainsi que Carla en route pour une soirée. Elles sont déguisées. Carla porte un masque car c’est ce qu’elle a choisi : d’avancer masquée dans la vie. Et elle dit à son frère qui les attend « n’aie pas peur... »

Moravia pourrait le dire aussi : n’ayez pas peur de ce jeune homme d’une vingtaine d’année qui a écrit ce roman si sombre, si dur, si sec ; qui ne vous apporte aucun soulagement, ni solution ; cette bourgeoisie c’est la mienne, ce vide m’appartient aussi et pour mieux le dompter, pour mieux le comprendre et m’en asservir je dois vous l’exposer.
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L'ennui

Dino est un bourgeois, fils d'une femme très riche, qui professe un souverain mépris pour l'argent. Peintre raté, car dilettante, il est affligé d'une navrante inertie, d'une incapacité à s'employer à être hic et nunc, qui lui fait éprouver un invincible ennui pour toute chose. Une jeune femme, Cécilia, maîtresse de son voisin artiste, autre gâcheur de toile dans son genre plus faunesque, lui adresse jour après jour des regards appuyés assortis d'un sourire Jocondesque. À la mort de son collègue érotomane le voilà qui devient l'amant de ladite. Commence alors une relation complexe, Dino intellectualisant tout, obsédé par l'idée de posséder cette femme auprès duquel il ne peut s'empêcher d'éprouver un sombre ennui, ce qui lui permettrait à son idée de s'en débarrasser plus commodément. Mais comme le dit le duc de Mantoue dans l'opéra Rigoletto, "la donna è mobile" , Cécilia toujours fuyante, difficilement cernable dans son emploi, élevé au rang d'art, de la tautologie, ne l'aide guère à se sortir de ses ratiocinations. 



Dans l'Ennui on retrouve la propension d'un narrateur à ressasser des idées obsédantes déjà observé dans le précédent roman Alberto Moravia. Dino, dans cette malsaine volonté de possession d'un être qu'il pense acter par les rapports sexuels et les cadeaux, étant encore plus retors que le scénariste du Mépris, la lecture peut s'avérer pénible pour certains lecteurs, même s'il faut bien reconnaître l'acuité et la finesse de l'auteur dans l'analyse de la psyché masculine. 
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La femme léopard

La femme indomptable et capricieuse d'un journaliste italien s'entiche du chef de son mari, tout en prétendant lui rester fidèle. Jusqu'où va-t-elle aller? L'auteur reste subtil sur l'issue de ce ménage à quatre dont l'intrigue principale a lieu dans un pays d'Afrique. D'après ce que j'ai pu en lire, il s'agit du dernier ouvrage rédigé par Moravia.
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Le Mépris

Je l'ai lu à cause du film de Jean-Luc Godard, et je n'ai pas été déçu. Tout un parallèle est tissé entre l'épouse délaissée et vengeresse du protagoniste et Pénélope qui n'accepte pas le comportement d'Ulysse. Surtout c'est très bien écrit, avec force et simplicité.
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La Désobéissance

Ouvrage de la littérature italienne lu, étudié, dévoré, en une journée. Un roman initiatique qui m'a paru très agréable, je recommande, en français comme en italien.



L'originalité de l'histoire de ce livre, découvert dans un contexte universitaire, semble attirer ses lecteurs comme un aimant qui vient s'attacher aux péripéties comportementales du jeune garçon faisant office de personnage principal. Lorsque le lecteur est adulte il éprouvera un fond de compassion et de tendresse à son égard, si le lecteur est plus jeune il sera sûrement appelé à se questionner lui-même, en espérant qu'il comprenne la diégèse et son sens plus intime au fil des pages.



Bonne lecture et bon chemin vers la désobéissance !
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L'ennui

Des romans de Moravia je n'en connaissais à ce jour que les adaptations pour le cinéma.

L'Ennui est typiquement un roman du tournant des années 60 dans ce qu'il postule dans un meme geste le détachement désabusé et la subversion.

A l'image de son éblouissante première partie ou le livre tente de donner une definition ontologique de l'Ennui ou il est question de réalité insuffisante, d'absurde et d'un peu du chat de Schrödinger.

On n'en reste pourtant pas la dans ce récit à la première personne , d'une grande fluidité , d'une grande rigueur, régulièrement et harmonieusement entrecoupé de dialogues à haute intensité.

La seconde partie ou la mère du narrateur laisse bientôt sa place à la toute jeune Cécilia , tente de mettre en perspective l'Ennui et sa résolution dans un va et vient entre Désir et Souffrance . Malgré l'ambition du projet, Moravia , homme d'une autre époque et peu intuitif ne sait comme son narrateur , dandy trentenaire oisif et fils de famille, pas faire grand chose d'autre du personnage de Cécilia , que la marque datée et paresseuse du "mystère féminin" , alors que par sa liberté il est flagrant qu'elle n'est rien d'autre qu'une héroïne moderne qui préfigure et annonce les remous bientôt à venir, d'une société ou les femmes tenteront de prendre toute leur place.
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Le Mépris

Le Mépris me fait penser avant tout au film de Jean-Luc Godard avec Brigitte Bardot, film ayant eu un succès retentissant. J’avais 17 ans lorsque je l’ai vu. L’histoire à proprement parler, ne m’a pas laissé de souvenir.



Dans « Le Mépris » version livre, je trouve le style de l’auteur confus. Pour le comprendre, j’ai été voir ce qu’il a écrit d’autres et constate que le sexe et les relations homme femme, sous différents aspects, prennent une place importante.



Il est question de la relation de couple Richard Emilie. Je remarque dans le texte que Richard ressent un malaise dans son couple et qu’à de multiples reprises, il dit à Emilie : « Il faut qu’on se parle », et Emilie renvoie toujours cette entrevue à plus tard. Elle reste évasive quant aux raisons. Pourtant on sent que Richard cherche à dénouer les nœuds de la situation. Il cherche à faire plaisir à son épouse, bien qu’il la trompe avec la secrétaire qui doit dactylographie son projet de scénariste. Mais en fait, Emilie ne trompe-t-elle pas Richard ?



Le producteur Rheingold, soumet à Richard le projet d’un film qui s’inspire de l’Odyssée d’Homère ou Ulysse après la guerre de Troie met dix ans pour retrouver son épouse Pénélope.



La discussion entre producteur et scénariste dénature le beau récit d’Homère, ce qui ne me plait pas, tant j’affectionne l’Odyssée. Le producteur cherche une transposition du couple Richard Emilie ou Emilie méprise Richard alors que Penelope aime Ulysse et est reconnue comme épouse fidèle.



Je n’ai pu adhérer à l’état d’esprit d’Alberto Moravia tout au long de ma lecture.



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Le Mépris

Richard Molteni a toujours caressé le rêve d'être un homme de théâtre. Il a pu compter sur le soutien de son épouse, Émilie, qui ne s'est jamais plainte de leur vie modeste, s'ingéniant, en épouse aimante, à créer un petit cocon  du simple garni dans lequel ils végétaient. Mais alors que leur situation matérielle semble prendre un nouveau cours, les sirènes du cinéma appelant Richard, qu'un appartement et une voiture, gages du bonheur petit-bourgeois, on été achetés à crédit, sa femme lui fait soudainement faux bond, faisant montre d'une certaine indifférence, lui battant froid, pour finalement avouer devant l'insistance de son époux quelle ne l'aime plus,  qu'elle le méprise carrément. Tandis que lui ai confié un scénario d'un metteur en scène allemand, qui ambitionne de revisiter l'Odyssée du point de vue d'une analyse psychologique absconse tendant à interpréter les pérégrinations Ulysse sous le prisme d'une mésentente conjugale avec Pénélope, ce qui a des échos naturellement douloureux pour Richard, ce denier n'a de cesse de quémander l'amour d'Émilie, de remonter le cours du temps à la recherche de la faute originelle, des malentendus, motifs et raisons qui ont conduit à cette impasse.



Le Mépris, confessions d'un homme délaissé qui n'a pas vu venir la rupture, trop occupé des considérations matérielles du bonheur conjugal, est de ces livres, peut-être pas universels, mais du moins qui ne sauraient manquer d'éveiller des échos, chez les lecteurs  qui, au moins une fois dans leur vie, se sont retrouvés le bec dans l'eau, démunis, se posant les questions du ratage dans un douloureux processus d'introspection rétrospectif. À montrer dans toutes les écoles de cocus. 
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L'ennui

D'abord une longue préface de Gilles de Van, intéressante en ce qu'elle situe L’ennui dans l'ensemble de l'oeuvre de Moravia et développe cette métaphysique qui domine dans ce texte, mais qui aurait dû plutôt figurer en postface car elle présente l'inconvénient, majeur à mon sens, de résumer brièvement l'intégralité de l'histoire, privant ainsi le lecteur de laisser aller son imaginaire jusqu'au bout en compagnie du héros, Dino.



Celui-ci, personnage central, est intéressant à bien des niveaux. Il rejette sa mère dont il a besoin pour son aide financière dont il prétend n'avoir que faire mais qui lui est nécessaire. Il est en interrogation permanente sur chacun de ses actes, sur ceux des personnes qu'ils côtoie au point d'imaginer des motivations et des situations pour chacune d'elles.



Et précisément, c'est dans les bras d'une jeune fille, Cecilia, qu'il ira au bout de ses interrogations, de ses frustrations, de son rejet d'une société bourgeoise dont il a besoin, de l'analyse de son ennui, de son amour. Tout le roman se structure autour de la négation de tout besoin, du rejet de presque tout, de l'indifférence à tout, et, en même temps du besoin quasi-permanent de tout ce qui est ainsi rejeté.



La personnalité de Cecilia est passionnante et Moravia lui donne, sous sa plume sans concession, une dimension physique et onirique qui ne peut laisser indifférent. Elle aime l'amour, elle aime faire l'amour, elle jouit merveilleusement tout en étant indifférente à tout ce qui l'entoure. Elle est simple, sans cruauté, se partage entre deux hommes naturellement, sans y voir le moindre problème ce que ne peut comprendre Dino.



Les dialogues entre eux sont à la limite de l'absurde et les réponses de Cecilia au questionnement pernicieux de Dino sont d'une simplicité qui le déroute dans leur absence de sens.



L'ensemble du roman est baigné dans cette atmosphère hors norme où le réel côtoie l'irréel, particulièrement dans les pensées de Dino, jamais dans celles de Cecilia.



Un très bon roman d'un écrivain talentueux tant dans l'art de son écriture, de ses phrases élaborées que dans son développement de cette thématique de l'ennui, de l'argent et de la finalité de la vie.

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La Désobéissance

Je découvre Moravia et son écriture, et c'est une belle surprise : une stylistique quasiment proustienne, une analyse psychologique chirurgicale des protagonistes...

Ce roman décrit la radicalité de la désobéissance d'un adolescent confronté à l'abandon de l'enfance et aux difficultés à affronter celui des adultes. Cette désobéissance le conduit à abandonner toutes ces certitudes à travers le délaissement de ses passions, jusqu'à la mise en jeu de sa propre existence. Un roman dur mais d'une grande profondeur.
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Le Conformiste

Moravia était véritablement anti-fasciste et un peu juif par son père. Pour cela, il fut donc condamné 2 fois par le régime de Mussolini dès la fin des années 30. Ainsi il connut l’exil.

Ce roman, mal reçu par la critique et le public à sa parution, tente d’expliquer le cheminement de la conformité lorsque cette attitude n’est pas naturelle, mais fabriquée à dessein afin d’effacer les souillures d’actes du passé.

Marcello (Marcel) se sent différent de ses camarades : enfant d’une famille bourgeoise, il grandit sans affection et sans attention de la part de ses parents ; il tue volontiers et sans repentir les lézards du jardin ; sans qu’il en ait conscience, il est un peu efféminé et cela déclenche humiliation et moqueries de la part de ses camarades de classe ; il échappe de près à la tentative de viol d’un débauché pédéraste qu’il croit tuer. Alors, pour échapper à cette différence, il décide de « changer », de devenir « normal ». Dans l'Italie de Mussolini, être normal cela veut dire être fasciste, c’est la voie qu’il emprunte. Pour lui, changer c’est devenir comme tout le monde, irréprochablement normal. Pour cela, Marcel se marie avec une fille qui ressemble à toutes les autres, banale. Puis il va participer à un assassinat politique en bon soldat du régime qu’il est, et pour lequel il travaille en tant que fonctionnaire.

Ce n’est pas simplement un roman, mais une fine analyse psychologique du comment et pourquoi un individu peut détourner sa nature profonde au profit d’une illusion, une erreur qui l’a dévié de sa pleine conscience.

« Malheureusement le conformisme vers lequel son instinct l’avait aiguillé n’était qu’une forme vide à l’intérieur de laquelle tout était anormal et gratuit… »

Belle et riche écriture. Lecture à recommander.


Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Le Conformiste

Le Conformiste nous plonge au coeur de l'Italie fasciste de Mussolini. Une époque que j'avais peu étudié pour ma part, et qui par conséquent m'intriguait. Une seconde raison pour laquelle je souhaitais découvrir ce livre fut d'y voir un parallèle avec la société de 2021. Dans un époque actuelle de conformisme généralisé (comme par exemple le port du masque obligatoire), nous voyons tous les jours à quel point l'individu est prêt à se soumettre à une autorité morale supérieure quitte à renier ses propres convictions. Je m'attendais donc à ce que ce livre m'apporte des éléments de réponses à mes questionnement sociétaux.



J'ai été dès les premières pages séduit par le style d'écriture. Le livre s'ouvre sur l'enfance du personnage principal (dont le nom a été francisé) se lisant comme un roman. Le vocabulaire est riche et les métaphores sont nombreuses. Un autre point fort du livre sont les qualités introspectives des personnages proposées par l'auteur. Le lecteur ne peut être qu'en empathie avec les questions existentielles que se posent le personnage principal faisant écho à ses propres introspections et dissonances morales. Le personnage principale, dont le lecteur va suivre l'évolution de sa vie tout au long du livre, livre à coeur ouvert ses mécanismes de son fonctionnement psychologique donnant des indices et des clé de compréhensions sur la thématique initiale.



Néanmoins aucune interprétation directe n'est faite par l'auteur et finalement 'Le Conformisme' est davantage un miroir ouvert la sur la psychologie humaine qu'un livre de vulgarisation des mécanismes psychologiques.



'Le conformiste' se lit avec plaisir et apporte un regard intéressant sur notre propre condition. Je recommande fortement la lecture de ce livre.

















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Le Conformiste

Roman se déroulant en Italie, au temps de Mussolini, dont l’intrigue se développe dans une ambiance psychologique et sur fond d’action terroriste d’État : le protagoniste est subjugué par l’obsession de la conformité et de la soumission à l’ordre régnant. Se voulant didactique dans sa condamnation du conformisme et du fascisme, le roman s’alourdit quelque peu de ce choix.

Marcello - Marcel dans la traduction, mais l’original me semble plus adapté - est un adolescent qui semble bien seul dans sa demeure romaine avec jardin, seul avec ses questions “sur qui il est“, seul avec les réponses qu’il se donne : il décapite des fleurs, tue des lézards, mais agit au nom d’une « normalité » qu’il aimerait vérifier auprès de sa conscience, de son compagnon de jeux, Roberto - qu’il finit par effrayer -, de sa mère qui semble indifférente.

Marcello assimile la norme et le bien dans un même concept, et part dans la vie avec ce mince bagage, néanmoins libérateur.

Un jour, collégien, il se fait aborder par Lino un homosexuel qui recherche ses faveurs, à qui il demande de lui offrir un revolver, qu’il retourne contre son agresseur, le tuant par maladresse. Dès lors, il lui faut vivre avec ce meurtre qu’il croit avoir commis, la conscience alourdie, le secret se cherchant un exutoire, désirant tout de même mener une vie « normale ».

Ainsi, dix-sept ans après les faits, en 1937, il est fonctionnaire dans un ministère, fiancé à une jeune fille pour qui il n’éprouve aucun sentiment passionnel, et proposé pour une mission consistant à liquider un résistant à Paris. Marcello a choisi de devenir un « fasciste » banal, et il apparaît ainsi creux, incolore, insipide, inféodé à sa belle comme à son supérieur hiérarchique. Il semble dénué de toute empathie. Sa mission ne soulève aucune objection, mais pas non plus de distance critique vis-à-vis de cet homme cultivé, professeur de philosophie, résistant antifasciste, riche personnalité dont il doit accompagner le meurtre : néanmoins, Quadri - c’est son nom - est difforme, bossu, laid, un « impur » que le fasciste moyen se doit de faire disparaître.

Marcello et sa fiancée nouent une relation personnelle avec ce résistant, à Paris. Quadri semble bien informé, mais il sera tout de même assassiné, la mission est donc accomplie.

Marcello sera l’objet d’un épilogue qui me semble traîner dans la confusion : idylle sans espoir entre lui et la compagne de Quadri, Lina, qui le confondra et le rejettera, réapparition de Lino que Marcello croyait avoir tué et qui n’était pas mort, sentiment que le meurtre de Quadri et l’amour de Lina permettraient d’échapper à la malédiction du premier crime, celui de Lino.

Une faute originelle plane avec ce crime, le protagoniste croit la combattre, mais agit dans l’illusion la plus complète, car la punition - divine ? - qu’il attendait va finir par s’abattre sur lui.

La culpabilité, élément majeur de la psychologie de Marcello, au centre de son inaction et de son mal-être, a fait son œuvre. Coupable, Marcello l’est-il de ne pas se sentir comme les autres au point de se fondre en eux dans le fascisme, ou d’imaginer que cette adhésion à la foule l’exonère de la nécessité d’exister par lui-même, lui intimant de se délivrer de l’angoisse que génère la liberté.

Oeuvre désenchantée, pessimiste, distillant ennui et grisaille, « Le conformiste » a du mal à trouver sa place entre essai romancé et roman à thèse. Il reste possible de lire ce roman tel qu’il est proposé, cheminement d’un homme moyen, épris de conformité, vers le terrorisme, un terrorisme également moyen, pour ne pas dire mou, sans charpente.
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L'Amour conjugal

Roman d'amour et de création littéraire, les deux étroitement mêlés, L'amour conjugal porte une réflexion sur la beauté, le sentiment amoureux, Alberto Moravia glissant, avec son écriture raffinée, indolente et précise dans le détail, de nombreux faux-semblants dans l'histoire d'une tranche de vie d'un couple, Silvio et Léda.



Lui tente d'écrire un roman où il mettrait en place une histoire d'amour modélisée sur la leur, elle, l'encourage en le privant notamment de rapports sexuels durant son travail d'écriture afin qu'il puisse s'adonner tout entier à sa création.



Moravia prend tout son temps pour installer ses personnages, avec des descriptions détaillées de la beauté de Léda, mais aussi de ses imperfections dans ses mimiques, il situe l'histoire dans la chaleur estivale de la Toscane où le couple erre, le soir, le long d'improbables sentiers qui les conduisent chacun dans des directions opposées, elle, vers celle d'un adultère inéluctable, lui, vers le renforcement de son égoïsme et l'apparition inopinée de la jalousie.



C'est à Silvio que Moravia confie la narration de cet épisode de la vie de ce couple, c'est donc Silvio qui exprime ses propres sentiments, qu'il s'agisse des imperfections de son histoire d'amour ou de l'échec dans l'écriture de son roman. Ainsi, c'est toujours le point de vue de l'homme qui est développé, pour celui de la femme, Silvio doit se contenter de suppositions, d'extrapolations qui le conduisent vers un délire dans le sauvetage de son couple.



Au coeur de ce huis clos conjugal, s'insère un troisième personnage, celui qui sera l'amant d'une nuit, peut-être de plusieurs, Moravia opposant sans les développer trop cette fois, la répugnance du barbier et le besoin sexuel de Léda.



Le dialogue final, au dernier chapitre, entre Léda et Silvio, est très puissant, un vrai dialogue de faux sourds, où le livre raté, comme, semble-t-il, leur amour, devient une planche d'un salut hypothétique de celui-ci.
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Le Mépris

Moravia analyse là encore les signes avant-coureurs d'orages sous-jacents le mépris et ses ravages sur le point d'éclater sur les existences d'Emilia et Riccardo

Amour fidélité le grand bonheur ET PUIS cette peur qui gagne de perdre soi-même et l'être aimé

L'écrivain qu'est Riccardo, il lui faut écrire la vie de son scénario et penser la sienne propre

Il est abordé les thèmes majeurs des impossiblites où se heurter au bout du chemin et de constats amers .ici les choix d'Emilia et son mépris affiché pour son mari qu'elle veut ignorer Émilia intéressée sans doute et dans une quête de reconnaissance et personnelle et sociale aussi

Un mépris pire que la vie qu'il pourrit

Pire que les attitudes d'agressivité déguisée quand l'amour s'effrite et bascule dans une volonté d'ignorance

Et celle ci tue

Plus cruelle que les paroles lancées à la face car elles seraient encore synonymes d'un intérêt porté encore à l'être aimé . Riccardo voudra s'efforcer mais...

Volontés de communiquer tuées dans l'oeuf où le mépris ici l'indifférence glaçante entre en lice.

Les jeux dangereux de vies en suspens
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L'ennui

Moravia tout un chapître à lui consacrer

Et l'on dévore ce livre avec attention presque effroi il y est question de L ENNUI magistral mortel celui qui veut deparer nos vies de son poison subtil

Bien loin de l'être, ennuyeux, le roman traite d'un style épuré et cinglant, sans fioritures de l'ennui

Vaste sujet, Moravia va lui droit aux questions essentielles, comment l'ennui peut-il le désespoir extrême ou en découle de celui-ci

En tous cas en démontre les facettes irrémédiable s des dégâts prévisibles sur l'individu

Il le coupé de son contexte ambiant l'enfermant dans l'incapacité terrible de communiquer

Toujours est-il que l'écrivain si perspicace qu'est Moravia nous laisse par cette œuvre là comme une trace indélébile de sombre amertume, une fois le livre refermé
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Le Mépris

« Le mépris« , pour beaucoup de gens, c'est avant tout le célèbre film (1963) de J. L. Godard, avec Brigitte Bardot. C'est avant cela, un roman de Moravia en grande forme. Ricardo est un jeune homme cultivé et passionné de théâtre. Pour palier aux envies de sa femme, il accepte des scénarios de films et s'éloigne de plus en plus de son idéal littéraire d'indépendance. Pris de compromis en compromis, son intégrité s'étiole au fil du roman, alors que son intention n'en demeure pas moins bonne. Le mépris est l'histoire d'une spirale infernale, d'un labyrinthe sans issue, qui semble faire le jeu de la société moderne.
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Le Conformiste

Dans l' Italie fasciste de Mussolini, il s'avère que la norme est de devenir agent de l'état, et d'obéir à tous les ordres sans se poser de questions. Dans un tel état, devenir un conformiste à tout prix peut mener bien loin, au-delà de tout ce que l'on aurait pu admettre, et conduire paradoxalement à des actes exceptionnels, comme tuer, mentir, etc... Moravia nous donne à lire le récit d'un homme qui cherche à tous prix à entrer dans la norme. Au risque de se brûler l'âme !
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La belle romaine

Adrienne est une jeune fille simple, très belle, élevée dans la pauvreté par une mère aigrie. Celle-ci a de grands projets pour sa fille. Afin de parvenir à la richesse, elle la présente aux peintres de Rome pour qui Adrienne pose nue. Mais Adrienne tombe amoureuse d'un simple chauffeur qui lui promet le mariage. Celle-ci a juste envie de fonder une famille et d'être mère au foyer. Le destin lui réservera un autre sort.

Je ne pensais pas apprécier autant un livre écrit dans les années 1940. Chaque jour, j'avais envie de continuer. J'ai aimé la plume de l'auteur qui a su parfaitement décrire les sentiments ambivalents du personnage d'Adrienne. Je me suis attachée à elle malgré le fait que ses décisions et leurs conséquences soient souvent malheureuses. Le personnage d'Astéride m'a émue, amoureux fou d'Adrienne sans espoir de retour.
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Thème : Le Mépris de Alberto MoraviaCréer un quiz sur cet auteur

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