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Critiques de Alfred de Musset (591)
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Lorenzaccio

Tout d'abord, l'écriture de Musset est assez agréable, forcément soutenue mais belle.

En ce qui concerne l'intrigue, heureusement que j'avais des cours à côté car elle est tout de même assez complexe... Il y a beaucoup de personnages, il est parfois difficile de percevoir leur véritable nature, il y a pas mal d'intrigues secondaires, ainsi que des allusions pas toujours simple à comprendre etc.

Le personnage de Lorenzo est resté celui que j'ai préféré, son double jeu entre le Duc et les Républicains est intéressant, et sa souffrance intérieure est bien perçue.

En bref, c'est une pièce pas forcément facile mais qui reste vraiment intéressante.
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Poésies complètes

On n'aime ou on n'aime pas... ou entre les deux. Ce recueil contient des poèmes longs, des courts, une pièce de théâtre? sur des thèmes variés.

Je préfère laisser la parole à Musset lui même puisque le recueil commence par:

"AU lecteur des deux volumes de vers de l'auteur



Ce livre est toute ma jeunesse ;

Je l’ai fait sans presque y songer.

Il y paraît, je le confesse,

Et j’aurais pu le corriger.



Mais quand l’homme change sans cesse,

Au passé pourquoi rien changer ?

Va-t’en, pauvre oiseau passager ;

Que Dieu te mène à ton adresse !



Qui que tu sois, qui me liras,

Lis-en le plus que tu pourras,

Et ne me condamne qu’en somme.



Mes premiers vers sont d’un enfant,

Les seconds d’un adolescent,

Les derniers à peine d’un homme."
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La Confession d'un enfant du siècle

La France a connu, avec l'épopée napoléonienne, une heure de gloire dont elle se souvint tout au long du 19ème siècle. Mais en même temps que la gloire, cette épopée condamnait les générations suivantes à regretter d'être nées trop tard et de n'avoir, pour seul but dans la vie, que de se montrer assez dignes des exploits de leurs aînés.

La confession d'un enfant du siècle est, par conséquent, assez autobiographique. On reconnait Alfred de Musset dans Octave de T., qui désespère de ses amours trop légers et trop forts en même temps. Octave connait l'amour véritable avec Brigitte Pierson, peu après la mort de son père, cependant que le ciel amoureux d'Octave se noircit bientôt d'obscurs nuages.

Voilà la chronique d'un jeune homme agacé par son époque et par sa vie, qui doit se contenter de duels vains et de débauche morale et sexuelle, incapables même d'aimer correctement. Le roman du romantisme.
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On ne badine pas avec l'amour

C'est vrai que j'a du mal à lire des pièces de théâtre, seulement, tout cela était avant de lire celle de monsieur Musset ! Très courte, qui rappelle à quel point l'amour est tragiquement touchant et parfois cynique ! Pour ma part, ce fut un excellent moment, comme seuls de grands écrivains savent nous offrir !
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Lorenzaccio

Ma pièce classique préférée parmi toutes ! Je ne me lasse pas des complots des Médicis, des poignards et des poisons... Un de mes bonheurs d'étude en cours de Français, il y a bien longtemps.
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Lorenzaccio

Lorenzaccio...

Cette pièce ne m'a pas enchantée au tout début et j'ai été réticente aux grands mots qu'emploie Musset. Mais avec un peu de motivation et d'acharnement on peut vraiment apprécier une lecture et c'est le cas ici !

Si on aime l'histoire (c'est mon cas), les complots (j'adore ça !), les drames et, quand même, le théâtre, on aime Lorenzaccio.



J'ai détesté Philippe Strozzi, pourtant la bonne patte de l'histoire, qui m'a semblé tellement soumis au destin qu'on lui impose que ça en devenait agaçant.

J'ai adoré Lorenzaccio bien sûr, un jeune homme fou, manipulateur et charmeur.

Pas mal de rebondissements surtout vers la fin et de multiples personnages, ce qui rend cette histoire foisonnante de détails.

Les plus ou moins longs monologues ne m'ont pas dérangée et je trouve même qu'ils permettaient mieux de cerner la psychologie des personnages.



Que dire de l'écriture d'Alfred de Musset... Magnifique! Il sait à merveille manier le drame romantique.
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Fantasio

Le théâtre de Musset n'était pas destiné à être joué car après un échec retentissant, Musset ne destinait plus ses oeuvres à la scène. Pourtant, Fantasio s'inscrit dans une tradition théâtrale très précise, pour mieux s'en jour.

D'abord, la règle des trois unités est quasiment respectée. L'action dure vingt-quatre heures tout au plus, et s'articule autour d'une seule question : la princesse épousera-t-elle le prince ? Seule l'unité de lieu est un peu bousculée, mais pas plus que ne l'avait fait Corneille dans Le Cid : toute l'action a lieu à Munich.Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, personne ne s'oppose au mariage et même si la princesse est malheureuse, même si son père, un roi bourgeois, lui demande son accord, elle se sacrifie à la raison d'état pour éviter une guerre. Pour cette intrigue, Musset s'est fortement inspiré du mariage entre Louise d'Orléans et Léopold de Belgique (pour l'histoire, leur fille Charlotte deviendra la belle-soeur de François-Joseph).

Si dans les comédies de Molière, l'obstacle était extérieur, dans cette comédie de Musset, il est intérieur. Si Elsbeth est un personnage de tragédie, son fiancé, tout prince qu'il fut, est un personnage de comédie. Il a trop lu, trop consommé d'ouvrage romanesque, et décide de se travestir pour gagner le coeur de sa belle princesse. Le stratagème peut fonctionner quand on est un héros de Marivaux, tendre et subtil. Quand on est le prince de Mantoue et que l'on est bien moins intelligent que le cheval que l'on monte....

Et Fantasio, me direz-vous ? Fantasio est un enfant du Siècle, revenu de tout. Il n'apparaît qu'à la seconde scène, et comme tous les vrais héros, il a droit à une entrée retardée, alors que tous ses amis sont déjà en place. Rien ne semble pouvoir le retenir et s'il devient bouffon (clin d'oeil au Roi s'amuse de Victor Hugo ?), ce ne sera que pour un temps. De même, sa dernière scène n'est pas sans me rappeler l'une des scènes de l'Illusion comique.

Comédie qui finit mal ou drame qui finit bien ? Récriture de l'histoire ou parodie d'oeuvres connus ? Fantasio est tout cela à la fois. Cette oeuvre courte mérite d'être lue et relue.
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On ne badine pas avec l'amour

Cette courte pièce de théâtre se lit vite mais pose l'éternelle question des sentiments qui peuvent unir ou séparer les humains.

Perdican et Camille sont promis l'un à l'autre depuis leur plus tendre enfance.

Et si les deux cousins s'aiment d'un tendre amour, ils sont séparés pendant 10 ans.

Perdican a été envoyé en ville faire des études et vivre la vie un peu dissolue de tous les jeunes gens.

C'est au couvent que Camille a reçu son éducation.

Et les voici de retour au château familial après 10 ans d'absence.

Camille annonce à Perdican qu'elle ne l'épousera pas et souhaite entrer au couvent pour y vivre une vie retirée du monde.

Mais Perdican veut prouver à Camille que contrairement à ce qu'elle pense, son coeur ne va pas à la religion mais bien à lui.

Aussi Perdican va-t-il essayer de séduire Rosette une jeune servante pour attiser la jalousie de Camille et lui ouvrir les yeux sur ses sentiments.

Mais c'était sans compter sur ceux de Rosette….

Perdican et Camille apprendront bien cruellement et aux dépens de Rosette qu'on ne badine pas avec l'amour

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Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée -..

Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermer, il fait froid et la porte ne cesse de rester ouverte. Une discussion que l’on suit gentiment commence entre le comte et la marquise. La marquise semble blasé de l’amour et le comte être un charmeur, ils se tournent autour l’un de l’autre, parlent de ce qu’on dit de l’autre un va et vient qui se finit bien.



Un caprice pièce de théâtre amusante en un âcte, l’histoire d’un jeune couple marié les Chavigny dans un moment charnière de leur mariage. Mathilde la femme avec l’aide de sa meilleure amie madame de Léry essais de sauver son couple.



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Poésies complètes



J’étais seul, l’autre soir, avec un livre imparfait,

complètement seul, mon esprit s’en allait

rejoindre ce malheureux vêtu de noir

que j’avais jadis rencontré, un soir de Décembre

qui ressemblait comme un frère,

à un poète qui jadis, du temps d’une bataille

pour Hernani eut du succès.

Amant éphémère de Madame Sand

Il aimait en poète et chantait en amant

Celui qui était tellement doué de vers

Que lui fut attribué un nom de poète;

Alfred de Musset.



Te souviens-tu, Alfred, de cette lettre que tu écrivis à Lamartine,

cette lettre, qu’avec quelques lettres désespérant l’amour de Gérard de Nerval ou de Charles Baudelaire, je garde dans une très grande proximité,



Lorsque le grand Byron allait quitter Ravenne,

Et chercher sur les mers quelque plage lointaine

Où finir en héros son immortel ennui...



Musset, de Lorenzaccio à Venise, de la mélancolie et des pleurs qui se regardent couler….

Qui d’autre que lui pourrait dire



Le seul bien qui me reste au monde

Est d’avoir quelquefois pleuré...



Je l’ai relu aujourd’hui en buvant un café sur les premiers vers du Lac de Lamartine et cela c’est possible sur l’esplanade du bord de Saône de Mâcon.



J’aime avec Musset écouter la sérénade de Tchaïkovski.





©Mermed
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La Confession d'un enfant du siècle

Après sa rupture avec George Sand en Italie alors qu’elle s’est acoquinée avec le médecin qui le soignait, Musset entreprend d’écrire un roman qui lui ressemble.

Octave, jeune homme issu de l’aristocratie provinciale se trouve à Paris avec une maîtresse dont il est épris et ne comprend pas qu’elle puisse un instant lui en préférer un autre. Il réagira d’abord par le cynisme sous les conseils « éclairés » de son ami Desgenay puis, rattrapé par le destin, comme tout héros romantique se rendra à la campagne auprès de son père mourant.

L’arrivé en campagne – qui, à l’opposé de Paris est conventionnellement le lieu où l’on se ressource et où l’on a l’impression de moins ressentir la corruption inhérente à la capitale – fait de lui un être repentant, un mystique déchu et un amoureux transi. Se sentant loin du libertinage parisien, Octave s’entiche de Brigitte, jeune veuve solaire, connue pour ses actions charitables dans le village.

Cependant, le bonheur éphémère de leur amour (que Brigitte mettra un certain temps à avouer et à consommer) est vite rattrapé par le passé de Brigitte. Un hobereau de passage au village a tenté de la séduire. Lorsqu’ils se rendent à Paris en vue d’un voyage en Suisse, Brigitte y retrouve un certain Smith, un de ses (nombreux ?) amoureux qui semble en harmonie avec elle plus qu’Octave.

Octave sentant qu’il ne pourra que la rendre malheureuse, refuse de partir et la préfère heureuse dans les bras d’un autre après un débat houleux dans sa propre conscience.

Le problème du narrateur de cette histoire est qu’il est absolu. S’il aime il doit être aimé en exclusivité et ne supporte aucune ombre au tableau. S’il le faut il ira la dénicher ou la supprimer. A Paris, il se bat en duel, en province il choque par son comportement de libertin, il fait « parler » dans les chaumières. Héros romantique par excellence, à l’instar d’un Hernani, il « porte malheur à tout ce qui l’entoure » et semble poursuivi par la poisse amoureuse.

Musset veut montrer aussi, à travers ce qu’il a vécu, que le bonheur n’existe pas en amour ou alors il est de très courte durée. Très vite les éléments extérieurs viennent le contrarier, qu’ils soient temporels ou spatiaux. Devenu une sorte de mystique révolté, Octave s’en prend au destin et surtout à Dieu qui mène les hommes comme un jeu de marionnettes, se riant d’eux et de leur destin funeste:

"Des comptes rendus après la mort, à qui servirait

la leçon ? Il faudrait bien que le ciel fût désert

pour que l’homme fût puni d’avoir vécu, car c’est

assez qu’il ait à vivre, et je ne sais qui l’a

demandé, sinon Voltaire au lit de mort ; digne et

dernier cri d’impuissance d’un vieil athée

désespéré."

D’un autre temps, d’un autre siècle, le roman se lit bien à la faveur du style de Musset à la fois suranné et un peu ampoulé lorsque le héros se débat avec ses démons intérieurs qui l’empêchent de voir le jour dans ses amours vouées à l’échec.





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Lorenzaccio

Pas fan de théâtre en général, et de Musset en particulier, j'ai remis ça avec Lorenzaccio (on ne dira pas que je n'ai pas essayé jusqu'au bout) et bien m'en a pris: le blason est légèrement redoré. Drame historique dans la Florence du XVIe siècle où Lorenzo joue double jeu entre Alexandre de Médicis, son cousin et accessoirement tyran de la ville, et les républicains plein de bonne volonté et accessoirement tyrannisés dans la ville. Du sang, des larmes, du drame et pas d'histoire d'amour neu-neu: un bon cocktail qui sait capter l'intérêt.
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Il ne faut jurer de rien

- Mais mon oncle, qu'est-ce que je vous ai fait ?

- Tu m'as fait des lettres de change.



Simple, clair, net et précis. Van Buck en a assez de voir son neveu Valentin faire n'importe quoi et d'éponger ses dettes régulièrement. Par conséquent, Van Buck veut que son neveu se marie alors que lui ne l'est pas mais menace son neveu de le faire si celui-ci ne se marie pas. Logique.

Mais, comme on dit, chat échaudé craint l'eau froide. Non, Valentin n'a jamais été marié, mais il a eu l'occasion d'avoir des liaisons avec une femme mariée, et ne veut surtout pas se retrouver dans la position du malheureux mari trompé. Par conséquent, il veut tester sa fiancée et invente pour cela une mise en scène extravagante, avec la complicité de son oncle.

Oui, il est des jeunes gens qui ont trop vécu, trop lu de romans et de pièces de théâtre, des jeunes gens qui veulent que leur vie soit pleine de rebondissements et de mots poétiques, ne supportant pas qu'une jeune fille dise les mots "foulure" ou "bouillon", ce qui correspond à des réalités que le jeune homme se refuse à écouter. Oui, Cécile, qui prend des leçons de danse qui l'ennuie, qui vit avec une mère tête en l'air mais ayant toute confiance en sa fille, Cécile a reçu l'éducation d'une parfaite jeune fille, future maîtresse de maison sachant recevoir comme il se doit ses invités, s'occuper du ménage et de la couture. Elle est pleine de bon sens, Cécile, bon sens qui fait terriblement défaut à Valentin. Il serait presque à plaindre, lui qui ne se souvient pas des personnes qu'il a croisés, lui qui n'a jamais manqué de rien, par la grâce de son oncle, même si celui-ci se mord les doigts que son frère se soit uni à quarante ans et ait produit ce rejeton (et sa mère, dans tout cela ?). Oui, Valentin finira pris à son propre piège, dans un dénouement bien plus heureux que celui d'On ne badine pas avec l'amour ou d'Un caprice et intégrera une famille qui, si elle vit de ses rentes, sait faire bon usage de son temps et de son argent.
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Les Caprices de Marianne

Et dire qu'Alfred de Musset a dit et écrit qu'avec "Les Caprices de Marianne", il avait commis une comédie... Menteur! Dramaturge perfide! Une comédie, tu parles Alfred! Une comédie? Une comédie! Mais c'est un drame "Les Caprices de Marianne"! Un drame qui a la beauté du diable, un drame désenchanté. Certes, c'est un drame qui commence comme un marivaudage, tout en légèreté... mais c'est un drame quand même ou l'amour et l'amitié ont leur part, où les personnages -un peu comme dans Lorenzaccio- avancent masqués sans pouvoir dire tout ce qu'ils voudraient dire et sans pouvoir être pleinement ce qu'ils sont.



Coelio est un jeune homme ardent, romantique et timide qui s'est épris de la jolie Marianne, l'épouse sage et vertueuse du juge Claudio. C'est, comme souvent, un mariage sans amour, une union de convenance et l'amoureux transi espère pouvoir ravir au mari sa belle épouse. Si seulement, il osait lui parler. Si seulement, il avait la superbe et le verbe haut d'un séducteur, d'un Roméo, d'un Cyrano! Mais il n'a que son amour trop grand pour lui, sa pudeur et sa gaucherie. Coelio, désespéré, se confie alors à son ami Octave. Octave, bohème et libertin, qui est tout ce qu'il n'est pas: séducteur, beau parleur, vivant, jouisseur, ne croyant pas en l'amour. Ce dernier accepte de se faire le messager de son ami auprès de la belle Marianne, d'autant plus aisément qu'elle est sa lointaine cousine. L'ambassade n'aura pas les effets escomptés: la jeune femme tombera sous le charme du messager qui tout cynique qu'il soit ne lui reste pas insensible non plus. Marianne qui se voulait vertueuse succombe à l'amour et propose à Octave un rendez-vous. Déchiré, tiraillé entre son amour naissant -lui qui pensait ne jamais y succomber- et son amitié pour Coelio, Octave perd pied et se tourmente. Finalement, c'est sa loyauté qui l'emportera sur son désir. C'est Coelio, par son entremise, qui se rendra au rendez-vous de Marianne. Il en mourra. Le mari jaloux avait flairé l'intrigue amoureuse, les yeux plus lumineux et l'air plus rêveur de sa femme. Il ne lui en fallait pas plus pour faire de sa maison le piège qui se referme sur l'amant transi. Octave ne se remettra pas de la mort de Coelio, son ami, son double inversé, le reflet de la part de lui-même qu'il tenait caché au monde et lorsque Marianne, ô cruelle, viendra s'offrir et lui déclarer son amour, il fera fi de ses propres sentiments et la repoussera: "Je ne vous aime pas Marianne, c'était Coelio qui vous aimait".

Il n'y a rien de plus triste ni de plus beau que ce gâchis, que ce triangle amoureux qui se condamne à la souffrance et à la douleur. Rien de plus beau ni de plus triste que cette amitié plus forte que l'amour et que cette femme qui ose enfin être elle-même et assumer son désir, sans espoir.

Les tirades d'Octave sont tout au long de la pièce d'une beauté et d'une profondeur à couper le souffle et je lui trouve, encore aujourd'hui, une parenté avec Lorenzaccio, dans leur désir d'être au monde autrement que comme le monde les voudrait, dans leur mélancolie noire et leur désespoir. Les deux ne croient plus en rien ou en tout cas plus à grand chose et cela leur confère autant de richesse que d’ambiguïté. Face à Octave, Coelio parait plus fade, plus lâche aussi. Il n'en demeure pas moins attachant. Son introversion le rend entier, extrême... Si Octave, ambigu, est capable de jouer la légèreté et la désinvolture, de se jouer du monde et de ce qu'il lui fait subir, Coelio en est incapable. Il est entier, avec ce que cela suppose de puissance, aussi dissimulée fut-elle. C'est peut-être cela aussi, autant que sa fragilité, qui l'attache si fort à Octave... Quant à Marianne, elle est le personnage le plus fort de la pièce, sous ses dehors candide et si elle agace par ses caprices et ce qui ressemble à de l’égoïsme, elle demeure superbe et ses tirades sur la condition féminine sont de véritables joyeux.



Une comédie... Une comédie? La comédie humaine alors, avec son lot de douleurs et d’ambiguïté, de passions inabouties et de cris étouffés, d'amours blessés, d'incertitudes et de douleurs d'être au monde.



Quelque soit l'étiquette qu'on lui colle, "Les Caprices de Marianne" est une pièce d'une beauté et d'une mélancolie rares, un long sanglot déchirant et faussement léger comme savait si bien les ciseler Alfred de Musset, comme une tarentelle des temps anciens où le rythme de la danse peinait à en masquer les élégiaques accents.



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La nuit vénitienne





Une comédie "légère" sur l'inconstance de l'amour, et, surtout de l'être humain ainsi que sur le désir.



Elle fut représentée, pour la première fois, au théâtre de l'Odéon, le 1 décembre 1830, en pleine guerre entre les classiques et les romantiques. Elle connut un échec retentissant. Ce qui blessa profondément Alfred de Musset, alors âgé d'à peine une vingtaine d'année.



Ce n'est peut être pas la meilleure pièce de théâtre qu'ait écrit A. de Musset, mais, elle a le mérite d'être "rafraichissante", humoristique. Elle a la particularité d'annoncer les plus belles œuvres théâtrale de Musset.



Il s'agit plus d'une lecture détente ainsi qu'une curiosité pour ma part vu que cette comédie - si j'ai bien compris - est plutôt une œuvre mineure, donc pas très connue, et, cela même si elle a été composée par un "génie" de la littérature.

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Il ne faut jurer de rien

Valentin, jeune dandy de 25 ans, mène une joyeuse vie insouciante, aux crochets de son oncle. Mais celui-ci en a par-dessus le chapeau de payer les dettes de son neveu et lui pose un ultimatum : ou Valentin épouse Cécile de Mantes, ou son oncle lui coupe les vivres et le déshérite. Le jeune homme refuse de se marier, arguant qu'il craindrait trop d'être trompé. Devant l'insistance de son oncle, il lui propose un marché : celui-ci renoncera à son idée de mariage si Valentin parvient à séduire Cécile, incognito, en moins d'une semaine.



J'aime beaucoup l'adaptation cinématographique de cette pièce par Eric Civanyan. J'ai donc voulu profiter du challenge solidaire "Des classiques contre l'illettrisme" pour lire l'original. Le début de la pièce est vraiment plaisant. La première scène entre Valentin et son oncle est un régal : c'est drôle et le personnage de Valentin est bien campé : il n'est pas juste un dandy allergique au mariage. Cependant, ensuite, j'ai eu un peu de mal à suivre à la fois l'action et l'évolution des personnages. Des ellipses répétées font sauter des passages-clés de l'intrigue (la rencontre entre Cécile et Valentin, Valentin découvert et chassé du château...). Du coup, j'avais l'impression d'avoir du mal à suivre. La conséquence est que la pièce est tellement courte et va tellement vite que les changements dans les sentiments de Valentin et de Cécile deviennent incompréhensibles et absurdes.



Je suis finalement assez déçue par cette pièce. Je l'ai trouvée difficile à suivre dans ses évolutions et frustrante. Les autres pièces de Musset ne m'avaient pas non plus laissé un souvenir impérissable. Je dois peut-être en conclure que, décidément, la sensibilité de Musset et la mienne ne se rejoignent pas. Une fois n'est pas coutume, je continuerai à préférer le film au livre !



Challenge solidaire "Des classiques contre l'illettrisme" 2020
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On ne badine pas avec l'amour

"Je veux aimer, mais je ne veux pas souffrir ; je veux aimer d'un amour éternel, et faire des serments qui ne se violent pas."



Camille et Perdican. Perdican et Camille... Un amour gâché de trop d'orgueil.



Je ne ferai pas une analyse de l’œuvre, un commentaire du texte sur copie double en 2H, d'autres le font bien mieux que moi. Je ne résumerai pas la pièce, je ne la remettrai pas dans son contexte et je ne donnerai pas non plus de rapide biographie de Musset.

Je vais juste, comme toujours, donner mon avis, totalement subjectif, parler de mon ressenti parce qu'avec cette œuvre on touche encore plus à l'intime.



La première fois que j'ai lu On ne badine pas avec l'amour j'avais 15 ans. Je n'ai pas les mots pour dire combien cette pièce de Musset m'a transportée.

J'étais ado, j'étais romantique et entière comme on l'est à cet âge. Je me suis reconnue en Camille. Comme elle je voulais des promesses éternelles, un amour absolu.

J'ai appris certaines répliques par cœur, je recopiais les mots superbes de Musset un peu partout.



Ce livre m'a accompagnée jusqu'à aujourd'hui. C'est toujours le même exemplaire, tout corné, plein de petits bouts de papier marquants mes répliques favorites.

Je l'ai relu régulièrement pendant plus de 10 ans mais ça faisait plusieurs années que je ne l'avais pas ouvert.



Alors j'avais peur de le relire. Est-ce qu'à plus de 40 ans il allait encore me plaire ? Moi qui étais romantique et qui ne le suis plus, voire qui est désormais un poil cynique, est-ce que je n'allais pas gâcher un si beau souvenir ?

Et bien non ! On ne badine pas avec l'amour me bouleverse toujours autant. Ce texte me parle toujours comme le jour où je l'ai découvert.

Il est universel, intemporel. Un chef-d’œuvre. Les mots sont toujours aussi beau, aussi forts. Ils expriment toujours ce que sont les femmes et les hommes, ce terrible conflit de l'amour de soi et de l'amour de l'autre, de ce fichu orgueil, de la jalousie, de la peur de souffrir...

L'un des plus beaux drames français, sans nul doute.



Mais il y a aussi la touche d'humour et de critique sociale à travers les personnages du gouverneur et du curé. Ils apportent ce qu'il faut de légèreté dans cette histoire tragique.



L'adolescence est l'âge idéal pour découvrir cette pièce, à condition de ne pas avoir à trop la décortiquer (on gâche la puissance des mots à trop vouloir les analyser et surtout on déteste forcément l’œuvre imposée) mais je constate avec plaisir que l'adulte s'y retrouve toujours également, différemment, avec une autre expérience de la vie.



La plume de Musset est une merveille et cette pièce est et restera ma favorite de l'auteur.

Je ne peux que recommander très chaudement de (re)lire On ne badine pas avec l'amour.
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Lorenzaccio

Indubitablement, j'aime les drames romantiques, ces pièces aujourd'hui un peu désuètes, ces filles du XIX°siècle théâtral dont elles furent les joyaux, dont elles firent les beaux jours. J'aime leurs chausses-trappes, leurs envolées, leur noirceur. J'aime leur tragédie décorsetée, échevelée, leurs méandres tourmentés.

Et j'aime Alfred de Musset.

Et la Renaissance Italienne est une période qui me fascine.

Alors, oui, j'aime Lorenzaccio, malgré ses possibles longueurs et ses possibles maladresses, que moi je ne vois pas, qui pour moi n'existent pas (mais je n'ai jamais prétendu être une lectrice de bonne foi).

Lorenzaccio, c'est Hamlet et Brutus en même temps. Il y a du Shakespeare dans ce Musset et de la poésie dans l'assassinat.

Lorenzaccio, c'est un héros qui avance sans cesse masqué, qui cache ou qui cherche à oublier sa lucidité, sa profondeur, son désenchantement dans la débauche dans laquelle il se vautre. C'est un personnage ambigu, esthète, un peu androgyne, cultivé et nourri des classiques grecs et latins, que nul autour de lui ne saisit vraiment et qui se perd lui-même. Il a peu de certitudes mais il y en a une pour laquelle il est prêt à se donner: la restauration de la République à Florence. Or, le tyran qui règne sur la ville n'est autre que son cousin le duc Alexandre de Médicis. Lorenzaccio décide donc d'assassiner ce dernier, quitte à en mourir. C'est un échec annoncé, il agit seul et personne ne croit que ce jeune fat ne soit capable du moindre acte politique ou de bravoure... L'argument est shakespearien tout autant qu'historique. Mais Musset n'est pas Shakespeare et c'est tant mieux: au drame des puissants, il ajoute sa vision de la vie, d'une incroyable noirceur et sans doute beaucoup de ses démons: ce Lorenzaccio hanté par ses fantômes, masqué, qui rit et jouit pour ne pas pleurer et mourir, c'est sans doute un peu l'enfant du siècle aussi. Au service de ce philtre étonnant, somptueux de noirceur et de velours, il déploie sa verve, sa langue, sa poésie. Le résultat est sublime.

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Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée -..

Entre une déclaration d'amour qui prend son temps et une affaire de jalousie par défaut de communication qui se résout par l'entremise d'une bonne âme, ces deux pièces de Musset sont de jolies romances, un brin compliquées par les frasques verbales des protagonistes mais le verbe est haut, le propos est léger.

Ca se lit facilement et se savoure comme de belles histoires d'amour, entre une porte et une bourse rouge.

***
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Lorenzaccio

Cette semaine, j'étais au festival de courts-métrages de Clermont-Ferrant et j'ai réussi entre autres à me passer d'Internet plusieurs jours (mais pas des jeux vidéo à la con). En bon petit L, j'ai regardé et analysé des tas de films, je suis même passé à la télé de mon lycée, bref au final j'ai été un vrai petit veinard. Là où ça n'allait pas, c'est que les courts-métrages n'étaient pas tous de la même qualité. Par exemple, il y avait eu cette séance de trois films : le premier avait des bonnes idées, mais était bateau à l'extrême, le troisième était une saloperie érotique qui ne m'a pas lâchée de toute la nuit, par contre le deuxième... Purée, le deuxième ! C'était le triangle amoureux entre Sand, Musset et Chopin. Le musicien apparaissait comme angélique tandis que l'écrivain était toujours diabolique, obscur, sombre, sans jamais tomber vraiment dans le piège de la romance à deux balles (je suis sûr que ce ne sont pas les exemples qui vous manquent...). Est-ce que le côté inquiétant de ce grand dramaturge français transparaissait dans ses écrits ? Oui, et c'était aussi un avant-gardiste, un révolutionnaire, un romantique qui vivait toutes ses émotions à fond et qui les exprimait de la manière la plus forte possible. Seulement, est-ce que ça fait tout ?

Évidemment, on peut saluer son envie de tordre le cou aux règles de la tragédie classique : plus d'unité de temps, plus d'unité de lieu, plus d'unité d'intrigue. Plus de bienséance, plus d'alexandrin, un peu de vulgarité, de prosaïsme, de violence, et surtout, un mépris des autres pièces, de sorte que Musset avait tout écrit de façon à ce que ce soit injouable. Du théâtre underground, quoi.

Simplement, mettre autant de personnages que dans Game of Thrones et en tuer à peu près le même nombre ne suffit pas à créer une bonne histoire. Entre deux bavardages gratuit censés rendre la pièce plus réelle, Alfred de Musset multiplie les anachronismes et les sous-intrigues inutiles. Des sujets sont modernes, mais les dialogues grandiloquents. Les psychologies sont solides, mais les monologues innombrables. L'idée n'est pas de plaire, ce qui est compréhensible, mais de choquer les critiques, ce qui sur ce coup est grotesque.

Après des pages et des pages mornes et d'une lenteur Da Rosesque, on saisit peu à peu ce qui se trame à Florence, charmante petite bourgade où s'entretuent quotidiennement les Salviati, les Médicis et les Strozzi. Le duc est un joyeux drille qui fornique à peu près tout ce qui passe près de son nez et qui a des rondeurs à la poitrine. Son larbin en chef, Lorenzo, est un trouillard paradoxalement doté d'un sens de l'humour cynique, seule bouffée de soleil dans ces lieux trop graves. Voilà-t'y pas qu'un beau jour il décide de l'assassiner. Entretemps, la marquise Cibo et son beau-frère cardinal se chamaillent joyeusement pour une histoire d'adultère qui ne servira à rien, les familles fomentent des complots qui ne serviront à rien, et le duc se fera un portrait où il se retrouvera mêlé à une histoire de cottes de mailles qui ne servira à rien. "Phèdre" était bien plus palpitant, alors qu'il respectait à la lettre les canons du classicisme.

Paradoxalement, la fin reste réussie : l'adieu aux Strozzi et aux Salviati dont la lutte est ridiculisée par les chamailleries de leurs enfants, le couple Cibo qui s'aime à nouveau apparaissant sous un jour touchant, Lorenzo perdu, oscillant au bord de la folie tout en voulant rester le même ; et enfin, le discours du nouveau duc, teinté d'une ironie mordante.



PS : En après-séance, je discute avec Mathéo, un gars de ma classe rappeur et passionné du théâtre. Il me dit qu'il a trouvé que "19 Juin" n'avait aucun intérêt, et surtout pas dans le jeu des acteurs. Pourtant, la qualité du filmage, la superbe reconstitution et la mise en scène donnent l'impression qu'ils jouent parfaitement bien. Un bon film est-il nécessairement un film où les acteurs jouent bien ? Les débats sont ouverts.
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