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Citations de André Dhôtel (617)


Un langage n'est pas une convention, mais un produit de la nature, et un événement. (Différence entre une langue et l'espéranto par exemple, qui n'a de valeur que par son analogie avec les langues naturelles.) Donc possibilité de mots qui aient une influence "directe" comme la fraîcheur des sources, le vent, les aliments.

[André DHÔTEL, "La littérature et le hasard", notes rédigées de 1942 à 1945, texte établi et présenté par Philippe Blondeau, éditions Fata Morgana, 2015, 200 p. - page 26]
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Je songe d'abord en écrivant ces réflexions que je ressemble beaucoup à un romanichel qui fabrique un panier, un panier enchanté propre à contenir des jouets, des fleurs, des ferrailles ou même des pensées selon les gens qui le prendraient. Ou bien un panier qui s'en irait tout seul au marché.

[André DHÔTEL, "La littérature et le hasard", notes rédigées de 1942 à 1945, texte établi et présenté par Philippe Blondeau, éditions Fata Morgana, 2015, 200 p. - pages 25-26]
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La grâce, la part de jeu n'enlèvent rien à la force de l'art.
Une autre manie, non moins grave, c'est celle qui consiste à apporter son expérience, ses idées comme un témoignage, c'est-à-dire quelque chose qu'il est "nécessaire" moralement d'étudier, de discuter. Bref, on pose les livres comme une nécessité. Beaucoup de bonne volonté, mais chacun semble affirmer qu'il possède le vrai plutôt que le rechercher avec son lecteur.

[André DHÔTEL, "La littérature et le hasard", notes rédigées de 1942 à 1945, texte établi et présenté par Philippe Blondeau, éditions Fata Morgana, 2015, 200 p. - page 25]
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Il semble souvent qu'on en est venu à prendre la littérature trop au sérieux. Beaucoup de livres actuels tendent à nous persuader que telle attitude, telle direction morale, telle poésie, sont une nécessité. Ils nous contraignent à examiner avec le plus grand scrupule les problèmes qu'ils posent comme si c'était une question de vie ou de mort, comme s'il s'agissait de notre salut, du salut de l'humanité. Même les bons auteurs qui restreignent noblement leur sujet inclinent à cette exaspération de questions (ce qui fait qu'on se réfugie dans le roman policier).
La grâce, la part de jeu n'enlèvent rien à la force de l'art.

[André DHÔTEL, "La littérature et le hasard", notes rédigées de 1942 à 1945, texte établi et présenté par Philippe Blondeau, éditions Fata Morgana, 2015, 200 p. - pages 24-25]
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– Déjà des chardons qui pointent, dit Repanlin. Il faut que je les garde pour Philippe.
– Il ne me semble pas, s'écria Maximin, que Philippe de Rouzy puisse apprécier des chardons sur son ancienne villa, en admettant qu'il se trouve par ici en qualité de revenant.
– Qui vous parle de revenant. Il y a des gens qui y croient et qui ont peur d'y croire, et qui ne l'avoueront jamais. Pour les chardons moi je pense à mon cher Philippe. C'est mon âne. Il vaut bien tous les seigneurs du monde.

[André DHÔTEL, "Les Disparus", chapitre VI, Gallimard, 1976 – réédition Phébus, collection "libretto", 2005, page 120]
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– Tu devrais te marier, dit quelqu'un. Une femme, ça change la vie. Il y aura un beau printemps cette année, d'ailleurs.
Que venait faire le printemps ? Mais comme expliquait Dieudonné le facteur, les conquêtes se font par des moyens détournés. Si ce n'est pas le printemps, c'est l'éloquence, la ruse, l'alcool même.
– Parfaitement, l'alcool, ou, si vous voulez, le petit vin blanc par exemple. La Gémeuse donnerait sa fille pour une bouteille de vin blanc.

[André DHÔTEL, "Idylles", Gallimard, 1961 – rééd. collection "folio", Gallimard, 2003, nouvelle "La fille du général", page 194]
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Il n’y a pas que des aventures et des ennuis, ici-bas, Gaspard, mon fils. On entend aussi des chansons dans le ciel.
(p. 153, Chapitre 9, “Au pays des châteaux”).
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ACCORDS


Des pieds nus enchantés
dans les naissantes herbes
graminées du solstice
nivéoles et cardamines.

Et l'on n'entendait pas
le murmure des trains
non plus que la rumeur
des usines et des grenouilles.

Car enfin pour toujours
la valse des pieds nus
avec ses étincelles
jaillies d'un argent pur
enchérissait sur les accords
des premiers trèfles blancs.

p.18
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C'est sans doute le signe de l'étonnante et cruelle nostalgie qui fait désirer pour chacun une vie plus grande que les richesses, plus grande que les malheurs et que la vie même, et qui sépare en nous les pays que l'on a vus de ceux qu'on voudrait voir, Ardenne et Provence, Europe et Nouveau Continent, Grèce et Sibérie.
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Espoir


Voici bien longtemps que je n'ai
pas écrit de poème.
En ai-je écrit jamais
poétiques je veux dire ?

Des paroles dans le vent
en espérant que le vent
est poète à ses heures
et nous prêtant sa voix
harmonise nos artifices.

Nos strophes seraient bien des branches
avec mille feuilles que l'air du large
fera parler peut-être un jour
où personne n'écoutera.

Car l'essentiel serait
qu'on écoute jamais
et qu'on ne sache pas
qui parle et qui se tait.

p.57
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PARCE QUE


Ayant reconduit l'amour
au train de midi
nous resterons fiers pourtant
de nos chemins abandonnés
et de nos prés morts d'ennui.

Parce que soutiennent le ciel
des colonnades en cristal
que seules peuvent voir
les abeilles qui distinguent
la pureté de l'ultra-violet.

Parce que nos fleurs minimes
sont dominées par l'aigle invisible
confondu dans l'or du soleil

parce que sur la route
aux ressassements insipides
bientôt s'ouvrira la clairière
avec l'apparition qui impose les mains
pour ranimer en nos sottises
les flammes de la vérité.

p.120
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Mme Ramonit leur avait parlé spontanément de Harset, comme d'un homme excellent. Pour cette dame il n'existait sur terre que des gens excellents.
— D'après ce qu'on raconte, il est capable de tuer ceux qui s'aventureraient dans son parc, leur dit-elle cependant. Mais il faut prendre les gens comme ils sont, et qui n'a pas de défauts ni de mouvements d'humeur ?

[André DHÔTEL, "Le Ciel du faubourg", éditions Grasset (Paris), 1956 — réédition coll. "Les Cahiers Rouges", 2011, chapitre VI, page 157]
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Il vit une flamme passer dans les yeux bleus d'Achyro.
– Dis adieu à Achyro. Embrasse-moi.
Il l'embrassa. Et aussitôt elle courut vers le bord des falaises, à dix pas de là. Le garçon resta cloué sur place. Il vit la jeune fille s'arrêter un instant puis s'élancer dans la mer. Il se précipita. Il ne vit plus que les vagues bleues doucement remuées et courut comme un fou jusqu'au village. Une heure plus tard, la nouvelle circulait dans l'île.

[André DHÔTEL, "Ma chère âme", Gallimard, 1961 (réédition Phébus, coll. "libretto", 2003, page 161)]
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Vers onze heures, il déjeuna avec la tante. Celle-ci but seulement un bouillon, et parla des rares pensionnaires qui avaient quitté l'hôtel et de ceux qui les remplaçaient. Le personnel n'avait pas changé ; on venait seulement d'engager une bonne pour les escaliers et les chambres. Marie se chargeait toujours de cirer les souliers de grand matin. Comme Jacques se levait de table, une bourrasque ouvrit la fenêtre toute grande et des gouttes de pluie fouettèrent le plancher. Avant de la refermer, il regarda par-dessus des toits. Des sortes d'embruns se précipitaient contre les pignons, et tout le ciel était chargé d'une nuée grise uniforme.
-- On voit des mouettes, dit-il.
-- C'est la mauvaise saison qui commence, répondit la tante Irène.
Des mois entièrement sombres allaient se succéder, avec de très rares éclaircies. Il faudrait remplacer le soleil par autre chose, par quelque sentiment d'autant plus beau que le temps serait ignoble. Mais par quel sentiment, ou quelle idée avantageuse ?


[André DHÔTEL, "Nulle Part", 1943, Gallimard, 242 pages ; réédition Editions Horay, 2005, 312 pages -- chapitre IV, pages 131-132]
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Au bout d'une semaine, il éprouva le désir intense d'aller là-bas, plus loin que cet horizon.
Il hésita longtemps. Il tenait par-dessus tout à ses routines, et à la maison calfeutrée. Comme au temps où Thomas lui parlait de voyages, il était d'autant plus effrayé par les lointains qu'il s'en émerveillait. Enfin, une nuit, il sortit en cachette et partit avec une sorte de hâte à travers la plaine, du côté du sud. Une simple petite promenade.

[André DHÔTEL, "La maison du bout du monde", éditions Pierre Horay, 1970 ; réédition Horay, 2005, chapitre IV : "Rencontres", page 68]
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Les jours qui suivirent, il abandonna souvent ses travaux pour rôder autour du vallon et regarder la plaine. Il n'y remarquait rien de nouveau, bien entendu, mais il lui semblait soudain que les choses vraies devaient se trouver justement derrière l'horizon.

[André DHÔTEL, "La maison du bout du monde", éditions Pierre Horay, 1970 ; réédition Horay, 2005, chapitre IV : "Rencontres", page 68]
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Qu'est-ce qui peut passer et qui n'existe pas ? Le malheur, c'est qu'on trouve une réponse à une telle question, car on en revient toujours à la beauté impalpable dépourvue d'origine ou de raison, c'est-à-dire une idée pure qui s'impose sans la moindre hallucination.

[André DHÔTEL, "Lorsque tu reviendras", éditions Phébus, collection "Domaine romanesque", 1986, 192 pages]
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La beauté, n'est-ce pas justement ce qui s'éveille et disparaît au même instant si bien qu'on ne saurait appréhender qu'une réalité trop éblouissante pour se maintenir dans la vision ? Une beauté idéale en somme et dépourvue de toute attache ?

[André DHÔTEL, "Lorsque tu reviendras", éditions Phébus, collection "Domaine romanesque", 1986, 192 pages]
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-- [...] Me demander combien de temps je dois rester ici, cela me met dans un embarras extrême. Est-ce que j'ai jamais su de quoi seraient faites mes heures futures ?
-- Je vais vous apprendre de quoi elles seront faites, trancha Mlle Dargnies. Vous viendrez déjeuner avec nous. Florent, tu iras chercher des carottes et de la salade au jardin.
-- Comment vous remercier ?
-- Vous me remercierez en débarassant Prébail de votre présence avant ce soir, déclara Mlle Dargnies.

[André DHÔTEL, "La maison du bout du monde", éditions Pierre Horay, 1970 ; réédition Horay, 2005, chapitre II : "Monsieur Thomas Roudart", page 32]
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" Si vous regardez là-haut, le feuillage de ce vieux poirier, le poirier est pour vous dans le ciel. Et vous pouvez penser que cet arbre plein de lumière s'en va dans le ciel, ce qui est profondément vrai, puisque la terre tourne. Et vous aussi, vous allez dans le ciel. Alors, vous vous demandez ce que c'est que le ciel et à quel endroit vous êtes exactement.
" C'est sans fin, vous comprenez. Sur une feuille, à votre main droite, il y a un escargot. Cet escargot m'enchante. Bien sûr, les hommes vont jusque sur la lune à des vitesses considérables qui nous paraîtront bientôt insignifiantes. Mais qui pourra jamais battre le record de lenteur de cet humble mangeur d'espce ? Ne croyez-vous pas que, pour lui, chaque heure est comme une année ? Et si nous réussissions à faire une année avec une heure, notre vie n'aurait-elle pas une longueur inouïe ?
" Mais les gens, mon cher enfant, sont beaucoup plus curieux que les arbres ou les escargots. "
Florent dit :
-- C'est des drôles d'histoires.
-- Des histoires un peu embrouillées, observa l'homme. Mais c'est amusant de s'embrouiller.

Il se fit un silence. On entendit le vent dans les herbes.

[André DHÔTEL, "La maison du bout du monde", éditions Pierre Horay, 1970 ; réédition Horay, 2005, chapitre II : "Monsieur Thomas Roudart", page 30]
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