AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de André Dhôtel (617)


Le vieux Comtois regardait l'eau immobile.
‒ Je me demande comment on peut supporter ces mensonges, observa Emilien.
‒ Si les gens se complaisent dans les mensonges, qu'y pouvons-nous ?
‒ C'est votre faute.
Comtois prit une brème de moyenne taille et se mit à parler de la façon d'accommoder les brèmes. Emilien revint à la ferme.

[André DHÔTEL, "L'azur", 1968, Gallimard ‒ réédition collection "folio", 2003, 336 p., page 161]
Commenter  J’apprécie          160
Rosalie demeura debout contre le mur déjà brûlant. Elle regardait Jacques sans rien dire. Il passa les mains sur ses épaules qui étaient glacées. Puis il cueillit une grande feuille de bardane avec laquelle il tenta d'essuyer un peu de la boue sur sa robe. Elle demeurait comme insensible. Il jeta la feuille. Lui-même était trempé jusqu'aux os et frissonnait dans le soleil. Soudain il la prit dans ses bras et la serra contre lui. Il l'embrassa. C'était insensé. Que signifiaient vraiment ces yeux d'or ?

[André DHÔTEL, "L'Honorable Monsieur Jacques", 1972, réédition coll. "folio", 2003 - page 242]
Commenter  J’apprécie          160
– Elle est tombée à la mer.
– C'était au matin, hier matin à ce qu'on dit.
– Ou bien elle s'est jetée à la mer.
– Mais on ne l'a pas revue. Pourtant on l'a bien cherchée la pauvre Achyro. Pas un vestige sur le rivage. [...]
– Oui, Achyro, la fille aux cheveux avec de la paille. On la rencontrait souvent à Vathy. On ne la reverra plus.

[André DHÔTEL, "Ma chère âme", Gallimard, 1961 ; réédition Phébus, coll. "libretto", 2003 – chapitre I, page 52]
Commenter  J’apprécie          160
" Elle riait comme la cascade du barrage de Verziers, ma soeur. Elle avait un égoïsme très charmant. Elle vous aurait piétiné si vous aviez discuté son rouge à lèvres. Il faut avouer que ses études, malgré qu'elle ait réussi, elle n'en tirait pas d'orgueil. Elle avait des moments excellents où elle se montrait pleine de coeur pour les chats, les oiseaux, les vieilles dames, tout le monde si vous voulez, sauf les amoureux. Il est vrai que sur ce dernier point on a droit de choisir. "

[André DHÔTEL, "Les Disparus", chapitre I, Gallimard, 1976 - réédition Phébus, collection "libretto", 2005, page 20]
Commenter  J’apprécie          160
Il fallait se taire, comme chacun se taisait dans la Saumaie, ou plutôt dire n'importe quoi pour dissimuler.
Peut-être la vérité ne devait éclater qu'à force d'être étouffée par les mensonges. Drôle de pays.
Ils marchèrent en silence.

http://wp.me/p5DYAB-37b
Commenter  J’apprécie          160
On annonça la bonne nouvelle à Madame Laizy seulement au mois de mars. Tout semblait changé. Les enfants prenaient des poignées de la grèle tombée sur la route. Cependant le départ était lointain, peut-être impossible.

http://wp.me/p5DYAB-1Em
Commenter  J’apprécie          160
La lettre s'était accroché dans les branches d'un arbre mort, à deux mètres de la rive.
Commenter  J’apprécie          161
Elle se leva aussitôt, mais c’était comme s’il y avait eu un intervalle immense entre le baiser et ces mouvements gracieux qu’elle eu pour se lever :
-Viens, dit-elle.
-Ma chère âme, répondit-il.
Commenter  J’apprécie          150
Toute sa vie était ainsi : des moments de hâte violente et puis la douceur et le rêve.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950 — page 247 ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire et Cuire), 432 pages, 2020]
Commenter  J’apprécie          150
Après le repas, Odile vint y trouver son mari qui montait à ce moment les rayons d'une roue de vélo. Elle le regarda travailler. Ses mains rencontraient chaque fois avec précision sur l'établi l'outil nécessaire. L'équilibre de la roue se révélait avec une lenteur méthodique.

– Je me demande pourquoi tu as fait des études.

– Je préfère ce travail, répondit-il, préoccupé.

Elle observa que depuis deux mois qu'ils étaient mariés, il n'avait pas ouvert un livre.

– J'ai abandonné tout à fait la littérature.

– Que veux-tu dire ?

– Que je n'écrirai plus pour aucun journal. Je me contenterai de composer quelques poèmes de temps en temps.

Odile pâlit comme si c'était l'annonce d'un désastre. Elle ne comprenait pas cette lubie, alors qu'elle était sûre que de vraies amitiés encourageaient Julien à travailler.

– Ta nonchalance est abominable.

– Est-ce que tu t'intéresses à la littérature ?

– Je me fiche de ta littérature. C'était du moins un effort vers quelque chose. Comment comptes-tu organiser ta vie ?

– Je n'ai pas de projets.

Odile insista sur ce fait qu'elle ne se résignerait pas à mener une vie attachée à un commerce de bicyclettes. A dix-neuf ans elle prétendait aimer tout ce qui s'apparente à la gloire, sinon la gloire elle-même et préférer encore toutes les défaites à un ennui oriental.

– Tu ne comprends pas, murmura-t-il, en continuant à faire tourner sa roue.

– Laisse cette roue. Il y a beaucoup de jeunes gens qui voudraient avoir ces possibilités que te donnent ta santé et ta chance.

Ils pensèrent aussitôt l'un et l'autre à Étienne. Ils prononcèrent son nom en même temps, lui avec ironie, elle d'un ton amer :

– Étienne. Je ne voulais pas parler de lui.

Julien haussa les épaules :

– Je sais ; il a la meilleure part, ton amitié. Pourquoi ne l'as-tu pas épousé ?
Commenter  J’apprécie          151
Il disait que tous les gens avaient une âme, et qu'on était ébahi quand on la découvrait.

[André DHÔTEL, "Les Disparus", chapitre I, Gallimard, 1976 – réédition Phébus, collection "libretto", 2005, page 19]
Commenter  J’apprécie          150
La paresse c'est la vie la plus haute qui soit. Cela va beaucoup plus loin que n'importe quel sommeil. Et comment subsister dans un bourg abandonné comme Charlieu si on ne se laisse pas quelquefois voguer au niveau des buses qui se promènent sans penser à rien ? Alors on s'intéresse à des choses minimes, à la vie des mouches par exemple. Les buses voient les oiseaux comme des mouches. Elles ne cherchent pas tellement à les attraper. Elles les regardent pour s'amuser d'abord, en se berçant sur les airs.

[André DHÔTEL, "Les mystères de Charlieu-sur-Bar", éd. Gallimard, collection "Blanche", 1962 – page 7]
Commenter  J’apprécie          154
En regardant cette belle vallée, on a le loisir de songer que la terre entière c'est le grand pays, mais cela ne nous satisfait pas complètement. On se dit qu'il faut rendre la terre encore plus belle, par le bonheur des hommes et par les histoires que l'on apprend inlassablement. Il semble que la vie restera toujours inachevée. Mais on demande une chance supplémentaire.
Commenter  J’apprécie          150
Après avoir parcouru une immense futaie de hêtre ils arrivèrent dans une allée bordée de chênes dont les feuillages énormes s'élevaient vers un ciel maintenant nuageux. Après les chênes, il y eut des taillis obscurs, puis d'autres taillis clairsemés qui étaient peuplés de sorbiers et ornés de chèvrefeuille. Plus loin, des genêts avec des bouleaux. On traversa aussi une forêt d'épicéas où le cheval glissa sans bruit dans un sentier couvert d'aiguilles. Gaspard apprit donc qu'il n'y avait pas une forêt mais mille forêt dont pas une ne ressemblait à celle de Lominval. Il passa dans des sous-bois marécageux où les herbes pâles et les campanules s'élevaient au milieu des ombres. Un autre bois était fait presque uniquement de peupliers morts, après quoi on découvrait une clairière emplie de fleurs rouges et de myosotis. C'est impossible de tout décrire. Comme on traversait des rocailles semées de bruyères, les fers du cheval lancèrent des étincelles et ce fut à ce moment que l'orage éclata.
Commenter  J’apprécie          150
La littérature est une solitude, la reconnaissance d'une solitude.

[André DHÔTEL, "La littérature et le hasard", notes rédigées de 1942 à 1945, texte établi et présenté par Philippe Blondeau, éditions Fata Morgana, 2015, 200 p. - page 27]
Commenter  J’apprécie          150
L'homme portait un grand chapeau gondolé qui assombrissait ses regards. Une petite moustache soulignait des lèvres horriblement longues. Sur ses épaules, une veste imperméable avec un rabat flottant qui lui donnait l'air d'être sorti d'une image représentant quelque pirate.

[André DHÔTEL, "Le Ciel du faubourg", Grasset, 1956 -- réédition pour la coll. "Les Cahiers Rouges", 2011, chapitre III, page 64]
Commenter  J’apprécie          150
Elle retire les légumes de la soupe. Le chien et le chat de chaque côté d'elle assis sont comme deux anges.

http://wp.me/p5DYAB-12L
Commenter  J’apprécie          150
Aurane avait été instituteur stagiaire. Il s'était vu remercié de ses services pour quelques irrégularités. Lorsqu'un élève récitait une poésie jugée fameuse, Aurane exigeait que cet élève montât sur la table. Chaque semaine ce maître indigne consacrait aussi une heure de classe à exposer à ses élèves les questions pour lesquelles on n'avait pas de réponse et on n'en aurait sans doute jamais. C'était l'heure de l'ignorance. Bref, Aurane se contentait maintenant d'un métier plus modeste et occupait ses loisirs à faire des photos. Il photographiait n'importe quoi, n'importe comment, et il espérait un jour obtenir des vues tout à fait inhabituelles.

[André DHÔTEL, "Un jour viendra", Gallimard, 1969 (réédition Phébus coll. "libretto", 2003 ‒ page 96)]
Commenter  J’apprécie          152
Un jour il lui apporta des livres.
Elle se mit pour les lire tout près de son épaule où ses cheveux tombèrent.

http://wp.me/p5DYAB-V1
Commenter  J’apprécie          151
Ainsi furent les yeux de certains trouvères très humbles, qui n'ont composé de chant que pour une fiancée impossible à atteindre, mais promise au cœur par delà les peines de la vie.
Commenter  J’apprécie          151



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de André Dhôtel (1812)Voir plus

Quiz Voir plus

le pays où l'on n'arrive jamais

Quel est le nom du personnage principal ?

Hèlene
Gaspard
Lou
Gérard

3 questions
8 lecteurs ont répondu
Thème : Le Pays où l'on n'arrive jamais de André DhôtelCréer un quiz sur cet auteur

{* *}