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Critiques de Annie Ernaux (2624)
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L'événement

Une écriture froide, narrant les difficultés d’une jeune fille pourtant déjà âgée de 23 ans qui aurait dû prendre ses précautions avant de commettre un acte qui pouvait lui attirer des ennuis. A cette époque les jeunes filles savaient encore se tenir convenablement et résister à l’appel du sexe (quand elles n’étaient pas violées, mais c’était chose rare à l’époque), ou choisir les périodes dites « d’infertilité ».

Choisir de se faire charcuter sous prétexte d’encombrement social ou existentiel, alors que les trois mois sont déjà atteints et le petit être déjà presque formé, est une entreprise risquée et le fœtus souffre.

Froideur, détermination sans hésitation, aucun sentiment ni affection ni sensibilité ni pitié pour le petit être innocent, recours à des pratiques dangereuses et effroyables, tout cela valait-il vraiment le coup ? Un prof avec un enfant sans père, cela s’est déjà vu. Et même de nos jours cela se voit de plus en plus.

J’ai particulièrement détesté ce récit, qui fait passer ses envies et ses besoins avant la vie des embryons qui ressentent déjà des sensations, des douleurs et des satisfactions, n’en déplaise aux féministes exacerbées et pour « celles et ceux » qui croient que cette masse de chair est insensible et quantité négligeable.

Quant au film il est creux, morne, effrayant aussi, montrant les états d’âmes de filles tantôt immature, têtes en l’air, sans scrupules et sans cœur, préférant leur propre vie bien tranquille et irresponsable à celle des enfants qu’elles portent dans leur ventre.

Et c’est ainsi que la France perd ses enfants et qu’elle en est même fière.
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Les années

Les années.

Un roman écrit par Annie Ernaut, 256 pages des éditions Folio.

Cet ouvrage a obtenu plusieurs récompenses dont le prix Marguerite Duras et le strega Européen.mais aussi une reconnaissance internationale et une kyrielle d'adeptes et de disciples littéraires.



Ce récit est une autobiographie collective.

L'autrice se désigne a la troisième personne et excelle au point qu'il ne ressemble à aucun autre de ses ouvrages.

Avec une plume forte , précise et ingénieuse , Annie Ernaut décrit les évènements culturo politique depuis la fin de la dernière guerre mondiale jusqu'aux années deux milles..

Elle décrit parfois sa vie mais beaucoup plus dans un ordre global où on apprécie l'évolution du monde sur le plan culturel, économique et politique étalé sur une cinquantaine d'années de vécu.

Vraiment chapeau bas à l'autrice pour le choix méticuleux des plus importants événements sur l'échelle mondiale et le cheminement de ses idées pour aboutir finalement à façonner cette très belle autobiographie.



cette lecture interpelle tous ceux ou celles qui doutent de son génie,et de la valeur de sa plume...

je vous invite à lire ce roman qui est une réponse à tout les non dits..
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L'événement

Annie Ernaux, celle qui distille des parenthèses de sa vie afin de briser les tabous.



Je dois vous avouer quelque chose, j’ai commencé l’œuvre de cette autrice par l’une de ses dernières publications. Dans Le jeune homme, Annie Ernaux nous partage ses réflexions à la suite d’une relation avec un amant de trente ans de moins qu’elle. Et telle une réminiscence, son roman L’événement pointe alors le bous de son nez entre deux paragraphes. Comme un jeu de piste, je m’étais promis que le prochain livre que je m’offrirai d’elle, serait ce dernier.



L’événement nous parle de ce que c’est que d’avorter en France dans les années 60. Cet acte est interdit, puni par la loi et jugé socialement. Celle qui souhaite avorter, ainsi que toute personne, lier de près ou de loin à cet avortement risque beaucoup. C’est donc l’omerta.



Annie Ernaux le sait, mais ce qu’elle sait également, c’est que si elle mène sa grossesse à terme, c’est un tout autre futur qui l’attend, un futur non désiré. Coûte que coûte, et comme beaucoup d'autres femmes, elle ira jusqu’au bout de sa décision au risque d’y laisser sa vie.



Ce récit est empreint d’une violence insidieuse, on suit aussi les réflexions de l’autrice sur l’importance d’écrire ou non cet événement de sa vie et ça ne fait aucun doute que l’existence de ce texte est primordiale, le droit à l’avortement est sans cesse menacé dans le monde s’il n’est pas tout simplement interdit. Être condamné à la maternité sous prétexte que l’on porte un utérus capable d’y accueillir un embryon, c'est occulter le fait qu’il y a une personne reliée à cet utérus. Une personne qui a des envies simples, comme mener sa vie comme elle l’entend et de disposer de son corps comme bon lui semble.
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La Honte

Décidément, je n'aime pas Annie Ernaux d'autant moins que dans la même situation, j'ai réagi très différemment: je tenais plus à mes origines ouvrières qu'à celles de petite bourgeoisie: j'étais très fière lorsqu'un lointain cousin s'étonnait que malgré mes études, je reste proche des "prolos". En revanche, j'ai appris les codes grâce à ma grand-mère: femme de ménage dans un couple bourgeois très cultivé et très ouvert. Je n'ai souffert , sans honte, que de passer des mois à Paris sous les regards méprisants envers la petite provinciale.
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L'événement

À chaque nouvelle lecture d'un roman d'Annie Ernaux je me dis que le suivant ne pourra pas être meilleur, mais à chaque fois j'ai tords.



À l'heure où l'IVG vient d'entrer dans la Constitution française, lire ce livre m'a boulversé. Dans la société des années 60 où même le mot "avortement" n'est pas prononcé, Annie Ernaux peint une société où l'acte même est puni par la loi et où des milliers de femmes en meurt chaque années clandestinement. Transcendant quand on sait que cela ne fait qu'une cinquentaine d'année que les françaises peuvent être "libre" de leur corps.

Dans un monde où l'avortement est encore trop considéré comme un acte criminel, et où les femmes ne sont pas libre de l'utilisation de leur corps, cet écrit m'a marqué et me marquera probablement pour le restant de ma vie.



"Les filles comme moi gâchaient la journée des médecins. Sans argent et sans relations — sinon elles ne seraient pas venues échouer à l'aveuglette chez eux —, elles les obligeaient à se rappeler la loi qui pouvait les envoyer en prison et leur interdire d'exercer pour toujours."



"Les nouveau-nés pleuraient par intermit-tence. Il n'y avait pas de berceau dans ma chambre, mais j'avais mis bas moi aussi. Je ne me sentais pas différente des femmes de la salle voisine. Il me semblait même en savoir plus qu'elles en raison de cette absence.

Dans les toilettes de la cité universitaire, j'avais accouché d'une vie et d'une mort en même temps. Je me sentais, pour la première fois, prise dans une chaîne de femmes par où passaient les générations. C'était des jours gris d'hiver. Je flottais dans la lumière au milieu du monde."
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Maladie d'Alzheimer, vieillesse, mère.

"Je ne suis pas sortie de ma nuit": dernière phrase que sa maman a écrit. Sa mère est atteinte de la maladie d'Alzheimer, Annie Ernaux est obligé de la mettre en Ehpad; ce sont 3 années de prise de notes lors de ses visites à l'Ehpad.

Ce sont des phrases brutes, douloureuses sur ce que l'autrice voit, vit. Et les souvenirs...

C'est la déchéance, ce sont des faits terribles: une hygiène déplorable ( elle se fait pipi dessus, des excréments au sol), des cris , des couches, des odeurs. La culpabilité sans pouvoir agir et puis les mots qui ne seront jamais dits.

Un ouvrage fort, perturbant. Le début du deuil, la solitude.

Touchant.
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L'autre fille

L'autre fille ; Annie Ernaux découvre que ses parents ont eu une fille avant elle. Une autre fille décédée à l'âge de 6 ans.

Le plus choquant c'est qu'elle l'apprend par hasard : ses parents ne lui en ont jamais parlé et seront bien arrangés un jour de savoir qu'elle sait sans avoir à lui dire.



C'est un très court roman, lu en un soirée pour ma part. Mais sans plus : j'ai parfois l'impression que Annie Ernaux ressasse toujours le même sujet ça en deviendrait presque ennuyant.

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Passion simple

Nouvelle tentative de comprendre Annie Ernaux après la lecture d'une bonne critique qui précisait bien que le livre était court. Argument majeur

Une bonne bourgeoise, plus toute jeune, vit une aventure tumultueuse avec un homme cultivé et beau bien plus jeune

Je pensais que ce livre effectivement très court était un livre mineur

Or je constate qu'il a été beaucoup lu dans la communauté Babelio

Avec son style volontairement plat, elle raconte une histoire bien banale

Cette discordance entre l'intensité de la passion et la narration sans poésie m'a laissé pantois

La littérature regorge de textes magnifiques sur l'amour et la passion, que ce soit d'un homme pour une femme ou l' inverse

Chez Ernaux, tout est d'une banalité excessive, ce qu'elle assume

Si j'avais lu ce livre sans connaître l'auteur, j'aurais pensé à ces romances qu'on trouve dans les magazines féminins

Tous les clichés y passent : un homme fringant, intelligent, amant exceptionnel que Madame attend en achetant les plus belles tenues fort chères pour le retenir. Une vraie midinette friquée

Je sais:faut le lire au deuxième degré au moins

Madame est Prix Nobel tout de même

Je confirme donc:Madame Ernaux ne m'intéresse pas et je retourne à mes classiques pour retrouver un peu de poésie

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La Honte

Second roman de l'auteure que je lis et cela reste une belle impression. Certes, ce n'est pas un roman inoubliable ni extraordinaire, mais il se lit et bien et qui dresse un portrait d'une époque que l'on s'y croirait. Une ville de province dans les années 50, une terrible dispute parentale, le classicisme ambiant même dans les cours de l'école, les leçons moralisantes à tout va, le passage de l'enfance à l'adolescence. Bref, il y a tellement de choses dans un si court roman, mais c'est à chacun de les retrouver au cours de sa propre lecture. Je recommande !
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La Honte

1952, Normandie. Annie ERNAUX a 12 ans lorsque son père agresse sa mère sous le toit familial, sans aucun témoin extérieur. En 1996 c’est la première fois que l’autrice confie cette scène de ses souvenirs, hantant sa mémoire. « Il me semble avoir attendu pendant des mois, peut-être des années, le retour de la scène, certaine qu’elle se reproduirait ». À partir de ce fait divers, elle déroule son texte, hybride, comme un instantané de cette année-là (que Claude FRANÇOIS a chanté, mais pour 1962).



Un silence assourdissant a suivi la violence du père. La mère, chrétienne, a-t-elle pardonné malgré son esprit autoritaire et dominant ? Et l’Affaire Dominici qui fait son apparition dans les pages, pourquoi ? Car rien n’est gratuit ni anodin dans un texte de l’autrice. L’adulte Annie ERNAUX épluche les journaux de ses 12 ans, ceux de Paris-Normandie de 1952, pour retrouver des repères, des saveurs, parcourir comme à nouveau en direct les sensations, les odeurs et les bruits de cette année. Dans son style froid, expéditif, reconnaissable dans son extrême distanciation des faits, ERNAUX se remémore son enseignement catholique, autoritaire lui aussi, dans une école privée. Elle n’a alors aucun ami, gravite entre famille et établissement scolaire, en somme entre religion et religion.



Ce souvenir, entre parenthèses, comme un élément qui surgit presque accidentellement de la mémoire : « Je ne peux empêcher qu’en 1952 je croyais vivre en état de péché mortel depuis ma première communion, parce que j’avais, du bout de la langue, délité l’hostie qui s’était collée au palais, avant de parvenir à l’avaler. J’étais sûre d’avoir détruit et profané ce qui était alors pour moi le corps de Dieu. La religion était la forme de mon existence. Croire et l’obligation de croire ne se distinguaient pas ».



Le père, effacé, pas assez croyant, écrasé par l’image toute puissante de la mère. « Dépourvu des signes d’une véritable religion, donc du désir de s’élever, mon père ne fait pas la loi ». Et à côté, la découverte de la vie pour la fille Annie, le combat pour aller voir, aller imaginer un peu plus loin que les quatre murs de l’antre familial, eux qui renferme encore l’agression du père.



ERNAUX déploie son texte, comme toujours il démarre de manière intimiste et presque égoïste, pour aller rejoindre le global, l’histoire nationale comme internationale. Et cette honte qui ne cesse de s’inviter dans les pensées : « Le pire dans la honte, c’est qu’on croit être seul à la ressentir ».



Ce roman aurait pu s’appeler « Été 52 » mais il eut sonné trop « Durassien ». Il est une pierre imposante de l’œuvre de Annie ERNAUX, il est typique du style, du scénario de l’autrice, bref, percutant, avançant des images qui laissent un goût au palais. Car ce que ERNAUX raconte, c’est aussi un monde enfoui, enseveli, qui n’existera plus, et par ses mots elle parvient pourtant à nous y replonger l’espace d’une scène, forte, par ses décors ou ses portraits, ses photographies racontées. Elle nous fait revivre l’instant. Dans ses moindres détails, activant tous les sens. « La honte » est un réel pilier de l’œuvre de l’autrice, il est à lire lentement pour bien y enregistrer les moments gravés.



https://deslivresrances.blogspot.com/
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L'autre fille

Démonstration toute en finesse et humilité de brillance en un temps record, la technicienne du roman court et percutant signe à nouveau un petit chef-d'oeuvre. "L'autre fille" est juste et pudique, il ne quémande jamais les larmes mais émeut indiscutablement.
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Une Femme

La mère d'Annie Ernaux est morte le 7 avril 1987 à la maison de retraite de l'hôpital de Pontoise où elle avait dû être placée deux ans auparavant. Elle était atteinte de la maladie d'Alzheimer. Elle s'est endormie tout simplement après son petit déjeuner, vers 10 heures du matin. La veille l'autrice lui avait rendu sa visite quotidienne, lui apportant de jolies branches de forsythia pour égayer sa chambre, l'embrassant et lui disant à demain …

Ce livre très personnel s'ouvre sur un premier chapitre poignant ; Annie Ernaux évoque les heures qui ont suivi l'annonce du décès de la vieille dame, la porte de la chambre fermée, les entretiens avec le personnel hospitalier, les formalités administratives, puis les obsèques. le récit est précis, écrit avec beaucoup de sensibilité et de pudeur, plein de petits détails réalistes et touchants qui interpellent. Chaque mot a son importance. Annie Ernaux exprime sa douleur, son désarroi et son besoin immense d'écrire sur sa mère.

Ce "n'est pas une biographie, ni un roman naturellement, peut-être quelque chose entre la littérature, la sociologie et l'histoire". Mais c'est un bel hommage et un texte magnifique, puissant et très touchant.



Dans un style d'écriture simple, factuel, sans fioritures, l'autrice raconte sa mère, cette femme dynamique issue d'un milieu très modeste. D'abord ouvrière puis commerçante, gérant avec rigueur et courage une épicerie buvette à Yvetot. Son souhait le plus cher presque obsessionnel : s'élever dans la société, tenir son rang en apprenant incessamment, et donner à sa fille la meilleure éducation possible pour qu'elle, au moins, puisse s'en sortir et devienne quelqu'un !



L'autrice retrace le parcours maternel mais insiste aussi sur l'évolution et l'ambivalence des relations mère - fille faites d'incompréhension, d'agacements réciproques et de honte en particulier à l'adolescence, Puis viennent les années adultes, enfin la retraite et le déclin. Comment une femme aussi active et ouverte au monde peut-elle tomber dans la dépendance, perdre la mémoire jusqu'à ne plus savoir mettre le couvert ni reconnaitre les visages ? Une fin de vie douloureuse, une déchéance qu'Annie Ernaux décrit avec pudeur et tendresse.



"Je n'entendrai plus sa voix. C'est elle, et ses paroles, ses mains, ses gestes, sa manière de rire et de marcher qui unissaient la femme que je suis à l'enfant que j'ai été. J'ai perdu le dernier lien avec le monde dont je suis issue »



Tels sont les mots par lesquels Annie Ernaux conclut son écrit. Un hommage émouvant et puissant dont je conseille vivement la lecture.



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L'autre fille

Annie Ernaux nous livre dans ce texte une lettre écrite pour sa soeur.

Soeur qu'elle n'a jamais connue, décédée trop vite.

Décès caché par ses parents mais connu par les propos entendus de sa mère.

Soeur a ces dires plus gentille qu'elle, et c'est avec ça que l'on sent que l'autrice a vécu et ce qu'elle en a retenu.

J'ai trouvé ce texte dur, on perçoit une certaine animosité vis a vis de sa soeur, une rancoeur vis a vis de ses parents.

On ressent l'étouffement de cette vie subit.

Et ce qui a fait d'elle tout le contraire de sa soeur pour ne pas remplacer ni subir mais juste essayer d'exister.
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L'autre fille

Plus je lis Annie ERNAUX, et plus j'apprécie cette auteure.

Ses textes me touchent.



Dans L'Autre Fille, Annie Ernaux relate, par le biais d'une lettre rédigée en 2010, la manière dont elle découvert, à l'âge de 10 ans, l'existence d'une petite fille née avant elle, et décédée de la diphtérie à l'âge de 6 ans.

Une petite fille nommée Ginette dont ses parents ne lui ont jamais parlé; et au sujet de laquelle Annie ne leur a jamais posé aucune question; ni à eux, ni aux membres de la famille l'ayant connue et qui auraient pu lui apporter des réponses.



Un paragraphe, page 15, résume à la fois toute l'ambiguïté et les sentiments d'Annie Ernaux à l'égard de cette sœur inconnue :

"Mais tu n'es pas ma sœur, tu ne l'as jamais été. Nous n'avons pas joué, mangé, dormi ensemble. Je ne t'ai jamais touchée, embrassée. Je ne connais pas la couleur de tes yeux. Je ne t'ai jamais vue. Tu es sans corps, sans voix, juste une image plate sur quelques photos en noir et blanc. Je n'ai pas de mémoire de toi. Tu étais déjà morte depuis deux ans et demi quand je suis née. Tu es l'enfant du ciel, la petite fille invisible dont on ne parlait jamais, l'absente de toutes le conversations. Le secret."



La loi du silence, le secret.

Autre époque que celle où les parents pensaient qu' il suffisait de parler à voix basse pour que les enfants n'écoutent pas, n'entendent pas, ne comprennent pas.

Autres mœurs.



On retrouve dans ce court texte le style habituel d'Annie Ernaux : une écriture que je perçois comme chirurgicale et froide.

Les phrases sont courtes, le vocabulaire simple, et les mots choisis avec soin et précision. Tout cela donne corps à un texte poignant, percutant (même si je n'aime pas trop ce terme), qui ne peut pas laisser indifférent.

Les souvenirs sont omniprésents, et d'une grande précision. L'auteure les relate comme si les évènements s'étaient déroulés la veille.



Il y a également une mise à distance du sujet (pour laisser la souffrance en retrait ?).

On ressent tout le travail d'analyse réalisé par Annie pour lui permettre de trouver un positionnement par rapport à cet "avant".

On ressent également la colère face à une vie faite d'illusion ("J'avais vécu dans l'illusion. Je n'étais pas unique. Il y en avait une autre surgit du néant" - page 27), et une forme de négation de cette sœur ("Mais tu n'es pas ma sœur, tu ne l'as jamais été [...] Tu as toujours été morte. Tu es entrée morte dans ma vie l'été de mes 10 ans" - page 15).



Totalement cathartique.









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Les années

J'avais déjà lu du Ernaux, mais voilà que je la retrouve dans un style bien différent de ce que je lui connaissais.



Arrivée à un moment de sa vie où elle aimerait mettre par écrit des moments de vie, une biographie raconté comme si vous sortiez une à une des photos d'une boite et que vous racontiez cet épisode à votre petite fille.

Je n'étais pas certaine d'apprécier la forme au départ, je me demandais : est-ce que ça va être une énumération de faits divers épars pendant les 254 pages (du format poche)?



Mais heureusement les souvenirs s'allongent, comme si la narratrice prenait ses marques et trouvait son rythme. Nous avons droit à des scènes plus longues, qui bien que disparates, commencent à brosser le portrait de la vie d'une femme.



On voit des événements politiques, des événements culturels et des événements personnels.

On voit les avancés de la technologie, des électroménagers au moyens de communications.

On voit surtout les différentes étapes dans la vie d'une femme, la modifications de ses libertés et de ses possibilités dans une société qui évolue en faisant des pas en avant puis qui recule par moment.

On voit les modes vestimentaires se succéder, des genres musicaux apparaitre et parfois disparaitre, on voit des films culte qui marquent leur époque et on voit les titres des livres qui ont inspirés Ernaux et qui l'on profondément touchés.



Je n'ai pas saisi toutes les références (je suis d'un pays différent et d'une génération différente), je n'ai pas compris toutes les allusions, mais je me sentais privilégiée d'assister à ces instants volés à la mémoire de l'autrice.



Peut-être pas un livre grand public, mais un livre important, le témoin d'une vie qui a traversé des hauts et des bas et qui est rempli de petits instantanés si personnels et collectifs à la fois.

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L'autre fille

Lecture très très rapide, c’était plié en une heure

Je n’ai pas vraiment apprécié ce récit, peut être parce que je l’ai lu dans une gare bondée qui n’était pas propice à la concentration mais aussi et surtout parce que cette lettre écrite à la sœur décédée d’Annie Ernaux n’était pas vraiment mon style de livre.

Je ne l’ai pas trouvé particulièrement intéressant mais parce que je n’aime pas lire des passages de journaux intimes de personnes qui me sont inconnues.

J’ai trouvé que la manière dont le récit est mis en page le rend assez difficile à lire sans se demander si on est sur de devoir tourner la page, de savoir si on a vraiment lu ce que l’on vient de lire.

Malgré tout, le style d’Annie Ernaux est très plaisant et même si ce n’est probablement pas un livre que j’aurais acheté de mon propre chef (cadeau de Justine), sa lecture était tout de même agréable
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La femme gelée

J'ai lu de nombreuses critiques négatives sur le style d'Ernaux... pour ma part j'aime beaucoup sa façon d'écrire, c'est fluide, ça coule, ça se lit tout seul. Elle explique clairement et avec des mots simples ce qu'elle vit, ce qu'elle pense. En revanche à partir de la moitié du livre ce style devient ennuyeux car il n'y a pas de changement de rythme c'est un peu comme si un disque était fait de chansons clones, mêmes rythmes, mêmes structures, même genre de mélodies... on s'ennuie, ça n'avance pas. Le dernier quart du livre a été pour moi un chemin de croix car je voulais terminer mais ce n'était plus du tout le plaisir que j'avais ressenti au début de ma lecture.
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Le jeune homme

J'ai adoré d'autres récits d'Annie Ernaux et tout son questionnement autour de la mémoire, vraiment, mais éditer, imprimer et vendre 8 euros 26 pages qui sont loins de révolutionner la littérature ou de marquer ma mémoire justement, ça me laisse très perplexe... les avis cinq étoiles notent l'autrice je pense et non ce "livre". Lisez clairement autre chose d'elle si vous vous posez la question.
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La femme gelée

Certains auteurs impressionnent plus que d'autres, et quand en plus ils ont obtenu un Prix Nobel de littérature, et pour ma part, ça les "satellise" ! 😀



D'après moi, Annie Ernaux faisait partie de cette équipe d'auteurs probablement complexes à comprendre, pour ne pas dire... ennuyeux !



Erreur et... claque !



J'avais quand même, après avoir régulièrement vu son nom passer dans des émissions, décidé d'acheter cet ouvrage, 3€ en occasion chez Gibert... la fille qui ne prend aucun risque ! 😉



Bien m'en a pris. Lu quasiment d'une traite, j'ai été happée par ce morceau de sa vie. Je crois savoir que Annie Ernaux prend sa vie comme œuvre de fond pour ses livres.



Je ne me considère pas du tout comme une féministe, je ne revendique rien ou si peu, mais le déroulé de l'histoire pourrait me faire changer d'avis... j'ai légèrement vacillé... 😉



L'histoire :



Il s'agit de la prise de conscience, au fur et à mesure de la vie de son jeune couple, de l'enfermement dans une vie de femme au foyer, de la narratrice qui a comme souhait d'être professeure.



Et pourtant, chez elle, dans sa famille, fille unique entourée de l'amour de ses deux parents, ça avait commencé de façon très "moderne". Une mère commerçante bossant beaucoup et tard, dans une épicerie-bar, un père aidant à la maison, très naturellement, pas le temps pour faire le ménage ou le repassage, et tout le monde s'en accommodait !



Une mère qui ne faisait pas d'elle une "petite princesse", pas une chochotte, pas une précieuse.



Et puis il y a eu l'école, les amies différentes, les règles au sens propre comme au figuré, la découverte des garçons, puis LE garçon, celui avec lequel la narratrice se marie. Et en quelques phrases, on sent qu'elle bascule, elle est prisonnière, il est trop tard pour reculer.



Peur de la solitude, du qu'en-dira-t-on, de se faire traiter de lesbienne, de manquer de moyens, et puis souvent, pas le choix, tout simplement !



Même avec le recul des années, j'ai trouvé que l'autrice était impressionnante de justesse, l'histoire est implacable, la mécanique huilée.



Annie est né en 1940, on parcourt donc les années 50 et 60. Années glamourisées, de nos jours...retournez-y si ça vous chante, mais sans moi ! 😛



Avec ou sans enfants, comme moi, je sens bien que notre génération de cinquantenaires a encore beaucoup souffert des habitudes données, même inconsciemment, par nos parents, et aïeux.



La forme :



Annie Ernaux m'a fait penser à Colette. Une indépendance commune, aucune ne mâche ses mots, et leur vie de femme à définir comme elles, elles l'entendaient.



La langue d'Annie Ernaux est presque une langue orale, association de phrases qu'on croit sorties de son esprit sans les trier, rythme soutenu, pas de chapitres, peu de respiration.

Il faut même attendre quelques phrases pour comprendre qu'elle a changé de sujet, et comprendre lequel. Mais ça fonctionne !



Bon, ça y est, je suis piquée, au prochain Ernaux ! Vous m'en conseillez un ou même plusieurs ? 😉
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L'Occupation

Un court roman par une prix Nobel de Littérature, en 2022.

Ce livre date par contre du début des années 2000.

Cette femmes est obsédée par la nouvelle vie de son ancien compagnon, qu'elle a elle-même quitté, et surtout de la nouvelle femme qui partage sa vie.

On entre un peu dans sa tête, dans sa folie, mais il n'y a pas réellement d'explication, et ça ne mène pas bien loin au final.

Si ce thème vous plait, allez plutôt dévorer "Mon mari" (de Maud Ventura), qui est une réelle pépite sur le même thème.

Ici, j'ai été finalement quelque peu déçu et heureusement que ce livre est court et rapide à lire, c'est au moins son avantage (même si c'est minime par rapport au contenu et ressenti).

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