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Citations de Arturo Pérez-Reverte (1137)


Le pouvoir tente toujours de domestiquer ce qu'il ne peut contrôler .
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Il y a une formule bien espagnole à laquelle on recourt souvent dans nos collèges et nos institutions : « C’est un enfant d’une grande humilité », ce qui est évidemment considéré comme un éloge et qui, traduit en langage clair, veut dire : « Dieu soit loué , il a contracté la maladie éminemment espagnole de la soummision, de l’hypocrisie et du silence.
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Le maréchal Murat, pomponné comme pour un défilé, se dressa d'un coup de talons. Comme un sou neuf en uniforme de hussard et bien mis jusqu'à la braguette. Ses cheveux étaient frisés au rouleau et il arborait une boucle d'oreille dorée. On aurait dit un gitan habillé par madame Lulu pour jouer un prince enchanté dans une opérette italienne;
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L'art moderne n'est pas de la culture, il est seulement une mode pour snobs...il est un énorme mensonge, une fiction pour des privilégiés millionnaires et pour des imbéciles...C'est un commerce et une hypocrisie absolue.
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Arturo Pérez-Reverte
... la vie est une espèce de restaurant coûteux où l'on finit toujours par vous remettre l'addition, sans qu'il faille pour autant renier ce qu'on a savouré avec bonheur ou plaisir.

( Le Tableau du Maître flamand )
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-Que représente ce cercle pareil à un soleil, avec un... ?
Il s'interrompit parce qu'il n'était pas capable de définir le reste. Picasso fronça les sourcils, intrigué.
-Vous voulez parler de ça, en haut ? Que pensez-vous que ce soit ?
-Un poing tenant une carotte ?
Le peintre le regarda, stupéfait, le havane fumant entre les doigts, bouche ouverte. Il examina le tableau quelques instants, puis reporta son regard sur Falco.
-Vous voyez une carotte dans cette partie ébauchée au fusain ?
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C'est alors que Pedro le cordouan tira la guitare de son dos et, avec quelque peine car il lui manquait une corde, fit résonner les premiers accords d'une mélodie lente et nostalgique. Quelque chose à propos d'une femme qui attend, et d'un homme qui fait route vers la montagne. Ces quelques notes avaient retenti jadis sur les murailles du Kremlin. Elles résonnaient à présent, éteintes et tristes, dans l'air chaud de l'après-midi.
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Ces onze spectres rachitiques là, gencives rongées par le scorbut et les yeux rougis par la fièvre, étaient tout ce qu'il restait du second bataillon du 326e régiment d'Infanterie de Ligne, après avoir erré sur les champs de bataille de la moitié de l'Europe. Les héros de Sbodonovo.
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Un an et demi après l'incendie de Moscou, l'après-midi du dernier jour d'avril 1814, onze hommes et une vieille guitare franchirent la frontière entre la France et l'Espagne. Certains portaient un paquetage sur l'épaule et l'on pouvait encore distinguer sur leurs vêtements en lambeaux, les restes d'un uniforme français. Leurs pieds étaient enveloppés dans des bottes détruites et loqueteuses. Amaigris et à bout de force, ils cherchaient un lieu pour se réfugier ou pour mourir.
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C'est ainsi que débuta le chemin de croix : trois cent mille hommes allaient rester sur le chemin, une tragédie jalonnée de noms aux résonances barbares : Winkowo, Jaroslawetz, Wiasma, Krasnoe, Bérézina… Des colonnes entières de retardataires, des combats rapprochés, des hordes cosaques poignardant des spectres en retraite, bien trop abrutis par le froid, la faim et la souffrance pour opposer une quelconque résistance, vous pouvez donc aller directement vous faire voir, mon colonel, je n'avancerai pas un pas de plus, etcétéra. Des bataillons exterminés sans pitié, des villages en flammes, des animaux sacrifiés pour leur viande crue, des compagnies entières à bout de force qui s'allongeaient dans la neige pour ne plus jamais se relever. Et alors que nous franchissions à pied les fleuves gelés, enveloppés dans des guenilles arrachées aux morts, nous passions à côté d'homme assis, immobiles et rigides, couverts lentement de flocons de neige qui les transformaient en statues blanches, le hurlement des loups qui nous suivaient à l'arrière-garde, se repaissant des corps que nous laissions derrière. Vous imaginez la scène… ? Non, je ne crois pas que vous puissiez imaginer. Il faut l'avoir vécu pour se l'imaginer.
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Cette odeur de poudre, Les Cases, il n'y a rien qui sente pareil. L'odeur de la gloire.
– Et vous savez ce que j'en dis, les Cases. Que ça, ils ne me le prendront jamais.
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On s'est bien fait avoir en Espagne, Bertrand. J’ai commis l'erreur de leur donner l'unique chose qui eut pu leur rendre leur dignité et leur fierté : un ennemi contre lequel s'unir, une guerre sauvage, un prétexte pour exprimer leur indignation et leur rage. En Russie j'ai été vaincu par l'hiver, mais en Espagne ceux qui m'ont vaincu ce sont ces paysans petits et bruns qui nous crachaient au visage lorsque nous les fusillions. Ces fils de pute m'ont bien eu, je vous le dis. L'Espagne est un pays dont il faut se méfier.
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En cet instant précis, Ney, comme toujours débraillé et sans chapeau, l'uniforme en lambeaux et le visage couvert de poussière, se battait à l'arme blanche comme n'importe quel soldat après s'être fait massacrer ses quatre chevaux l'un après l'autre juste devant cette grange, qui était tenue par les russes sur cette rive. La grange de Vorosik s'était convertie en une boucherie mémorable, coups de sabres en veux-tu en voilà, baïonnettes dans tous les sens, les uns hurlants de furie et les autres de peur, le sang dégoulinant à flots, comme si entre les murs calcinés de cette enceinte de folie à l'état pur on eut égorgé un troupeau de cochons.
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Pourtant, la réponse était claire. En plein désastre sur le flanc droit de l'armée napoléonienne, à travers les champs de maïs battus par l'artillerie russe, en formation et à distance d'attaque, nous, les quatre cent cinquante espagnols du second bataillon du 326e d'Infanterie de Ligne, n'étions pas, il faut le dire en toute honnêteté, lancés dans un acte d'héroïsme. À ce stade du récit, il est inutile de se lancer des fleurs. La chose était bien plus simple encore : aucun blessé capable de marcher ne restait à la traîne et nous avancions en ligne droite vers les positions russes, tout simplement parce que nous étions en train de perpétrer une désertion en masse. (Profitant du bordel de la bataille, le Second du 326e, en ordre de marche, au son du tambour et étendard au vent, était tout simplement en train de passer à l'ennemi. Et pour faire ça, croyez-moi, il en fallait une bonne paire.)
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- Des espagnols, Sire.
La longue-vue tomba aux bottes de l'Illustre. Une paire de maréchaux de France se précipitèrent pour la ramasser, ce qui constituait bien une présence d'esprit admirable mais complètement stérile puisque le nain était trop ébaudi pour y prêter attention.
-Répétez-moi cela, Alaix.
Alaix sortit un mouchoir pour s'éponger le front. Des gouttes de sueur grosses comme des poings en dégoulinaient.
- Des espagnols, Sire. Le 326è bataillon d'Infanterie de Ligne. Vous vous souvenez ? Des volontaires. Ces types qui se sont enrôlés au Danemark.
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Il était là, debout sur la colline devant laquelle brûlait Sbodonovo. Il était là, petit et gris, vêtu de son habit de chasseur à cheval de la Garde, entouré d'emplumés, d'illuminés, d'oiseaux de proie et d'aides de camp, la longue-vue incrustée sous le sourcil et médisant dans sa barbe parce que la fumée l'empêchait de voir ce qu'il se passait sur le flanc droit. Il était là, comme sur les gravures enluminées, tranquille et froid comme la mère qui l'avait enfanté, à donner des ordres sans se retourner, calmement, le chapeau bien enfoncé, tandis que les maréchaux, les secrétaires, les flatteurs et les courtisans s'inclinaient respectueusement autour de lui. Oui, Sire. En effet, Sire. Bien entendu, Sire.
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Souvent, sur un échiquier, ce ne sont pas deux écoles d'échecs qui s'opposent dans la bataille, mais deux philosophies... deux manières de concevoir le monde.
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- Vous êtes, me dit-il, l’amant de Liana Taillefer.

- Oui, lui répondis-je en oubliant non sans mal le bon Porthos. Une femme splendide, n'est-ce pas ? Avec ses obsessions particulières... Belle et loyale comme la Milady de I’histoire. C'est curieux. En littérature, il existe des personnages de fiction doués d'une identité propre, connus de millions de personnes qui n'ont pas lu les livres où ils apparaissent. L'Angleterre en a trois : Sherlock Holmes, Roméo et Robinson. En Espagne, deux : don Quichotte et don Juan. En France : d'Artagnan. Mais moi, voyez-vous...

- Cessez donc une bonne fois de divaguer, Balkan.

- Je ne divague pas le moins du monde. J'allais ajouter à d'Artagnan le nom de Milady.
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- On n’est jamais seul avec un livre à portée de la main, vous ne croyez pas ?... lui dis-je pour meubler le silence. Chaque page nous rappelle un jour passé, nous fait revivre les émotions dont elle était remplie. Heures heureuses marquées à la craie, heures sombres au charbon... Où étais-je alors ? Quel prince me dit que j'étais son ami, quel mendiant son frère... ?

- j'hésitai un instant, cherchant des termes nouveaux pour parfaire ma rhétorique. ?

- Quel fils de pute votre ami de cœur ? suggéra Corso.

Je le regardai d'air réprobateur. Ce trouble-fête s'achamait à ternir la noblesse que j'entendais donner à notre affaire.
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Je remis Les Trois Mousquetaires sur leur rayon. Dumas était en bonne compagnie : entre Les Pardaillan de Zévaco et Le Chevalier au pourpoint jaune de Lucus de René. Comme ce qui faisait défaut n'était certainement pas le temps, j'ouvris ce dernier ouvrage à la première page et me mis à lire à haute voix :

Alors que les douze coups de minuit sonnaient à Saint-Germain-l'Auxerrois, trois chevaliers dissimulés sous leurs capes descendaient la rue des Bourdonnais, apparemment aussi sûrs d'eux que du trot de leurs chevaux...

Les premières lignes, dis-je. Toujours ces extraordinaires premières lignes... Vous vous souvenez de notre dialogue à propos de Scaramouche : « II naquit avec le don du rire... » ? Il y a des premières phrases qui parfois marquent toute une vie, vous ne croyez pas ?... « Je chante les armes et le héros... », par exemple. Vous n'avez jamais joué à ce jeu avec un ami ?... « Un simple jeune homme se rendait au plein de l'été... », ou cette autre encore : « Longtemps je me suis couché de bonne heure... » Et bien sûr «Le 15 mai 1796, le général Bonaparte fit son entrée dans Milan... »
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