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Citations de Arturo Pérez-Reverte (1137)


Je suis persuadée que la destruction ou la perte d'un monument, d'un tableau, d'un livre ancien, nous rend chaque fois un peu plus orphelins, nous appauvrit.
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- Vous l'avez bien dit : c'était (Dumas) un menteur !
- Oui, dus-je admettre en me rasseyant. Mais de génie. Alors que d'autres se seraient bornés à plagier, il a construit un monde romanesque qui tient toujours debout... "L'homme ne vole pas, il conquiert", disait-il ; "il fait de la province qu'il prend une annexe de son empire : il lui impose ses lois, il la peuple de ses sujets, il étend son sceptre d'or sur elle..." La création littéraire serait - elle autre chose ? ... Dans son cas, le filon qu'il exploite est celui de l'histoire de France. La formule était extraordinaire : respecter le cadre et altérer le tableau, piller sans vergogne le trésor qui s'offrait à lui... Dumas transforme les personnages principaux en secondaires, ceux qui furent d'humbles cadets deviennent protagonistes, et il aligne des pages et des pages sur des incidents qui dans la chronique réelle occupent deux lignes... Le pacte d'amitié conclu entre d'Artagnan et ses compagnons n'a jamais existé, notamment parce que certains d'entre eux n'eurent pas l'occasion de se connaître... De même, il n'y a jamais eu de comte de la Fère, ou bien il y en eut beaucoup, mais aucun d'eux ne s'appela Athos. En revanche, Athos a bel et bien existé ; il s'appelait Armand de Sillègue, seigneur d'Athos, et il est mort d'une estocade lors d'un duel, avant que d'Artagnan n'entre chez les mousquetaires du roi... Aramis était Henri de Aramitz, écuyer, abbé laïque de la sénéchaussée d'Oloron, enrôlé en 1640 dans les mousquetaires que commandait son oncle. Il finit ses jours sur ses terres, entouré de sa femme et de ses quatre enfants. Quant à Porthos...
- Ne me dites pas qu'il y a eu aussi un Porthos.
- Mais si. Il s'appelait Isaac de Portau et il a dû connaître Aramis, ou Aramitz, puisqu'il est entré chez les mousquetaires trois ans après lui, en 1643. Selon la chronique, il est mort prématurément, d'une maladie, d'une blessure de guerre, ou lors d'un duel, comme Athos.
(...)
- Dans un instant, vous allez me dire que Milady aussi a existé...
- Exactement. Mais elle ne s'appelait pas Anne de Breuil et elle n'était pas non plus duchesse de Winter. Pas plus qu'elle ne portait une fleur de lys marquée à l'épaule. Mais elle était effectivement agent de Richelieu. Il s'agissait de la comtesse Carlisle et, de fait, elle vola deux ferrets de diamants au duc de Buckingham lors d'un bal... Ne faites pas cette tête. La Rochefoucauld le raconte dans ses mémoires. Et la Rochefoucauld était un homme tout à fait sérieux.
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La vague inquiétude que Corso ressentait depuis sa visite à la veuve Taillefer laissait maintenant entrevoir des contours, des visages, une atmosphère et des personnages à la limite de la réalité et de la fiction, reliés entre eux par des liens étranges et encore confus. Dumas et un livre du XVIIème siècle, le diable et Les Trois Mousquetaires, Milady et les bûchers de l’Inquisition… Mais tout cela était plus absurde que concret, tenait plus de l’imagination du romancier que de la réalité.
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C'était donc ça, ai-je conclu. Trente secondes sur Tokyo. L'excitation intellectuelle, la tension physique, le défi lancé à sa propre sécurité, la peur maîtrisée par la volonté, le contrôle des sensations et des émotions, l'immense euphorie de se mouvoir en pleine nuit, en plein danger, en transgressant l'ordre établi ou prétendu tel.
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En bonne logique, quand nous éliminons tout ce qui est impossible, ce qui reste doit nécessairement être vrai, même si la solution paraît improbable ou difficile...
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- Les mathématiques ont à voir avec tout.
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Ruy Diaz chevauchait devant, comme toujours, écu pendant sur son dos, lance assujettie à l'étrier droit et à l'arçon de la selle, avec de l'autre coté l'épée et son fourreau en cuir. Se conformant à ses propres ordres, il avait mis son haubert, la capuche de mailles sous le heaume protégeait son cou et sa nuque, incommodité à laquelle, comme ses hommes, il était habitué. L'obscurité pouvait réserver des surprises désagréables. Si pour quelque raison les Maures décidaient de faire route au lieu de camper, rien n'excluait que la compagnie pût se trouver nez à nez avec eux au milieu de la nuit.
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Madame, dit-il sereinement, avec une courtoisie glaciale. Le prix de cette botte qui vous intéresse tant correspond exactement à la valeur que je lui attribue, pas un centime de plus. D’autre part, moi seul décide à qui il convient de l’enseigner, et ce droit je pense continuer à le conserver avec la plus grande jalousie. Il ne m’est jamais venu à l’esprit de spéculer avec vous, et je me trouve encore moins enclin à discuter ce prix comme un vulgaire marchand. Bonsoir.
Il reprit chapeau, gants et canne des mains de la soubrette, et descendit les escaliers d’un air taciturne. Du deuxième étage lui parvenaient les notes de la Polonaise de Chopin, arrachées au piano par des mains qui frappaient le clavier avec une furieuse détermination.
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- L’escrime est comme la communion, l’admonesta-t-il avec un sourire. Il faut s’y rendre dans une convenable disposition de corps et d’esprit. Contrevenir à cette loi suprême implique le châtiment.
- Diable, maître, il faut que je note ceci.
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- Ne t’avise pas de faire de moi un personnage de ton prochain roman.
- C’est hors de question, répondis-je. Ne t’inquiète pas.
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Est fascinant l’exercice qui, à mi-chemin entre littérature et vécu, consiste à visiter les endroits que l’on a découverts dans les livres et à projeter sur eux, en les enrichissant de réminiscences et de lecture, des aventures réelles ou imaginaires, des personnages historiques ou de fiction qui les ont jadis hantés.
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Le théâtre, reprend l’Amiral, est un moyen éducatif de premier ordre. Mais on devrait chez nous le réformer de sorte à le purger de ses malséances, de toutes ces jouvencelles fugueuses, ces fanfaronnades, ces crimes, ces insolences de cabotins et ces domestiques qui se font gloire de leurs scélératesses d’entremetteurs…
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C'est ce qu'avait dit Mutaman avant de sourire et, en fait tout se résumait à cela: vaincre en toute circonstance, parce que pour le chevalier, être défait signifiait être anéanti. Pour lui et ses hommes, compagnie dont l'enseigne était à gages, sans terre et sans souverain prêts à les accueillir, il n'y avait plus d'autre issie que de continuer à aller de l'avant, sans défaillance ni retraite possibles, comme il en avait été de ces Grecs au service d'un roi perse, dont on lui avait raconté l'histoire quand il était enfant. Pour survivre en attendant qu'arrive un jour de Castille le pardon du roi Alphonse, une unique voie s'offrait à lui: passer par les champs de bataille à venir. Prendre des butins sur l'ennemi, tuer pour ne pas mourir. S'il ne mourait pas en tuant.
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Arturo Pérez-Reverte
Quand un livre brûle, quand un livre est détruit, quand un livre meurt, c'est une part de nous-mêmes qui est irrémédiablement mutilée. Quand un livre brûle, toutes les vies qui l'ont rendu possible meurent aussi, toutes les vies contenues en lui et toutes les vies auxquelles ce livre aurait pu, dans le futur, apporter de la chaleur et du savoir, de l'intelligence, du plaisir et de l'espoir. Détruire un livre c'est, littéralement, assassiner l'âme de l'homme.
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Tendu, concentré sur moi-même, je respirais profondément et lentement, museau appuyé sur les pattes de devant pour les empêcher de trembler. Parce que le pire de tout, dans l'Abattoir* comme dans la vie, ce n'est pas le lutte. C'est l'attente.


* Lieu de combat de chiens.
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C'était un regard exercé au combat, pour lequel il était fait. Le regard d'aigle d'un meneur-né. Quand cet hidalgo de Castille regardait autour de lui, il ne voyait pas la même chose que les autres. Ses yeux étaient la guerre.
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- Vous avez dû avoir, dit-elle soudain, une vie hors du commun.
Le peintre de batailles sourit de nouveau, cette fois pour lui même. Et voilà : la vision des Ivo Markovic et des Faulques, les rétines impressionnées de longue date, n'avaient aucune valeur pour un regard extérieur. C'était ainsi que ceux qui n'avaient jamais été dans cette fresque la verrait. Ou plutôt - rectifia-t-il en regardant les tours de béton et de verre à moitié peintes sur le mur -, ceux qui croyait à tort de na pas être dedans.
- Pas plus hors du commun que la vôtre ou celle de n'importe qui d'autre.
Elle médita sa réponse, surprise, hocha la tête. Elle semblait refuser une proposition intolérable.
- Je n'ai jamais vu ça.
- Que vous ne l'ayez pas vu ne veut pas dire que ça n'existe pas. (p.238)
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Couché sur le dos, mains derrière la nuque, yeux fermés, il se rappelait leur premier baiser. Pour le lui donner, il était monté sur son balcon en se tenant aux plantes grimpantes, avec la hardiesse de tout jeune homme en pleine vigueur. Et ce baiser avait été unique. Le suivant avait longtemps tardé à venir. Entre-temps s’était dressée entre eux l’opposition du père, le comte Lozano, fier descendant des rois d’Oviedo ; puis l’offense faite au père de Ruy Díaz, le vieux Diego Laínez, quand celui-ci était allé demander la main de Jimena pour son fils : le soufflet donné dans la chaleur de la dispute, ineffaçable et irréparable. Et enfin le défi lancé par Ruy Díaz au père de son aimée, le combat du comte asturien et de l’hidalgo de Vivar, lance contre lance, selon les règles de l’honneur. La charge, le choc, le comte Lozano tombé sur l’herbe, désorienté par le coup, levant une main devant son heaume pour protéger son visage, cette même main qui avait offensé tout Vivar en humiliant les ans chenus du vieil hidalgo. Et Ruy Díaz, maintenant pied à terre, s’avançant l’épée au poing pour la couper d’un coup. Le jour même, il la mettait dans une escarcelle, la présentait à son père, puis au roi.
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Pavel Kovalenko, le conseiller soviétique de la République qui dirigeait le Bureau des opérations spéciales du NKVD en Espagne, avait une réputation d’implacable criminel. On disait de lui, pas vraiment en manière de plaisanterie, qu’il avait fait parmi les républicains plus de victimes à l’arrière que les fascistes n’en comptaient à leur actif sur le front.
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- Tu devrais faire une prière, je crois.
- J’en ai… fait une.
- Bonne idée.
Ruy Díaz posa une main devant le visage du jeune homme pour protéger ses yeux des gouttes de pluie.
- Je le raconterai chez nous, mon garçon. Que tu es mort dignement.
Le regard de Téllez se troublait, s’éteignait doucement.
- J’ai fait ce que j’ai pu, Sidi, murmura-t-il.
Il dit encore autre chose, mais on ne put l’entendre parce que la pluie redoubla alors et que sa rumeur éteignit ses dernières paroles.
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