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Citations de Bernard-Marie Koltès (195)


Moi, j'ai fait des études, j'ai été un bon élève. On ne revient pas en arrière quand on a pris l'habitude d'être un bon élève.
...
Les couloirs de mon université sont silencieux et traversés par des ombres dont on n'entend même pas les pas.
...
J'y serai, invisible parmi le invisibles, silencieux et attentif dans l'épais brouillard de la vie ordinaire.
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Pour en revenir à mon personnage, la question est de savoir s’il a d’autres moyens que celui-là d’avoir un rapport d’amour avec les autres ; pendant toute la durée du texte, précisément, il explique pourquoi tous les autres moyens lui ont été ôtés ; il y a un degré de misère (sociale ou morale, ou tout ce que tu veux) où le langage ne sert plus à rien, où la faculté de s’expliquer par les mots (qui est un luxe donné aux riches par l’éducation, et voilà le fond de la question) n’existe plus. Or, (crois-moi sur parole) il y a parfois un degré de connaissance, de tendresse, d’amour, de compréhension, de solidarité, etc. qui est atteint en une nuit, entre deux inconnus, supérieur à celui que parfois deux êtres en une vie ne peuvent atteindre ; ce mystère là mérite bien qu’on ne méprise aucun moyen d’expression dont on est témoin, mais que l’on passe au contraire son temps à tenter de les comprendre tous, pour ne pas risquer de passer à côté de choses essentielles. »
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Car des désirs, j'en avais, ils sont tombés autour de nous, on les a piétinés ; des grands, des petits, des compliqués, des faciles, il vous aurait suffi de vous baisser pour en ramasser par poignées ; mais vous les avez laissés rouler vers le caniveau, parce que même les petits, même les faciles, vous n'avez de quoi les satisfaire.
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UN HOMME - Et vous, madame ? Comment vous sentez-vous ?
LA DAME - Ca va, merci, ça va. Mais je me sentirais tellement mieux si vous fermiez vos gueules et que vous retourniez dans vos cuisines et que vous partiez torcher vos mômes.
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C'est une rude tâche d'être transparent ; c'est un métier ; c'est un ancien, très ancien rêve d'être invisible.
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« Tu tournais le coin de la rue lorsque je t’ai vu, il pleut, cela ne met pas à son avantage quand il pleut sur les cheveux et les fringues, mais quand même j’ai osé, et maintenant qu’on est là, que je ne veux pas me regarder, il faudrait que je me sèche, retourner là en- bas me remettre en état, les cheveux tout au moins pour ne pas être malade – mais en bas sont les cons, qui stationnent, il faudrait être ailleurs, personne autour de soi, plus cette question d’argent et cette saloperie de pluie, à l’aise, qu’on n’ait plus à bouger, tout son temps devant soi, avec l’ombre des arbres, mais le travail est ailleurs, c’est toujours ailleurs qu’il faut aller le chercher – pas le temps de s’expliquer, pas le temps de planer, pas le temps de se coucher dans l’herbe, le travail est là-bas, et encore là-bas, plus loin et encore plus loin, pas question de parler, pas question de dormir, pas question de planer, si tu veux travailler, déménage : c’est toujours, toujours le désert, mais qu’on s’arrête un bon coup et qu’on dise : allez vous faire foutre, je ne bougerai plus et vous allez m’entendre : AILLEURS, TOUT EST PAREIL !, je voudrais être comme n’importe quoi qui n’est pas un arbre, caché dans une forêt au Nicaragua, comme la moindre colombe qui voudrait s’envoler au-dessus des feuilles, avec tout autour des rangées de soldats avec leurs mitraillettes, qui le visent, et guettent son mouvement, oui, toute ma vie je voudrais me balader, courir de temps en temps, m’arrêter sur un banc, marcher lentement ou plus vite, sans jamais parler – si j’avais pu imaginer, je l’aurais inventer comme cela, telle que je la voyais quand je l’ai abordée : petite, pas solide, toute blonde avec des reflets et des boucles, pas trop de boucles et pas trop blonde, juste ce qu’il fallait pour y croire, et que ce ne soit pas possible de ne pas courir derrière : tu n’as pas du feu, s’il te plait, camarade, pardon, des yeux qui regardent comme on peut seulement l’inventer, et que cela brille exactement comme je l’aurais inventé, pour planer, un soir où c’est désert et où rien ne se passe – mais il y a d’autres soirs, malgré la pluie, malgré cette saleté de lumière et la nuit qui encombrent tout, où il traine des filles, non pas une par hasard, mais plusieurs l’une après l’autre, de plus en plus belles, mais pas belles comme tu crois, belles comme c’est pas possible, à vous rendre cinglé, d’heure en heure des filles plus impossibles, on ne sait pas quand ça va s’arrêter, cela monte, on se met à planer, on n’imagine plus rien, et quand on a fini de croire que cela peut être mieux, qu’on peut devenir encore plus cinglé à les regarder, il en débarque une comme celle-là, où il faut tout lâcher pour courir derrière, obligatoirement, oubliant que la pluie et le manque d’argent vous ôtent des moyens, mais celle-là, on est obligé de courir l’aborder, avec ses cheveux, ses yeux par en dessous, son air pas solide et pas trop de boucles : camarade, camarade !,alors c’est justement là : camarade,camarade !, là qu’ils nous attendent, c’est par là qu’ils nous prennent, là qu’on va se faire avoir comme le dernier des cons, alors, la principale idée, c’est s’empêcher de bander, pour toujours et partout, s’empêcher de bander et de jouir, se tenir à tout prix, car c’est là qu’ils nous guettent et qu’ils nous baiseraient, de toutes nos forces possibles et par tous les moyens, il faut se l’attacher, se priver même de cela, pour être bien certain de pas se faire niquer !, nous autres, camarade, il faut se priver de tout et se l’attacher solidement, et ce sera aux rats de jouir, camarade, et moi, l’exécuteur, ce sera mon heure à moi de cogner – alors, tout d’un coup, moi, j’en ai ma claque, cette fois ça y est, je ne me retiens plus, j’en ai ma claque, moi, de tout ce monde-là, de chacun avec sa petite histoire dans son petit coin, de leurs gueules à tous, j’en ai ma claque de tous, et j’ai envie de cogner, et moi, je vais cogner, j’ai envie de taper, mec, jusqu’à ce que tout finisse, jusqu’à ce que tout s’arrête, et alors, tout d’un coup, tout s’arrête pour de bon : o.k, je me lève, je cavale à travers les couloirs, je saute les escaliers, je sors du souterrain, et dehors je cours, je rêve de bière, je cours, de bière, de bière, je me dis : quel bordel, les airs d’opéra, la terre froide, les putes et les cimetières, et je cours, je ne me sens plus, je cherche quelque chose qui soit comme de l’herbe, les colombes s’envolent au-dessus de la forêt et les soldats les tirent, je cours, je cours, je cours, camarade, je te trouve et je te tiens le bras, j’ai tant envie d’une chambre et je suis tout mouillé, camarade, camarade, j’ai cherché comme un ange au milieu de ce bordel, et tu es là, ne dis rien, ne bouge pas, je t’aime, je te regarde et le reste, de la bière, de la bière, quel bordel, camarade, et puis toujours la pluie, la pluie, la pluie, la pluie. »
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MAAME QEULEU. - Je ne sais pas, ma pauvre Marthe, je ne sais pas si le ciel existe.
MARTHE. - Que dis-tu ?
MAAME QEULEU. - S'il existait, on en aurait bien un écho, ici, une petite impression, l'ombre du ciel sur la terre, des bouts, un petit reflet. Mais il n'y a rien, que des bouts de l'enfer. (p.41)
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Charles : Je me fous de la malédiction de ma mère.
Rodolphe : Tu as raison. Les femmes maudissent le matin et bénissent tout d'un coup pendant la nuit, et quand le matin elles se lèvent, elles remaudissent, et bénissent encore une fois à midi, c'est comme un vent qui souffle dans un sens et dans l'autre et laisse les arbres tout droits. Mais ma malédiction à moi, elle est comme une poignée de sel que je jetterai dans le thé, et rien ne pourra plus rendre le thé buvable.
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Il faudrait interdire les rencontres. Il faudrait extirper la curiosité de la tête des gens. Il faudrait se haïr vraiment, mais non pas comme un homme normal hait une femme, en vivant à côté, dans les formes, non pas comme un pauvre type hait un homme du monde, mais comme la peau hait le vitriol.
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De l'autre côté, là-bas, c'est le haut ; ici, c'est le bas ; ici même, on est le bas du bas, on ne peut pas aller plus bas, et il n'y a pas beaucoup d'espoir de monter un peu. Le plus haut qu'on montera, de toute façon, on ne sera jamais rien d'autre que le haut du bas. C'est pour cela que je préfère changer de côté, moricaud, je préfère aller là-bas ; je préfère être, là-bas, le bas du haut qu'ici, le haut du bas. Cherche pas à comprendre.
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Est-ce que Koltès se penche sur la question de la mort ?
Pas du tout. Je trouve que c’est terriblement banal.
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Ma mère m’a toujours dit qu’il était sot de refuser un parapluie lorsqu’on sait qu’il va pleuvoir.
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La première fois que je suis allée au théâtre, c’était très tard, j’avais vingt-deux ans. J’ai vu une pièce qui m’a beaucoup ému, une pièce que j’ai oubliée mais avec une grande actrice, Maria Casarès. Elle m’avait beaucoup impressionnée, et tout de suite je me suis mis à écrire.

(entretien avec Jean-Pierre Han)
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"J'allais de cette fenêtre éclairée, derrière moi, là-haut, à cette autre fenêtre éclairée, là-bas devant moi, selon une ligne bien droite qui passe à travers vous parce que vous vous y êtes délibérément placé."
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D'habitude lorsque je me sens ainsi, avec le goût de pleurer ou de mourir, je cherche la raison de cet état. Je fais le tour de tout ce qui est arrivé dans la journée, dans la nuit et la veille. Et je finis toujours par trouver un événement sans importance qui, sur le coup, ne m'a pas fait d'effet, mais qui, comme une petite saloperie de microbe, s'est logé dans mon cœur et me tord dans tous les sens. Alors quand j'ai repéré quel est l'événement sans importance qui me fait tant souffrir, j'en rigole, le microbe est écrasé comme un pou par un ongle, et tout va bien. Mais aujourd'hui j'ai cherché ; je suis remonté jusqu'à trois jours en arrière, une fois dans un sens et une fois dans l'autre, et me voilà revenu maintenant, sans savoir d'où vient le mal, toujours aussi triste et le cœur aussi lourd.
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Autrefois je regardais le ciel, fixement ; je lançais mon regard, le plus loin possible, plus loin, et encore plus loin dans le ciel, jusqu'à en avoir peur, jusqu'à me sentir me vider et mourir, et seules les larmes arrachaient mon regard à la profondeur du ciel et m'empêchaient de me vider tout à fait.
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Regardez tous ces fous. Regardez comme ils ont l'air méchant. Ce sont des tueurs. Je n'ai jamais vu autant de tueurs en même temps. Au moindre signal dans leur tête, ils se mettraient à se tuer entre eux. Je me demande pourquoi le signal ne se déclenche pas, là, maintenant dans leur tête. [...] Ils ont envie de tuer, ça se voit à leur démarche; je vois leurs poings serrés dans leurs poches. Moi je reconnais un tueur au premier coup d'oeil; ils ont les habits plein de sang. [...] Et s'il y en a un qui commence tout le monde ici va tuer tout le monde.
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MATHILDE - Eh bien, oui, je te défie, Adrien; et avec toi ton fils, et ce qui te sert de femme. Je vous défie, vous tous, dans cette maison, et je défie le jardin qui l'entoure et l'arbre sous lequel ma fille se damne, et le mur qui entoure le jardin. Je vous défie, l'air que vous respirez, la pluie qui tombe sur vos tètes, la terre sur laquelle vous marchez ; je défie cette ville, chacune de ses rues et chacune de ses maisons, je défie le fleuve qui la traverse, le canal et les péniches sur le canal, je défie le ciel qui est au-dessus de vos tètes, les oiseaux dans le ciel, les morts dans la terre, les morts mélangés à la terre et les enfants dans le ventre de leurs mères. Et, si je le fais, c'est parce que je sais que je suis plus solide que vous tous, Adrien.
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Je crois que c'est seulement après beaucoup de vies d'homme, ridicules et bornées, brutales et braillardes comme sont les vies des hommes, que peut naître une femme. Et seulement, oui seulement après beaucoup de vies de femmes, beaucoup d'aventures inutiles, beaucoup de rêves irréalisés, beaucoup de petites morts, alors seulement, alors peut naître un nègre, dans le sang duquel coulent plus de vies et plus de morts, plus de brutalités et d'échecs, plus de larmes que dans aucun autre sang.
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Si vous marchez dehors, à cette heure et en ce lieu, c'est que vous désirez quelque chose que vous n'avez pas, et cette chose, moi, je peux vous la fournir...
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