Charly Reinhardt

Pour quoi en plus ? Rajouter le cul à l’équation ? OK, c’est tentant, surtout vu la nuit explosive qu’ils ont partagée quelques mois plus tôt. Mais est-ce un passage obligé pour être avec quelqu’un ? Parce que s’il y réfléchit, Bruno a déjà une relation avec Thibault. Ils ne se définissent certes pas comme un couple, mais ils partagent tellement. Qu’est-ce que ça leur donnerait de plus de se grimper dessus ? La certitude de s’appartenir ? Bruno commence même à en douter. Ce besoin de possession, d’exclusivité qui définit le couple pour la plupart des gens, ne serait-ce pas juste un vieux reste d’instinct ? Un truc animal, comme le clébard de son voisin qui pisse sur tous les poteaux du quartier pour marquer son territoire ?

Il faut dire que mes deux amis, bien que correctement emmitouflés, ne possèdent pas le même genre de manteau de fourrure que moi. Siam finit donc par quitter le banc en geignant qu’il a les fesses congelées, ce qui lui vaut un coup d’œil intéressé de la part de Caleb. Et je suis absolument sûr que ce petit malin l’a fait exprès. Parce que bon, je ne suis pas aveugle pour le coup, et je note bien que Caleb peine soudain à déglutir alors qu’il fixe l’arrière - train de Siam avec une certaine insistance.

Qu’importe le vin pourvu qu’on ait l’ivresse. Qu’importe le coupable pourvu qu’on ait la vengeance.

je jurai silencieusement à Raf de venger sa mort. Tout comme je me promis que cette larme serait la dernière. Je n’avais déposé ni fleur ni pelletée de terre sur son corps froid. Je n’avais que cette gouttelette amère à lui offrir.

— Ces réactions que tu provoques en moi, continua de murmurer Linc. Cette envie de t’avoir à moi seul, de repousser tous les autres loin de toi, je ne l’avais encore jamais ressentie. Même avant… C’est…

Il secoua la tête.

— Je ne sais pas quoi en faire, bordel.

La voix désincarnée de Marylin avait une manière de lui courir sur les octets qui ne manquait jamais de l’électriser. Cette satanée IA avait réveillé en lui toutes les terminaisons nerveuses qui n’existaient plus. C’était à la fois déstabilisant, agaçant et… terriblement vivifiant.

« En voilà une autre histoire. Celle du quotidien. Une histoire d’amour comme tant d’autres, qui n’a besoin ni de lutins, ni de licornes pour être magique. Parce que les gens ordinaires s’aiment aussi. »

— Tu te rends compte, cocotte, que vous en êtes au stade où vous demandez à un homo de vous donner des conseils pour vous envoyer en l’air ? T’as conscience que j’ai jamais expérimenté en direct, hein ?

— Alors, je ne suis pas experte en la matière, loin de là, mais tu ne vas pas me faire croire que… l’idée générale soit très différente suivant que tu… couches avec un homme ou une femme ?

-Bruno ?
-Quoi ?
-Ramène moi à la maison. J'ai besoin que tu me fasses ces trucs qui me donnent envie d'acheter des croissants...

« — Je… (Elle fronce les sourcils). Je ne me souviens pas bien. Ma boutique ? Quelle boutique ? Et toi, qui es-tu ?
Oh oh…
Shana écarquille les yeux en comprenant qu’Ambre n’est pas en train de lui jouer un de ses tours de fée. Elle n’a réellement aucun souvenir de ce qu’il vient de se produire. Aucun souvenir de Shana ? Bizarrement, à cette idée, la poitrine de l’elfe se contracte. Tant de gens l’ont déjà rayée de leur vie sans sourciller, faut-il que sa voisine le fasse également ?
— Oh non, s’empresse de papillonner Ambre. Ne sois pas triste ! On se connaît, n’est-ce pas ? ajoute-t-elle en fouillant sa mémoire. J’en suis certaine, parce que quand je te vois, il y a ce petit truc au bout de mes ailes, comme… Oh ! Est-ce que, par hasard, toi et moi, on serait…
Elle ne termine pas sa phrase, se contentant d’arquer un sourcil bleu pâle, le parfait ornement pour ce sourire à mi-chemin entre la tendresse et l’innocence. C’est cette expression qui aide Shana à percuter. Elle sursaute et lève les mains devant elle.
— Non, ce n’est pas du tout ce que tu crois ! On est voisines.
— Oh, dommage, souffle Ambre. Parce que je te trouve très belle. Mais bon, au moins, je sens qu’on est amies et que je peux te faire confiance. C’est toi qui es venue me sauver, non ?
Shana en reste comme deux ronds de flan, la mâchoire à moitié béante. Comment ça « dommage » ? Comment ça « je peux te faire confiance » ? Si elle avait besoin de preuves de l’amnésie de sa voisine, elle n’en demanderait pas d’autres. À défaut d’être tombée sur la tête, Ambre a bel et bien le cerveau à l’envers.
Une drôle d’émotion s’empare du petit cœur sombre et noir de l’elfe. Une émotion qui, si elle n’y prend pas garde, lui soufflera des images un peu trop vives de ce que pourrait être un autre type de relation avec Ambre. »

Elle est qui elle est et elle a déjà bien assez souffert de devoir jouer un rôle qui n'est pas le sien. Plus jamais, même pour Ambre et cette foutue clairière qui empeste le bonheur.

Avec Sally et Andy ce sont deux brèches qu'il a ouvertes dans son flanc. Deux brèches dans lesquelles ses ennemis viennent de s'engouffrer.

Depuis, il accomplissait chaque mouvement comme un automate, l'esprit ailleurs et les membres fébriles. Pour tout dire, il n'était pas sûr du tout d'apprécier ces émotions. Si c'était ça être… amoureux de quelqu'un, ça refoulait sérieusement du goulot.

" Il paraît qu’une mère est capable de soulever une voiture pour sauver son enfant. Et moi, je ne suis pas foutu de sortir mon pied d’un trou de taupe. "
Satanistes zen et trous de lapin - Caleb Cauldfield

– Je vais tout t’expliquer, dit-il, mais pas comme ça. J’ai besoin que tu me fasses confiance.
– Ah ouais ? Et pourquoi je ferais ça ? gronda le soldat comme un fauve.
– Parce que tu l’as déjà fait. Et que tu sais déjà tout ce qu’il y a à savoir.
– Quoi donc ?
– Qu’il n’y a que toi, déclara Wess en prenant durement la bouche de Vassili.

Qu’importe le vin pourvu qu’on ait l’ivresse. Qu’importe le coupable pourvu qu’on ait la vengeance.

Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler,
À être compris qu’à comprendre,
À être aimé qu’à aimer.
Car c’est en se donnant qu’on reçoit,
C’est en s’oubliant qu’on se retrouve,
C’est en pardonnant qu’on est pardonné,
C’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie.

[..] Il devait se forcer à penser à autre chose, n'importe quoi qui lui permette de s'accrocher. Alors, comme à chaque fois qu'une situation se corsait, ses pensées se tournèrent vers Vassili [..]

— Fais gaffe, grognon. Tu souris, le taquina Nuts.

Les belles gueules et les corps de rêve, ça passe. Il n'en reste rien à la soixantaine. Mais l'humanité, la compréhension, la loyauté, ça, ça ne s'apprend pas.