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Critiques de Christian Chavassieux (186)
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Noir canicule

Comme on dit dans le milieu des tacos, Lily est partie en longue. Une journée entière à rouler pour un seul client, ça laisse le temps au chauffeur et aux clients de s'entrobserver, mais ça leur laisse surtout le temps de penser à leurs préoccupations personnelles. Ce qui nous permettra de connaître leurs proches. Des personnages qui vont s'entrecroiser tout au long de cette journée de canicule, en l'an de grâce 2003.



Une trame qui reste le sujet principal de bout en bout puisque qu'on ne la perd jamais de vue. Ce n'est pas un roman franchement tourné vers la psychologie ou le social : ici, l'appellation "roman noir" n'est pas un sous-genre. C'est sordide et l'auteur fait preuve d'un réalisme réussi.



C'était mon premier Chavassieux.

Comme tout le monde, je commence à compter seulement quand une suite est envisageable.
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Noir canicule

Merci à l’opération Masse critique de Bablio et aux éditions Phébus pour la découverte de ce roman enthousiasmant et de cet auteur que je suivrai dorénavant dans ses nouvelles parutions et sur son blog (Kronix Haut et fort). Je suis maintenant moi aussi un « infortuné lecteur », ou plus exactement une infortunée lectrice, à jamais marquée par le post du 02/02/2020…

***

Dans Noir Canicule, tout commence avec Henri (l’Henri) qu’on devine très malade. Sa femme Marie (la Marie) n’est pas encore réveillée. Henri a demandé un taxi climatisé pour faire les mille kilomètres qui les attendent en cette journée de canicule. Nous sommes en 2003. Ce couple de vieux paysans habite dans les monts de la Madeleine, pas très loin de Roanne, et va se rendre dans le Sud, à Cannes. C’est Lily, qu’on rencontre au deuxième chapitre, qui conduit le taxi et qui a mis un point d’honneur à arriver à l’heure. Dans ce même chapitre, on fait connaissance avec un autre couple, Pierre et Danielle. Lui subit un malaise à cause de la canicule ; elle ne sait trop quelle décision prendre et hésite, comme d’habitude, semble-t-il. Ces deux-là sont les parents de Nicolas et de Livia, que l’on rencontrera plus tard. Au fait, Nicolas, c’est l’ex de Lily, celui qui apprécie les jeux érotiques assez poussés. On fera encore la connaissance de Bernard, agriculteur, qui prendra la suite de ses parents à la mort de son père, Henri. L’autre fils est viticulteur. Il a réussi, lui… Qui d’autre ? Carine, qui couche avec Bernard quand ils peuvent se rencontrer. Et Mélanie. Mais Mélanie, c’est la boulette…

***

Christian Chavassieux nous propose ainsi tout une galerie de personnages dont les destins se frôlent ou… se télescopent, et dont Lily est l’épicentre. Nous aurons accès à leurs pensées, à leurs états d’âme, à leurs sentiments nobles et médiocres. J’ai eu l’impression de les avoir connus, tous, de la petite chipie à l’ado avide de découvertes, subjuguée par un jeune connard riche et prétentieux en mal de reconnaissance et d’amour, aux femmes qui se débattent dans un quotidien décevant, espérant qui le retour d’un mari s’en étant allé voir si l’herbe était plus jeune ailleurs, qui une autre vie, avec un autre amant, plus attentionné ou plus original, on ne sait trop. Christian Chavassieux excelle à faire ressortir les petites faiblesses, les compromissions, mais aussi l’empathie et la générosité des figures qu’il nous présente. Amateurs de thrillers plein de clifhangers, vous serez déçus ! On comprend vite le but du voyage, on comprend aussi que Lily a un problème, et on devine relativement rapidement ce dont il s’agit. Ce qu’on ne sait pas encore, c’est qui et comment…

***

Bien sûr, l’intrigue est bien ficelée, les personnages solidement campés, leur psychologie crédible et les liens qui les unissent comme les divergences qui les font souffrir parfaitement observés. Mais ce qui m’a bluffée, ce que j’ai vraiment aimé, c’est le style : les rythmes binaires ou ternaires, souvent, les longues gradations d’adjectifs, la précision d’un vocabulaire simple, mais dont l’emploi est parfois original dans telle ou telle situation, le mot rare, aussi, mais qu’aucun autre n’aurait pu remplacer dans ce cas (voir les citations). J’ai adoré ce roman et je le recommande… chaudement !
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Cortés, tome 1 : La guerre aux deux visages

Cuba. Janvier 1519.

Cortés dispose de biens plus qu’honorables mais il imagine mal passer le restant de ses jours à Cuba. Il a soif de conquêtes. Il veut s’abreuver de richesses. Or, non loin de là s’étend une terre qui ne demande qu’à être conquise ! Oui, mais, le gouverneur de Cuba ne l’entend pas de cette oreille, malgré qu’il ait nommé Cortés lui-même. Il doit l’arrêter avant qu’il ne s’embarque avec ses hommes.

Cortés compte s’emparer de ces terres au nom de son souverain, Charles Quint, qui en retour devrait le nommer gouverneur. Le conquistador sait qu’il devra envoyer des quantités d’or importantes à Charles Quint qui en a besoin pour convaincre les grands électeurs de le nommer à la tête du Saint-Empire.

Mais Cortés n’a-t-il pas les yeux plus gros que le ventre ? Avec à peine 508 soldats et 16 chevaux, il prétend s’emparer de terres où sévissent des milliers de guerriers habitués à se battre ?



Critique :



Ce diptyque très bien documenté nous révèle deux points de vue : celui de l’Espagnol Cortés et celui de Moctezuma, l’empereur aztèque, un grand incompris celui-là ! Était-il un lâche comme aujourd’hui beaucoup de Mexicains se plaisent à le dépeindre ? Était-il paralysé par ses rêves et ses prédictions qui faisaient des nouveaux-venus, des dieux, les futurs maîtres du Mexique ? Voulait-il par une stratégie subtile découvrir les points faibles des Espagnols pour, le moment venu, dresser son peuple pour les chasser ?



Amis adeptes des religions autochtones, ne lisez pas les lignes qui vont suivre, elles pourraient vous faire avaler vos grains de maïs de travers provoquant votre étouffement, vous arrachant prématurément à l’affection de votre bienaimé entourage !

Quand les Espagnols, qui sont loin d’être des enfants de cœur, même dévoyés, découvrent les sacrifices humains perpétrés par centaines, suivis d’actes de cannibalisme, ils sont horrifiés. Bien sûr, d’aucuns justifieront ces meurtres rituels par le respect dû à leur religion, à leurs croyances qui nécessitent d’abreuver de sang humain la terre pour obtenir de bonnes récoltes, contenter les dieux pour éviter les calamités. Pas l’once d’un quelconque intérêt personnel… STOP ! Les Aztèques avaient des rites monstrueux, et c’est peut-être la seule chose de bien qu’aient fait les conquistadors, c’est d’y mettre un terme. Bien sûr, ils n’étaient pas là pour jouer les bienfaiteurs mais bien pour s’enrichir, en tuant si nécessaire.



A la fin de l’album se trouve une riche documentation due à Christian Chavassieux qui nous éclaire sur le contexte de l’époque.

C’est une bande dessinée très bavarde, ce qui ne manquera pas de lasser certains lecteurs qui se seraient bien passés de dialogues à caractère pédagogique. D’autres apprécieront une bande dessinée qui leur apportera énormément d’informations sur la conquête du Mexique par un homme sortant complètement de l’ordinaire.



Les dessins de Cédric Fernandez sont d’excellent facture, fort bien mis en valeur par la mise en couleurs de Frank Perrot.

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Mon très cher cueilleur de roses

Telle une rose, ce roman montre deux visages .



La fleur avec ses pétales élégants et son parfum subtil et la tige avec ses épines traitresses.



Flo, une femme écrivain s'installe à la Malvoisie, un héritage inattendu d'un ancien amant , elle a besoin de quitter la vie parisienne pour écrire son nouveau roman et aspire à la tranquillité de la campagne. A son arrivée, alors qu'elle espérait être seule, elle rencontre le jardinier, Antoine Cervin un septuagénaire dont le jardin est son royaume. Peu à peu, Antoine raconte sa vie à Flo jusqu'à la confession ultime du meurtre pour lequel il a été condamné puis à ses années de prison et le retour à la liberté.



"Malvoisie est propice aux confidences "



L'histoire débute par la découverte de cette vieille bâtisse dont la description a engendré , chez moi, tous les phantasmes de la demeure idéale et d'emblée, comme Flo, je m'y suis sentie à l'aise tellement l'auteur choisit les phrases qui transportent dans le rêve .



Chaque saison est évoquée de façon très poétique , presque mois par mois avec la transformation du jardin et du temps qu'il fait.



C'est cette face du roman que je compare aux pétales de la rose, veloutés et délicats ...



Plus l'histoire avance, plus le lecteur plonge dans le cerveau de l'écrivain , dans le processus de la création littéraire , complexe, torturé et ambigu car Flo se sert du récit d'Antoine, non seulement pour en faire naitre un roman mais également pour avancer sur le propre chemin de son vécu douloureux, grand pouvoir de l'écriture : "ça ressemblait à de la gentillesse; c'était de l'égoïsme ".



"Il est remarquable que nos vies soient davantage sculptées par les chagrins que par les joies. Peut-être que les joies nous comblent, nous emplissent, et que les peines, les blessures, les défaites, viennent buriner la-dedans la silhouette qui convient , creusent en nous ce qu'il faut pour donner forme humaine."



"Les romanciers sont des passionnés de fait divers. Ils en consomment sans arrêt et la vie , pas chienne, en fournit à jet continu . Y grouillent les âmes et leurs secrets, vivier humain que l'on n'aborde pas pour juger; qu'on fouille pour questionner l'humanité . Ensuite la littérature fait le tri la-dedans et éclaire, soulève , énonce ."



A travers le récit d'Antoine, celui de son enfance à la campagne avec des parents métayers , son sens du devoir vis à vis d'eux , puis une fois adulte, le drame familial qui le cristallise dans un chagrin qui lui colle à la peau et transforme profondément son être jusqu'à le rendre meurtrier , le lecteur s'interroge sur la possibilité du pardon et de la rédemption .



Une question à laquelle il est difficile de répondre et il faut se garder des certitudes vite acquises et que l'on prendrait pour préceptes : le personnage d'Antoine , et c'est la volonté de l'auteur qu'il précise dans ses remerciements attire la sympathie du lecteur . Alors ?



lu en Juin 2022
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La vie volée de Martin Sourire

Avec cette lecture, c'est une fort belle découverte que je viens de faire grâce à Babelio et aux Éditions Phebus. Je les en remercie d'ailleurs. Dès les premières pages, je suis tombée sous le charme de l'écriture de Christian Chavassieux (auteur que je ne connaissais pas alors que finalement nous sommes presque voisins...). Quelle plume flamboyante ! le style qui mêle habilement le vocabulaire du XVIIIième siècle et l'argot de la rue donne au récit une vivacité surprenante qui balade le lecteur de la poésie bucolique au plus sordide réalisme. L'exaltation de l'auteur atteint son apogée dans des descriptions qui peuvent s'étendre sur plusieurs pages mais où, en aucun cas, l'ennui ne transperce. Je reste encore sous le choc de sa vision totalement hallucinante de Paris (chapitre 1, 2ième partie). Quant à la retranscription des cuisines d'un grand restaurant (d'autant plus indécente qu'à côté de cette débauche de plats, le peuple meurt de faim), elle met carrément l'eau à la bouche.



J'ai été également séduite par l'histoire de ce jeune orphelin enlevé des bras de sa grand-mère par la Reine Marie-Antoinette en mal d'enfants. La procédure est courante chez elle, l'adoption lui est facile. Conquise par le visage perpétuellement souriant de l'enfant, elle le baptise "Martin Sourire" et l'emmène à ses côtés à Versailles. Ayant enfin assuré sa propre descendance, voilà que la bonhomie de l'enfant la lasse. Martin se retrouve alors vacher près du Petit Trianon, dans la ferme que se fait construire Marie Antoinette où elle aime à se réfugier loin du protocole de la cour. Dans une deuxième partie du roman, à l'adolescence, Martin va enfin découvrir Paris et les coulisses de la Révolution qui se prépare avant d'y prendre part dans la dernière partie.

Plus qu'un roman historique, c'est un roman d'apprentissage que nous livre Christian Chavassieux. Comme il le dit lui-même en postface, il se limite à effleurer cette période, en faisant côtoyer l'histoire de son personnage avec la grande Histoire.



J'ai aimé l'innocence, la naïveté de Martin. Il se contente de ce que le destin veut bien lui accorder, il ne se plaint pas de son sort, se rendant directement responsable de ce qui lui est arrivé (il ne fallait pas tendre les bras à la Reine lorsqu'elle est passée !). En apprenant de ceux qu'il côtoie, finalement il ne s'en tire pas si mal, il apprend notamment à lire. Politiquement, bien sûr, ses opinions ne sont pas très définies. Sa propre identité est confuse, comme l'est sa vision du monde. Malheureusement, c'est le sang versé au cours des guerres de Vendée auxquelles il va participer, qui signera la fin de son insouciance et transformera son beau sourire en rictus.



Ce roman où l'auteur mêle le produit de son imagination à des faits historiques réels (il démêle le vrai du faux dans la postface et y apporte quelques explications intéressantes) m'a beaucoup plu. Malgré quelques longueurs ressenties dans la troisième partie, j'accorde un 16/20 à Christian Chavassieux et j'espère découvrir prochainement ses autres récits.
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Les nefs de Pangée

A Pangée, la tradition veut qu'à la fin de chaque cycle toutes les nations s'unissent et envoient des représentants participer à la fameuse chasse à l'Odalim, ce gigantesque monstre marin dont la mort augure le retour de la paix et de la prospérité sur le continent. Menée par le jeune Bhaca, la dixième chasse est sans aucun doute la plus imposante et la mieux équipée de toutes. Pourtant rien ne va se dérouler comme prévu pour le peuple des Ghiom qui va devoir remettre en question toutes ses croyances pour ne pas disparaître. Je ressors très mitigée de la lecture de ce roman qui dispose d'atouts indéniables mais qui, par bien des aspects, ne m'a pas particulièrement convaincu. Commençons d'abord par les points positifs au nombre desquels il faut citer la qualité du style de Christian Chavassieux qui nous livre ici des passages d'une grande beauté et particulièrement évocateurs. On peut également saluer la qualité et la subtilité de ses réflexions sur des thèmes tels que la guerre et le génocide, ou encore l'importance des mythes et de la mémoire collective. Malgré un début un peu laborieux, la première partie du roman se lit avec beaucoup de plaisir et de curiosité et nous narre tour à tour les événements ayant lieu sur terre (à Pangée même) et sur mer (avec l'avancée de la dixième chasse). Ce sont d'ailleurs ces passages au cours desquels on assiste à la traque de l'odalim qui sont à mon sens les plus réussis, ce qui explique pourquoi j'ai été aussi peu emballée par la seconde partie qui se contente de nous dépeindre un affrontement plus classique entre deux civilisations pourtant guère éloignées l'une de l'autre.



Parmi les autres qualités que compte l'ouvrage, il convient aussi de mentionner le soin tout particulier apporté par l'auteur à la construction de son univers qui se révèle d'une richesse et d'une originalité peu communes. Il suffit pour s'en convaincre de jeter un coup d'œil à l'imposant glossaire qui accompagne le roman et qui nous détaille minutieusement les particularités de chaque espèce et de chaque peuple tout en apportant des précisions concernant la faune et la flore locale, l'architecture, les traditions... Pour plaisante qu'elle soit, cette abondance d'informations finit toutefois par se retourner contre l'auteur. C'est notamment le cas au début du roman avec lequel le lecteur, assailli par une quantité impressionnante de termes techniques ou de concepts inédits, pourra rencontrer quelques difficultés jusqu'à ce qu'il se familiarise petit à petit avec les réalités propres à l'univers de Pangée. Des réalités qui ne sont malheureusement trop souvent que survolées si bien que, malgré sa richesse, le monde de Christian Chavassieux m'a laissé quelque peu indifférente. Un problème auquel j'ai également été confrontée en ce qui concerne les personnages qui sont eux aussi très nombreux mais qui, pour la plupart, ne semblent être là que pour meubler l'espace autour des protagonistes. Quant à ceux qui parviennent malgré tout à se rendre attachants, l'auteur finit soit par les laisser complètement de côté, soit par régler leur sort en quelques lignes, de manière presque anecdotique. Les personnages principaux sont pour leur part plus développés et plus profonds, même si on pourrait regretter le côté un peu trop caricatural du « méchant » de l'histoire.



C'est très mitigée que j'ai finalement refermé le roman de Chrsitian Chavassieux dont l'univers se révèle certes original mais surtout trop technique et trop confus pour qu'on parvienne à véritablement s'y immerger. Dommage, car les chapitres consacrés à ce que je pensais être le cœur du récit, à savoir la chasse à l'odalim, sont, eux, une vraie réussite.
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L'affaire des vivants

Charlemagne... Non mais, quelle idée, un prénom pareil ! le « héros » de L'Affaire des vivants le doit à son grand-père qui court déclarer lui-même l'enfant à la mairie, persuadé qu'il est de l'influence bénéfique d'un tel prénom sur son avenir. Et Charlemagne, s'il subit les moqueries des autres enfants, devient un élève brillant qui ne pourra pas continuer ses études malgré l'insistance de l'instituteur et du curé : on a besoin de lui à la ferme. Charlemagne Persant aura pu bénéficier de l'amour et des conseils de son grand-père pendant douze ans seulement. Cela suffira pour qu'il réussisse à devenir un homme d'affaires prospère, craint mais souvent haï. Il consolide la ferme familiale, achète un magasin de tissus qu'il agrandit, en « acquiert » un autre grâce à son mariage, et crée une usine qui fournira ses magasins et bien au-delà de cette région lyonnaise où il est né. Christian Chavassieux situe cette histoire familiale au tournant de deux siècles. Charlemagne fera la guerre de 70, son fils celle de 14.

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J'ai trouvé ce roman enthousiasmant. On ne peut pas, je crois, aimer Charlemagne ni s'identifier à lui. Il est trop dur, trop ambitieux, trop orgueilleux, trop intransigeant envers lui-même et les autres, même si, parfois, ses carences et le manque d'éducation dont il est douloureusement conscient le rendent fugitivement touchant. Les autres personnages sont aussi infiniment bien campés. Charlemagne se hausse dans l'échelle sociale en épousant une sorte d'Emma Bovary, à la fois naïve et résignée, dont les parents sont des archétypes des bourgeois de l'époque. Christian Chavassieux nous présente différents milieux sociaux : bourgeois, paysans, militaires, ouvriers, révolutionnaires même, tous en relation de près ou de loin avec Charlemagne. On découvrira, entre beaucoup d'autres choses, la difficile condition des ouvriers de l'époque, la dureté des grèves, les balbutiements des revendications des femmes, l'ostracisation des homosexuels ; on visitera des fermes, des magasins, des usines, un bordel, l'Exposition universelle ; on assistera à une nuit de noces, au quasi lynchage d'un des seuls personnages solaires, à des scènes de guerre et au tournage d'un film d'Abel Gance dans des conditions assez étonnantes...

***

L'écriture de Christian Chavassieux me ravit ! J'ai parlé ailleurs de la qualité de son style, mais je voudrais dire un mot du vocabulaire. Ici l'auteur puise dans le jargon des métiers, ramène au jour des mots oubliés, emprunte aux dialectes locaux sans que jamais cela ne devienne pesant. Il y a un bref lexique à la fin du livre On pourrait se dispenser de le consulter – le mot employé est presque toujours compréhensible dans son contexte –, mais ce serait dommage pour les précisions qu'il apporte. Ne vous privez pas non plus des « Quelques points et références » en fin d'ouvrage : ils se révèlent passionnants et donnent une petite idée de la quantité de recherches et de documentation nécessaires à la rédaction de ce beau roman. J'ai beaucoup aimé aussi un des artifices choisi par Christian Chavassieux. Ici, le narrateur, c'est l'auteur : « Joseph-Antoine Pajaud était un fieffé coquin, c'est moi qui vous le dis et vous pouvez me croire : je l'ai fabriqué dans ce seul but », écrit-il au début du chapitre 5. le procédé est repris mais s'intègre toujours parfaitement à la narration. Ça y est, je suis fan ! J'ai acheté La Vie volée de Martin Sourire en même temps que celui-ci, avant le confinement. J'attendrai que les librairies soient rouvertes pour acheter les autres…
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La vie volée de Martin Sourire

Le carrosse royal, à son bord la reine Marie-Antoinette et son aéropage. Au bord du chemin, de pauvres gens qui saluent, se poussent, laissent passer entre crainte, habitude du respect, indifférence ou émerveillement. Et puis un petit garçon dans les bras de sa grand-mère. Que s'est-il passé ? l'enfant a-t-il tendu les bras vers cette apparition ? peu importe, les minutes suivantes, le revoilà embarqué, adopté, rapté en somme, câliné par la reine et ses dames qui sentent si bon, qui s'esclaffent devant sa si belle figure et son sourire qui lui barre tout le visage. C'est décidé, il s'appellera Martin Sourire, c'est ainsi et vivra auprès de la souveraine si triste de ne pouvoir enfanter, il sera choyé, mangera à sa faim, recevra des baisers royaux et ne manquera de rien, ni même d'éducation.

Conte de fée ? Ascenseur social extraordinaire vers un monde féerique ? Non, un autre livre s'écrit pour le désormais Martin, bien vite délaissé par la reine devenue enfin mère. Ballotté de bras en bras mais toujours à Versailles, casé comme vacher au Hameau de la Reine, pastiche édulcoré et idéalisé de la vie de ferme, écran de fumée face à la révolte qui gronde. Martin sera de celle-ci, s'enthousiasmera pour elle, et commettra même le pire, poussé par la machine folle des événements.

La plume riche, exigeante et lyrique de Christophe Chavassieux force l'admiration. Il signe là un époustouflant roman historique mais aussi un roman d'apprentissage sans concession d'un jeune homme en quête d'identité, pris dans les tourmentes de son époque.

Et comme il le fait souvent dans ses oeuvres, Christophe Chavassieux pousse le respect envers ses lecteurs, jusqu'à nous fournir des annexes, des notes riches d'explications très intéressantes.
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Mausolées

Mon premier science-fiction de Christian Chavassieux ! L’Apocalypse a eu lieu. Les Conflits entre États sont officiellement terminés. Les grandes Cités, apparemment régies par un État fédéral, vivent dans une entente forcée, un attentisme prudent qui n’empêche pas les rivalités. C’est le cas de Sargonne avec Mireveil, sa voisine. Léo Kargo, 20 ans, vient de trouver à Sargonne un travail susceptible de lui plaire infiniment : bibliothécaire pour un particulier, Pavel Adenito Khan, un milliardaire original à la réputation sulfureuse et au passé trouble. Kargo devra explorer, classer, mettre à jour et enrichir la merveilleuse bibliothèque du milliardaire mécène, rare survivante d’un monde disparu. Pour un jeune poète et écrivain passionné par les livres, la lecture et la littérature, c’est une chance extraordinaire. Mais comment Pavel Khan a-t-il entendu parler de lui ?

***

Dans ce roman en 3 parties et 35 chapitres, Christian Chavassieux nous promène dans un univers singulier et inquiétant. Il décrit Sargonne comme un dragon méchant et étrange. La partie ancienne de la ville est peuplée de vieillards agressifs qui insultent et menacent touristes et nouveaux venus. Dès les premiers chapitres, on comprend que, dans ce nouveau monde, les enfants sont rarissimes : les humains sont presque tous devenus stériles et la lèpre qui les frappe de nouveau se révèle peu contagieuse, mais mortelle. Une autre maladie les fait vieillir prématurément. On peut, je crois faire un parallèle entre l’évolution des humains et celle des livres : eux aussi sont malades, vieillissent et tombent en poussière, et bien peu de nouveaux viendront rejoindre leurs rangs. Les personnages se révèlent complexes. C’est difficile de parler de leur psychologie, de leur évolution ou de leur symbolisme (Lilith !) sans en révéler trop sur l’intrigue. Disons pour contourner la difficulté que tous surprendront le lecteur… C’est la raison pour laquelle la troisième partie m’a un peu déçue, ou plus exactement, j’ai eu l’impression que Léo Kargo m’avait laissée en plan !

***

Comme dans les deux autres romans que j’ai lus de Christian Chavassieux, ce qui me séduit autant sinon plus encore que l’intrigue et la profondeur, c’est le style (voir les citations) et les trouvailles. Kargo arrive à Sargonne en ferail, ou encore l’arme la pire que les hommes aient inventée s’appelle le giril, capable d’enflammer l’eau. Outre ce type de néologismes qui provoquent nombre d’associations d’idées, l’auteur excelle dans des descriptions extrêmement précises, celle du mausolée par exemple, sans que jamais on ne perçoive le recours à un glossaire, comme c’est parfois le cas : on y est, il nous tient par la main et nous fait visiter… En bonus, souvent, discrète, une pointe d’humour. Et puis il arrive à l’auteur d’intervenir directement. Ainsi, pages 156 et 157, Kargo s’imagine en personnage de roman et présume de ce qu’aurait fait l’auteur dudit roman :

« Car toute sa vie pouvait naître de cet instant, tout pouvait être dit, accompli, mais aussi recommencé.

Pourtant l’auteur en a décidé autrement.

Mais poursuivons. »

Décidément, j’aime beaucoup les romans de Christian Chavassieux !

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Mausolées

Vous aimez le post apo ? Vous aimez le polar et le thriller ? Vous aimez la guerre, les batailles sanglantes ? Vous aimez les livres ? Vous aimez les clones ? Vous aimez l'amour ? Vous aimez la recherche de la paternité ? Vous aimez les atmosphères pesantes ? les mystères, les intrigues ? Les personnages exotiques et marquants ?

Alors ce roman est fait pour vous.

Christian Chavassieux nous livre un roman au style acéré avec des personnages complexes, et des descriptions très (parfois trop à mon gout) fouillées de la ville, du palais, de la bibliothèque où le jeune héros va être embauché ne sachant pas pourquoi.

Tout aurait pu être parfait dans ce lieu incroyable et protégé.

Mais la guerre, la misère, la saleté, la maladie, la revanche sont juste là, à coté, tout près...

On en ressort quand même assez groggy à la fin.



Ce roman est sorti fin 2013.

Début 2022, Christian Chavassieux sort le magnifique "Je suis le rêve des autres", parcours initiatique d'un jeune garçon avec un vieil homme, roman plein de douceur et de poésie.

L'inverse total de "Mausolées".

J'ai de loin préféré le dernier.




Lien : https://laniakea-sf.fr/
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Je suis le rêve des autres

Quelle belle découverte que ce roman initiatique, philosophique où Malou, un jeune garçon de 7 ans accompagné de Foladj un ancien de son petit village entreprennent un voyage long et riche de rencontres afin de rejoindre le Conseil des Conseils pour valider les capacités exceptionnelles dont serait pourvu le jeune garçon.

L'un en quête d'apprentissage, l'autre de rédemption et nous, lecteurs pris entre eux deux, à notre manière grandissons avec eux.

Une riche lecture découverte grâce à la présélection du PIB 2023. Un auteur que je relirai assurément.
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Mon très cher cueilleur de roses



L’auteure et le jardinier, réunis dans une belle maison bourguignonne dont le calme et la poésie bucolique vont être sources de confidences et de créations artistiques.

En créant peu à peu une intimité de voisinage avec Antoine, ancien condamné pour féminicide, la nouvelle propriétaire de Malvoisie découvre le drame familial d’un homme attentif et délicat en quête de rédemption. Un parcours dramatique évoqué par petites touches, qui lie celle qui écoute à celui qui se raconte par une similitude de faits en miroir.



Floriane va trouver matière à roman dans les confidences du vieux jardinier, illustrant le processus créatif littéraire dans toute sa complexité, s’arrangeant avec la vérité pour produire une œuvre de fiction. Le drame partagé pointe toute une palette de sentiments, culpabilité, incompréhension, colère. En dépit de l’amitié, les motivations du partage se rejoignent peu, pointant un besoin de raconter sa vérité pour l’un et une opportunité pour l’autre.



Fidèle des derniers livres de Christian Chavassieux, dont j’ai goulûment apprécié l’écriture et la capacité narrative dans L’affaire des vivants et La vie volée de Martin Sourire, je le découvre ici avec autant de plaisir dans un registre plus intime et introspectif.

A l’image de la sérénité de la bastide, ce livre dégage une douceur agréable et de beaux personnages



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L'affaire des vivants

Grandeur et décadence d'un ambitieux paysan de la Troisième République.



Charlemagne Persant aurait pu être un personnage des Rougon-Macquart ou de la Comédie Humaine. Modelé par les mots de Christian Chavassieux, il est un fauve incarné, aux appétits voraces, un personnage haut en couleur, froid et calculateur, à l'intelligence visionnaire pour une réussite sociale exemplaire. Et cette tragédie familiale dont il est la pierre angulaire pourrait être un roman de Zola (pour le naturalisme et le romanesque) ou De Balzac (pour la peinture sociale).



Cette saga historique façon XIXe offre une lecture passionnante de la société de l'époque, entre paysannerie et triomphe de la bourgeoisie de la révolution industrielle. Une évolution sociétale qui permet à tout un chacun de sortir d'une condition modeste, et qui demeure marquée par les idées anarchistes de la Commune.



Alice Ferney parle de chef-d'oeuvre. le mot est fort mais je suis également conquise par cette capacité narrative en écriture, très riche, dense et fouillée, extrêmement visuelle, allégée par des chapitres courts qui donnent un rythme énergique au récit. Des descriptions soignées de la bourgeoisie provinciale et du terreau rural, des passages d'une grande beauté lyrique.

L'auteur a décidément une personnalité de plume que j'ai déjà appréciée dans La vie volée de Martin Sourire (Phébus 2017).



Ce beau roman dont le titre s'éclaire en dernière ligne.

Je conseille absolument! ;-)



#objectif disparition PAL



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L'affaire des vivants

Milieu 19eme siècle, naît un petit garçon au sein d'une famille de paysans désargentés. Prénommé Charlemagne par son grand-père, autant comme une promesse d'un destin prestigieux que par un pied-de-nez à ses géniteurs, cet enfant va grandir avec l'assurance d être supérieur aux autres. Et il va se conduire comme tel tout au long de sa vie. C'est cette vie et celle des siens que nous conte Christian Chavassieux. Et quel roman! le meilleur livre que j'ai lu depuis ces douze derniers mois et plus encore. Style énergique et alors quelle plume! Qu'elle détonne par sa qualité et quel titre magnifique qui prend tout son sens! Quelle intelligence! C'est un chef d'oeuvre et je suis ravie que le hasard m'ait permis de découvrir cet écrivain ; j'aime son amour des mots et son engagement. le livre à lire et à offrir à son meilleur ami ( le lexique et 'les quelques points et références ' à la fin sont à lire absolument).
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Un tremplin pour l'utopie

Qui n'a jamais rêvé d'un monde parfait ? D'un endroit où les hommes pourraient vivre en paix avec eux-mêmes et avec leur environnement, sans que rien ne vienne gâcher cette perfection ? Le contexte dans lequel nous vivons aujourd'hui ne se prête guère à l'utopie, et c'est peut-être justement pour cette raison que ce petit ouvrage m'a à ce point charmé. Résultat d'un concours de nouvelles lancé en 2015, l'anthologie « Tremplin pour l'utopie » regroupe les textes des six lauréats encadrés de deux auteurs chevronnés : Estelle Faye et Christian Chavassieux. L'occasion pour le collectif des Indés de l'Imaginaire de mettre en avant la spécificité de leur création (trois maisons d'édition concurrentes qui s'associent, ce n'est effectivement pas courant...) et de fêter le cinquantième numéro de leur collection de poche partagée, Hélios. Honneur aux dames, c'est à Estelle Faye que revient la charge d'ouvrir l'anthologie avec « Les anges tièdes », un texte très réussi qui nous entraîne à la découverte d'une utopie... virtuelle. Créé au départ pour n'être qu'un « simple » jeu vidéo de fantasy, Arcadia Online s'est peu à peu développé pour devenir un véritable univers dans lequel les humains passent toute leur existence, bien à l'abri dans un caisson répondant à tous leurs besoins vitaux. Mais à trop vouloir rendre tout parfait, ne risque-t-on pas l'ennui ? « Aujourd'hui, pour s'occuper, les citoyens d'Arcadia jouent à pousser des jetons mauves et roses sur une marelle, ou à faire pousser les plus gros navets. Avant, ils avaient d'autres jeux. Ils combattaient des Hydres dans les marais d'Asclépios, ils bravaient les géants des neiges sur la barrière des monts Sabres. Les cyclopes de pierre du port d'Antérion s'animaient. Les sirènes aux ailes de nuit attaquaient les bateaux sur la mer Turquoise, et des djinns vengeurs se mêlaient aux vents du désert. » Une utopie, oui, mais en passe d'être compromise...



Le texte suivant est signé A. D. B. et allie cette fois utopie et uchronie, l'avenir des États-Unis et de l'Europe ayant basculé après l'émergence d'une nation amérindienne au XVIIIe siècle. L'idée ne manque pas d'originalité et est détaillée avec soin mais la narration maladroite empêche une véritable immersion de la part du lecteur. « Les premiers jours de mai » nous entraîne ensuite dans un monde post-apo à priori assez classique (à noter toutefois que la fin du monde n'est pas due à une prolifération de zombies mais à une étrange épidémie). Ce n'est cependant pas la catastrophe en elle-même qui intéresse David Chambost mais plutôt l'après : que se passe-t-il pour les survivants des années après la fin, quand vivre sur les restes de l'ancien monde ne suffit plus ? L'auteur met en scène une petite communauté renouant avec un mode de vie oublié, simple et sain, et signe de très beaux passages, à l'image de celui où l'on découvre les grands supermarchés d'autrefois réinvestis par la nature, ou encore celui dans lequel des voyageurs abreuvent la communauté de récits étonnants sur un monde redevenu mystérieux. La nouvelle suivante vaut elle aussi le détour et prend place après la prise de Nassau par le gouverneur anglais Rogers au XVIIIe, alors que les pirates des Caraïbes se retrouvent sans véritable pied-à-terre. Les navires des rebelles commencent alors à s'agréger sur la mer et en viennent peu à peu à former une véritable cité flottante régie selon une idée originale : le groupe qui aura le pouvoir de décider pour la communauté sera choisi en fonction de la brise qui soufflera sur le moment. Le pouvoir au vent : en voilà un beau programme ! Le contexte dans lequel se déroule la nouvelle ne manque pas d'attraits et la plume inspirée et plein de gouaille de Vincent Gaufreteau rajoute un charme supplémentaire à cette « Anémocratie ».



On plonge ensuite dans de la pure science-fiction avec « Le jour où Dieu m'a vue nue », une nouvelle habilement construite signée Ariel Holzl. La chute est plutôt inattendue et l'utopie dépeinte elle aussi assez originale : et si grâce au perfectionnement des nouvelles technologies on proposait à chaque citoyen de voter pour prendre des décisions ? (vous vous imaginez un peu voter pour choisir quel temps il fera demain... ?) Dans « Murmures lointains » Aurélie Léon imagine pour sa part un monde où les humains seraient tous connectés les uns avec les autres, tandis que Bruno Pochesci opte dans « Le moins pire des mondes » pour un système tout aussi inventif : et si un simple bracelet pouvait évaluer votre degré de bonheur et vous le communiquer sous la forme d'un pourcentage ? Face à cette révolution technique sans précédent, l'auteur a l'idée de tester les réactions de personnalités influentes partout dans le monde. Imaginez un peu un grand chef d'entreprise découvrir que rendre ses employés heureux fait également grimper son pourcentage ? Qu'en serait-il du président des États-Unis ? Et du pape ? (à qui on doit ici une scène particulièrement jouissive). « Les hommes sont toujours aussi friands de spiritualité mais rejettent désormais toute codification religieuse. Manger ceci, prier le cul tourné par-là, empapaouter madame comme ci plutôt que comme ça... Toutes ces simagrées n'ont plus lieu d'être. Tu cherches Dieu ? Mate les étoiles, comme tes ancêtres. Ou le roulis des fesses de ta douce, le sourire d'un môme, la frénésie d'un chaton aux prises avec une pelote de laine... » Christian Chavassieux clôt ce recueil avec « Nulle part, tout le temps », une petite nouvelle dans laquelle un homme chargé de contrôler la bonne tenue d'une expérience utopique se retrouve à y participer pour la sauver. De quoi refermer l'ouvrage sur un peu de douceur.



Une petite anthologie consacrée à des sociétés idéales qui regorge de bonnes idées pour réinventer le monde d'aujourd'hui et celui de demain. Et puisqu'on est dans l'utopie, sachez que l'ouvrage vous est offert pour l'achat de deux livres appartenant à la collection Hélios : une raison supplémentaire de ne pas vous priver de cette bienvenue touche d'optimisme !
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La vie volée de Martin Sourire

Une belle découverte...



Bien entendu, pour commencer, je remercie Babelio et les éditions Phébus (le format et la mise en plage sont très agréables à la lecture) pour cette découverte dans le cadre de l'opération Masse Critique.



C'est là ma 1ère participation à une opération Masse Critique, et J'ai débuté la lecture de ce roman avec un a priori : celui de devoir fournir une critique juste et responsable d'un auteur a priori peu connu. Je savais seulement qu'il s'agissant d'un roman historique sous la révolution française, et d'un roman d'apprentissage autour de Martin, garçon étrange (voir 4ème de couverture).

Là était bien sûr l'intention première de l'auteur, je suppose, mais j'y ai trouvé bien plus, qui justifie une note, pour moi, plus qu'honorable, et de conseiller la lecture de cet ouvrage.



Ma critique sera, de prime abord, sévère en ce qui concerne le procédé narratif : classique, et efficace, tout au plus.

C'est à dire que, sur 340 pages, la "vie volée" de Martin prend progressivement corps, se construit, s'étoffe, assez lentement, en trois parties chronologiques bien nettes, une quasi unicité de temps, de lieu, d'action : du théâtre classique en somme.

Les dialogues, assez rares, alternent avec des descriptions qui, au début, m'ont semblé fastidieuses, et la petite histoire de Martin, progressivement, se mêle à la Grande Histoire qui se déroule sous ses yeux. Christian Chavassieux en profite alors pour développer de longues anecdotes sur Versailles, Paris, puis les guerres de Vendée. On a alors le sentiment que la "petite histoire" de Martin n'avance pas, et ne sert que de prétexte à un travail d'érudition sur cette époque. Le rythme ne semble s'accélérer, et raviver un peu de suspens, dans les 2ème et 3ème parties, que parce que Martin, poussé par sa Marianne, s'en mêle de plus en plus.

Ce parti pris de l'auteur "refroidit" au début, et rend aussi les personnages un peu froids : ils semblent distants, simples observateurs des événements qu'ils traversent.

La langue assez précieuse, peu spontanée, adoptée dans la 1ère partie, participe aussi de cette prise de distance, qui n'aide pas à rentrer dans le roman...



Et pourtant... il m'aura fallu dépasser les 110 premières pages pour réaliser que tout cela est savamment calculé (ce que confirme la lecture des notes en fin de volume) et fait -aussi- toute l'originalité de ce roman !

Ainsi, le Martin mutique, qu'on pourrait croire autiste dans la 1ère partie, et qui me faisait penser au Grenouille de Suskind, se révèle un formidable témoin de son temps, sur lequel chaque événement s'imprègne comme sur une page blanche : ce Martin n'a pas de passé -ou si peu-, et est -presque-vierge, lorsqu'il "naît" à la fin du 1er chapitre en quittant son jardin. Nul autre que lui, symboliquement, n'aurait pu former si beau couple complémentaire avec la Marianne parisienne de la seconde partie, qui l'accompagne dans son apprentissage citoyen, avant de participer activement à la grande sauvagerie des guerres vendéennes.

De même, les ruptures de langage, travaillées et voulues par Christian Chavassieux, se révèlent être un excellent vecteur pour nous immerger -comme il s'immerge visiblement lui-même- dans ces 3 environnements successifs : Versailles, le Paris de 1790, la Vendée. On passe de Sade ou Cazotte à Léo Malet en passant par Balzac. On apprend moult vocabulaire mais il ne s'agit pas, comme on pourrait le penser de premier abord, d'un étalage de l'auteur, mais d'un vrai enrichissement de l'ouvrage.

On sent également que l'auteur aime les mots, partant parfois dans des diatribes qui font peu avancer l'histoire mais sont belles et poétiques en elles-mêmes.

Enfin, la lecture (aussi passionnante que le roman lui-même) des annexes finira de convaincre le lecteur que, finalement, derrière le sourire figé de Martin, et la distance prise par rapport à des personnages -réels ou pas- et des événements -petits ou grands, mais souvent richement documentés- , l'effacement relatif du scénario, Christian Chavassieux donne au lecteur une place plus grande, une confrontation plus directe avec l'événement historique. Nos consciences du XXIème siècle se trouvent transportées, par ces véhicules sensibles que sont les personnages, dans un siècle qui s'osait politique, et interrogea avec force la citoyenneté, le vivre ensemble, la liberté d'expression, dans les actes et pas seulement dans les mots... en est-on encore capable aujourd'hui, avec autant de force et de candeur ?...



En conclusion, donc, une belle découverte : un roman qu'il ne faut pas lire comme simple fiction dans un cadre convenu, mais au contraire comme mettant en vedette, avec force détails et par tous les sens, par nombre d'astuces qui embellissent le récit, trois environnements, et une page de notre Histoire.

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Les nefs de Pangée

Je serai brève concernant mon avis sur ce livre : je n'ai pas du tout accroché.

J'ai été attirée par sa magnifique couverture et par les quelques bonnes critiques que j'ai lu. Je n'ai aucun doute sur le fait que ce livre puisse plaire mais je ne fait pas partie du public visé. Je n'y ai vu que de longues descriptions alors que l'action était ailleurs, des personnages auxquels je ne me suis pas attachée, une intrigue qui ne m'a fait ni chaud ni froid et un pénible manque de discours, qui rend l'ensemble monotone. Pourtant, il se passe plein de choses, mais j'ai tout de même eu la sensation que rien n'avançait.

Je terminerais quand même sur une petite note positive pour souligner la belle plume de l'auteur ainsi que son imagination débordante, qui a su créer un univers extrêmement riche et le rendre très visuel.


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Mausolées

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce livre qui nous propose une histoire post-apocalyptique assez surprenante, loin du thriller qui se laissait présager à la lecture du résumé, mais offrant plus une réflexion soignée et efficace sur l’humanité et sur l’Homme. L’univers se révèle vraiment efficace, sombre, dévoilant une humanité agonisante dans un monde qui sort d’une guerre intestine des plus destructrices. Les personnages se révèlent vraiment soignés, humains développant des thématique vraiment efficaces et intéressantes comme par exemple sur la haine, la vengeance, l’identité et d’autres encore. Le tout est porté par une plume élégante, poétique, soignée qui ne manque pas d’élever le récit tout en collant parfaitement à l’ambiance sombre et oppressante qui se dégage. Je regrette juste que la conclusion donne plus l’impression de balancer certaines réponses qu’autre chose et aussi le personnage principal qui se replie trop rapidement sur lui-même, mais rien de non plus bloquant. En tout cas un roman que j’ai trouvé réussi et je lirai sans problème d’autres récits de l’auteur.





Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Cortés, tome 1 : La guerre aux deux visages

Ce tome 1 de Cortès plonge le lecteur dans la conquête de l'Empire aztèque par les conquistadors espagnols. Ce récit captivant, mené par Cédric Fernandez et Christian Chavassieux, alterne les points de vue des deux camps, offrant un panorama nuancé de cette période charnière.



Le duo d'auteurs excelle à dépeindre l'ambition de Cortés et les dilemmes de Moctezuma II, face à l'arrivée des envahisseurs. Si l'intrigue est rythmée et les personnages hauts en couleur, on peut regretter un traitement parfois manichéen des protagonistes et une violence omniprésente.



Néanmoins, le dessin dynamique et les décors fouillés immergent le lecteur dans cette épopée historique. Au final, ce premier tome est une bande dessinée historique divertissante et informative, qui plaira aux amateurs d'aventures et d'Histoire.
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Les nefs de Pangée

Pangée est une grande terre, partagée harmonieusement entre différents peuples, elle est entourée de l'Unique, l'océan sur lequel repose le continent. C'est dans cette étendue d'eau hostile que vit l'Odalim, une créature légendaire.

Tout les 25 ans, une grande chasse est organisée afin d'abattre le monstre marin.



C'est au retour de la neuvième chasse que débute le roman. Tout ne s'est pas passé comme prévu. Les pertes sont lourdes. Pas le temps de pleurer les disparus, il faut dés à présent penser à la prochaine traque, la dixième.

Elle sera incomparable, sans commune mesure. On parle de 300 nefs sur le départ ...



Christian Chavassieux signe un roman unique, avec un aura singulier. On suit tranquillement les préparatifs pour la prochaine chasse, puis le départ tant attendu. La voyage n'est pas de tout repos, on surveille avidement les moindres faits et gestes de nos marins. L'Odalim est puissant, un adversaire de taille, redoutable, malin.

C'est beau, immense, effrayant parfois.

Puis, lorsque l'on pense avoir pris nos marques, que l'on vogue paisiblement sur l'Unique, un évènement imprévisible survient et modifie complètement notre vision du récit.



Alors oui, l'auteur prend le temps de poser le décor, Il y a tout un vocabulaire à assimiler. Bien amené, on comprend aisément le sens des mots.

Il y a également l' aspect politique à prendre en compte. Pendant que nos marins sont partis chasser, Pangée continue de tourner.

On peut trouver le récit lent parfois mais il est toujours intéressant d'autant plus que l'univers crée par Christian Chavassieux resplendit et c'est un vrai plaisir de le parcourir.



Ce roman demande un investissement en temps et en concentration mais il apporte aussi un dépaysement total. Une belle réussite.
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