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Critiques de Christophe Carlier (186)
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L'eau de rose

Si je vous dis « eau de rose », qu'est-ce que ça vous évoque ? Un parfum très léger ? Un roman style Harlequin ? Une lotion purifiante ? Lisez la suite et vous comprendrez.





Christophe Carlier : un auteur contemporain dont j'ai lu « L'assassin à la pomme verte », très subtil et spirituel. Quand Babelio m'a proposé de lire ce roman, j'ai accepté sans hésitation.





J'ai donc suivi avec ravissement l'héroïne lors de sa venue dans un hôtel suranné d'une île grecque de la mer Egée, l'hôtel Manolis. Ambiance très début 20e siècle, fin de saison, encore de rares clients, tous assez typés. Vraiment, j'y suis entrée avec délectation.

Sigrid est une jeune écrivaine de romans à l'eau de rose, nous y voilà. C'est facile et finalement ça lui plait. « Cuisinière habile, elle mitonnait des romances et des sérénades, où seul comptait le nom des héroïnes : Stella, Gentiane ou Deborah. Des livres d'images sans photo ni illustration (...) Elle se livrait sans réticence aux clichés, qui sont plus enjôleurs que des mauvais garçons. Elle répondait à leurs oeillades, à leurs bombements de torse, à leurs rodomontades. Il faut savoir gré aux mensonges d'être savoureux ». J'ai adoré me plonger dans l'esprit d'une romancière à l'eau de rose, car Christophe Carlier n'est pas dénué d'humour et d'ironie.





Bon départ, donc. Sigrid écrit dans sa chambre face à la mer, se repose sur la terrasse en compagnie des autres clients (tous assez typés, vous vous souvenez ? ), mange au restaurant en les observant d'un oeil discret. Et surtout, surtout, Sigrid se laisse emporter par la magie d'une jeune fille mystérieuse qui l'aborde de façon directe puis qui l'abandonne... Voilà notre Sigrid toute déconfite.

Et c'est là que se grippe l'histoire avec des événements qui ne m'intéressent plus du tout, à la fois anodins et complètement déjantés, invraisemblables même. Quelle déception !

Heureusement que par moments, nous pouvons lire des extraits du nouveau roman que Sigrid est en train d'écrire...je peux même vous dire que ce roman-là – à l'eau de rose ! – m'intéresse davantage que ce roman-ci. Et pourtant, vous me connaissez, n'est-ce pas ?





Bref, je ne suis pas là pour vous parler de moi, mais de Christophe Carlier qui m'a déçue. N'empêche qu'il écrit bien ! Il jongle avec les mots pour les assembler en images et en clichés détournés, tout en ayant le sens de l'atmosphère : désuète, nostalgique, qui rappelle ces moments où les femmes détenaient précieusement sur leur table de toilette un flacon d'eau de rose.





Merci aux éditions Phébus et à Babelio pour leur envoi.

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L'assassin à la pomme verte

Un superbe petit bijou ! Ciselé, élégant, cynique, original !



Une histoire de meurtre et d'amour dans un bel hôtel parisien voisin du Louvres. L'italienne et le britannique vivant aux USA, l'experte en stylisme et le philologue...Tout concourt à les rapprocher, en particulier cet individu grossier et vantard qui les exaspère...Et voilà, le meurtre est en route, l'amour aussi.



J'ai vraiment apprécié le style fin et "pointu" de l'auteur, c'était vraiment très agréable à lire, ainsi que la multiplicité des points de vue : celui de l'italienne, du britannique, du réceptionniste, de la femme de chambre...et d'une autre personne dont je tairai le nom car elle apparait à la fin de l'histoire. Et quelle fin ! Surprenante et à effet rétroactif ! Superbe, je vais finir par me répéter !



"L'assassin à la pomme verte" de Christophe Carlier, ''L'homme à la pomme" de Magritte : ces 2 oeuvres, l'une littéraire, l'autre picturale, ont plusieurs points communs, notamment le côté légèrement déjanté. Et je profite du tableau de Magritte pour emprunter le chapeau de l'homme et le tirer devant l'auteur, enchantée !
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L'eau de rose

C'est toujours un grand plaisir de trouver dans la boîte aux lettres un petit paquet dont on connaît le contenu , certes , mais qu'on ouvre avec délectation.

Cette fois c'est "L'eau de rose " de Christophe Carlier qui m'est offert par Babelio et les éditions Phébus que je remercie chaleureusement.

J'ouvre mon paquet et je trouve un petit livre dont la couverture , je l'avoue , ne me laisse pas insensible . On y voit une très belle silhouette , de dos ,très élégante , vêtue de rose des pieds à la tête et on s'imagine suivant cette personne dans la rue ,envoûté par son parfum suave....

Bon, on se reprend...L'héroïne de l'histoire , c'est Sigrid , une auteure de romans dits "à l'eau de rose". En mal d'inspiration , elle trouve refuge sur une île grecque , dans un hôtel au charme un peu désuet et à l'ambiance chaleureuse et familiale. Comme elle , des personnages un peu "particuliers ", voire étranges, sont venus passer ici leurs derniers jours de vacances , juste avant la fermeture saisonnière de l'établissement. Parmi ces personnages, Gertrude , superbe et secrète jeune femme dont le noir semble être la couleur de vêtements préférée . Deuil ? Souci d'élégance extrême ? Simple question de goût ? Dès lors , deux récits vont coexister, celui du séjour dans l'hôtel et celui du roman qu'écrit Sigrid......

Je ne connaissais pas Christophe Carlier et j'ignore donc tout de ses codes , de ses "manies" , de ses " petits trucs " d'auteur. Ce que je peux dire c'est que ce monsieur écrit très bien , même s'il utilise parfois un vocabulaire étrangement "alambiqué " . Ceci étant, c'est un facétieux plein de subtilité et d'humour , un écrivain qui entre facilement en contact avec son lecteur.

Ensuite , il y a l'intrigue et c'est là que je suis un peu plus dubitatif. J'ai beaucoup aimé les pages supposées écrites par Sigrid (Priscilla , Robert , Dorothée , Adriano ...un régal. ), les ai lues avec plaisir et intérêt mais , par contre , hélas pour moi ,

je n'ai pas toujours eu la finesse d'esprit d'apprécier la valse de tous ces personnages confinés dans cet hôtel et sur cette île pour profiter des derniers rayons du soleil automnal . Peut-être, sûrement même , est -ce parce que que je ne fréquente pas ces lieux décrits comme "mélancoliques ". En tout cas, l'osmose entre l'auteur et le lecteur ne s'est pas réalisée .J'espère toutefois que d'autres lecteurs la réaliseront , j'en suis persuadé du reste, car mon avis doit être pris comme mien et seulement mien.

Nous avons tous et toutes respect et admiration pour ces gens qui nous livrent leurs secrets intimes . Restons humbles mais...sincères.

En conclusion, je n'ai pas détesté (quel vilain mot !) ce livre mais il ne m'a pas vraiment séduit non plus. Sans doute me faudrait il lire d'autres ouvrages de cet auteur , ce n'est pas mon objectif prioritaire à ce jour.

J'espère ne pas avoir plagié mon amie Latina...Ah , si , bigre , j'ai mis le même nombre d'étoiles !!!! Procès en vue...

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Ressentiments distingués

Sur une île (dont on ne connaitra jamais le nom, mais qui sent bon les embruns) , le facteur se met à distribuer des lettres anonymes . Au café " La Marine " , les regards se font suspicieux , le gendarme Gwenegan , observe .

Face au Corbeau malveillant, une gentille vieille dame devient La Corneille , et envoie des lettres sympas , histoire de rétablir l'équilibre .

Tour à tour dans la tête des uns ou des autres , Christophe Carlier nous offre un petit OVNI , de 174 petites pages... Aucun suspens, mais du charme à revendre .

Très poétique, remarquablement écrit, malicieux, "Ressentiments distingués" tient plus de la fable que du roman policier ,( et la présence d'un corbeau n'a rien à voir dans mon ressenti ...).

Un roman ciselé , rythmé et très distingué !
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L'assassin à la pomme verte

Voici un petit roman élégant à l'écriture fluide et plaisante, trés riche en émotions aux multiples points de vue qui brosse de fins portraits psychologiques , où l'amour côtoie le meurtre , dans un palace parisien au charme désuet, qui semble hors du temps......l'un des plus prestigieux de la capitale.

Trois personnages, Craig, l'américain , blasé , un brin cynique, professeur de littérature française, en France pour ses travaux universitaires.

Elena, une belle italienne , à l'autorité pleine de charme, travaillant dans la mode,.

Sébastien, un observateur attentif et futé , à qui rien n'échappe, le réceptionniste .

Une quatrième personne dont je ne parlerai pas, au risque de trop révéler....

Qui a tué le mari volage ?, en mal de confidences, cet industriel vivant à Parme, menant une double vie pendant trois ans , volubile ,séducteur trop heureux, à la tête ronde et au début d'embonpoint ?

Ah, ah! Ce petit ouvrage est un concentré de plaisir et d'élégance, oú les personnages jouent quand même une drôle de partition , à la fois , jeu de séduction et de distance, mêlant le meurtre et l'amour, oú l'amour et le hasard se côtoient comme dans Marivaux.



Une courte chronique sociale à la fin surprenante....pétrie d'originalité et d'humour, mêlant romance et meurtre , drôle, émouvante, cynique, fantaisiste et féroce , extrêmement bien écrite !

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Ressentiments distingués

Excellent! Grand enthousiasme à la lecture de ce roman! Merci à Babelio et aux éditions Phébus de m'avoir permis de découvrir, après l'original policier"L'assassin à la pomme verte", un autre livre de Christophe Carlier.





Déjà, bravo pour le titre, qui ,en jouant sur les mots, montre bien qu'il sera question de correspondance peu bienveillante...Le corbeau qui domine l'île, sur la première de couverture, confirme cette impression de missives anonymes et angoissantes .



On pense , bien sûr, au début, à "La plume empoisonnée "d'Agatha Christie,mais le thème est traité ici de toute autre façon.



Tout d'abord, la première partie du livre présente assez classiquement en apparence les diverses réactions des habitants de cette petite île, à la suite de l'envoi des lettres anonymes.En apparence seulement, car l'auteur sait créer une atmosphère particulière, en paragraphes courts, qui multiplient les points de vue, déroutent le lecteur et le tiennent en haleine.



Et surtout, il établit un parallèle entre l'île, personnage à part entière, inquiétant, dangereux, et ses corbeaux, annonciateurs d'événements funèbres , et le Corbeau épistolaire, planant sur ce microcosme humain et prenant plaisir à le dominer, à lui faire peur.



La deuxième partie est vraiment jubilatoire ! C'est le point de vue du Corbeau que l'on nous donne.Évidemment, je ne vous révélerai rien à son propos mais il est très intéressant de comprendre ses motivations, son ressenti face aux conséquences de ses actes.



Quant à ce que l'on pourrait appeler l'épilogue, il est tout simplement délicieusement ironique et cruel...



Ce livre n'est pas à lire comme un simple roman policier, je pense d'ailleurs qu'il pourrait plaire à tous , plus particulièrement à ceux qui aiment les histoires singulières , piquantes, et bien écrites. Car j'ai laissé pour la fin ce que j'ai apprécié par-dessus tout , c'est justement le style: enlevé, riche en images, vraiment réjouissant, tour à tour poétique, cinglant, réaliste. Une mention spéciale pour les portraits si expressifs, juste en quelques mots, des différents personnages.



Alors, je vous invite à faire la connaissance à la fois de la belle plume acérée de l'auteur et de celle, plus laconique mais plus virulente du Corbeau...

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Un prénom en trop

Un court roman à deux voix qui fait un petit tour du côté d'un personnage assez peu fréquentable : un psychopathe méthodique.

Il y a un petit côté Lemaître dans "robe de marié" dans ce thriller classé "polar" sans vraiment en être un.

L'écriture est ciselée, l'intrigue très addictive, les quelques personnages bien croqués sans trop y passer de temps.

Seule la chute m'a un peu déçue mais pas à cause de sa nature, plutôt de son non-développement.

Bref un bon petit thriller qui mérite sa récompense à conseiller une nuit d'insomnie.
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L'assassin à la pomme verte

Un scénario ultra simple, pour un excellent moment de lecture.

« L’assassin à la pomme verte » nous est présenté comme un polar, pour ma part j’y ai vu plutôt un roman d’ambiance qui se déroule dans l’univers feutré d’un palace parisien.

Certes, il y a un assassinat, un bellâtre italien qui se vantait à l’heure de l’apéritif de mener une double vie est retrouvé mort.

Trois personnages, un américain, une italienne et le portier de l’hôtel vont raconter à tour de rôle l’évènement.

Une histoire d’amour va se greffer sur cette histoire de meurtre et c’est un régal.

Je referme le livre avec un seul regret : qu’il soit aussi court.







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L'assassin à la pomme verte

Un roman qui se construit sur la vision de trois personnages (essentiellement), celle de Craig, un brillant professeur enseignant la littérature française aux Etats-Unis et venu en France afin de poursuivre ses recherches à la Bibliothèque Nationale, d'Elena, une belle italienne, mariée et mère de deux enfants, en voyage d'affaires elle aussi à Paris et enfin Sébastien, un modeste groom dans l'un des plus prestigieux hôtels de Paris. C'est donc en quelque sorte un roman à trois voix car celles-ci, qui ne se connaissaient pas jusqu'alors, sont toutes les témoins de l'assassinat d'un italien d'un certain âge dans cet hôtel qui est leur seul lien en commun.



Mais pour quel motif cet homme a-t-il été tué ? Et ces personnes, qui ne devaient probablement jamais se croiser, que vont-elle avoir à faire dans cette triste affaire ? D'ailleurs, s'agit-il réellement d'un meurtre et si oui, était-il prémédité ? L'auteur nous conduit volontairement sur de fausses pistes et laisse planer un voile quant à la véritable clé de l'affaire et sur ce qui s'ensuivra mais sans pour autant nous frustrer. Il fait cela avec tact et j'avoue que c'est prodigieusement manigancé de sa part.

Une magnifique découverte pour cette fin d'année 2012. Un roman très bien écrit, avec des chapitres courts et très vite lu. Une merveille ! A découvrir !
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L'assassin à la pomme verte

Quand par hasard , intriguée par un titre et séduite par une couverture, j'ouvre un livre que je le referme quelques heures plus tard le sourire aux lèvres , que demander de plus?



L'assassin à la pomme verte de Christophe Carlier est une véritable pépite.



Paris, un hôtel de luxe . Craig arrive des U.S.A pour un colloque. Ce professeur de littérature française réputé est un misanthrope élégant doublé d'un observateur avisé.

Elena , une jeune femme jolie et élégante, arrive d'Italie et travaille dans la mode. N'oublions pas Sébastien, le réceptionniste de nuit, qui observe à leur insu les clients de l'hôtel et s'efforce de les décrypter.

J'oubliais de préciser il y a meurtre , et aucun suspect en vue ..quelques indices, peut-être, soigneusement ignorés des forces de police .

Elégance de l'écriture, finesse des portraits , humour sous-jacent, regard acéré sur certains travers de notre chère France et originalité du propos, ce roman réunit toutes ces qualités.



Bien sûr l'assassin à la pomme verte et l'homme à la pomme de Magritte semblent se répondre malicieusement.



Que voilà un prix du Premier roman - Français - 2012 attribué à bon escient.





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L'eau de rose

L'eau de rose Christophe Carlier Chez Phébus, janvier #LeauDeRose #NetGalleyFrance

Une couverture attrayante , un résumé plaisant et surtout une bonne maison d'éditions, il ne m'en a pas fallu plus pour créer l'envie de découvrir ce roman.

Sigrid, écrivain habituée des romans "à l'eau de rose" se pose à la Villa Manolis pour un séjour studieux sur cette ravissante île grecque. La première personne dont elle croise le regard est une beauté longiligne toute de noir vêtue. Gertrude ...Mystère, énigme, attirance

La vie s'organise , les pages s'écrivent et Sigrid vit une aventure hors norme .

L'écriture de Christophe Carlier se prête bien à cette thématique à la fois légère, agréable, sentimentale juste ce qu'il faut. Un roman sentimental tel est son titre tel est son rôle. Si je n'ai pas été enthousiasmée par cette lecture je reconnais y avoir pris un certain plaisir , mes lectures précédentes sombres et désespérées ne sont certainement pas étrangères à cette sensation de bien-être confortable. Si le genre littéraire de L'eau de rose est fort éloigné de mes lectures habituelles je ne peux que remercier les éditions Phébus pour ce partage et souhaiter que ce roman trouve son lectorat il le mérite.
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Ressentiments distingués

À la lecture de la quatrième de couverture, j'avais trouvé une forte ressemblance entre Ressentiments Distingués et un autre livre également reçu lors d'une opération masse critique : La Lièvre et le Corbeau : Une enquête rurale de Philippe Loul Amblard.

Moyennant un environnement différent (d'un village occitan à une île bretonne) le pitch est identique avec la présence d'un corbeau semant la zizanie au sein d'une petite communauté. Soupçons, commérages, médisances et intrigues, le tout dans l'écrin resserré d'un petit microcosme.



Mais si le style raffiné de ce Christophe Carlier est plaisant, côté histoire je suis plutôt resté sur ma faim. Pourtant, le début de Ressentiments distingués se fait en fanfare : ne serait-ce que ce titre qui en dit long et qui est très bien trouvé. Dès les premières pages on rencontre le style recherché, littéraire, tout en métaphores et références de l'auteur. Le contenu des premières missives anonymes est caché au lecteur qui est d'ailleurs mis dans la situation du destinataire, de la victime du corbeau, lorsque, pendant une première partie de très bonne qualité, l'auteur lui prodigue de minuscules paragraphes laconiques, brefs, n'entretenant pas toujours de rapport, mais jouissifs et frustrants, faisant qu'il accueillera avec joie le moment où les enchaînements se feront logiques.

Mais si l'exercice de style est réussi, une plume imagée ne fait pas tout et peut, parfois, dépasser le nécessaire ou l'agréable pour tomber dans la lourdeur et la fatuité. De plus, la particularité de l'histoire de lettres anonymes présentée ici tient au fait que le corbeau est mythomane ou plutôt fabulateur, et que les méchancetés qu'il rédige, sans qu'elles n'aient de fond de vérité, ne font mouche que grâce à leurs tournures vagues, leurs références floues, la mise en exergue de petits travers que l'on pourrait retrouver chez monsieur tout le monde. On est face à une version particulièrement nocive d'un corbeau tirant en aveugle, et c'est là une belle idée qui, à mon sens, n'est pas assez développée. La brièveté de ce roman y est peut-être pour quelque chose, mais j'ai souvent trouvé les bonnes idées sous-exploitées (la lettre d'un mort, la corneille face au corbeau, la disparition mystérieuse d'une habitante, etc.).

Après une première partie extrêmement plaisante, la suivante m'a fait l'effet d'une douche froide, la suite, heureusement relève le niveau.



Je remercie Babelio et les éditions Phébus pour ce beau petit roman (l'objet est d'ailleurs de bonne facture) qui aurait mérité d'être un peu plus consistant.
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Un prénom en trop

Christophe Carlier renoue avec le polar, genre qui l’avait fait connaître en 2012 avec « L’assassin à la pomme verte », couronné de deux prix :

Prix du Premier roman et Prix des Lecteurs de Notre Temps.



L’auteur ayant des racines en Haute Savoie connaît bien la région et a choisi de camper son intrigue à Annecy. C’est une ville et sa banlieue qui va se retrouver sous les feux de l’actualité au risque de déclencher la psychose parmi les habitants. Une ville qui rend hommage à Rousseau dans le square de l’Evéché.



Deux voix, toutes deux centrées sur une certaine Rebecca , alternent et tissent le portrait de cette fille hypnotique dont le destin est à la merci d’un pervers !



Une masculine, celle d’un individu (sans nom) qui paraît au lecteur bien dangereux, mal intentionné quand il déroule ses journées, ses plans, commente ses méfaits que l’on ne détaillera pas pour garder tout le suspense!



L’autre féminine émane de Violette, recrutée par Rebecca, responsable juridique dans la société DireXon. Ces deux collègues qui travaillent ensemble vont s’apprivoiser. Violette deviendra le bras droit de Rebecca et aussi sa confidente, son interlocutrice privilégiée. C’est par elle que l’on apprend qu’un psychopathe cinglé a pris Rebecca comme cible. Celui-ci l’a croisée un été dans une boîte de nuit à son insu. Rusé, il parvient à collecter des informations sur cette innocente et à remonter jusqu’à elle, donc de Toulon à Annecy!



Christophe Carlier pointe les dangers des réseaux, si Rebecca n’est ni sur Facebook ni Instagram, elle participe à des forums et il a pu ainsi la stalker !



Pourquoi considère-t-il Rebecca comme « une bonne pioche » ?

Pourquoi la traque-t-il ainsi, la prend-t-il en filature, multiplie-t-il ses actes de malveillance , exacerbant sa peur, son angoisse que Violette tente de juguler? Jusqu’où peut aller celui qui veut rivaliser avec Jack l’éventreur ?

D’autant que « revenir à la charge est la clé du plaisir » ! Tout comme faire le guet lui procure « des pics de bonheur ». Rusé, il saura retrouver «  la biche » dans son nouveau logement.



L’auteur sait très vite nous ferrer, distillant au fur et à mesure des myriades d’ indices quant à l’obsession de ce bourreau, qui se montre désireux de «  forcer la porte » de sa victime, d’entrer dans son intimité pour la dévaster ». Son but ?«  déclencher un séisme, ébranler sa vie », jouer avec les nerfs de son héroïne.Pénétrant dans ses pensées, on le voit avancer «  comme le lion vers l’antilope », ce qui fait redouter le pire !

L’auteur glisse la définition du pervers vue par lui-même, ce qui fait sourire :

«  le pervers a toutes les caractéristiques de l’animal de compagnie. Il tient chaud à l’élue de son coeur. Se colle contre elle en ronronnant. »



Comment ne pas être inquiétée par la teneur de ses messages menaçants, voire macabres, par le contenu des paquets qu’il envoie à sa cible?

Ses avertissements récurrents, « Je suis revenu »,font monter la tension et atteignent leur climax quand il menace d’une «  visite imminente ».

Quel piège lui réserve-t-il encore, lui qui aime le sensationnalisme ?

Le bourreau ne choisit pas au hasard les dates où il sévit ( il choisit le 1er avril, le jour de son anniversaire etc…) .« Le hasard est un auxiliaire irremplaçable. »





Et la police ? Les deux femmes avertissent bien la gendarmerie des agissements de ce persécuteur, déposent une main courante. Mais cet harcèlement récurrent n’est pas pris à sa juste valeur la première fois. Pourtant Violette est inquiète, témoin du malaise exponentiel de Rebecca victime d’insomnie, menant une vie recluse.

L’entretien dure tout juste «  cinq minutes ». Tant qu’il ne s’agit que d’intimidation et pas d’agression ! Il faudra plusieurs déplacements à la gendarmerie pour qu’elles soient écoutées, prises au sérieux.

Seront convoqués, voire arrêtés,des innocents !



Hélas, l’assassin joue avec les enquêteurs, comme le chat avec la souris. Il est méticuleux au point de ne laisser aucune trace, habile pour éviter un témoin, ou pour s’éclipser. On devine sa jouissance de ne pas être pris au collet !L’étau se resserra-t-il sur lui ? L’énigme est insoluble jusqu’alors !



Parallèlement Violette, pour tenter de confondre le harceleur, se livre à des investigations nocturnes sur le Web qui la conduisent à des sites interlopes.

Elle, qui veut protéger son amie, va jusqu’à usurper son identité et poster des photos de sa collègue. Cette démarche ne semble pas très judicieuse.



Dans ce roman, l’auteur radiographie avec finesse la relation complexe entre Violette et Rebecca, une complicité qui connaît des hauts et des bas.

De même il brosse le profil à double facette du vautour, qui peut se monter un voisin serviable ! Le dénouement sera surprenant, inattendu,  !



Christophe Carlier est friand des envois anonymes qui créent malaise, méfiance : tout le monde s’épie, comme dans « Ressentiments distingués ».

Il épingle la vie dans les bureaux/administrations où la médisance, les commérages sont courants. Rebecca, qui devient « une bête curieuse », fait l’amer constat que « l’on ne peut compter que sur soi dans l’entreprise ».

Les collègues, comme les gendarmes ont tendance à minimiser les faits, à penser qu’elle est parano !





L’écrivain procède au name dropping des journaux de la région, montre le pouvoir de la presse. Il fustige les journaux qui savent faire vendre en dévoilant des scènes « gore », des photos, en donnant « un récit circonstancié ».

Il déplore que les lecteurs préfèrent des drames touchant un grand nombre de victimes ( attentat) au meurtre d’une jeune femme. Mais quand on soupçonne un serial-killer, genre Barbe bleue, on se repaît de détails sordides !



Si par hasard, vous vous prénommez Rebecca, ne l’affichez pas ou changez de prénom ! Vous pourriez faire des cauchemars.



Les révélations et les rebondissements fomentent un suspense vertigineux.

Les actes récurrents du prédateur, mu par une froide mécanique, sont glaçants. L’habileté narrative liée à la progression alternée des deux protagonistes incite à enchaîner les chapitres courts. Ce récit, aux confins de l’horreur, prend parfois des allures de thriller ! Le plus ? Un polar où de nombreuses phrases pétillent d’humour et font mouche : «  Toutes les fleurs n’ont pas la chance de se finir dans un décolleté » !



Bien des lecteurs se délecteront à dévorer ce livre « au second degré »

souriant même tout au long des chapitres malgré la gravité du harcèlement.



Christophe Carlier signe un roman efficace, addictif, rythmé, à l’écriture soignée, mettant en scène un monstre machiavélique et sa proie qui ravira tous les amateurs de suspense.
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Ressentiments distingués

Voici un petit livre bien original.

Une île aux habitants peu commodes, aux caractères forgés par des années de vie et d'isolement dans un climat bien rude : le décor et les personnages sont posés d'emblée.

J'aime l'atmosphère assez rugueuse et mystérieuse qui se dégage dès les premières pages.

L'insularité, avec ses particularités, offre une ambiance générale spéciale : dans ce petit milieu fermé tous se connaissent (ou croient se connaître) et s'épient.

Un corbeau venu mettre ses pieds (ou plutôt ses pattes !) dans le plat va faire voler en éclat l'équilibre de cette micro-société ; et comme partout, l'envers du décor n'est pas joli-joli...

Christophe Carlier, que je découvre à travers cette lecture, a concocté un excellent début d'histoire : le lecteur est bien accroché, les pages se tournent toutes seules, on veut savoir où l'auteur va nous mener.

Le hic, c'est que je suis une lectrice exigeante ; plus précisément, quand l'entrée en matière fait naître l'espoir d'une lecture de qualité, je veux cette qualité et pas autre chose. Je n'aime pas être déçue.

La citation d'Octave Mirbeau en exergue "Il y a des dos, dans la rue, qui appellent le couteau... Pourquoi ?...", le mystère des lettres anonymes et la présentation initiale des différents destinataires m'ont beaucoup plu. Pour la suite, je suis restée sur ma faim.

Le style est plaisant, les petites phrases s'enchaînent avec humour et ironie. En quelques lignes des portraits sont efficacement dressés. Par petits paragraphes l'auteur décrit l'île et ses habitants. C'est très réussi, c'est même par moments jubilatoire.

Mais, parce que vous avez bien compris qu'un "mais" allait arriver, la suite n'a pas été à la hauteur et je me suis un peu lassée de cette histoire qui ne me captivait plus.

Sur l'île, la vie reprendra son cours, "Le printemps fait reverdir l'herbe et refleurir les buissons.", et moi, je reprends le cours de ma vie de lectrice après cette petite parenthèse, pas désagréable du tout, mais pas inoubliable non plus.

Je remercie Babelio et les éditions Phébus pour leur envoi. Je suis curieuse de nature, j'ai des lectures variées, et découvrir un nouvel auteur est toujours un plaisir.

Un dernier mot pour parler de l'objet. Le livre est vraiment très beau, les éditions Phébus soignent toujours la qualité de leur production. Belle couverture, très beau papier : c'est toujours un plaisir de lire un tel ouvrage.
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L'assassin à la pomme verte

C'est un bon roman, à l'intrigue originale et bien écrit, mais auquel je n'ai pas tout à fait adhéré. En effet, j'ai eu du mal à me sentir vraiment concernée par ce qui se passait dans ce grand hôtel, comme si les personnages, qui sont également les narrateurs, nous gardaient à distance.

Malgré le meurtre et les policiers qui œuvrent en arrière-plan, L'Assassin à la pomme verte n'est pas vraiment un roman policier. D'ailleurs les conclusions de l'enquête pour cet homicide "trois en un" seront pour le moins inattendues.

L'épilogue est tout aussi déconcertant, poussant très loin l'ironie qui est, à mon avis, l'aspect le plus délectable de ce court roman.

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Ressentiments distingués

Christophe Carlier a l'art de nous surprendre.

Avec "L'Assassin à la pomme verte", c'est l'originalité du polar qui était de mise.

Pour "Ressentiments distingués", c'est dans le choix d'un sujet bien singulier et quelque peu pittoresque que l'auteur déploie son talent.



Imaginez une île de l'hémisphère nord, avec ses rafales de vent, son froid glacial de l'hiver et le renouveau d'un printemps attendu.

Imaginez une population disséminée parmi des bourgs et des villages, composée principalement d'insulaires d'âge bien avancé. Aux caractères rudes car vivant loin du continent. Dont certains ne savent plus quoi inventer pour briser la monotonie de leur existence.

Imaginez un petit café de village où les marins, les pêcheurs et les bonne gens ont l'habitude de se retrouver pour partager les nouvelles du jour.

Le décor est monté. Simple et vivant.



Et d'emblée, un corbeau surgit avec ses lettres envoyées à tout va, presque au hasard, et ses petites accusations sans grand fondement mais, ô combien perturbantes pour cette population sans histoire. Jusqu'où s'arrêtera t-il ?



L'auteur décortique la nature humaine de manière habile et franchement, on n'est pas au bout de nos surprises !



Je remercie Babelio et les éditions Phébus pour ce très très bon moment de lecture.
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Happé par Sempé

Pour ceux qui ne le sauraient pas, commençons par dire avec force et un total manque de parti-pris, que Talloires est le plus bel endroit du monde.



Ce village pittoresque aux maisons anciennes blotties (ou nichées, si on préfère) sur les pentes ensoleillées qui descendent (ou qui montent, au choix) au bord d'un lac enchanteur, ce village typiquement haut-savoyard, digne d'orner le Calendrier des Postes, avec lac, montagnes, clocher et maisons fleuries, ce village, disais-je, est le repaire d'une poignée de privilégiés qui profitent sans vergogne d'une villégiature dont serait jaloux le Maharadjah de Jodhpur, qui pourtant ne manque de rien, on s'en doute.



Quel rapport entre cette charmante bourgade, dont l'abbaye fut fondée au XIè siècle, et où séjourna l'impératrice Eugénie, altitude 447 m., et notre sujet, qui est de faire une critique à la hauteur de son auteur (ah ah!)?



Sans vouloir raconter ma vie, je précise que samedi dernier, voyant arriver un rayon de soleil, j'enfourchai ma bécane pour me rendre à la Fête du Livre, qui se déroulait sur les lieux mêmes dont je vous entretenais: à Talloires.



Délaissant le stand de Marc Lévy où se pressait une longue file d'attente de lectrices hystériques, je m'en fus trouver monsieur Christophe Carlier, homme aussi charmant que discret, dont les livres étaient faits pour moi.



Sans hésitation, je piochais au milieu des couvertures bardées de superlatifs, deux petits volumes à mon goût.

L'un nous parle de Sempé, ce cousin de Jacques Tati, qui croque ses contemporains avec finesse et lucidité, maniant l'humour et l'ironie avec le talent d'un escrimeur. Je n'en dirai pas plus, pour ne pas dévoiler l'intrigue.

Ah si: ça coûte sept euros, et Serge Safran est l'éditeur, avec une jolie couverture crème, et surtout ça donne envie de relire tous les albums de dessins de ce Bordelais prénommé Jean-Jacques.



L'autre parle de mythologies, mais ça, ce sera pour une prochaine fois.
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L'assassin à la pomme verte

Dans un hôtel étoilé de Paris est retrouvé un cadavre dans une de ses suites .



A tour de rôle, les protagonistes de cette histoire vont nous donner leur ressenti sur la situation mais aussi sur leurs rencontres et sur la ville, le tout sur une semaine. Ensuite chacun repartira vers son destin.



Un mort mais pas d'enquête; ce n'est pas un polar,

tout au plus l'occasion faisant le larron, une employée qui va tenter un chantage.

Petit livre d'un peu plus de 140 pages qui se lit vite
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L'assassin à la pomme verte

Une belle lecture. Une écriture tout en finesse, réfléchie, poétique, mordante. Plusieurs passages prêtent à rire. J'ai été séduite en plus du style par la forme. le récit vu par plusieurs personnages. Chacun raconte sa réalité. Mais où est la vérité ?

On retrouve la folie surréaliste. L'écriture rend les personnages attachants mais me laisse perplexe sur le dénouement. La forme est parfaite mais le fond laisse à désirer. Comme devant un Magritte chacun comprend ce qu'il veut, ce qu'il peut.

Je suis curieuse de lire un autre roman de l'auteur, après la lecture de ce premier roman.
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L'assassin à la pomme verte

CECI N'EST PAS UN MAGRITTE



L'Assassin à la Pomme Verte nous emmène dans un huis clos au sein d'un palace parisien, le Paradise. Grâce au jeu des portraits croisés, nous faisons la connaissance de Sébastien, le réceptionniste de l'hôtel, et de deux clients Craig et Elena qui sont descendus au Paradise pour une semaine. Le meurtre d'un client va soudain agir comme le révélateur de la nature humaine. Car qui sont Craig et Elena, cachés derrière un masque et qui se révèlent progressivement tout autre que ce qu'ils veulent bien nous montrer.



La couverture du livre est une référence au Fils de L'Homme, une toile de Magritte. Dans une interview donnée à Jean Neyens, Magritte disait : "Chaque chose que nous voyons en cache une autre, nous désirons toujours voir ce qui est caché par ce que nous voyons." Si une grosse pomme verte remplace ici encore le visage de l'homme, celui-ci a perdu son chapeau melon et son costume austère cède la place à un uniforme en tout point sembable à celui d'un réceptioniste. Car le personnage clef de ce roman est bien évidemment Sébastien, l'observateur attentif que personne ne voit, dissimulé derrière son comptoir. Ce fameux Sébastien dont nous apprenons d'ailleurs qu'il est étudiant aux Beaux-Arts.



Nous découvrons également que ce Paradise n'est probablement pas un Paradis sur terre. Les personnages commettent successivement les sept péchés capitaux. Le dernier est le péché de chair, qui nous ramène une nouvelle fois à la pomme du Jardin d'Eden et à la condition vaine de l'être humain. Malgré les apparences, nous n'avons donc pas affaire à des enfants de choeur...
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